Former à l’innovation à ParisTech, Effervescence et perspectives

Les recherches sur l’innovation et la conception ont connu depuis vingt ans d’impressionnants développements et renouvellements. Sur le plan de la formation, on assiste aujourd’hui à une forte demande pour le développement d’initiatives pédagogiques qui tirent parti de ces acquis : dans les cursus ingénieurs, dans les Masters et les cursus doctoraux afin de mieux valoriser les compétences scientifiques dans les entreprises, dans les dispositifs d’appui à la création d’entreprise, en formation permanente…

Constitué fin 2008 en rassemblant les enseignants-chercheurs en gestion spécialisés sur le management de l’innovation, le réseau PIMREP a mené en 2009 une enquête sur la formation à l’innovation dans les écoles de ParisTech. L’objectif poursuivi était d’identifier les tendances et de stimuler l’échange d’expériences entre les membres du réseau. La première étape a consisté à construire un référentiel permettant d’abord de rendre compte des différences d’objectifs et des méthodes de formation observées dans les Écoles. Ce référentiel est aussi un bon outil pour montrer les évolutions en cours et dessiner ce que pourraient être les perspectives communes à ParisTech dans un domaine aussi crucial.

Trois propositions importantes, appuyées sur les recherches et les expériences d’enseignement antérieures ont structuré la démarche d’élaboration du référentiel et le questionnaire de l’enquête.

1. Les écoles de ParisTech conduisent à deux types de trajectoires professionnelles, toutes deux particulièrement concernées par les dynamiques d’innovation contem – poraines.
– les élèves rentrant dans l’entreprise, après le cursus “grande école”, dans des positions d’ingénieurs et managers qui seront amenés à s’impliquer dans les dynamiques innovantes des entreprises, ce que nous appellerons par la suite le modèle de l’ingénierie innovante ;
– les ingénieurs et scientifiques poursuivant une carrière en recherche et qui seront alors concernés par les problématiques de valorisation de leurs résultats scientifiques, ce que nous appellerons par la suite le modèle de l’innovation valorisation.

2. La formation à l’innovation doit se décliner à un double niveau
– une action sur les comportements individuels des étudiants pour stimuler l’initiative innovatrice et l’autonomie nécessaire à son développement ;
– la transmission des corpus théoriques et méthodologiques indispensables pour comprendre les visées stratégiques et pour agir dans les processus collectifs de la conception innovante.

3. La formation à l’innovation nécessite des modèles pédagogiques variés qui vont de l’acquisition de savoirs académiques à l’apprentissage par immersion complète, sous tutorat, dans des situations réelles. L’efficacité de la formation à l’innovation est d’autant plus grande qu’elle met en œuvre des dispositifs pédagogiques qui recréent un contexte de réflexion et d’action proche des situations d’innovation réelles.

À partir de ces trois propositions, le groupe de travail a construit un référentiel pour caractériser les formations analysées. Ce référentiel caractérise les dispositifs pédagogiques de formation à l’innovation selon cinq “situations pédagogiques” (SP) différentes, classées par ambition croissante :

• SP1 : Sensibilisation
Il s’agit d’exposés, témoignages ou conférences introductives (a priori non validantes), pouvant s’insérer dans un cycle spécifique ou se dérouler dans le cadre d’un cours centré sur une matière donnée.

• SP2 : Développement des capacités d’initiative des étudiants sur des projets qu’ils choisissent. Il s’agit de démarches individuelles, peu encadrées en termes de méthode ou d’apport de contenu. Se réfèrent à cette catégorie notamment les challenges auxquels participent souvent les élèves, les périodes de césures lorsqu’elles sont consacrées à des actions innovantes.

• SP3 : Formation aux corpus de méthodes et théories sur le management de l’innovation Ce sont des cours, séminaires… développant des théories traitant des stratégies et processus d’innovation et des méthodes qu’ils mobilisent. Il s’agit d’activités validantes et significatives en termes de volume horaire (différence avec SP1) dont on mesurera les ECTS, les horaires et les effectifs d’élèves touchés, ainsi que les caractéristiques du corps enseignant (académique ou professionnel) .

• SP4 : Formation en situation d’innovation Cela recouvre des dispositifs variés fondés sur de l’implication dans des projets innovants. On mettra l’accent sur l’intégration des corpus (théoriques et méthodologiques) en management de l’innovation dans le projet, la réflexivité sur l’expérience vécue ainsi que les modalités de tutorat (différence avec SP2).

• SP5 : Parcours intégrés Ce sont des dispositifs soutenant, dans la durée (parfois sur tout le cycle scolaire) et de manière intégrée, une démarche d’apprentissage de l’innovation au sein des différentes activités de l’élève dans le cursus de l’école.

L’enquête a consisté à analyser les cursus des écoles selon cette grille : type de situations pédagogiques mobilisé, population d’étudiants touchés, “poids” en termes de volume horaire et d’ECTS, distribution dans la progression du cursus. Elle a visé, d’une part, à repérer des tendances, des configurations typiques, d’autre part à repérer et décrire des cas particulièrement intéressants. Le périmètre a couvert les écoles suivantes : AgroParisTech, Arts et Métiers ParisTech, ENSTA ParisTech, Institut d’Optique Graduate School, HEC Paris, MINES ParisTech, École Polytechnique, École des Ponts ParisTech, Télécom ParisTech. L’enquête a porté sur le cursus principal des écoles, les Masters, les Mastères spécialisés et le cursus doctoral. On donne en annexe 1 (p. 54-55) un exemple de grille remplie.

Les résultats de cette enquête se déclinent en six enseignements principaux, développés dans la suite. Ces enseignements ont été partagés au sein de ParisTech lors d’une journée consacrée au thème, en janvier 2010. L’activité du réseau a permis par ailleurs, d’une part, de susciter des apprentissages croisés entre les écoles et, d’autre part, de monter des opérations conjointes dans le cadre des appels à projet sur le domaine (notamment le projet PEEPS – Pôle de l’Entrepreneuriat Étudiant Paris Saclay). Le travail du réseau se poursuit par une enquête sur les pratiques étrangères dans le domaine.

La formation à l’innovation à ParisTech : des expériences significatives et variées, en fort développement, justifiant un échange d’expériences au sein du réseau

Un constat s’impose et mérite d’être rappelé en préambule : les écoles de ParisTech ne découvrent pas aujourd’hui l’importance des formations à l’innovation. Certains enseignements pionniers datent du milieu des années 1990. On assiste depuis 5 ans à un développement généralisé d’actions pédagogiques sur l’innovation, qui se déploient de l’entrée dans les écoles jusqu’aux cursus doctoraux. Au moment de l’enquête, toutes les écoles mettent en œuvre, a minima, des actions de sensibilisation (SP1) sur le thème à l’ensemble des étudiants. Ces actions sont engagées dès la première année des cursus. Elles se poursuivent jusqu’aux cycles doctorat dans le cadre des doctoriales. L’ampleur de ces actions est variable, depuis quelques conférences (moins de 5 heures) jusqu’à des dispositifs lourds comme les exercices de découverte organisés sur 3 semaines à MINES ParisTech, véritables opérations de “détaupinisation”, sur lesquelles nous reviendrons plus loin.

Les politiques des établissements vis-à-vis de SP2 sont diverses : certaines considèrent ce type d’initiatives individuelles comme obligatoires pour tous (acte d’entreprendre à MINES ParisTech, projet autonome à l’ENSTA ParisTech, projet obligatoire à Télécom ParisTech et à l’École des Ponts ParisTech), les autres les encouragent mais ne les valorisent ni ne s’y impliquent. Toutes les écoles ont des cursus en électifs (plus ou moins réduits) spécialisés sur le thème de l’innovation qui délivrent des enseignements sur les corpus sur le management de l’innovation (SP3). Le poids de ces enseignements est plus lourd en fin de cursus (dernière année d’école, année Master 2 ou Mastère spécialisé).

Des programmes plus réduits et concentrés sont souvent proposés à l’ensemble des élèves dans les programmes doctoraux (semaine Sciences et Entreprise à MINES ParisTech et aux Arts et Métiers ParisTech, séminaire en création d’entreprise entre le département Science Économie et Finance de l’École des Ponts ParisTech et HEC Paris, doctoriales à l’École Polytechnique…) ou dans les cursus spécialisés sur les disciplines de sciences dures. Les volumes horaires consacrés à la transmission des corpus sur le management de l’innovation sont variables : de 60 à 150 heures. Les dispositifs de type SP4, combinant une implication dans des projets innovants réels, la mobilisation des enseignements théoriques et méthodologiques dans le cadre d’une initiative étudiante, généralement collective et un tutorat personnalisé, interviennent généralement en fin de cursus. Ces formules peuvent être légères en volume et obligatoires pour tous (6 mois, ½ journée/semaine comme les PSC à l’École Polytechnique), menées dans le cadre des projets de fin d’études d’ingénieur (3 mois), ou selon des cycles plus longs pour des électifs réduits (18 mois pour le Master PIC à l’École Polytechnique, effectif 20 élèves ; 9 mois pour la filière Design Innovation à l’École des Ponts ParisTech en coopération avec Stanford, une douzaine d’élèves).

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Table des matières

INTRODUCTION
1- Synthèse des situations pédagogiques
La formation à l’innovation à ParisTech : des expériences significatives et variées, en fort développement, justifiant un échange d’expériences au sein du réseau
Le référentiel PIMREP : un cadre de positionnement dans lequel chaque école peut se situer et développer sa stratégie
Des traditions d’école différentes qui évoluent vers un équilibre entre le modèle de l’innovation-valorisation et de l’ingénierie innovante
Quelle articulation entre formation à l’innovation et formation à l’entrepreneuriat ?
Quel compromis entre formation générale de tous les élèves et filières spécialisées sur l’innovation ?
L’articulation avec les dispositifs institués en faveur de l’innovation
2- Témoignages des enseignants-chercheurs
Les corpus de l’enseignement à l’innovation : sciences de l’ingénieur, sciences sociales
Réflexions sur le design communicationnel et son rôle dans la formation au management de l’innovation
Du management de l’innovation à la formation à la conception innovante : une progression permise à AgroParisTech par la collaboration avec MINES ParisTech
Quels parcours formateurs, quelle pédagogie active ?
Les MIG (Métiers de l’Ingénieur Généraliste) de MINES ParisTech
Le Master PIC (Projet Innovation Conception) de l’École Polytechnique
Discussion sur la pédagogie active après les témoignages
Science et innovation : quelle articulation pédagogique ?
Formation à la création d’entreprise et à l’innovation : synergies et différences
CONCLUSION
Annexes

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