Fragilité des organisations paysannes

Fragilité des organisations paysannes

Les systèmes de production et les stratégies paysannes

Les systèmes de culture.

En zone de savane, ce sont les cultures vivrières qui dominent. Le Mbam en particulier produit une gamme variée de produits agricoles: cacao, maïs, tubercules (macabo, taro, manioc, patates), arachides, légumes divers et condiments (concombres, piment, tomates, gombo, oignion etc … ). L’igname (Dioscoria � est la production principale dans les interfluves, suivie du taro (Colocassia §QQ) et de la patate douce, dans les bas-fonds. Ces trois plantes constituent la base de l’alimentation des populations. Les pratiques culturales sont en général extensives. Les cultures sont faites sur défriche avec des campagnes de deux cycles suivant les produits. Les jachères sont de plus en plus réduites et ne durent que 3 à 5 ans en moyenne. L’igname exige beaucoup de travail : confection des butes, paillage, tuteurage, sarclage etc. A côté de l’igname sont cultivées des planches d’arachide ou des buttes de maïs. On cultive également du manioc, du macabo, des plantes condimentaires et des cucurbitacées appelées localement « Ngou ». L’objectif est d’avoir une production vivrière étalée dans l’année, faute de moyens de stockage. (Leplaideur, 1985). La succession des cultures est la suivante : – Sur les interfluves : Igname en première année, arachide + patate en deuxième année, arachide + maïs en troisième année, jachère en quatrième et cinquième années . A proximité des routes se développent des parcelles de culture intensive d’ananas destiné à l’approvisionnement du marché de Yaoundé. – Dans les bas-fonds : Taro en première année, arachide + maïs en deuxième année, jachère en troisième année. – En forêt, on trouve des champs de cacao parsemés d’arbres fruitiers (surtout mandariniers et orangers) et de bananiers plantain. Dans les champs de cacaoyers jeunes une association avec le vivrier est faite pendant les 2 à 3 premières années de plantation.La division sexuelle du travail est un facteur important dans la conduite des activités de production. L’organisation du travail conduit à une spécialisation des tâches. Les travaux de création des plantations et de mise en place des cacaoyères sont l’affaire des hommes tandis que la mise en place, l’entretien et la récolte du vivrier sont réservées aux femmes. Les femmes participent également à la récolte du cacao qui occupe environ 70% des temps de travaux dans les cacaoyères.On distingue quatre types de main-d’œuvre extérieure à l’exploitation : les groupes de travail ou d’entraides mutuelles, les prestations occasionnelles des jeunes migrants (pour compléter leurs revenus), les saisonniers en provenance du Nord-ouest (Bamenda) travaillant à la tâche et les manœuvres occasionnels recruté.s par certains « élites » ou fo�ctionnaires travaillant en ville.

 Les stratégies paysannes.

Deux facteurs sont déterminants dans la définition des stratégies des producteurs du Mbam : la disponibilité de la force du travail (main-d’oeuvre) et de la terre. Pour les planteurs qui ont suffisamment de terre mais qui manquent de force de travail, l’objectif est de valoriser au maximum la main d’oeuvre disponible de façon à tirer du cacao un revenu suffisant pour satisfaire leurs besoins monétaires. Les cultures vivrières sont pratiquées de façon extensive pour limiter la concurence entre le cacao et les vivriers pendant les périodes de récolte (les femmes participent à la récolte du cacao). Ce type de planteur est représenté par les autochtones, héritiers ou chefs de famille disposant un important patrimoine foncier. Leurs plantations de cacao ont en moyenne 25 ans et se trouvent dans la zone stabilisée de la courbe de production. La sensibilité des rendements à l’intensification en traîtement est par conséquent faible. L’avenir de ces plantations est peu prometteuse, en l’absence d’une regénération et d’un renouvellement par replantation. Mais ceci exige un investissement important en capital et en travail. Par contre les planteurs qui manquent de terre cherchent à maximiser les revenus tirés par unité de surface cultivé en cacao. Leurs surfaces cultivées en cacao ne dépassent généralement pas 4 hectares. Ces planteurs utilisent des techniques d’intensification en capital, pesticides pour augmenter production par unité de surface. Ces planteurs sont représentés par les migrants et les jeunes de retour au villages. Pour toutes les catégories d’exploitants, l’investissement sur l’exploitation sera limité par la trésorerie disponible pour satisfaire les besoins essentiels (santé, scolarisation) et les obligations sociales (fête, funérailles etc .. ). Les logiques économiques des producteurs sont déterminées par la combinaison d’un ensemble de facteurs: l’accès à la terre, l’accès à la main-d’œuvre, la trésorerie disponible dans l’exploitation, les besoins en revenus monetaires, les besoins en facteurs de production …

L’économie régionale et locale et les mutations récentes

D’après le recensement général de l’agriculture, 75 % des exploitations de la province du centre pratiquent la cacaoculture. De la même source, 70 % des revenus monétaires des paysans provient de la vente du cacao. Le secteur cacao est donc d’une importance stratégique pour les paysans de cette province. Avec ses 7000 tonnes produites en moyenne par an, le département du Mbam et Kim est une des première zones de production de cacao au Cameroun. La production nationale estimée à 124 OOQ .tonnes en 1988 /’ 1989 a baissé jusqu’en 1995, année à partir de laquelle la P.roduction a enregistré un certain redressement dû à l’effet conjugué de la dévaluation du franc CFA et de la remontée des cours mondiaux (figures 3). La valeur des exportations diminue plus faiblement au cours de la même période (figure 4).Malgré le caractère fluctuant de son cours (tributaire du marché international), le cacao reste l’une des principales source des revenus des ménages11 de la province du Centre en général et du département du Mbam et Kim en particulier. Pendant les périodes difficiles d’avant la dévaluation (1994) où le prix minimum garanti était de 200 FCFA le kg de cacao de grade12. Les plantations ont . . été abandonnées. Les planteurs se sont engagés dans des stratégies de diversification des productions (orientation vers le vivrier). Toutefois les cacaoyères ont été maintenues. L’environnement économique dans le département du Mam et Kim en général s’est considérablement dégradé avec l’arrêt des activités de la SODECAO en 1990. et la libéralisation du secteur de l’approvisionnement en intrants agricoles. Le pouvoir d’achat des producteurs a été considérablement réduit13. Face à ces éléments, les paysans ont développé des stratégies de diversification de la production agricole, en portant notamment un intérêt particulier aux cultures vivrières, à l’ananas et aux fruitiers pour la commercialisation et, ainsi qu’au développement du petit élevage pour l’autoconsommation. On observe que cette orientation est forte dans les zones d’accès facile ou proches des axes routiers. En dehors du cacao, l’économie marchande est donc caractérisée par une large gamme de produits vivrièrs : maïs, macabo, taro, manioc, arachides, igname, ananas, oranges etc … Le développement du marché vivrier est favorisé par la proximité de l’axe moyen Yaoundé-Bafoussam, les voies de communication (pistes SODECAO), le développement d’un marché urbain à Yaoundé, l’extension et la proximité de la ville. Malgré tous ces facteurs apparemment favorables au vivrier, la commercialisation des produits pose des difficultés. Un des paysans enquêté a résumé la situation en déclarant que « lorsque tout le monde produit, ce sont les acheteurs qui dictent les prix ».

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Table des matières

TITRES Pages REMERCIEMENTS
RESUME
ASTRACT
INTRODUCTION
1 – CADRE DE L’ETUDE
1.1.- CADRE INSTITUTIONNEL
1.2.-ruSTIFICATION DU TiffiME DE L’ETUDE
1. 2.1. -Le désengagement de l’Etat et la libéralisation de la ji fière cacao
1. 2.2. -L’intérêt des acteurs institutionnels pour les organisations paysannes
1.2.3. -Le projet ASPPA
1. 2.4. -Fragilité des organisations paysannes et difficultés rencontrées par les organismes d’appui
Il – PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
2.1.-DES QUESTIONS
2.2. -CADRE TiffiORJQUE
2.3 . -OBJECTIFS DE L’ETUDE
2.4 . -DES AXES D’ANAL YSE
Ill – METHODOLOGIE
3 .1.-BIDLIOGRAPHIE
3. 2. -CHOIX DE LA ZONE D’ETUDE ET ruSTIFICATION
3. 3. -MODALITES DE L’ETUDE DE TERRAIN
3.3.1. -Identification des organisations paysannes dans la zone d’étude
3.3.2. -Première enqête de terrain
3.3.3. -Enquête approfondie sur un nombre réduit d’organisations paysannes
3.3.4. -Entretien avec les organismes d’appui publics et privés
3.3.5. -Entretien avec les partenaires économiques privés des organisations paysannes
3. 4. -TRAITEMENT DES DONNEES ET LEUR INTERPRETATION
3. 5. -FINALISATION DU MEMOIRE
IV – LIMITES DE L’ETUDE
CHAPITRE 1 : CADRE DE L’ETUDE 1 – APERCU SUR LE CAMEROUN
1.1. -LE CAMEROUN : QUELQUES CARACTERJSTIQUES GENERALES D’UNE AFRIQUE EN MINIATURE
1. 1.1.- Diversité climatique et écologique
1.1.2. -Démographie
1.1.3. -Quelques carctéristiques de 1 ‘économie
1. 2.- LES ORGANISATIONS PAYSANNES AU C..A…MEROUN
1.2.1- Retrospective historique
1.2.2- Evolutions récentes
1.2.3- La situation actue/le
Il – CARACTERISTIQUES DE LA ZONE D’ETUDE
2.1. -LOCALISATION ET CARACTERISTIQUES AGRO-ECOLOGIGIQUES
2.2. -CARACTERISTIQUES DE LA SOCIETE LOCALE
2.3.-LES SYSTEMES DE PRODUCTION ET LES STRATEGIES PAYSANNES
2. 3.1. – Les systèmes de culture
2.3.2. -Les stratégies paysannes
2. 4.-L’ECONOMIE REGIONALE ET LOCALE ET LES MUTATIONS RECENTES
7 2.5 . -LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL DE LA ZONE D’ETUDE
2.5.1.- La SODECAO: de la suprématie au démantèlement
2.5.2. -Multiplicité des interventions dans la zone de Bokito
CHAPITRE Il : DIAGNOSTIC DES ORGANISATIONS PAYSANNES ETUDIEES 1-DIVERSITE DES ORGANISATIONS PAYSANNES
1.1. -LES ORGANISATIONS RURALES DE BASE
1.1.1- Genèse des organisations
1.1.2- Structure des organisations
1.1.3- Objectifs, activité et fonctionnement
1.2 .-LES UNIONS OU FEDERATIONS D’ORGANISATIONS RURALES
1.2.1. -Caractéristiques structurelles
1. 2. 2. -Objectifs activités et fonctionnement.
Il – LES RELATIONS ENTRE LES DIFFERENTS NIVEAUX DE L’ORGANISATION
2 .1 .-nJSTIFICA TION ECONOMIQUE ET SOCIALE DES NIVEAUX D’ORGANISATION OU DE REPRESENTATION
2. 2 .-LEGITIMITE DES NIVEAUX DE REPRESENTA TI ON ET ENJEUX DANS LA FILIERE
2.2.1. -Des acheteurs bien implantés
2.2.2. -La nécessité de 1 ‘organisation des producteurs
Ill – LE ROLE DES LEADERS (OU RESPONSABLES) DANS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION
3.1.- DES PROFILS DIFFERENTS
3.2. -DIALECTIQUE ENTRE LE RÔLE DU LEADER ET LE CONTRÔLE DEMOCRATIQUE PAR LE GROUPE
IV – LES BESOINS EXPRIMES
4.1. – DES BESOINS EN APPUI TECHNIQUE
4.2.- DES BESOINS OU DES DEMANDES D’INFORMATION
4.3.- DES BESOINS DE FORMATION
4.4. – DES DEMANDES DE FINANCENlENT ..
VLES EVOLUTIONS EN COURS
5.1.- LE CAS DES GROUPES DE BASE
5.2. – LES UNIONS OU FEDERATIONS D’ORGANISATIONS RURALES
CHAPITRE Ill : PROPOSITIONS
1 – LES DEFIS A RELEVER
Il- PRINCIPES DE BASE ET ORIENTATIONS METHODOILOGIQUES
Ill – PROPOSITIONS A COURS TERME
3 .1. -LE DISPOSITIF DU PROJET ASPP A.
3.2.- LES ONG 1 PRESTATAIRES DE SERVICES
3.3.- L’ACCOMPAGNENlENT DES ORGANISATIONS RURALES
3.3.1 – Engager des actions d’information des producteurs
3.3.2 – Renforcer la dynamique interne des organisations rurales
3.3.3 – Organiser des sessions de formation et de recyclage des agents des organismes chargés d’accompagner cette dynamiuque
3.3.4- Favoriser la concertation avec les autres opérateurs
3.3.5 – Améliorer la production de la culture du cacao
1 IV – PROPOSITIONS A MOYEN ET LONG TERME
4.1.- LA REPRESENTATION DES INTERETS DES PRODUCTEURS AU NIVEAU DE LA ZONE
4.2. -L’ ANlELIORATION DE L’ENVIRONNEN!ENT ECONONIIQUE DE LA PRODUCTION
4.3. – DE LA NECESSITE D’UN OBSERVATOIRE DES ORGANISATIONS RURALES
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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