GENERALITE SUR LA FAMILLE D’EUPHORBIACEAE
La famille d’Euphorbiaceae est la plus grande famille des angiospermes eudicotylédones qui comprend environ 10 000 espèces regroupées en 300 genres (Ali et al., 2009). Elle renferme des arbres, des plantes arborescentes, des buissons, des lianes, et des plantes herbacées. C’est la plus grande famille de phanérogames, venant après les Asteraceae, Fabaceae et Orchidaceae. Les données moléculaires révèlent que cette famille a de nombreuses sous familles dont les plus importantes (groupe majeur) sont Phyllanthoideae, Crotonoideae, Euphorbioideae. Par contre, certaines sous familles peuvent être considérées comme des groupes mineurs, à ne citer que les Bridelioideae, les Jatrophoideae et les Suregadoideae (https : //www.plantes-botanique.org/famille_Euphorbiaceae). Les espèces d’Euphorbiaceae se répartissent partout dans le monde, sauf dans les régions antarctiques et les sommets des hautes montagnes (Bruneton, 1996). En général, cette famille est caractérisée le plus souvent par la présence de latex qui rend à la toxicité de la plupart de ses espèces.
LE GENRE Suregada
Le genre Suregada appartient au Suregadoideae. C’est une plante dépourvue de latex (Lee et Smith, 1991). Il comprend environ 35espèces : huit se rencontrent en Afrique tropical continental et 14 espèces à Madagascar (Louppe et al., 2012) et 14 espèces en Indo-Australie.
En général, le genre Suregada est connu sous la description botanique suivante : c’est un arbre buissonnant de taille moyenne, d’espèce dioïque, ou rarement monoïque généralement glabre ou portant des poils simples. Les feuilles sont alternes, simples, entières, penninerves, à ponctuation pellucide, stipules décidues en laissant une cicatrice proéminente. Les inflorescences sont opposées aux feuilles en glomérules avec des petites fleurs, de sépales libres, imbriqués, parfois glanduleux, inégaux, dont l’intérieur est pétaloïde. Cette fleur est dépourvue de pétales mais possède un disque annulaire ou découpé. Leurs étamines sont en forme de filets libres extrorses, à déhiscence longitudinale et dépourvues de pistiloïde ; l’ovaire se divise en 3loculaires, les styles sont soudés à la base, courts, ressemblant à des stigmates, bifides ; le nombre d’ovule est d’une par loge, parfois 5 à 10 staminoïdes. Le fruit a une petite capsule déhiscente à cocci bivalves, à la columelle persistante ou une drupe indéhiscente : graine à albumen charnu, sans caroncule. Ce genre est reconnu aisément par ses inflorescences et fruits opposés aux feuilles. Suregada se distribue dans la forêt sempervirente humide et subhumide ainsi que dans la forêt et le fourré décidus, secs et subarides (Govaerts et al., 2000 ; Shatz, 2001).
L’espèce Suregada laurina Baill
C’est une plante endémique de Madagascar dont les feuilles sont comestibles pour les lémuriens. En effet, du point de vue phytochimique, cette plante renferme très peu (à l’état de trace) d’alcaloïdes et d’autres composés phénoliques. (Rakotosamimanana, 1999 ; Hladik et al., 2000).
PRINCIPES ACTIFS ET METABOLITES SECONDAIRES DES VEGETAUX
PRINCIPES ACTIFS
Le principe actif est l’ensemble des molécules naturelles qui peuvent être exploitées pour la synthèse des médicaments pharmaceutiques et pour un intérêt thérapeutique biologique. Dans une plante, les principes actifs pourraient être distribués dans un pied entier (Benghanou, 2012) et la synergie de leurs actions renforce ou module les activités biologiques d’une plante, c’est la « totum ». Il serait possible aussi que les principes actifs se concentrent dans la partie locale d’une plante : dans les parties des organes frais ou séchés, comme dans les racines, la tige, les écorces, les sommités fleuries, les feuilles, les fleurs et les fruits, ou encore les graines (Benghanou, 2012). Leur quantité et leur qualité dans une plante ou dans une partie de ses organes sont étroitement liées à la famille d’une plante et aux conditions environnementales autour de celle-ci. Par conséquent, une plante de même espèce exerce des activités différentes surtout dans le domaine thérapeutique, selon l’endroit où elles poussent.
GENERALITES SUR LES METABOLITES SECONDAIRES
Les métabolites secondaires peuvent être regroupés en trois grandes familles chimiques : les composés phénoliques, les terpènes et les alcaloïdes (Hennebelle et al., 2004).
Les composés phénoliques
Les composés phénoliques sont des métabolites secondaires les plus répandus dans la règne végétale et présents dans tous les organes d’une plante : racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits. Leurs structures sont caractérisées par la présence d’au moins un noyau benzénique auquel est directement lié un ou plusieurs groupements hydroxyles, libre ou engagé dans une autre fonction telle que : éther, ester, hétéroside, etc…. (Bruneton, 1999 ; Lugasi et al., 2003). En effet, la condensation de ces fonctions rend leurs structures et l’établissement de leur classification complexes. Cependant, King et Young (1999) ; Tapiero et al., (2002) regroupent les composés phénoliques en 3 classes principales : les flavonoïdes, les tanins, et les coumarines. Du fait de la diversité des familles chimiques qui les composent, ils possèdent une large variété d’activités biologiques tels que activités anticarcinogènes, antiinflammatoires, antiathérogènes, antithrombotiques, analgésiques, antibactériennes, antivirales, anticancéreuses (Babar Ali et al., 2007), et antioxydantes (Gomez-Caravaca et al., 2006).
Les flavonoïdes
Les flavonoïdes représentent le principal groupe de polyphénols dont ils se répartissent en plusieurs classes à ne citer que les flavones, les flavonols, les flavanones, les aurones, les anthocyanes. (Middleton et Chithan, 1994). Ils sont caractérisés par son squelette chimique composé de deux noyaux benzéniques A et B, qui se différencient de leurs sous classes et reliés par un cycle pyrannique central C .
Du point de vue médical, les flavonoïdes peuvent exercer de nombreuses activités biologiques y compris les activités antiinflammatoires, antitumorales, antithrombotiques, antibactériennes, et antioxydantes (Anderson et al., 1996). Face à ses activités, ils peuvent agir sous différents modes d’action. A titre d’illustration ; pour l’activité antioxydante, les flavonoïdes peuvent bloquer l’oxydase qui est une enzyme oxydante ou chélater les ions métalliques responsable de la production des espèces réactives d’oxygène, (Halliwell, 1994 ; Cotelle, 2001), ou même piéger directement les radicaux libres. Pour l’activité antibactérienne, le cycle benzoïque B s’intercale aux acides nucléiques des microorganismes conduisant à l’arrêt de la synthèse d’ADN et d’ARN. Ils peuvent également désactiver certains enzymes comme l’ADN gyrase d’Escherichia coli (Wu et al., 2013).
Les tanins
Les tanins sont des substances polyphénoliques ayant de structure variée, de saveur astringente ayant aussi en commun la propriété de tanner la peau. Cette aptitude est liée à leur propriété de se combiner aux protéines. Ils peuvent exister dans divers organes de la plante : écorce, feuilles, fruits, racines et graines (Khanbabae et Ree, 2001). Ils ont un effet antidiarrhéique, antioxydant. Par voie externe, ils imperméabilisent les couches superficielles de la peau, ils sont vasoconstricteurs et limitent la perte en fluides. Ces propriétés, ajoutées par ailleurs à leur effet antiseptique, en font des molécules intéressantes pour la régénération des tissus en cas de blessures superficielles ou de brulures, et les rendent utilisables dans le traitement des diarrhées infectieuses (Okuda et al., 1983 ; Bruneton, 1999). Ils ont aussi des propriétés proches de celles des flavonoïdes en augmentant la résistance capillaire, en diminuant la perméabilité capillaire et en stabilisant le collagène (Bruneton, 1993).
Les coumarines
Les coumarines sont des composés phénoliques formés par la fusion d’un benzène de cycle de pyrone. Elles se trouvent dans toutes les parties de la plante notamment dans les fruits et les huiles essentielles des graines. (Guignard, 1998 ; Deina et al., 2003 ; Booth et al., 2004). Elles sont connues par leurs activités cytotoxiques, antivirales, immunostimulantes, tranquillisantes, vasodilatatrices, anticoagulantes (au niveau du cœur), hypotensives. Elles sont également bénéfiques en cas d’affections cutanées (Gonzalez et Estevez-Braun, 1997), antiagrégations plaquettaires, antiinflammatoires, anticoagulantes, antitumorales, diurétiques, antimicrobiennes, antivirales et analgésiques (Ochockda et al., 1995 ; Ojala et al., 2000 ; Taguchi, 2000 ; Chen et al., 2004 ; Khan et al., 2005 ; Stefanova et al., 2007 ; Thati et al., 2007).
Les terpenoïdes
Les terpenoïdes constituent un vaste groupe de métabolites secondaires. Ils englobent toutes substances présentant un squelette de terpènes avec une ou plusieurs fonctions chimiques (alcool, aldéhyde, cétone, acide, lactone, etc, …) (Malecky, 2005). Ils ont de structure cyclique ou de chaine ouverte résultant de la condensation d’unité de base à cinq atomes de carbones de type isoprène ayant comme formule brut (C5H8) n.
Les terpenoïdes ont alors de nombreuses variétés structurales dont en général le nombre d’unités isopréniques dans leurs squelettes différencie d’une classe à une autre. Ceci explique la diversité des leurs activités biologiques comme la défense directe envers les bactéries, les champignons, les insectes ou les herbivores comme des toxines, des antibiotiques ou des répulsifs (Bohlmann et Keeling, 2008).
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Table des matières
INTRODUCTION
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. GENERALITE SUR LA FAMILLE D’EUPHORBIACEAE
I.1. LE GENRE Suregada
I.1.1. L’espèce Suregada laurina Baill
II. PRINCIPES ACTIFS ET METABOLITES SECONDAIRES DES VEGETAUX
II.1. PRINCIPES ACTIFS
II.2. GENERALITES SUR LES METABOLITES SECONDAIRES
II.2.1. Les composés phénoliques
II.2.1.1. Les flavonoïdes
II.2.1.2. Les tanins
II.2.1.3. Les coumarines
II.2.2. Les terpenoïdes
II.2.3. Les alcaloïdes
III. LES ANTIOXYDANTS
III.1. LES STRESS OXYDANTS
IV. L’INFLAMMATION
IV.1. INFLAMMATION AIGUE
IV.1.1. Phase vasculaire
IV.1.2. Phase cellulaire
IV.1.3. Phase de résolution
IV.2. INFLAMMATION CHRONIQUE
MATERIELS ET METHODES
I. MATERIELS D’ETUDES
I.1. MATERIEL VEGETAL
I.1.1. Position systématique
I.1.2. Description botanique
I.1.3. Distribution géographique
I.3. LES ANIMAUX A SANG FROIDS : LARVES DE CREVETTE DU GENRE ARTEMIA SALINA
I.4. LES ANIMAUX A SANG CHAUD : LES SOURIS
II. METHODOLOGIE
II.1. EXTRACTION SOLIDE LIQUIDE
II.2. FRACTIONNEMENT LIQUIDE-LIQUIDE DE L’EXTRAIT BRUT
II.3. CRIBLAGE PHYTOCHIMIQUE
II.3.1. Test des alcaloïdes
II.3.2. Test des Saponosides
II.3.3. Test des polysaccharides
II.3.4. Test des flavonoïdes, des leucoanthocyanes et des anthocyanes
II.3.4.1. Préparation des extraits
II.3.4.2. Test de WILLSTÂTTER
II.3.5. Test des tanins et polyphénols
II.3.5.1. Test à la gélatine
II.3.5.2. Test à la gélatine salée
II.3.5.3. Test au chlorure ferrique
II.3.6. Test des anthraquinones : test de BORNTRAGER
II.3.7. Test de stérols insaturés et de triterpènes
II.3.7.1. Test de LEBERMANN-BURCHARD
II.2.7.2. Test de SALKOWSKI
II.3.8. Test de Coumarines
II.3.9. Test d’hétérosides cyanogétiques
II.4. ETUDE BIOLOGIQUE
II.4.1. Activité antimicrobienne
II.4.1.1. Préparation du milieu de culture
II.4.1.2. Préparation des souches microbiennes
II.4.1.2.1. Revivification des souches microbiennes
II.4.1.2.2. Rajeunissement des souches microbiennes
II.4.1.3. Préparation de l’inoculum
II.4.1.4. Ensemencement
II.4.1.5. Préparation des extraits
II.4.1.6. Dépôt du disque
II.4.1.7. Lecture
II.4.2. Détermination de la concentration minimale inhibitrice (CMI) et de la concentration minimale bactéricide (CMB)
II.4.2.1. Préparation de l’inoculum pour le test en milieu liquide
II.4.2.2. Préparation des gammes de concentration de l’extrait
II.4.2.3. Concentration minimale inhibitrice (CMI)
II.4.2.4. Concentration minimale bactéricide (CMB)
II.4.3. Test d’activité antioxydante
II.4.3.1. Test qualitatif
II.4.3.2. Test quantitatif : méthode de DPPH
II.4.4. Test d’activité antalgique et antiinflammatoire de l’extrait brut
II.4.4.1. Test d’activité antiinflammatoire
II.4.4.2. Test d’activité antalgique : Test du « writhing »
II.4.5. Test de toxicité
II.4.5.1. Test de cytotoxicité sur la larve de crevette : « Brine shrimp »
RESULTATS
I. RENDEMENT D’EXTRACTION
I.1. EXTRACTION SOLIDE LIQUIDE
I.2. FRACTIONNEMENT LIQUIDE-LIQUIDE
II. RESULTATS DU CRIBLAGE PHYTOCHIMIQUE
III. ACTIVITE BIOLOGIQUE DE LA TIGE DE Suregada laurina BAILL
III.1. ACTIVITE ANTIBACTERIENNE
III.1.1. Résultats de l’antibiogramme
III.1.2. Concentration minimale inhibitrice (CMI) et Concentration minimale bactéricide (CMB)
III.2. ACTIVITE ANTIOXYDANTE
III.2.1. Analyse qualitative par CCM
III.2.2. Evaluation quantitative
III.3. ACTIVITE ANTIINFLAMMATOIRE ET ANTALGIQUE DE L’EXTRAIT BRUT
III.3.1. Activité antiinflammatoire
III.3.2. Activité antalgique de l’extrait brut
III.4. TEST DE TOXICITE
III.4.1. Test de cytotoxicité « Brine shrimp »
III.4.2. Test de toxicité sur souris
DISCUSSIONS
CONCLUSION