Les fractures de l’épicondyle médial (épitrochlée) sont des fractures extraarticulaires qui menacent la stabilité du coude et peuvent compromettre la fonction. Elles constituent des lésions fréquemment rencontrées en traumatologie, surtout pédiatrique, représentant environ 12 % (la troisième) de toutes les fractures du coude chez l’enfant [52]. Elles sont le plus souvent observées chez l’enfant et l’adolescent et moins rares chez l’adulte jeune .Le pic de fréquence se situe entre 7 et 15 ans [9]. Ces lésions surviennent en général lors des chutes, des accidents sportifs et des accidents de la voie publique. Le mécanisme est indirect, par valgus forcé à la suite d’une chute sur la paume de la main, le coude étant en extension, ce qui entraîne un arrachement de l’épitrochlée [52]
Le diagnostic de ces lésions est évoqué à la clinique et confirmé, en général, par la radiographie standard qui tient compte de l’âge osseux. Le degré de déplacement et l’association ou non à une luxation ont imposé plusieurs classifications. La fracture de l’épicondyle médial associée à une luxation du coude représente la forme sévère ; cette association est rencontrée dans un tiers des cas. [29,31] La fracture seule, non ou peu déplacée, n’est que le reflet d’un vaste dégât capsulo-ligamentaire et musculaire dont le retentissement sur la stabilité du coude est toujours sous-estimé. [31] Le traitement de cette fracture demeure un sujet de controverse. Il est soit orthopédique par une immobilisation plâtrée ou soit chirurgical avec réduction à foyer ouvert et stabilisation par broches de Kirschner ou par un vissage pour les adolescents.
RAPPEL ANATOMIQUE
Anatomie descriptive
Ostéologie
La palette humérale
La palette humérale est aplatie d’avant en arrière. Son diamètre transversal est environ trois fois plus grand que son diamètre antéro-postérieur. Elle comprend la métaphyse inférieure de l’humérus avec deux piliers divergents vers le bas dans un plan frontal se terminant par un renflement ou épicondyle :
●épicondyle médial de plus gros volume, il est très saillant aplati d’avant en arrière. La face antérieure est rugueuse. Le sommet de ce processus donnent insertion à sa face antérieure aux muscles épicondyliens médiaux (le muscle fléchisseur radial du carpe, le muscle long palmaire et le muscle fléchisseur ulnaire du carpe). Sa face postérieure est lisse, souvent creusée en gouttière verticale dans laquelle glisse le nerf ulnaire. Sur son bord inférieur s’insère le ligament collatéral ulnaire.
●épicondyle latéral, il donne insertion au ligament collatéral radial et aux muscles épicondyliens latéraux. La palette se termine en bas par l’épiphyse correspondant aux surfaces articulaires constituées de la trochlée. Elle est surmontée en avant par la fossette coronoïdienne, en arrière par la fosse olécrânienne et le capitulum (condyle latéral).
Articulation du coude
L’articulation du coude unit le bras à l’avant-bras et met en présence 3 os: l’humérus, le radius et l’ulna. Articulation complexe, le coude est constitué du point de vue morphologique, de trois articulations synoviales ayant la même cavité articulaire :
– l’articulation huméro-ulnaire ;
– l’articulation huméro-radiale ;
– l’articulation radio-ulnaire proximale.
Les surfaces articulaires
Elles sont recouvertes de cartilage hyalin. Elles sont formées par :
– le condyle huméral ;
– les incisures trochléaire et radiale ;
– la tête radiale ;
– le ligament annulaire.
●Le condyle huméral
Le condyle huméral est formé par la trochlée, la zone capitulo-trochléenne et le capitulum. Il constitue la partie moyenne articulaire de l’épiphyse distale de l’humérus. Il est compris entre 2 saillies para-articulaires l’épicondyle médial et l’épicondyle latéral, surmonté par des fosses (la fosse coronoïdienne et la fosse radiale en avant, la fosse olécrânienne en arrière).
Elle a la forme d’un segment de poulie, s’enroulant autour du bord inférieur de l’épiphyse distale de l’humérus. Son grand axe est oblique en bas, en arrière et en dedans. Elle est constituée par 2 versants médial et latéral séparés par une gorge. Elle répond à l’incisure trochléaire de l’ulna.
