Formation et développement de la mandibule
La mandibule est développée à partir du bourgeon mandibulaire du premier arc branchial. Elle est précédée d’une ébauche cartilagineuse: le cartilage de Meckel, qui n’intervient qu’à titre de support et qui disparaît par la suite. La mandibule est primitivement formée de deux moitiés symétriques dont la soudure au niveau de la symphyse mentonnière débute à l’âge de trois mois et n’est définitive qu’à deux ans [3]. Dans chaque moitié, il faut distinguer cinq centres d’ossification et la mandibule provient ainsi de la fusion de plusieurs sous-unités qui sont :
➤ l’unité corporéale ou corps de la mandibule,
➤ l’unité angulaire ou angle de la mandibule,
➤ l’unité coronoïdienne ou apophyse coronoïde,
➤ l’unité condylienne qui participe à l’articulation temporo-mandibulaire,
➤ l’unité corporéale portant l’arcade dentaire et l’os alvéolaire qui en dépend.
Formation et développement des dents
Les bourgeons dentaires se constituent à partir de l’ectoderme de la cavité buccale qui donnera la lame dentaire, et du mésenchyme sous-jacent qui fournira la pulpe dentaire. La lame dentaire se fragmente en bourgeons dentaires (Figure 1a) qui s’enfoncent dans le mésenchyme sous-jacent. Les adamantoblastes proviennent de l’épithélium interne du bourgeon dentaire et élaborent l’émail des dents. Au niveau du mésenchyme sous-jacent, les odontoblastes sécrètent la dentine (Figure 1b). La racine dentaire se forme à partir des cémentoblastes d’origine mésenchymateuse. Au cours du développement, deux générations de bourgeons dentaires se succèdent, les bourgeons des dents permanentes apparaissent vers le troisième mois du développement et restent quiescents jusqu’à l’âge de six ans. Ils évoluent alors selon un schéma comparable à celui de la première dentition [4].
Rappels anatomiques
Anatomie descriptive de la mandibule
Les bases osseuses de la mandibule
La mandibule (Figure 2 et 3) est un os impair et symétrique qui constitue le massif facial inférieur. C’est le seul os mobile de la face dont la mobilité est assurée par l’articulation temporo-mandibulaire. Elle se divise en deux portions [5,6] :
➤ le corps mandibulaire,
➤ les branches montantes ou « Ramus mandibulaire ».
Le corps mandibulaire
En forme de « fer à cheval » à concavité postérieure, il présente 2 bords et 2 faces: un bord supérieur ou bord alvéolaire et un bord inférieur ou basilaire ; une face externe ou vestibulaire (Figure 2) qui présente: la symphyse mentonnière, la protubérance mentonnière, le tubercule mentonnier, la ligne oblique externe, et le foramen mentonnier. Et l’autre face interne ou buccale (Figure 3) qui présente : le processus géni et la ligne oblique interne ou ligne mylo-hyoïdienne [5,6].
Le canal alvéolaire inférieur
Il livre passage aux vaisseaux et au nerf dentaires inférieurs depuis la base de l’épine de Spix jusqu’au trou mentonnier [5,6].
Vascularisation et innervation de la mandibule
Au niveau de la face antérieure du corps, le foramen mentonnier livre passage aux vaisseaux et nerfs mentonniers (branche du trijumeau). Avant d’émerger au niveau de cet orifice, le pédicule vasculo-nerveux empreint le canal dentaire et contracte des rapports intimes avec les apex des dents postérieures (le pédicule se situe environs à 6mm de l’apex de la troisième molaire). Au niveau de la face médiale des branches montantes à la partie moyenne, on trouve l’orifice d’entrée du canal mandibulaire, dans lequel pénètrent les vaisseaux et nerfs dentaires inferieurs. Cet orifice est limité en avant par l’épine de Spix ou lingula [7]. On individualise deux systèmes principaux sous la dépendance de l’artère maxillaire:
➤ l’artère dentaire inferieur, système majeur, se distribue en ascendants dentaires (intra-alvéolaires) et rameaux descendants. Elle bifurque à sa terminaison en artère mentonnière et artère incisive,
➤ le système externe est représenté par les artères ptérygoïdiennes, les artères massétérines, les artères temporales profondes, les artères faciales et les artères linguales.
Fonctions mandibulaires et muscles insérés sur la mandibule
La mandibule assure la mastication, la phonation et la parole grâce à ces mouvements activés par des muscles groupés selon la région et le niveau où ils se trouvent. La région masticatrice profonde ou région ptérygoïdienne comprend le muscle ptérygoïdien latéral (propulseur-diducteur) et le muscle ptérygoïdien médial (élévateurdiducteur). La région masticatrice superficielle ou région temporo massétérienne comprend le muscle temporal (élévateur-rétropulseur) et le masséter (élévateurrétropulseur). Dans la région symphysaire s’insèrent les muscles géniohyoïdiens qui sont à la fois abaisseur de la mandibule et élévateur de os hyoïde comme les muscles digastriques ; les muscles mylohyoïdiens, qui limitent le plancher buccal sont, soit abaisseurs de la mandibule soit élévateurs de l’os hyoide [8].
Rappels anatomo-cytopathologiques
Définitions
Un kyste est une cavité pathologique creusée au sein d’un tissu et bordée par une paroi épithéliale sans rapport avec le contenu, liquide ou semi liquide [9]. Les tumeurs sont définies par l’encyclopédie Larousse comme un processus pathologique où la prolifération exagérée des cellules aboutit à une surproduction tissulaire qui persiste et a tendance à s’accroitre. Il classe les tumeurs en tumeur bénigne et en tumeur maligne [10]:
➤ Une tumeur bénigne se développe sur place, elle est limitée par une capsule, n’envahit pas les tissus voisins, n’envoie pas de métastase, ne récidive pas après ablation, et est formée de cellules normales [10].
➤ Une tumeur maligne est une prolifération anarchique de cellules au sein d’un tissu donné, sans limite nette par rapport aux tissus environnants, avec possibilité d’envahissement des organes de voisinage et de métastases à distances. Son accroissement est théoriquement illimité et le tissu qui la constitue est une caricature de tissu normal ou un tissu tellement indifférencié qu’il est difficile de le rattacher à un tissu matriciel [10].
Etude analytique des kystes et des tumeurs mandibulaires
Les kystes et les tumeurs mandibulaires peuvent être odontogènes ou non odontogènes ; quant aux tumeurs, elles peuvent être bénignes ou malignes.
Tumeurs odontogènes
Tumeurs odontogènes bénignes
Leurs classifications sont basées sur les rapports entre l’épithélium et l’ectomésenchyme que dérivent les tumeurs odontogènes. On distingue ainsi [11] :
Tumeurs épithéliales odontogènes sans
induction de l’ectomésenchyme
Elles regroupent : l’améloblastome, l’adénoameloblasome, la tumeur épithéliale odontogénique calcifiée (ou tumeur de pindborg), la tumeur odontogène epidermoïde et la tumeur odontogénique à cellules claires.
❖ Améloblastome:
C’est une tumeur odontogène bénigne, à potentiel évolutif et invasif local, qui dériverait de l’épithélium odontogène. L’améloblastome présente les signes cliniques communs de toutes les tumeurs bénignes des maxillaires: tuméfaction osseuse s’accompagnant souvent de déplacements dentaires ou d’anomalies d’évolution [11,12]. L’image radiologique de l’améloblastome n’est pas univoque, mais la plus évocatrice est l’image polygéodique, de taille inégale, régulièrement bordées par un fin liseré périphérique, réalisant une image classique en «bulle de savon». Les corticales sont progressivement amincies par endroits, soufflées par cette destruction osseuse multiloculaire. Parfois il revêt l’apparence d’une vaste géode unique, au contour festonné, soufflant et amincissant les corticales [11,12].
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Table des matières
INTRODUCTION
Première partie : RAPPELS
1/Rappels embryologiques
1.1/ Formation et développement de la mandibule
1.2/ Formation et développement des dents
2/ Rappels anatomiques
2.1/ Anatomie descriptive de la mandibule
2.1.1/ Les bases osseuses de la mandibule
2.1.2/ Le corps mandibulaire
2.1.3/ Les branches montantes
2.1.4/ Le canal alvéolaire inférieur
2.2/ Vascularisation et innervation de la mandibule
2.3/ Fonctions mandibulaires et muscles insérés sur la mandibule
3/ Rappels anatomo-cytopathologiques
3.1/ Définitions
3.2/ Etude analytique des kystes et des tumeurs mandibulaires
3.2.1/ Tumeurs odontogènes
3.2.2/ kystes odontogènes
3.2.3/ Tumeurs bénignes non odontogéniques
3.2.4/ Tumeurs malignes non odontogènes
Deuxième partie: METHODES ET RESULTATS
1/ Matériels et méthode d’étude
1.1/ Cadres d’étude
1.2/ Population d’étude
1.3/ Critères d’inclusion
1.4/ Critères d’exclusion
1.5/ Variables étudiés
1.6/ Analyse des données
2/ Résultats
2.1/ Données épidémiologiques
2.1.1/ La fréquence, la prévalence et l’incidence
2.1.2/ La répartition des patients selon le sexe
2.1.3/ La répartition des patients selon l’âge
2.1.4/ La répartition des patients selon l’ethnie
2.2/ Données cliniques
2.2.1/ Les antécédents et facteurs de risque
2.2.2/ Le délai de consultation
2.2.3/ Les signes fonctionnels
2.2.4/ Les signes physiques
2.3/ Imagerie médicale
2.4/ Résultats anatomopathologiques
2.4.1/ kystes odontogènes
2.4.2/ Tumeurs bénignes odontogènes
2.4.3/ Tumeurs bénignes non odontogènes
2.4.4/ Tumeurs malignes de la mandibule
2.5/ Prises en charges et resultats
2.5.1/ Traitements médicaux
2.5.2/ Traitement chirurgical principal
2.5.3/ Résultats du traitement
Troisième partie : DISCUSSION
1/ Epidémiologie
1.1/ Fréquence et incidence
1.2 / Sexe
1.3/ Age
1.4/ Origine et ethnie
2/ Clinique
2.1/ Terrain
2.2/ Délais de consultation
2.3/ Signes fonctionnels
2.4/ Signes physiques
3/ Paraclinique
3.1/ Radiographie panoramique dentaire
3.2/ Résultats anatomopathologiques
3.2.1/ Kystes et tumeurs bénignes odontogènes de la mandibule
3.2.2/ Tumeurs bénignes mandibulaires non odontogène
3.2.3/ Tumeurs malignes odontogènes de la mandibule
3.2.4/ Tumeurs malignes non odontogène de la mandibule
4/ Prise en charge dans le service
4.1/ Chirurgie
4.2/ Reconstruction mandibulaire
5/ Suggestions
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES