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Importance des infections nosocomiales
Les infections associรฉes aux soins constituent un problรจme pour la sรฉcuritรฉ des patients et conduisent ร des affections invalidantes qui rรฉduisent la qualitรฉ de vie. Elles constituent รฉgalement une des causes majeures de dรฉcรจs associรฉes ร des coรปts รฉconomiques considรฉrables [22].Ces infections surviennent partout dans le monde et touchent tous les pays, quel que soit leur niveau de dรฉveloppement [23].
Une enquรชte de prรฉvalence rรฉalisรฉe pour lโOMS dans 55 hรดpitaux de 14 pays reprรฉsentant quatre rรฉgions OMS (Europe, Mรฉditerranรฉe orientale, Asie du Sud-est et Pacifique occidental) a montrรฉ quโen moyenne 8,7 % des patients hospitalisรฉs รฉtaient touchรฉs par une infection nosocomiale. A tout moment plus de 1,4 millions de personnes dans le monde souffrent de complications infectieuses acquises [24].
Dans les pays en dรฉveloppement, peu de donnรฉes statistiques sont publiรฉes sur les infections associรฉes aux soins. Cependant quelques รฉtudes menรฉes dans certains de ces pays ont montrรฉ des taux de prรฉvalence de 14,8% ร 19,1% dโinfections contractรฉes au cours des soins [25].
Les infections nosocomiales รฉvoluent principalement sur un mode endรฉmique. Ceci permet de dรฉfinir pour chaque type dโinfection un taux dโendรฉmicitรฉ que lโon peut comparer dโun service hospitalier ร un autre. Mais lorsque dans un service il apparaรฎt subitement un type dโinfection iatrogรจne, alors il sโagit dโune รฉpidรฉmie. Elle est alors due au mรชme germe caractรฉrisรฉ par son sรฉrotype et son antibiotype [3].
Au moyen dโรฉtude รฉpidรฉmiologique on peut estimer ponctuellement le phรฉnomรจne de lโinfection nosocomiale ou en suivre lโรฉvolution. Nous avons : [17].
๏ Les รฉtudes de prรฉvalence qui durent un ou plusieurs jours et qui peuvent รชtre rรฉalisรฉes simultanรฉment dans plusieurs hรดpitaux. Cette รฉtude permet de dรฉterminer le taux de prรฉvalence dโinfection qui reprรฉsente entre 7 et 12% des admissions hospitaliรจres.
๏ Les รฉtudes dโincidence qui relรจvent de maniรจre systรฉmatique de lโapparition de nouveaux cas dโinfection sur une longue pรฉriode. Elles permettent de calculer le taux dโincidence ou un ratio dโinfection. Ce taux est compris entre 5 et 10% des admissions hospitaliรจres.
La surveillance รฉpidรฉmiologique des infections nosocomiales doit รชtre adaptรฉe en fonction des prioritรฉs identifiรฉes localement c’est-ร -dire dans chaque service car la rรฉpartition du site infectieux varie selon la spรฉcialitรฉ mรฉdicale [26].
Nous avons cinq principaux sites dโinfections nosocomiales reprรฉsentant 70% de lโensemble des infections nosocomiales avec par ordre dโimportance: les infections urinaires (35%), les infections respiratoires basses (12%), les infections du site opรฉratoire (11%), les bactรฉriรฉmies (6%) et les infections par cathรฉter (4%) [27].
Dโautres facteurs mรฉritent dโรชtre pris en compte. Les infections nosocomiales sont plus frรฉquentes chez les sujets รขgรฉs de 65 ans ou plus (ratio de 1,76), chez les hommes, chez les sujets immunodรฉprimรฉs (ratio de 2,74), chez les sujets opรฉrรฉs dans les 30 jours prรฉcรฉdent lโenquรชte de prรฉvalence, chez les sujets porteurs dโun cathรฉter vasculaire, dโune sonde urinaire, trachรฉotomisรฉs ou intubรฉs [26].
Rรฉservoirs du germe
Les rรฉservoirs des micro-organismes ร lโorigine des infections sont multiples. Le patient est soit infectรฉ par son propre germe au cours dโun soin ; on parle alors dโinfection endogรจne, soit infectรฉ par des germes provenant dโautres personnes ou de lโenvironnement et on parle ici dโinfection dโorigine exogรจne ou infection croisรฉe.
Au nombre des rรฉservoirs des micro-organismes ร lโorigine des infections nosocomiales, on distingue :
La flore saprophyte du malade lui-mรชme (origine endogรจne): cโest une flore ne prรฉsentant pas de danger pour lโorganisme. Elle est constituรฉe de bactรฉries qui vivent normalement dans lโorganisme. Mais au cours des premiers jours dโhospitalisation elle subit des modifications qualitatives. Les bacilles gram nรฉgatif et plus accessoirement les levures (Candida) remplacent les cocci gram positif ou les anaรฉrobies [27].
Le personnel soignant mรฉdical et paramรฉdical va dโun malade ร un autre. Il est le principal responsable de la transmission manu portรฉe. Il peut รชtre colonisรฉ par les micro-organismes [28].
Lโenvironnement reprรฉsente aussi une source de germes mais ceux-ci sont moins frรฉquemment mis en cause. L’air, l’eau et l’alimentation contiennent des germes qui ne sont pas dangereux dans les conditions normales mais peuvent provoquer des infections chez les patients fragiles ou bien lorsque ces germes sont introduits directement ร l’intรฉrieur du corps (par exemple lors d’une opรฉration chirurgicale) [29].
Mode de transmission des germesย
Les mains des professionnels soignants en absence dโune pratique dโhygiรจne appropriรฉe sont le moyen le plus frรฉquent de transmission des germes au cours des soins. En effet, selon Pittet D il faut rรฉunir cinq conditions pour quโun microorganisme se transmette dโun patient ร un autre.
๏ Les micro-organismes sont prรฉsents sur la peau du patient ou sur les surfaces dans lโentourage immรฉdiat du patient. Des germes (Staphylococcus aureus, Proteus mirabilis, Klebsiella spp et Acinetobacter spp.) peuvent รชtre prรฉsents sur la peau intacte de certains patients. Lโenvironnement immรฉdiat du patient (draps de lit, tables de nuit, et autre dispositifs mรฉdicaux) est contaminรฉ par ces germes (en particulier par les staphylocoques et entรฉrocoques).On parle dโauto-infection.
๏ Les micro-organismes sont transfรฉrรฉs sur les mains du soignant. Le passage des germes du patient aux mains du professionnel soignant sโeffectue mรชme au cours dโun soin supposรฉ โpropreโ (mesure des pulsations, de la tension artรฉrielle ou de la tempรฉrature axillaire).
๏ Le microorganisme doit รชtre aussi capable de survivre sur les mains du personnel pendant au moins quelques minutes. Les germes qui sont passรฉs sur les mains des professionnels soignants suite ร un contact avec le patient ou avec son environnement peuvent survivre 2 ร 60 minutes en lโabsence de toute action dโhygiรจne des mains.
๏ Le personnel nโobserve pas les recommandations concernant lโhygiรจne des mains ou utilise des produits inefficaces. Les mains restent contaminรฉes lorsque lโhygiรจne des mains est dรฉficiente. Une quantitรฉ insuffisante de produit ou une durรฉe de friction trop courte a pour consรฉquence un faible degrรฉ de dรฉcontamination des mains.
๏ Les mains contaminรฉes du soignant doivent entrer en contact direct avec un autre patient ou avec un objet qui va entrer en contact direct avec le patient. Plusieurs fois il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ lors dโรฉpidรฉmies, la transmission des germes par les mains des professionnels dโun patient ร lโautre ou ร lโenvironnement du patient.
Il faut noter, quelque soit le mode de transmission, lโapparition dโune infection nosocomiale est favorisรฉe par la situation mรฉdicale du patient ร savoir son รขge et sa pathologie. Par exemple, les personnes รขgรฉes, les immunodรฉprimรฉs, les nouveaux nรฉs, les polytraumatisรฉs, les grands brรปlรฉs sont particuliรจrement rรฉceptifs. Nous avons aussi certains traitements comme les antibiotiques qui dรฉsรฉquilibrent la flore du patient de mรชme que certains actes invasifs ร savoir la pose de perfusion, de sondes urinaires ainsi que les opรฉrations chirurgicales [29].
Principales infections nosocomiales
Les maladies nosocomiales sont frรฉquentes et causรฉes par diffรฉrents agents pathogรจnes. Leurs ravages sont importants et causent de nombreux dรฉcรจs. Selon le Comitรฉ dโexamen sur la prรฉvention et le contrรดle des infections nosocomiales, les infections hospitaliรจres ยซles plus frรฉquentesยป sont les infections urinaires qui reprรฉsentent environ 40% des infections nosocomiales, dont la majoritรฉ est liรฉe ร lโutilisation de cathรฉters urinaires. Elles prolongent de 4 ร 16 jours la durรฉe de sรฉjour en milieu hospitalier. Les pneumonies dues ร lโimmobilisation prolongรฉe ou ร la ventilation mรฉcanique peuvent รชtre associรฉes ร un taux de mortalitรฉ de 7%. Les infections des sites chirurgicaux, les bactรฉriรฉmies nosocomiales primaires principalement celles causรฉes par lโinstallation dโun cathรฉter et la diarrhรฉe associรฉe au Clostridium difficile ont aussi une incidence sur la mortalitรฉ, la morbiditรฉ et la qualitรฉ de vie des personnes qui en sont atteintes. Elles ont aussi un impact sur la durรฉe de sรฉjour et par consรฉquent sur lโaccessibilitรฉ des soins et des services pour les autres malades. Parmi les autres infections nosocomiales, il y a les infections de la peau et des tissus mous, les gastro-entรฉrites virales, lโinfluenza et les autres virus respiratoires ainsi que les infections du nez, des yeux, de la gorge et des oreillesยป.
Prรฉvention des infections nosocomiales
Selon Troillet N. il n’est pas possible malheureusement de rรฉduire ร zรฉro le risque d’infection mais on peut la prรฉvenir en suivant un programme intรฉgrรฉ, contrรดlรฉ dont les รฉlรฉments clรฉs sont les suivants :
๏ limiter la transmission dโagents microbiens de patient ร patient pendant les activitรฉs de soins directs par une hygiรจne des mains adรฉquate et le port de gants et en observant des pratiques et stratรฉgies dโasepsie, dโisolement, de stรฉrilisation, de dรฉsinfection et de nettoyage appropriรฉs du linge ;
๏ maรฎtriser les risques infectieux liรฉs ร lโenvironnement ;
๏ protรฉger les patients par lโusage appropriรฉ dโanti-infectieux ร titre prophylactique par lโalimentation et par les vaccinations ;
๏ limiter le risque dโinfection endogรจne par la rรฉduction des gestes invasifs et par la promotion dโun usage optimal des anti-infectieux ;
๏ surveiller les infections, identifier et maรฎtriser les flambรฉes ;
๏ assurer la prรฉvention des infections chez les membres du personnel ;
๏ renforcer les pratiques de soins et assurer la formation continue du personnel.
Lโhygiรจne des mains est la premiรจre des actions ร entreprendre pour prรฉvenir la transmission des germes et le dรฉveloppement des infections associรฉes aux soins [33].
Hygiรจne des mains
Lโhygiรจne des mains est lโรฉlรฉment fondamental de lutte contre les infections nosocomiales [34]. Bien que ce soit un geste simple, son manque dโobservance est un problรจme universel. Une alternative ร lโutilisation dโeau et de savon est une friction des mains avec un produit hydro-alcoolique (PHA). [35].
Rappel historique
Lโimpact du lavage des mains sur la rรฉduction du taux des infections nosocomiales est retrouvรฉ dans les รฉtudes tant historiques que contemporaines [36, 37]. Le lavage des mains suite aux travaux de Semmelweis est reconnu depuis plus dโun siรจcle comme une mesure efficace de prรฉvention des infections. De nombreuses รฉpidรฉmies hospitaliรจres dues ร la contamination par les mains traduisent bien son importance [38]. Semmelweis avait รฉmis lโhypothรจse que la fiรจvre puerpรฉrale serait transmise par les mains des รฉtudiants qui apporteraient des ยซ particules cadavรฉriques ยป depuis la salle dโautopsie. Il interdit donc aux รฉtudiants en mรฉdecine de quitter les salles de dissection sans s’รชtre lavรฉ les mains au chlorure de chaux, ce qui entraรฎna immรฉdiatement une baisse significative du taux de mortalitรฉ qui passe de 12% ร 3%. Ce chlorure de chaux qui est un mรฉlange dโhypochlorite de calcium et de chlorure de calcium fut mis au point vers 1820 par le pharmacien Antoine-Germain Labarraque (1777-1850) [39]. Pasteur (1878) met รฉgalement en รฉvidence le manu portage dans la mรฉthode aseptique dโoรน cette citation : ยซ Au lieu de s’ingรฉnier ร tuer les microbes dans la plaie ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas en introduire ยป. De mรชme, Joseph Lister [40, 38] en 1867 et Florence Nightingale [41, 38] en 1863 ont effectuรฉ des travaux concernant lโasepsie en milieu hospitalier.
Rappel sur la flore cutanรฉe
La flore cutanรฉe joue un rรดle primordial dans la genรจse des infections nosocomiales. En effet dรจs qu’il existe une brรจche cutanรฉe (brรปlure, cathรฉter, plaie opรฉratoire), les micro-organismes peuvent coloniser la lรฉsion et รชtre ร l’origine d’infections locales ou systรฉmiques. Par ailleurs, sous l’influence de l’hospitalisation et/ou de traitements antibiotiques, la flore cutanรฉe peut se modifier: รฉlimination des espรจces sensibles, acquisition de facteurs de rรฉsistance, colonisation par des bactรฉries multi-rรฉsistantes. Au cours des soins, ces microorganismes peuvent transiter dans la flore cutanรฉe des mains des soignants et diffuser d’un malade ร l’autre [42].
La peau est lโorgane souple qui recouvre la surface du corps. Elle est essentiellement constituรฉe de trois couches : [43, 44] lโรฉpiderme, le derme et lโhypoderme.
โ lโรฉpiderme ou รฉpithรฉlium stratifiรฉ est limitรฉ ร lโextรฉrieur par la couche cornรฉe et ร lโintรฉrieur par la couche basale germinative qui renferme les mรฉlanocytes
โ le derme est formรฉ de tissu conjonctif dans lequel circulent des vaisseaux capillaires et lymphatiques. Cโest ร ce niveau que se situe la base des poils. On y trouve aussi des fibres et des rรฉcepteurs nerveux.
โ lโhypoderme est la couche la plus profonde.
La peau comporte aussi deux types dโorganes annexes : les glandes sudoripares et lโappareil pilosรฉbacรฉ illustrรฉ dans la figure 2
Particularitรฉs de la peau des mains
Les mains, interface nรฉcessaire entre le soignant et le patient sont naturellement porteuses de germes. Chez le sujet sain et idem de lรฉsion, leur prรฉsence nโa aucune incidence. La peau des mains est adaptรฉe ร lโusage dโoutil que lโ homme en fait. Les paumes ont une couche cornรฉe renforcรฉe et riche en lipides รฉpidermiques. Elle repose sur un hypoderme รฉpais afin de protรฉger contre les coups et la pression. Les glandes sudoripares y sont plus denses que sur le reste du corps ( 620 par cm2 au lieu de 100 ร 200 cm2),) car la sueur amรฉliore la prรฉhension des objets en รฉvitant quโils ne glissent. Mais la peau glabre des paumes souffre dโun manque de sรฉbum car sa production a normalement lieu dans les follicules pilo-sรฉbacรฉs.
La peau du dos des mains est particuliรจrement fine. De plus, la glande sรฉbacรฉe est bien infรฉrieure ร celle des autres parties du corps car elle nโest recouverte que de quelques poils fins. Lโabsence de glandes sรฉbacรฉes engendre une rรฉduction du film hydrolipidique. Les mains sont donc moins bien protรฉgรฉes et plus sensibles ร la dรฉshydratation par augmentation de la perte insensible en eau [39].
Les diffรฉrentes flores microbiennes de la main
La flore de la main varie au cours de la journรฉe en fonction des activitรฉs. Selon les รฉtudes, 20 ร 40% des infections nosocomiales sont dues ร une transmission manuportรฉe des bactรฉries [38].
La flore commensale
Encore appelรฉe flore rรฉsistante, cโest la flore naturelle de la peau. Elle regroupe les germes qui colonisent les couches superficielles de la peau. Elle est non pathogรจne et rarement la cause dโinfections nosocomiales. Elle joue un rรดle de barriรจre vis-ร -vis des autres microbes, cโest donc une flore utile. Elle est particuliรจrement รฉliminรฉe par le lavage des mains et se reconstitue rapidement aprรจs [46].
La flore transitoire
Elle regroupe les germes occasionnellement prรฉsents ร la surface de la peau et qui ne la colonisent pas de faรงon durable [47].
Elle est pathogรจne et responsable dโinfections nosocomiales. Elle est acquise lors des soins et manipulations diverses au cours de la journรฉe et est transmise du personnel soignant au malade, au matรฉriel et rรฉciproquement. Elle est รฉliminรฉe par le lavage des mains [41].
Selon le Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales de lโinter rรฉgion Paris- Nord (CCLIN), la friction hygiรฉnique des mains consiste en lโรฉlimination et/ou la destruction de la flore transitoire. Lโaction recherchรฉe est limitรฉe dans le temps, de plus elle ne permet pas dโenlever les souillures importantes de par la nature et lโutilisation du produit.
Ce procรฉdรฉ doit รชtre utilisรฉ sur des mains macroscopiquement propres [38].
Techniques dโhygiรจne des mains
L’hygiรจne des mains est rรฉalisรฉe principalement par le lavage au savon et ร lโeau ou par friction hydro-alcoolique des mains. Les produits utilisรฉs, leur qualitรฉ et les techniques dโhygiรจne des mains influencent le rรฉsultat obtenu. Les mains restent contaminรฉes en lโabsence dโhygiรจne des mains [48].
Matรฉriel de lavage ร lโeau et au savonย
Le savon
Les savons sont des produits nettoyants ร action dรฉtergente cโest-ร -dire quโils permettent une รฉmulsion des substances non solubles dans lโeau (substances hydrophobes) qui seront รฉliminรฉes par le rinรงage. Ils รฉliminent 40 ร 50% de la flore cutanรฉe des mains. Ils ne dรฉtruisent pas les germes, ils ne font que les dรฉcrocher de leur support (revรชtement cutanรฉโฆ)
Il existe deux types de savons : le savon solide ou pain de savon et les solutions moussantes.
๏ Les savons solides ou liquides
Ils sont issus de la saponification graisse + base et ont un pH basique. Dans les hรดpitaux, les savons solides sont ร dรฉconseiller car leur manipulation directe peut entraรฎner une contamination avec des microorganismes pathogรจnes. Il est prรฉfรฉrable dโutiliser uniquement des savons liquides ou des รฉmulsions de plus petit volume possible. Leur qualitรฉ et leurs conditions dโutilisation doivent รชtre rรฉguliรจrement surveillรฉes.
๏ Les savons moussants
Ce sont des mรฉlanges de substances dรฉtergentes (de type laurylsulfate de sodium) dont le pH est habituellement neutre. Ces derniers sont actuellement les plus utilisรฉs.
Les savons et les solutions moussantes peuvent avoir une action antimicrobienne de par leurs constituants (attention aussi aux risques dโallergie), leur pH ou par ajout de principes actifs bactรฉricides ou bactรฉriostatiques ร leur formulation, รฉvitant ainsi la contamination secondaire de la solution. Les solutions moussantes acquiรจrent des propriรฉtรฉs antiseptiques leur permettant dโรชtre utilisรฉes pour un lavage hygiรฉnique ou chirurgical dรฉterminรฉ selon deux critรจres complรฉmentaires ร savoir : lโefficacitรฉ antimicrobienne de la solution et la technique de lavage appropriรฉe.
Le choix du produit doit รชtre dรฉterminรฉ par une bonne tolรฉrance de celui-ci. En particulier il ne doit pas favoriser le dessรจchement du revรชtement cutanรฉ de la main en raison de la multiplication des opportunitรฉs de lavage des mains liรฉes aux diverses techniques de soins en milieu hospitalier.
Lโeau
A lโhรดpital il existe diffรฉrents types dโeau qui, en fonction du niveau dโexigence de qualitรฉ et de leurs utilisations vont nรฉcessiter des traitements particuliers:
๏ lโeau potable destinรฉe ร lโalimentation humaine (eau du rรฉseau dโadduction, des fontaines rรฉfrigรฉrรฉes),
๏ lโeau destinรฉe aux soins,
๏ les autres eaux ร utiliser pour les soins (eau pour lโhรฉmodialyse, eau des piscines ร usage thรฉrapeutique).
A lโintรฉrieur de lโhรดpital, lโeau potable est une eau destinรฉe ร lโalimentation humaine. Par ailleurs, des contrรดles rรฉguliers doivent รชtre faits ร lโintรฉrieur du rรฉseau de distribution de lโhรดpital oรน lโeau peut se modifier et oรน une contamination microbiologique peut survenir. Ce risque infectieux peut รชtre liรฉ ร des micro-organismes dโorigine fรฉcale (salmonelles, entรฉrovirusโฆ) en provenance le plus souvent du rรฉseau public, de germes qui se dรฉveloppent dans les circuits dโeau chaude (lรฉgionnelles), de germes de lโenvironnement hospitalier colonisant le rรฉseau dโeau (Pseudomonas aeruginosaโฆ).
Selon les recommandations รฉmises par le Comitรฉ Technique Rรฉgional de lโEnvironnement Hospitalier (COTEREHOS) et la DRASS Rhรดne-Alpes [50], la qualitรฉ de lโeau requise pour le lavage simple, le lavage antiseptique et le lavage chirurgical des mains, est une eau de qualitรฉ bactรฉriologiquement maรฎtrisรฉe de niveau 1 (eau โโpropreโโ). Il s’agit le plus souvent d’eau du rรฉseau chlorรฉe ร 0,1mg/l. Les exigences microbiologiques sont : Aprรจs 24 h de culture ร 37ยฐC et 72 h ร 22ยฐC, โค 102 UFC/100 ml de bactรฉries aรฉrobies et anaรฉrobies facultatifs et absence de Pseudomonas aeruginosa dans 100 ml.
L’eau du rรฉseau interne peut parfois rรฉpondre ร ces critรจres de qualitรฉ sans traitement complรฉmentaire (filtre ou micro filtre terminal). Afin de maintenir cette qualitรฉ, un dรฉtartrage pรฉriodique des points d’eau et un nettoyage dรฉsinfectant quotidien des gicleurs des robinets sont nรฉcessaires.
Le lavage au savon et ร lโeau est prรฉconisรฉ pour lโhygiรจne des mains lorsque les mains sont visiblement sales ou souillรฉes par du sang ou dโautres liquides biologiques en cas dโexposition prรฉsumรฉe ou avรฉrรฉe ร des germes sporulรฉs ou si le produit pour la friction hydro-alcoolique nโest pas disponible.
Techniques de lavage des mains.
Pour un bon lavage des mains, il faudrait [51] :
๏ enlever tous les bijoux : bagues, bracelets ou montres
๏ avoir les ongles courts et propres, sans vernis
๏ porter des manches courtes ou relever celles-ci au dessus des coudes
Lors du lavage des mains au savon et ร lโeau, mouiller les mains,
appliquer suffisamment de savon pour recouvrir toutes les surfaces des mains et frictionner. Rincer les mains ร lโeau et sรฉcher soigneusement ร lโaide dโun essuie mains ร usage unique. Utiliser de lโeau courante et propre dans la mesure du possible. Eviter de rincer les mains ร lโeau chaude. En effet, lโutilisation rรฉpรฉtรฉe dโeau chaude peut augmenter le risque de dermatites [52, 53]. Fermer le robinet ร lโaide de lโessuie-mains usagรฉ [54]. Sรฉcher les mains complรจtement en veillant ร ne pas contaminer ร nouveau les mains. Sโassurer que les essuie-mains ne sont pas utilisรฉs plusieurs fois ou par plusieurs personnes [55].
Aucun temps de savonnage nโest fixรฉ pour le lavage simple car celui-ci a uniquement un but de nettoyage et la durรฉe du savonnage dรฉpend donc de la rรฉsistance des souillures. La figure 3 montre les diffรฉrentes รฉtapes dโun lavage ร lโeau et au savon [51].
Les produits hydro alcooliques (PHA)
Parmi les produits nรฉcessaires ร lโhygiรจne des mains les produits hydro-alcooliques occupent une place primordiale. En effet lorsquโun produit hydro-alcoolique est disponible, il doit รชtre utilisรฉ en premiรจre intention pour la pratique de lโhygiรจne des mains au cours des soins. Depuis le dรฉbut des annรฉes 2000, les PHA ont prouvรฉ leur efficacitรฉ dans lโhygiรจne hospitaliรจre et la lutte contre les infections nosocomiales [35].
Lโhygiรจne des mains, geste pluriquotidien dont la stricte observance est indispensable, bรฉnรฉficie dรฉsormais des nombreux avantages des produits hydro-alcooliques (solutions et gels) : amรฉlioration de lโobservance de lโhygiรจne des mains, bonne tolรฉrance, meilleur rapport efficacitรฉ / activitรฉ. Leur utilisation est actuellement prรฉconisรฉe. Ils sont aussi plus faciles et rapides ร utiliser [56, 57, 58].
Le 5 dรฉcembre 2001, le CTIN (Comitรฉ Technique des Infections Nosocomiales) a รฉmis un avis sur la place de la friction hydro-alcoolique dans lโhygiรจne des mains lors des soins: il recommande la friction des mains par les produits hydro-alcooliques (PHA) ยซย en remplacementย ยป du lavage des mains [32].
En 2002, la technique de friction au PHA est mise en avant par la Sociรฉtรฉ Franรงaise dโHygiรจne Hospitaliรจre (SFHH) et par les ยซ guidelines ยป du ยซ Center for Disease Control and Prevention ยป [59].
LโOMS, ร travers son programme ยซ Save lives, clean your hands ยป a recommandรฉ en 2009 lโutilisation de PHA dans le monde en avanรงant les arguments suivants [60].
๏ Lโefficacitรฉ des PHA est prouvรฉe: leur action est rapide et ils possรจdent un large spectre dโactivitรฉ avec un faible risque de rรฉsistance.
๏ Le procรฉdรฉ de friction hydro-alcoolique est pratique, ce qui permet une amรฉlioration de lโobservance dans le domaine de lโhygiรจne des mains. Le temps passรฉ pour rรฉaliser les gestes dโhygiรจne des mains, facteur dรฉterminant de lโobservance, a pu รชtre rรฉduit de lโordre de 80% en implantant la technique friction aux PHA.
๏ Lโemploi des PHA est possible dans des zones reculรฉes du monde oรน lโaccรจs ร lโeau est difficile.
๏ Lโutilisation de PHA est mieux acceptรฉe et mieux tolรฉrรฉe que les autres produits dโhygiรจne des mains.
๏ Le coรปt de production dโun PHA est faible. LโOMS propose deux (2) formulations dont elle a รฉvaluรฉ le coรปt global de production entre 0,30$ et 0,50$ le flacon de 100 ml.
Dans le milieu mรฉdical, lโOMS recommande de privilรฉgier lโutilisation de PHA pour la dรฉsinfection hygiรฉnique des mains lorsque celles-ci sont visiblement propres. Mais il faut tout de mรชme avoir recours au lavage ร lโeau et au savon lorsque les mains sont visiblement sales ou souillรฉes avec du sang ou dโautres liquides organiques. En cas dโexposition suspectรฉe ou avรฉrรฉe ร des spores pathogรจnes tels que Clostridium difficile, le lavage des mains avec de lโeau et du savon reste la mรฉthode ร privilรฉgier car les PHA nโont pas dโaction sporicide.
Dรฉfinitions
Les PHA, produits biocides sont des produits actifs destinรฉs ร dรฉtruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles. Ils se prรฉsentent sous forme liquide ou de gel. Ces produits rรฉduisent les microorganismes de la flore transitoire afin de prรฉvenir leur transmission. Ils sont efficaces et parfois supรฉrieurs ร un lavage de mains si le personnel respecte les conditions dโutilisation recommandรฉes. Ces produits peuvent รชtre utilisรฉs en complรฉment du lavage de main soit en remplacement sur les mains propres [61].
Ces produits ont pour objectif de diminuer le taux dโinfection des principales bactรฉries multi rรฉsistantes (BMR), dโamรฉliorer la compliance du lavage des mains et dโoptimiser la tolรฉrance cutanรฉe. Ce sont des produits 55 dโhygiรจne incontournables. Leur utilisation doit รชtre absolument gรฉnรฉralisรฉe tant les situations nรฉcessitant leur usage sont multiples en activitรฉ hospitaliรจre mais aussi libรฉrales : rupture des soins pour rรฉpondre au tรฉlรฉphone par exemple [62].
Dans la plupart des pays รฉtrangers on a remplacรฉ le savon par un produit hydro alcoolique plus efficace et qui ne demande que quelques secondes. Lโintroduction des produits hydro alcooliques a permis dโaugmenter dans de nombreuses รฉtudes la tolรฉrance et lโobservance de lโhygiรจne des mains[39].
Historiqueย
Mis sur le marchรฉ en France au cours des annรฉes 1990, ces produits ont reรงu un accueil frileux des hygiรฉnistes qui en รฉtaient encore ร promouvoir lโobservance du lavage des mains. On disposait alors de peu dโรฉlรฉments scientifiques et de recul en France pour en dรฉmontrer lโefficacitรฉ. Mais ces produits existaient dรฉjร vers la fin des annรฉes 80 et dรฉbut 90 sur le marchรฉ. Ils รฉtaient peu connus, peu dโรฉtablissements sโen servaient. De mรชme leur utilisation รฉtait trรจs discutรฉe ร savoir : procรฉdure compliquรฉe et longue, nโamรฉliorant pas lโobservance.
Entre 1999 et 2000, PITTET par ses publications dรฉmontre lโintรฉrรชt, lโefficacitรฉ et la rentabilitรฉ des SHA notamment lors de la prise en charge des patients porteurs de bactรฉries multi-rรฉsistantes (BMR). Il dรฉmontre une diminution des contaminations croisรฉes. Pour la mise en place des SHA, il dรฉcrit quโun vaste programme dโinformation est indispensable et que cela dรฉpend dโune rรฉelle politique dโรฉtablissement.
Le 5 dรฉcembre 2011, le CTIN se positionne et recommande lโutilisation des SHA en remplacement des lavages simples et antiseptiques des mains.
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Table des matiรจres
Introduction
Premiรจre partie : Revue de la littรฉrature
Chapitre I: Les infections nosocomiales
1- Dรฉfinitions
2- Importance des infections nosocomiales
3- Rรฉservoirs du germe
4- Mode de transmission des germes
5- Principales infections nosocomiales
6- Prรฉvention des infections nosocomiales
Chapitre II : Hygiรจne des mains
1- Rappel historique
2- Rappel sur la flore cutanรฉe
3- Particularitรฉs de la peau des mains
4- Les diffรฉrentes flores microbiennes de la main
4-1 La flore commensale
4.2- La flore transitoire
5- Techniques dโhygiรจne des mains
5.1- Matรฉriel de lavage ร lโeau et au savon.
5.1.1- Le savon
5.1.2- Lโeau
5.1.3- Techniques de lavage des mains.
5.2- Les produits hydro alcooliques (PHA)
5.2.1- Dรฉfinitions
5.2.2 – Historique.
5.2.3- Composition
5.2.4- Formulations OMS des solutions hydro alcooliques.
5.2.5- Etiquetage des SHA
5.2.6- Formule des PHA vendus en pharmacie
5.2.7- Critรจres dโefficacitรฉ dโun PHA
5.2.8 – Conditions dโutilisation des PHA
5.2.9- Techniques de lavage des mains avec un PHA.
5-2-10 Avantage des PHA.
5.2.11- Indications ร lโhygiรจne des mains
5.2.12- Stratรฉgies pour le contrรดle de lโinfection
Deuxiรจme partie : Travail personnel.
Chapitre I- Cadre dโรฉtude
1 Les services cliniques
1.1- Le service Accueil Urgences
1.2- Le service de Pneumo-phtisiologie
1.3- Le service des Maladies Infectieuses
1.4- Le service de la Neurochirurgie
1.5- Le service de la Neurologie
1.6- Le service de la Psychiatrie
1.7- Le service Buccodentaire
1.8- Le service de la CTCV
1.9- Le service ORL
2 – La pharmacie centrale
Chapitre II- Matรฉriel et mรฉthodes
1. Matรฉriel
2- Mรฉthodologie
2.1- Type dโรฉtude
2.2- Population dโรฉtude
2.3 – Dรฉroulement de lโenquรชte
2.4- Elรฉments dโanalyse des donnรฉes collectรฉes
2.4.1- Les produits hydro-alcooliques et savons
2.4.2- ICSHA
2.4.3- Quantitรฉ moyenne mensuelle Q de PHA attendue dans le mois
3.- Traitement des donnรฉes
Chapitre III : Rรฉsultats
1- Les donnรฉes administratives
2- Les produits hydro-alcooliques
3- Les savons
3.1- les savons solides
3.2- Les savons liquides
4- Calcul de lโICSHA
4-1- ICSHA du service Accueil Urgence
4-2- ICSHA du service Buccodentaire
4-3- ICSHA du service des Maladies Infectieuses
4-4- ICSHA du service de Neurochirurgie
4-5 ICSHA du service ORL
4-6- Estimation de lโICSHA moyen du CHNU Fann
5- Quantitรฉ moyenne mensuelle Q de PHA attendue chaque mois par service
Chapitre IV : Discussion
1 – Les donnรฉes administratives
2 – Consommation des PHA et des savons
3- Indice de Consommation des Solutions Hydro-Alcooliques. (ICSHA)
5- Consommation mensuelle Q de PHA attendue
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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