La zone capitulo-trochléaire
Elle correspond à la surface inclinée de la trochlée en regard du capitulum. Elle répond au bord médial de la fossette articulaire radiale.
Le capitulum de l’humérus
C’est la plus latérale des surfaces articulaires. C’est un segment de sphère aplati, convexe en tous sens ; son plus grand axe est vertical. Il regarde en avant et n’est pas visible sur la face postérieure de l’épiphyse distale de l’humérus.
➤ Les surfaces de l’extrémité proximale
L’incisure trochléaire de l’ulna
Grande échancrure concave en avant, elle est formée par les surfaces articulaires antérieures de l’olécrâne et du processus coronoïde (figure 3). Elle présente une crête sagittale mousse qui la divise en 2 versants médial, latéral et un sillon transversal dépourvu de cartilage à la jonction des surfaces verticales (olécrânienne) et horizontales (coronoïdienne). Ce sillon transversal répond à des franges graisseuses chassées de l’articulation pendant l’extension du coude. Elle s’articule avec la trochlée humérale.
L’incisure radiale de l’ulna
Elle est située sur la face latérale du processus coronoïde. Concave sagitalement, elle forme un arc de 60°. Elle s’articule avec la circonférence articulaire de la tête radiale.
La tête radiale
C’est un segment de cylindre imparfait . Sur une coupe horizontale, elle est ovalaire à grosse extrémité médiale.
La circonférence articulaire: partie périphérique de la tête, elle est moins haute latéralement. Elle répond au ligament annulaire du radius et à l’incisure radiale de l’ulna.
La fossette articulaire radiale: face supérieure de la tête, elle est régulièrement excavée. Elle répond au capitulum. Son bord médial s’articule avec la zone capitulo-trochléaire du condyle huméral.
Le ligament annulaire du radius
C’est un moyen d’union et une surface articulaire. Ligament arciforme de 1cm de hauteur, il est tendu entre les bords antérieurs et postérieurs de l’incisure radiale et encercle la tête du radius. Sa face profonde est encroûtée de cartilage et répond à la circonférence articulaire de la tête radiale.
Les moyens de glissement
Ils sont représentés par la synoviale qui tapisse la face profonde de la capsule. Elle se réfléchit au niveau de son insertion osseuse, puis tapisse l’os jusqu’à la limite du cartilage. Elle présente trois récessus:
❖ en avant, en regard de la fosse coronoïde et de la fosse radiale;
❖ en arrière, en regard de la fosse olécrânienne;
❖ en bas, autour du col du radius.
Enfin, elle est soulevée par des pelotons adipeux bien nets en regard du sillon transversal de l’incisure trochléaire de l’ulna.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. RAPPEL ANATOMIQUE
I.1. Anatomie descriptive
I.2. Anatomie fonctionnelle
I.2.1. Les mouvements et leur amplitude
I.2.2. Les muscles moteurs
II. BIOMECANIQUE DU COUDE
II.1. Mécanisme de la mobilité
II.2. La stabilité
II.3. Les contraintes
III. CROISSANCE ET OSSIFICATION DE LA PALETTE HUMERALE
IV. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
IV.1. Lésions anatomiques
IV.2. Mécanisme lésionnel
IV.3. Classifications
V. DIAGNOSTIC
V.1. Examen clinique
V.2. Imagerie
VI. TRAITEMENT
VI.1. BUTS
VI.2. Méthodes
VII. EVOLUTION
VII.1.Complications Immédiates
VII.2.Complications secondaires
VII.3.Complications tardives
DEUXIEME PARTIE
I. MATERIEL ET METHODE
I.1. Matériel
I.2. Méthodologie
II. RESULTATS
II.1. Donnes épidémiologiques
II.2. Aspects diagnostiques
II.3. Aspects thérapeutiques
II.4. Évaluation
III. DISCUSSION
III.1. Données épidémiologiques
III.2. Aspects diagnostiques
III.3. Aspects thérapeutiques
III.4. Evaluation
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES