Madagascar, au même titre que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Danemark… est un pays à vocation agricole, mais contrairement à ceux-ci, nous n’arrivons pas à développer et à faire décoller notre monde rural. En effet, nous n’exploitons que 25% des 80 millions d’hectares cultivables à notre disposition. L’économie de Madagascar est à base rurale : l’agriculture concerne les 2/3 de la population, et compte pour 28% du PIB et les produits agricoles pèsent 20% du commerce extérieur. Malgré un potentiel avéré, la productivité agricole par habitant a décliné au cours des décennies passées.
Parler du monde rural, c’est évoquer tout ce qui concerne la vie dans les campagnes, c’est-à-dire, la démographie de la communauté rurale et son évolution, les formes d’organisation, les infrastructures et équipements existants, l’état de santé, l’enseignement et les différents secteurs d’activités de la commune. Selon le rapport de la banque mondiale, à Madagascar, 75% de la population vit en milieu rural et le secteur agricole concerne 62% de la population active. L’agriculture constitue le premier secteur économique, contribuant à environ 27% du PIB. C’est pourquoi le développement rural tient une place importante de notre temps puisqu’ il consiste à mettre en valeur le potentiel des communautés rurales en favorisant l’implication des citoyens, la concertation et le partenariat entre les différents acteurs d’un territoire rural. Les ruraux deviennent alors en partie responsables de l’évolution et du développement de leur municipalité et acteurs importants de la scène rurale en jouant un rôle de premier plan. Si les paysans sont considérés comme le pilier du développement de leurs communes, ils représentent ainsi le premier facteur de développement, donc pour penser au développement rural nous devons penser au développement social de ces paysans. Cependant, on constate que le secteur social en milieu rural rencontre de nombreuses difficultés, et de ce fait, nécessite notre attention.
Cadre théorique de la recherche
Cette approche théorique qui est la manière de concevoir la notion de développement rural est un outil indispensable pour comprendre son sens. Ce premier chapitre comporte, d’une part, la conception du développement rural selon quelques auteurs, puis la méthodologie de recherche utilisée dans le cadre de la recherche et, d’autre part, la conception du secteur productif dans le développement rural .
le développement rural
Le développement rural est la transformation positive et durable du milieu rural en faveur du facteur humain et des différentes activités in situ, en particulier le renforcement des infrastructures sociales de base nécessaires ou l’activité agricole.
Selon quelques auteurs contemporains, la conception du développement rural s’explique de trois manières :
❖ La valorisation des campagnes
❖ Une bonne planification suivie d’une cohésion sociale
❖ L’augmentation de la production et l’amélioration du niveau de vie .
Le développement rural par la valorisation des campagnes
Ce procédé, avancé par Louis LEROY , souligne les intérêts de la revalorisation rurale qui se présente ainsi :
– Une facilité à l’ouverture d’un esprit d’échange et de communication entre les individus, qui incitera « l’unité du monde urbain avec le monde rural »
– Une meilleure stratégie de développement économique
– Un frein pour le phénomène d’exode rural
– Un moyen efficace pour la réalisation de l’aménagement du territoire .
Pour cela, il présente comme support de revalorisation rurale les quatre éléments suivants :
– L’avenir de l’agriculture et les objectifs des productions qu’on lui assigne : en effet, le choix de la politique agricole influe dans l’accomplissement du développement rural. Il faut bien déterminer la place que peut tenir l’agriculture pour la satisfaction des besoins du marché intérieur, et par la suite, réaliser les ambitions qui lui ont été assignées pour l’exportation
– Le développement de l’équipement agricole et rural : cela implique la prise en considération d’équipement collectif et individuel (intrants, outils agricoles…), la nécessité d’une formation technique qui postule le développement de l’enseignement et de la vulgarisation
– Les implantations industrielles en milieu rural ou à proximité dans les petites villes très proches des ruraux : elles doivent être prévues relativement à l’union de l’industrie avec l’agriculture (qui ne peut s’isoler de l’ensemble des activités)
– Le développement des activités du secteur tertiaire en zone rurale : cela porte sur la modernisation des lieux ou des établissements culturels, des activités touristiques et des centres administratifs
Le développement rural par une bonne planification suivie d’une cohésion sociale
En se référent à Jacques BERTHOME et à Jacques MERCOIRET² (des spécialistes en méthodes de développement local) le développement rural nécessite aussi bien une bonne planification qu’une cohésion sociale. Selon eux, la démarche de planification du développement local recherche les huit objectifs suivants :
– Définir les orientations du développement local et servir de référence à toutes les actions : clarifier ses objectifs et ses priorités, préciser ses conditions et ses moyens, le justifier par rapport à l’évolution interne du groupe social concerné et à celle de son environnement. Cela permet d’établir une référence pour tous les choix à opérer, pour les investissements à faire et ainsi, de structurer des actions qui restent trop souvent sectorielles, ponctuelles et de ce fait hétéroclites.
Un plan de développement local peut permettre aux intérêts locaux divergents, aux concurrents, aux interventions extérieures (de l’Etat, de coopération publique ou privée…) de se positionner de façon cohérente par rapport à un projet de développement des populations :
– Parvenir à une sensibilisation, une animation et une conscientisation de la population concernée, revaloriser les connaissances traditionnelles et stimuler les initiatives : la démarche de planification locale est une occasion privilégiée d’incitation des populations concernées (hommes, femmes, anciens, adultes, jeunes, groupes et individus, agriculteurs, éleveurs…). Elle est un instrument de revalorisation de leurs connaissances, de leurs moyens propres et également, une stimulation à entreprendre un processus de développement local qu’ils maîtrisent
– Permettre une réappropriation de leur espace par les groupes concernés : cela se fait, dans son étendue, par la vision de leur terroir retenu comme cadre de référence géographique de l’action menée, et dans son contenu, par l’inventaire de ses ressources, potentialités et problèmes. Cette approche facilite l’analyse des problèmes délicats (comme la gestion de l’espace, la fertilité des sols…) qui sont souvent laissés de côté par les actions sectorielles et ponctuelles.
– Provoquer une auto-analyse de leur situation par les populations en vue de réactiver une dynamique interne de discussion et de changement : c’est une mise à jour, faite par ces populations, sur la diversité de leurs moyens, de leurs manques et de leurs besoins. C’est l’occasion de redonner vie à une dynamique interne, souvent affaiblie ou même éteinte par l’absence d’enjeux collectivement ressentis, en donnant à chacun la chance de s’exprimer. Ainsi sera défini un consensus ou « contrat social » de toutes les parties sur des enjeux négociés au-delà des conflits et des contradictions.
– Permettent une information de chacune des parties concernées sur la situation, les intérêts et les besoins de toutes les autres : les différents groupes de la population sont informés pendant la démarche sur les possibilités techniques ou économiques et les organisations existantes pour mettre en œuvre leur plan de développement, les techniciens du développement, les « administrateurs, les chercheurs, les organismes privés sont informés sur la situation réelle des villages, les problèmes de la population, les objectifs qu’elle s’est fixée et les thèmes de travail et secteurs d’intervention qu’elle s’est donnée,
– Permettre d’établir de nouveaux rapports de travail et d’échanges, entre les villages, services techniques, services privés et organismes de développement sur la base d’un contrat explicite : cela s’opère, d’une part, par cette information des villageois sur les possibilités offertes par leur environnement et, d’autre part, par les structures d’aide publique ou des services privés sur la situation et le projet des villages ;
– Définir une plate-forme de travail négociée entre les différents partenaires pour servir d’articulation avec les niveaux économiques, techniques et administratifs supérieurs, régionaux et nationaux : c’est la présentation d’une politique commune (par l’ensemble des villages, des services publics, des sociétés privées et des organismes d’aide) qui va devenir une base valable d’assemblage des dispositifs et des moyens de développement des différents niveaux locaux (notamment les ONG, les écoles nationales de formation, les services de recherche, etc..),
– Servir d’introduction à une démarche d’aménagement de terroir : effectivement, un plan d’aménagement ne saurait être élaboré sans comprendre les logiques paysannes préexistantes et sans que soient élaborés, en concertation avec les résidents, les objectifs et priorités du développement.
Cependant, cette démarche de planification locale ne peut se suffire à la réalisation du développement rural. En effet, la réussite du développement résulte surtout de la cohésion sociale, qui est le maintien de la cohérence interne à l’échelon local au détriment de convergences d’intérêt ou même des contradictions de type traditionnel ou moderne. Cette cohésion sociale fait appel à l’unité des trois catégories sociales suivantes :
– L’expression populaire : il est vrai qu’il ne peut y avoir de développement local sans dynamique sociale. Et, l’acteur principal et privilégié mieux que tout autre est la population rurale, puisque le but essentiel poursuivi est de favoriser la manifestation d’une volonté populaire. Ainsi, il faut que la paysannerie change en adoptant une attitude d’offensive constructive à la place d’une attitude de résistance passive. La détection du noyau dur (personnes et groupes dynamiques disposant d’un certain pouvoir) dans la société paysanne est d’une grande utilité pour animer et solliciter le milieu
– La participation des alliés potentiels au projet organisé par la population : la contribution apportée par ces alliés virtuels en tant qu’expert (technique, en formation), ou en tant que facilitateur (responsables administratifs, ONG…) est un grand appui pour l’accomplissement du programme de développement. D’où l’importance de leur mise en information concernant l’extension de la dynamique à la base.
– La volonté des partenaires concurrents installés dans la zone de collaborer aux activités de développement : elle suppose la réalisation par les entreprises de certains supports au profit de la collectivité (dons, constructions d’édifices public), mais surtout la compréhension de l’intérêt d’avoir une bonne intégration dans le milieu, jouant ainsi un rôle positif dans le développement rural. De ce fait, la recherche de cette unité conduit vers un décloisonnement des logiques particulières pour établir des relations de partenariat.
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Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME