Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
Physiopathologie du diabète
Physiopathologie du diabète de type 1
Encore appelé diabète insulinodépendant (DID) ou diabète juvénile, le diabète de type 1 est une maladie chronique touchant l’enfant ou le jeune adulte. Il touche environ 10 % des diabétiques [18] et se caractérise par une émission d’urine excessive (polyurie), une soif intense (polydipsie) et un appétit anormalement augmenté (polyphagie) [19]. Il a aussi pour conséquence un amaigrissement malgré une prise de nourriture abondante. Le diabète de type 1 est dû à une destruction auto-immune des cellules insulino-sécrétrices dites cellules β conduisant à un déficit en insuline [20, 21]. L’hyperglycémie apparaît lorsqu’il ne reste plus que 10 à 20 % de cellules β fonctionnelles [21]. Le processus auto-immun responsable de la destruction des cellules β se déclenche lorsque les lymphocytes T (LT) produisent des anticorps dirigés contre des antigènes exprimés à la surface des cellules β. La réaction anticorps-antigènes jointe à l’action directe des LT (Killers) entraine la destruction de ces cellules [22]. Cette réaction auto-immune survient sur un terrain de susceptibilité génétique à la suite de facteurs déclenchant et peut être dépistée avant l’apparition de l’hyperglycémie par des dosages sanguins d’auto-anticorps [23].
Plus de 20 gènes montrent une susceptibilité à l’apparition du diabète de type 1.
Le premier gène qui est le principal, se situe sur le chromosome 6 et présente l’association la plus forte avec le diabète de type 1 et le deuxième est le gène de l’insuline qui se trouve sur le chromosome 11. Certaines autres régions de susceptibilité ont également été rapportées [24].
Ces différents locis de susceptibilité au diabète de type 1 ont été nommés de IDDM 3 à IDDM 19 [25, 26]. L’incidence du DT1 dans différents groupes ethniques est extrêmement variable, suggérant aussi bien la proportion de déterminants génétiques que celle d’éléments environnementaux [27].
Les causes de ce processus destructeur ne sont pas totalement comprises, mais une susceptibilité génétique combinée à des facteurs déclencheurs environnementaux, tels qu’une infection virale, des toxines ou certains facteurs alimentaires sont impliqués.
Physiopathologie du diabète de type 2
Le diabète de type 2 ou diabète non insulinodépendant (DNID) est la forme la plus courante et représente environ 90 % de tous les cas de diabète [25, 28].
Il est provoqué par une perturbation du métabolisme glucidique et apparaît progressivement et insidieusement. L’incidence du diabète de type 2 augmente de façon globale, et en particulier avec l’âge. La maladie se manifeste généralement après 40 ans. Il résulte de la conjonction de plusieurs éléments dont l’expression dépend de facteurs environnementaux tels que la consommation excessive de graisses saturées et de sucres rapides ainsi que la sédentarité [19].
Le diabète de type 2 se caractérise par une résistance à l’insuline et une carence relative de sécrétion d’insuline, sachant que l’une ou l’autre de ces deux caractéristiques peuvent dominer à un degré variable.
L’insulino-déficience responsable de l’hyperglycémie du diabète de type 2 est précédée d’une hypersécrétion insulinique (hyperinsulinisme) qui peut durer une dizaine voire une vingtaine d’années secondaire à une insulinorésistance des tissus périphériques [23]. Ainsi, l’anomalie métabolique fondamentale qui précède le DNID est l’insulinorésistance. Cette insulinorésistance survient sur un terrain génétique puisqu’on la retrouve chez les enfants ayant une tolérance glucidique strictement normale mais ayant deux parents diabétiques non insulinodépendants. Toutefois, les gènes impliqués ne sont pas encore clairement identifiés à ce jour ; il s’agit principalement de gènes de prédisposition. Le stockage et l’utilisation du glucose sont diminués au niveau musculaire alors qu’au niveau hépatique, il y a une stimulation de la néoglucogenèse. Tout ceci concourt à augmenter la glycémie [29]. Parmi les principaux facteurs cliniques en cause dans l’insulinorésistance, on distingue l’obésité, la répartition abdominale sous cutanée et viscérale des graisses ; la sédentarité quant à elle, multiplie le risque de diabète en augmentant les deux types [19].
Critères de diagnostic et marqueurs de suivi du diabète
Critères de diagnostic
L’OMS a publié depuis 1965 des guides pour le diagnostic et la classification du diabète et ces derniers ont été révisés pour la dernière fois en 1998 puis ont été publiés comme recommandations pour la définition, le diagnostic et la classification du diabète sucré et de ses complications. Le diagnostic de diabète peut être établi de trois façons différentes, qui, en l’absence d’une hyperglycémie évidente devront être confirmées par une deuxième mesure : symptômes de diabète (polyurie, polydipsie, amaigrissement inexpliqué, somnolence voire coma) et glycémie quelle que soit l’heure ≥ 2,00 g/L (11,1 mmol/L) ;
glycémie à jeun ≥ 1,26 g/L (7,00 mmol/L) à deux reprises ;
glycémie 2 h après une charge de 75 g de glucose lors d’une hyperglycémie provoquée par voie orale ≥ 2,00 g/L (11,1 mmol/L) [30].
Complications du diabète
Complications métaboliques aiguës
Il existe essentiellement quatre grandes urgences métaboliques aiguës :
Acido-cétose
L’acidocétose est une aggravation du diabète, suite à une carence grave en insuline, absolue ou relative. Elle est rare dans le diabète de type 2 mais peut apparaître en cas d’omission d’insuline, de stress physiologique (infection, chirurgie, infarctus du myocarde…).
En absence d’insuline, les cellules du corps sont privées de glucose qui reste piégé dans le compartiment sanguin. En réaction, le tissu adipeux stimule la lipolyse, ce qui aboutit à une libération d’acides gras libres dans le sang. Ces acides gras sont absorbés puis transformés en acétyl-CoA par les cellules du corps, ce qui leur procure l’énergie dont elles ont besoin.
L’acétyl-CoA est dégradé en corps cétoniques libérés en quantité excessive dans le sang puis dans les urines. Le diagnostic de cétose est établi lorsqu’un patient présente une glycosurie et une cétonurie associées à une hyperglycémie (généralement > 2,50 g/L).
L’acidose apparaît quant à elle pour un pH < 7,25 lorsque l’hyperventilation ne parvient pas à compenser l’acidité des corps cétoniques et que les capacités de tampon du plasma sont dépassées [34, 35].
L’hypoglycémie
Elle est classiquement définie par un abaissement de la glycémie en-dessous de 0,500 g/L pour les sujets non diabétiques. Cependant, il n’existe pas de consensus officiel. L’American Diabetes Association (ADA) a proposé en 2005 de fixer le seuil de diagnostic d’une hypoglycémie chez le diabétique à un taux de 0,70 g/L soit 3,85 mmol/L. Elle s’observe chez des diabétiques traités par insuline. L’hypoglycémie est la conséquence du déséquilibre dans le trio « insuline-glucide-activité physique », due à une inhibition de la production de glucose par le foie ou à un excès de consommation de ce même glucose par les tissus périphériques.
Différents signes cliniques peuvent traduire une hypoglycémie :
– Signes adrénergiques : sudation, irritabilité, tremblement, asthénie, palpitation et sensation de faim ;
– Signes de la neuroglycopénie : confusion, troubles visuels, coma et convulsions ;
– Signes non spécifiques : céphalées, nausées, paresthésie notamment péribuccales.
Chaque patient ne ressent en général qu’une partie de ces signes et le seuil de sensibilité de chacun est différent devant l’hypoglycémie. Dès l’apparition de ces symptômes, il est important de contrôler la glycémie et de mettre en place les mesures nécessaires à la correction de l’hypoglycémie [36].
Le coma hyperosmolaire
Le coma hyperosmolaire du diabétique est un syndrome associant une hyperglycémie majeure sans acido-cétose à une hyper osmolarité plasmatique.
En effet, l’hyperglycémie considérable est responsable d’hyperosmolarité sanguine d’où une diurèse osmotique et une déshydratation. Il s’agit généralement de sujets très âgés, diabétiques de type 2 qui à l’occasion d’une situation favorisant la déshydratation (infection, grande chaleur, faible accès aux apports hydriques) majorent leur glycémie de façon très sévère sans signe de cétose ou d’acidose. L’absence d’acido-cétose peut être expliquée par la persistance d’une certaine insulino-sécrétion endogène, insuffisante pour contrôler l’hyperglycémie mais suffisante pour éviter la lipolyse et la production de corps cétoniques [37].
Acidose lactique
L’acidose lactique est une complication rare mais grave observée chez des diabétiques traités par les biguanides. On observerait de 1 à 8,4 cas d’acidose lactique pour 100000 patients traités par les biguanides (metformine essentiellement).
Elle s’explique sur le plan physiopathologique par un blocage de la néoglucogenèse pouvant entraîner une hyperproduction de lactates. L’acidose lactique apparaît en général en cas d’insuffisance d’élimination des biguanides (insuffisance hépatique ou le plus souvent rénale).
Au niveau clinique, le patient souffre d’asthénie et de crampes pendant quelques heures à quelques jours puis survient le tableau de grande acidose métabolique avec une polypnée, une instabilité tensionnelle, une oligo-anurie, une hypothermie et des troubles de la conscience variables [38, 39].
Macroangiopathie diabétique
Par opposition à la microangiopathie qui touche la microcirculation, on désigne sous le terme de macroangiopathie diabétique, l’atteinte des artères musculaires allant de l’aorte jusqu’aux petites artères distales avec un diamètre supérieur à 200 μm, c’est à dire des artères irriguant les jambes, le coeur et le cerveau.
Plusieurs facteurs favorisent la survenue de ces complications chez le diabétique notamment : l’excès de cholestérol, l’excès de glucose, l’excès d’insuline (secondaire au traitement injecté), des anomalies de la coagulation du sang, le tabac etc.
Ainsi les principales complications sont :
– l’atteinte cardiaque avec la survenue d’angine de poitrine et /ou d’infarctus du myocarde. La particularité de ces atteintes tient au fait que l’angine de poitrine et l’infarctus du myocarde sont souvent silencieux, voire asymptomatiques ;
– L’atteinte vasculaire qui concerne les membres inférieurs : l’artérite qui s’exprime souvent sous forme de douleurs et de crampes du mollet, soit au repos soit à l’effort et qui peut évoluer dans les cas extrêmes vers des lésions gangréneuses ;
– L’hypertension artérielle (HTA) : dans le diabète de type 1, qui est souvent la conséquence d’une néphropathie sous-jacente alors que dans le diabète de type 2, elle est le plus souvent essentielle et s’inscrit dans un contexte d’insulinorésistance [45].
– L’atteinte cérébrale due à des micro-infarctus responsable des accidents vasculaires cérébraux.
La prise en charge thérapeutique des diabétiques
Le patient diabétique a besoin d’une prise en charge thérapeutique adaptée.
Le traitement vise à éliminer les signes cliniques liés à l’hyperglycémie et à la glycosurie (c’est à dire notamment la polyurie-polydipsie, la polyphagie) et à prévenir les complications liées au diabète sucré, au traitement ou à la survenue de maladies intercurrentes (de nature inflammatoire, infectieuse, néoplasique ou hormonale). Les modalités de traitement dépendent essentiellement du statut insulinique mais repose également sur une action diététique (régime adapté associé à un exercice physique).
L’insulinothérapie :
L’insulinothérapie consiste en la substitution de l’insuline manquante par des injections quotidiennes d’insuline exogène dont la quantité est déterminée au préalable en fonction de la glycémie. Cette quantité risque fort d’être modifiée au cours du temps. En effet, en raison de son administration par voie sous-cutanée, il existe un retard important entre l’injection et l’apparition de l’insuline dans la circulation périphérique, ainsi qu’une différence de diffusion d’une injection à l’autre. La dose d’insuline requise pour un patient donné a donc de fortes chances de fluctuer au cours du traitement. Les schémas insuliniques sont adaptés au profil glycémique du patient. Ainsi, on distingue : – les insulines lentes, si la glycémie est haute le matin et baisse dans la journée ; – les insulines rapides, si la glycémie augmente après les repas ; – l’association d’insuline lente et rapide, si la glycémie est haute à plusieurs moments de la journée.
Les antidiabétiques oraux :
Ce sont des médicaments hypoglycémiants utilisés dans le traitement du diabète de type 2 et ayant pour objectif de faire baisser la quantité de sucre dans le sang.
Les antidiabétiques oraux seront classés selon leur mode d’action en plusieurs catégories :
– les insulino-sensibilisateurs : ce sont les médicaments de l’insulinorésistance ; on y retrouve les biguanides et les glitazones ;
– les insulino-sécréteurs : les sulfamides hypoglycémiants et les glinides ;
– les inhibiteurs de l’absorption intestinale des sucres alimentaires : ce sont les inhibiteurs de l’alpha-glucosidase ;
– les incrétinomimétiques (analogues GLP-1) : nouvelle classe thérapeutique qui stimulent également la sécrétion d’insuline par les cellules β.
Traitement hygiéno-diététique associé à un exercice physique
Le régime hygiéno-diététique a pour but d’éviter les apports en glucides qui ne seraient pas adaptés et donc d’apprendre au diabétique à établir des menus variés et qui apportent une quantité et une qualité de glucides adaptés au déroulement de la journée, ou bien un régime hypocalorique en cas de surcharge pondérale ; sans sucres et d’absorption rapide.
Le principe est celui d’adopter une alimentation variée et équilibrée, dans le respect d’un rythme alimentaire le plus régulier possible tant sur le plan des horaires que de la structure des repas. L’activité physique est essentielle pour lutter contre l’hyperglycémie chronique du diabète sucré et retarde l’apparition de certaines complications vasculaires.
Il est fortement déconseillé pour un diabète déséquilibré car il augmente le risque d’hyperglycémie et de cétose par carence insulinique.
Enfin, l’objectif premier du traitement du diabète consiste à maintenir une glycémie plasmatique aussi près que possible de la normale, sans provoquer d’hypoglycémie et l’atteinte et le maintien de l’HbA1c (< 6,5 %), permettent de prévenir les complications à long terme du diabète.
L’amélioration des glycémies et de l’insulino-sensibilité par les traitements divers du diabète permet la prise en charge globale des facteurs de risque cardiovasculaire.
Rappels sur le magnésium
Caractéristiques du magnésium
Le magnésium, souvent indiqué par le symbole « Mg2+ » est un minéral ayant un rôle essentiel au sein de l’organisme. Il s’agit d’un métal alcalinoterreux et d’un cation divalent. Le magnésium représente le quatrième cation le plus important de l’organisme après le calcium, le potassium et le sodium ainsi que le second cation intracellulaire le plus abondant après le potassium. Il n’est pas synthétisé au sein de l’organisme ; il s’agit d’un apport uniquement extérieur [46].
Métabolisme du magnésium
Répartition dans l’organisme
Au sein de l’organisme, le magnésium est estimé à environ 24 g pour un sujet de 70 kg [46].
La répartition de ce minéral est clairement définie et l’homéostasie du magnésium implique de nombreux systèmes (Figure 2).
Plus de 60 % du magnésium sont stockés dans l’os, 30 à 40 % dans les muscles, les érythrocytes et les autres cellules, et seulement environ 1 % dans le volume extracellulaire [48, 49]. Moins d’un tiers du magnésium osseux et intramusculaire est sous forme libre, échangeable. En effet, le magnésium osseux est intimement associé aux cristaux de carboxyapatite, tandis que le pool intracellulaire de magnésium est lié aux lipoprotéines, aux nucléoprotéines, aux acides ribonucléiques et à l’adénosine diphosphate.
Dans le plasma, seulement 20 % du magnésium est lié aux protéines plasmatiques.
La magnésémie est donc beaucoup moins affectée par les variations de protidémie que la calcémie. Elle peut être utilisée comme un bon reflet des concentrations en magnésium libre et ultrafiltrable, en dehors des situations de variations aiguës de l’état acide-base [50].
Les transporteurs cellulaires du magnésium
La régulation de l’homéostasie du magnésium fait intervenir différents transporteurs qui se différencient par leur localisation mais aussi par la fonction qu’ils exercent.
– Les canaux TRPM (Transient Receptor Potential Melastatin) : TRPM 6 et TRPM7.
Il s’agit d’une famille de transporteurs de cations divalents impliqués dans l’homéostasie du magnésium qui contrôlent l’influx intracellulaire.
Ces canaux sont couplés à un domaine enzymatique au niveau des extrémités C-terminales. Le transporteur TRPM7 est ubiquitaire tandis que le transporteur TRMP6 est préférentiellement localisé le long de l’intestin et au niveau des cellules tubulaires distales rénales. Ce transporteur permet notamment l’entrée du magnésium du côté apical des cellules intestinales et contrôle l’excrétion urinaire. Leur activité serait régulée par les concentrations intracellulaires en magnésium.
– La famille CNNM (Cyclin M).
Il s’agit d’un groupe également impliqué dans le transport du magnésium et ils différent selon leur localisation. Ainsi, le CNNM4 est localisé au niveau de l’intestin tandis que CNNM2 est localisé au niveau rénal. Ils sont responsable de la libération du magnésium intracellulaire au pôle basolatérale des cellules par un mécanisme d’échange de sodium [51].
– Le transporteur MRS2 (Mitochondrial RNA Splicing 2).
Il s’agir de transporteurs localisés au niveau intracellulaire et qui sont responsables de l’influx de magnésium dans la mitochondrie indispensable à la production énergétique.
L’absorption du magnésium
Les intestins constituent le principal lieu d’absorption variant de 30 à 50 % et qui peut augmenter jusqu’à 80% en cas de déficit important [51].
Elle a lieu majoritairement au niveau de l’intestin grêle, essentiellement au niveau de l’iléon et du jéjunum mais aussi dans une moindre mesure au niveau du côlon.
Le reste du magnésium sera éliminé dans les selles. Ce passage au niveau sanguin est possible par l’intermédiaire de deux mécanismes différents : un transport paracellulaire passif et un transport transcellulaire actif.
La majorité du magnésium est absorbée par un phénomène passif localisé au niveau de l’intestin grêle où le magnésium va passer à travers des jonctions dites serrées.
Un mouvement transcellulaire actif nécessite la présence de transporteurs au pôle apical des cellules épithéliales de l’intestin via une famille de canaux cationiques que sont les TRPM 7 et TRMP 6 (Figure 3). La présence de ces canaux au niveau rénal va être à l’origine d’une réabsorption à ce niveau. Une carence en magnésium entraine une surexpression de ces transporteurs et dans le cas d’une sous-expression, le magnésium sera moins bien absorbé.
Au pôle basal des cellules épithéliales de l’intestin, des transporteurs CNNM4 vont libérer le magnésium intracellulaire.
L’élimination du magnésium
Environ 100 mmol de magnésium (soit 2500 mg) sont filtrés quotidiennement. Alors que 70 % du sodium et du calcium sont réabsorbés dans le tubule proximal, seulement 5 à 15 % du magnésium sont réabsorbés à ce site à la faveur de la réabsorption d’eau et de solutés.
La branche large de Henle joue un rôle quantitatif et qualitatif majeur dans la réabsorption rénale de magnésium. Elle réabsorbe par voie paracellulaire 50 à 60 % du magnésium filtré, ce qui permet de délivrer environ 10 % de la charge filtrée au tube contourné distal. Ce segment est également un site majeur de régulation de la réabsorption rénale du magnésium. Comme la branche large est un segment faiblement perméable à l’eau, la réabsorption des cations divalents ne peut y être secondaire à la réabsorption d’eau et de solutés comme dans le tubule proximal. Cette réabsorption se fait par voie paracellulaire, sélectivement perméable au calcium et au magnésium. Elle implique au moins deux protéines de jonction identifiées à ce jour, la claudine 16 (aussi nommée paracelline 1) et la claudine 19. L’énergie nécessaire à la réabsorption est fournie par la différence de potentiel positive dans la lumière, caractéristique de ce segment.
En pathologie, la perte fonctionnelle de la claudine 16 comme celle de la claudine 19 conduit à une perte rénale de calcium et de magnésium sévère [53, 54].
Le tubule contourné distal réabsorbe environ 10 % de la charge filtrée de magnésium, permettant d’ajuster l’excrétion finale de magnésium aux besoins de l’organisme.
À ce site, et contrairement à ce qui est observé dans le tubule proximal et la branche ascendante de Henle, la réabsorption de magnésium est indépendante de la réabsorption de sodium, transcellulaire, et implique des voies moléculaires de transport distinctes de celles du calcium. La voie d’entrée luminale principale du magnésium dans la cellule tubulaire distale est commune au tube digestif, représentée par le canal TRMP6. La voie de sortie basolatérale est encore indéterminée (Figure 4).
Parmi les déterminants majeurs de la réabsorption rénale de magnésium, on retiendra :
– les variations de calcémie et de magnésémie ;
– les variations de volémie, qui modifient la réabsorption proximale rénale d’eau et de solutés, et secondairement de magnésium ; ainsi, l’hypervolémie inhibe cette réabsorption et l’hypovolémie la stimule.
L’hypermagnésémie et l’hypercalcémie inhibent la réabsorption de magnésium dans l’anse de Henle en stimulant le récepteur au calcium (CaSR). La parathormone et d’autres hormones capables d’activer la voie de l’AMPc dans la branche large stimulent la réabsorption rénale de calcium. Cet effet explique la tendance hypermagnésémique des sujets présentant une hyperparathyroïdie.
II.3. Rôles du magnésium dans l’organisme
Le magnésium représente le cofacteur de plus de 300 réactions enzymatiques intervenant dans diverses réactions métaboliques [56, 57].
Ces processus comprennent [58-60] :
– la synthèse des protéines,
– la synthèse de l’adénylate cyclase,
– la production et le stockage d’énergie cellulaire,
– la conservation de la composition cellulaire en électrolytes,
– la croissance cellulaire,
– la synthèse des acides nucléiques : ADN et ARN,
– la synthèse et la stabilisation des membranes mitochondriales.
Le magnésium joue également un rôle essentiel dans le métabolisme osseux, dans la transmission de l’influx nerveux, l’excitabilité cardiaque, la conduction neuromusculaire, la contraction musculaire, le tonus vasomoteur et le maintien de la pression artérielle [58-61].
Relation entre le magnésium et le diabète
Une possible relation entre le magnésium et le diabète sucré a été suggérée pour la première fois dans les années 1940 [62].
En effet, de nombreuses études depuis plusieurs années ont montré la fréquence d’une hypomagnésémie chez les sujets diabétiques [6, 63, 64].
Cette hypomagnésémie serait due à divers causes notamment les régimes pauvres en magnésium [65], l’augmentation de l’excrétion urinaire du magnésium par diurèse osmotique due à l’hyperglycémie [66-68], l’insensibilité des cellules à l’action de l’insuline affectant le transport intracellulaire du magnésium et entrainant une diminution du magnésium extracellulaire, une diminution de la réabsorption tubulaire liée à l’insulinorésistance [69].
Le magnésium intervient dans divers processus métaboliques dont celui du glucose. Celui-ci joue un rôle important dans la sécrétion de même que l’action de l’insuline au niveau des tissus périphériques [70].
C’est ainsi qu’il a été montré qu’un déficit en magnésium jouerait un rôle dans la baisse de la sensibilité à l’insuline des tissus périphériques de même que la survenue de complications liées au diabète notamment les complications micro et macroangiopathiques [71].
Echantillonnage
Les prélèvements sanguins ont été réalisés chez des sujets à jeun, par ponction veineuse au niveau du pli du coude. Le sang a été recueilli sur tube sec pour le dosage du magnésium, des paramètres du bilan lipidique, de l’urée et la créatinine, sur tube fluoré pour le dosage du glucose et sur tube EDTA pour le dosage de l’HbA1c. La collecte des urines de 24h pour le dosage de la microalbuminurie a été faite par les patients après leur avoir expliqué le protocole de recueil.
Les prélèvements ont ensuite été acheminés dans les plus brefs délais dans une glacière au laboratoire de biochimie de Fann où ils ont fait l’objet d’une centrifugation à 3000 tours/min pendant 5 min pour les tubes secs et fluorés puis ont été manipulés directement ou conservés à -20°C jusqu’à leur utilisation.
Paramètres étudiés
Paramètres épidémiologiques
Au moyen d’un questionnaire, nous avons recueilli les données des patients en ce qui concerne l’âge, le sexe, la durée du diabète, ainsi que l’association avec d’autres pathologies.
Paramètres biologiques
Nous avons effectué le dosage de la magnésémie, des paramètres du bilan lipidique, de l’urée sanguine, de la créatininémie, de la glycémie à jeun, de l’HbA1c ainsi que le dosage de la microalbuminurie.
L’hypomagnésémie a été définie pour des concentrations de magnésium < 17 mg/L conformément aux valeurs usuelles du laboratoire.
La néphropathie diabétique a été définie pour des concentrations de microalbuminurie > 30mg/24h et le diagnostic de neuropathie diabétique a été cliniquement établi.
Méthodes de dosage
Le dosage de l’HbA1c a été réalisé sur le système D10® (Bio Rad, USA) (Figure 5) tandis que les autres paramètres ont été dosés avec l’analyseur Cobas 6000/c501® (Roche, Hitachi, Allemagne) (Figure 6).
Dosage du magnésium
Les ions magnésium forment un complexe pourpre en milieu alcalin en présence de bleu de xylidyle (un sel de diazonium).
Bleu de xylidyl + Mg++ ———> Complexe Mg- bleu de xylidyl (pourpre)
La concentration en magnésium directement proportionnelle à la quantité du complexe formé est ensuite mesurée par photométrie, par la diminution de l’absorbance du complexe coloré à une longueur d’onde de 600 nm.
La présence d’EGTA dans le milieu réactionnel, qui complexe les ions calcium, rend la réaction spécifique.
Dosage du glucose
Le principe repose sur la méthode de référence enzymatique à l’hexokinase.
Le glucose est phosphorylé en glucose‑6‑phosphate par l’action de l’ATP et de l’hexokinase (HK). Puis l’action d’une seconde enzyme, la glucose‑6‑phosphate déshydrogénase (G6PDH) catalyse l’oxydation du glucose‑6‑phosphate par le NADP+ pour former du NADPH.
D-glucose + ATP ——————> D-glucose-6-phosphate + ADP
D-glucose-6-phosphate + NADP+ ————–> D-6-phosphogluconate + NADPH + H+
La concentration de NADPH formé est directement proportionnelle à la concentration de glucose. Elle est déterminée en mesurant l’augmentation de l’absorbance à 340 nm.
Dosage du cholestérol total
Le principe repose sur une méthode enzymatique faisant intervenir successivement la cholestérol estérase et oxydase qui conduit à la formation de peroxyde d’hydrogène. Ce dernier réagit en présence de peroxydase avec un chromogène incolore qui aboutit à la formation d’un produit coloré dont l’intensité de la coloration lue à une longueur d’onde de 505 nm est proportionnelle à la concentration du cholestérol total présent dans l’échantillon.
|
Table des matières
Première partie : Généralités
I. Généralités sur le Diabète
I.1. Définition
I.2. Classification
I.3. Epidémiologie
I.4. Physiopathologie du diabète
I.4.1. Physiopathologie du diabète de type 1
I.4.2. Physiopathologie du diabète de type 2
I.5. Critères de diagnostic et Marqueurs de suivi du diabète
I.5.1. Critères de diagnostic
I.5.2. Marqueurs de suivi du diabète
I.6. Complications
I.6.1. Complications métaboliques aigues
I.6.2. Complications chroniques
I.7. Traitement
II. Rappels sur le magnésium
II.1. Caractéristiques du magnésium
II.2. Métabolisme du magnésium
II.2.1. Répartition dans l’organisme
II.2.2. Les transporteurs cellulaires du magnésium
II.2.3. L’absorption du magnésium
II.2.4. L’élimination du magnésium
II.3. Rôles du magnésium dans l’organisme
III. Relation entre le magnésium et le diabète
Deuxième partie : Travail expérimental
I. Méthodologie
I.1. Type et cadre détude
I.2. Objectifs
I.3. Population d’étude
I.4. Echantillonnage
I.5. Paramètres étudiés
I.6. Méthodes de dosage
I.6.1. Dosage du magnésium
I.6.2. Dosage du glucose
I.6.3. Dosage du cholestérol total
I.6.4. Dosage du cholestérol HDL
I.6.5. Dosage des triglycérides
I.6.6. Détermination de la concentration du cholestérol LDL par la formule de Friedewald
I.6.7. Dosage de l’urée
I.6.8. Dosage de la créatinine
I.6.9. Dosage de la microalbuminurie
I.7. Exploitation statistique
II. Résultats
II.1. Caractéristiques générales de la population d’étude
II.2. Caractéristiques biologiques de la population d’étude
II.3. Fréquence de l’hypomagnésémie dans la population d’étude
II.4. Fréquence de l’hypomagnésémie selon le type de diabète
II.5. Comparaison entre les valeurs moyennes des caractéristiques épidémiologiques et biologiques suivant les concentrations sériques de magnésium
II.6. Fréquences de la neuropathie et la néphropathie diabétique dans les groupes des patients hypomagnésémiques et normomagnésémiques
II.7. Corrélations entre les caractéristiques épidémiologiques et biologiques et les concentrations sériques de magnésium
III. Discussion
Conclusion
Références
Télécharger le rapport complet