C’est l’ensemble des lésions osseuse et articulaire qui intéresse le cadre antébrachial. Ce cadre est représenté par la diaphyse des deux os (ulna et radius) située à 2 cm sous la tubérosité bicipitale et 4 cm au-dessus de l’interligne radiocarpienne et les deux articulations radio-ulnaires [62]. Ainsi, la survenue de telles fractures peut mettre en jeu la précision d’une mécanique fine : celle du positionnement précis de la main dans l’espace, en raison du risque de perturbation des mouvements de pronosupination [94]. De plus en plus fréquent, ces traumatismes touchent l’adulte jeune et sont le plus souvent secondaires à des mécanismes à haute énergie [74]. Le diagnostic est facile et doit être précis en recherchant des lésions associées des articulations proximales et distales avant d’envisager une solution thérapeutique adaptée, en sachant d’emblée que l’unanimité est faite sur le traitement chirurgical. L’ostéosynthèse par plaque vissée et l’embrochage centromédullaire constituent les deux méthodes les plus utilisées de fixation interne qui n’ont été que très peu évaluées dans le service. Des complications redoutables telles que les pseudarthroses et les synostoses radio ulnaires peuvent survenir.
RAPPEL ANATOMIQUE
Squelette de l’avant-bras
Le squelette de l’avant-bras est constitué par deux os longs différents dans leur forme et dans leur fonction : l’ulna et le radius. Articulés à chacune de leurs extrémités, ils sont aussi unis par la membrane interosseuse qui comble l’espace ovalaire les séparant. Cette disposition qui permet au radius de tourner autour de l’ulna autorise un mouvement d’importance considérable : la prono-supination.
Le radius
Os long en dehors de l’ulna, il est situé dans la partie externe de l’avant-bras. Il s’articule en haut par la tête avec le condyle huméral ; en bas par sa grosse extrémité avec le condyle carpien. Le radius présente une diaphyse et deux épiphyses, proximale et distale .
❖ La diaphyse
Prismatique triangulaire, elle est plus volumineuse en bas et possède :
– une double courbure antérieure et médiale ;
– trois faces : antérieure, postérieure et latérale ;
– trois bords : antérieur, postérieur et interosseux.
● Les faces
– Face antérieure : le bord interne est concave en dedans. La diaphyse est de plus en plus large, de haut en bas, l’extrémité inférieure est renflée. Elle est marquée par une crête oblique en bas et en dehors qui croise la face antérieure : la crête pronatrice. D’autre part sur le bord interne, la tubérosité radiale est le lieu d’insertion du muscle biceps brachial : c’est la tubérosité bicipitale.
– Face postérieure : elle est arrondie en haut et un peu excavée vers sa partie moyenne où l’on remarque une ou deux crêtes obliques en bas et en dehors.
– Face latérale : elle est arrondie et convexe verticalement. Elle est divisée en trois parties :
● Le tiers supérieur pour l’insertion du chef profond du muscle supinateur ;
● Le tiers moyen, surface rugueuse et ovale à grand axe vertical, pour l’insertion du rond pronateur ;
● Le tiers inférieur qui lui aussi ne possède pas d’insertions pour le glissement des tendons latéraux.
● Les bords
– Bord antérieur : il s’étend de l’extrémité inférieure de la tubérosité bicipitale jusqu’à la base de l’apophyse styloïde du radius. Il se dirige obliquement en bas et latéralement puis verticalement. Ce bord est très accusé en haut. Il s’atténue dans sa partie moyenne et redevient saillant à son extrémité inférieure.
– Bord postérieur : mousse et arrondie ; il donne insertion au septum antébrachial latéral.
– Bord interosseux : mince et tranchant, il limite en dehors l’espace interosseux. Il s’étend de l’extrémité inférieure de la tubérosité bicipitale à l’extrémité inférieure de l’os, où il se bifurque. Le bord interne présente à 4 ou 5cm au-dessous de la tubérosité bicipitale, une saillie rugueuse, allongée, appelée tubercule interosseux.
❖ Epiphyse proximale
Elle comprend la tête, le col et la tubérosité radiale.
● La tête
C’est un segment de cylindre imparfait qui termine en haut le radius. Elle est sur une coupe horizontale, ovalaire à grosse extrémité médiale. La face supérieure de la tête ou cupule du radius est régulièrement excavée et s’articule avec le condyle de l’humérus. La partie interne du rebord de la cupule radiale est taillée en biseau et cette surface répond au versant trochléen de la gouttière condylotrochléenne. La cupule radiale est en continuité avec une deuxième surface articulaire située sur le pourtour de la tête du radius. Elle s’articule avec la petite cavité sigmoïde de l’ulna.
● Le col
Portion rétrécie supportant la tête radiale, il est cylindrique, long de 1 cm environ, et dirigé obliquement en bas et en dedans.
● La tubérosité bicipitale
C’est une saillie ovoïde antéro-latérale située sous le col. Elle est lisse en avant, irrégulière en arrière donnant insertion au tendon du biceps.
❖ Epiphyse distale
Volumineuse et quadrangulaire, elle présente cinq faces :
– La face inférieure : surface articulaire de forme triangulaire à base interne.
Excavée, elle est divisée en deux parties par une crête mousse sagittale. L’une externe triangulaire s’articule avec le scaphoïde ; l’autre interne, quadrilatère, répond au semi-lunaire.
– La face antérieure légèrement excavée donne insertion au muscle carré pronateur.
– La face postérieure fait suite à la partie postérieure du corps. Cette face est creusée par deux gouttières : l’une externe, étroite, oblique en bas et en dehors, pour le tendon du long extenseur du pouce ; l’autre interne, verticale, large et peu profonde, pour les tendons de l’extenseur commun et de l’extenseur propre de l’index.
– La face latérale regarde à la fois en dehors et en arrière. Elle est sur le prolongement de la face externe du carpe. Cette face est également creusée de deux gouttières verticales : l’une antérieure pour les tendons du long abducteur et du court extenseur du pouce ; l’autre postérieure, plus large, pour les tendons du radius. Celle-ci est souvent dédoublée par une crête mousse en deux gouttières juxtaposées pour chacun des tendons radiaux. Elle se prolonge en bas en une éminence pyramidale : l’apophyse styloïde du radius. La base de l’apophyse donne insertion au long supinateur. Au sommet s’attache le ligament latéral externe de l’articulation radio-carpienne.
– La face médiale : triangulaire, elle est concave sagittalement et est limitée par les deux branches de bifurcation du bord interne du corps de l’os. L’insertion du ligament interosseux se prolonge sur la branche postérieure. Cette face présente deux parties: l’une supérieure rugueuse donne insertion aux faisceaux les plus profonds du carré pronateur ; l’autre inférieure occupée par une facette articulaire : la cavité sigmoïde du radius allongée et concave d’avant en arrière, s’articulant avec la tête de l’ulna.
L’ulna
C’est l’os médial de l’avant-bras. Il s’articule avec l’humérus en haut, le radius latéralement et le disque de l’articulation radio-ulnaire distale en bas. On lui décrit une diaphyse et deux épiphyses proximale et distale.
❖ La diaphyse
Prismatique et triangulaire, elle est plus volumineuse en haut qu’en bas. Elle dessine une légère courbure à concavité antérieure et décrit dans le plan sagittal un « S » italique dont la concavité supérieure est interne et l’inférieure externe. La diaphyse présente à décrire 3 faces (antérieure, postérieure et médiale) et 3 bords (antérieur, latéral et postérieur).
➤ Les faces
● La face antérieure
Elle est subdivisée en 2 parties. Elle est excavée longitudinalement sur ses deux tiers supérieurs, dans son tiers inférieur, et est divisée par une crête oblique en bas et vers la ligne médiane.
● La face postérieure
Sa partie supérieure présente une surface angulaire. Au-dessus de cette surface, une crête longitudinale sépare une partie médiale excavée et une partie latérale.
● La face médiale
Sur ces deux tiers supérieurs s’insère le muscle fléchisseur profond des doigts.
➤ Les bords
● Le bord antérieur
Mousse, il donne insertion au muscle fléchisseur profond des doigts en haut et au muscle carré pronateur en bas.
● Le bord interosseux
Tranchant, il donne insertion au ligament interosseux. En haut, il se divise en deux crêtes qui vont se terminer de chaque côté de l’incisure radiale. Ainsi est limitée une fossette triangulaire où s’insère le faisceau profond du muscle supinateur. Sur la crête postérieure, s’insère le faisceau moyen du ligament collatéral radial.
● Le bord postérieur
Contourné en S inversé, il se bifurque en haut pour se confondre avec les bords de l’olécrane.
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Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES
1. RAPPEL ANATOMIQUE
1.1. Squelette de l’avant-bras
1.1.1. Le radius
1.1.2. L’ulna
1.1.3. La membrane interosseuse
1.2. Arthrologie
1.2.1. L’articulation radio-ulnaire proximale
1.2.2. L’articulation radio-ulnaire distale
1.3. Myologie
1.3.1. Muscles antérieurs de l’avant-bras
1.3.2. Muscles postérieurs de l’avant-bras
1.4. Vascularisation- Innervation
1.4.1. Les artères
1.4.2. Les veines
1.4.3. Innervation
2. Biomécanique de la prono-supination
2.1. Définition
2.2. Mécanisme
2.3. Amplitudes
2.4. Les moteurs de la pronosupination
2.5. Conditions de la pronosupination
3. Les fractures des deux os de l’avant-bras
3.1. Circonstances et mécanismes
3.1.1. Les circonstances
3.1.2. Mécanismes
3.2. Anatomie pathologique des fractures de l’avant-bras
3.3. Classifications
3.4. Clinique
3.5. Imagerie
3.5.1. Radiographie standard
3.5.2. Tomodensitométrie
3.6. Formes cliniques
4. Traitement
4.1. But
4.2. Moyens et méthodes
4.2.1. Le traitement orthopédique
4.2.2. Traitement chirurgical
4.3. La rééducation fonctionnelle
4.4. Indications
Notre Etude
1. MATERIELS ET METHODES
1.1. Matériel d’étude
1.1.1. Cadre d’étude
1.1.2. Type et période d’étude
1.1.3. Critères de sélection
1.2. Méthode d’étude
1.2.1. Recueil des données
1.2.2. Paramètres d’étude
1.2.3. Analyse des données
2. RESULTATS
2.1. Aspects épidémiologiques
2.1.1. Age
2.1.2. Sexe
2.1.3. Profession
2.1.4. Membre dominant
2.2. Aspects anatomo-cliniques
2.2.1. Circonstances du traumatisme
2.2.2. Mécanisme du traumatisme
2.2.3. Délai de prise en charge
2.2.4. Durée d’hospitalisation
2.2.5. Côté atteint
2.3. Résultats clinique
2.3.1. Les signes fonctionnels
2.3.2. Données de l’examen physique local
2.3.3. Lésions associées
2.4. Analyses radiologiques
2.5. Traitement
2.5.1. Traitement médical
2.5.2. Traitement chirurgical
2.5.3. Rééducation fonctionnelle
2.6. Complications
2.6.1. Complications précoces
2.6.2. Complications tardives
2.7. Evaluation du traitement
2.7.1. Clinique
2.7.2. Résultats anatomo-radiologiques
2.7.3 Résultats fonctionnels selon Oestern et Tscherne en fonction du type de la fracture
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE