Formation de nouveaux territoires urbains

Formation de nouveaux territoires urbains

Peuplement, urbanisation et agriculture en Afrique Subsaharienne : une question continuellement renouvelée

A l’échelle mondiale, il a fallu selon le Population Reference Bureau (2011) plusieurs siecles pour atteindre le premier milliard d’habitants (en 1800 environ), 130 ans pour atteindre le second milliard (en 1930), pres d’un demi-siècle pour passer au troisième milliard (en 1974), et seulement 37 ans pour atteindre le septième milliard (en 2011). Malgré le fait que la croissance annuelle de la population a diminué de 2,04 % par an à la fin des années 1960 à 1,2 % par an, aujourd’hui (Haub et al., 2011; OMS, 2015), la population mondiale augmente d’environ 83 millions par an et on estime qu’elle va franchir le seuil des huit milliards en 2023 (Population Reference Bureau, 2014). Audelà de ce constat, les effets de la croissance démographique sur les ressources naturelles sont devenus une preoccupation majeure pour l’humanite. Ehrlich (1972) en caractérisant cette croissance de la population parle de « bombe P » (P pour Population) et la classe comme deuxieme menace pour l’humanite apres la bombe nucleaire. Cette preoccupation merite donc que le geographe lui accorde plus d’attentions (Noine, 2005), et en particulier en Afrique subsaharienne où la croissance démographique reste très forte. La population totale de l’Afrique subsaharienne pourrait passer de 883 millions d’habitants en 2011 a 1 245 millions en 2025, pour atteindre 2069 millions en 2050. Cette croissance démographique forte est la conjonction a la fois d’une croissance urbaine acceleree et d’une densification du peuplement rural (Cambrezy & Sangli, 2011).

En effet, la croissance des centres urbains existants se poursuit, mais de nouveaux territoires urbains émergent également dans les campagnes et les périphéries urbaines par l’agglomeration de localites rurales. C’est l’une des manifestations les plus spectaculaires qu’ait connues le continent africain depuis pres d’un demi-siècle (Losch et al., 2013). L’urbanisation de l’Afrique subsaharienne n’a debute que tardivement après la seconde guerre mondiale, mais elle s’est depuis effectuée à un rythme très rapide (Mayer & Soumahoro, 2010). Le taux d’urbanisation est desormais proche de 41 % (Population Reference Bureau, 2011) et un habitant sur deux pourrait vivre en ville en 2030 (Dubresson & Raison, 1998). À l’origine de cette évolution est un exode rural fort et continu, auquel s’ajoute maintenant un excedent naturel demographique, consequence d’une natalité élevée (40 ‰) et d’une réduction de la mortalité (Tabutin & Schoumaker, 2004). En Afrique de l’Ouest, la croissance annuelle de la population urbaine a été deux à trois fois superieure a celle qu’a connue l’Angleterre au plus fort de sa revolution industrielle.

En deux décennies on a observé, en accéléré, ce que les pays ‘développés’ ont connu en plus d’un siecle. Ainsi, entre 1960 et 2010, la population urbaine d’Afrique de l’Ouest a ete multipliee par 10, pendant que sa population totale etait multipliee par 5. Sur la meme periode, le taux d’urbanisation moyen des pays de l’Afrique de l’Ouest est passé de 12 % à 41 % (Allen et al., 2011), et il est estimé en 2015 à 48 % (Harre et al., 2015). Ces constats sur l’urbanisation rejoignent ceux de Cour (1995) selon lesquels « …l’image traditionnelle d’une Afrique essentiellement rurale n’est plus conforme a la realite et s’en ecartera de plus en plus ». Le nombre de villes de plus de cent mille habitants a augmente de 12 en 1960 a 90 en 1990 en Afrique de l’Ouest, et celui des localités de plus de 5000 habitants est passé de 600 à 3000 (Gboko, 2009; Giraut & Moriconi-Ebrard, 1991). Mais cette croissance urbaine exceptionnelle occulte souvent la densification du peuplement rural qui est un precurseur d’une urbanisation in-situ (Zhu, 2000, 2002). De fait, l’enjeu de l’urbanisation ouest-africaine ne se situe pas seulement dans les grandes villes, mais aussi dans cette strate incertaine, difficile à saisir par les statistiques, entre urbanité et ruralité, que sont les petites agglomérations. En Afrique de l’Ouest, la population rurale a augmente de 60 % entre 1960 et 1990 (Sangli, 2011) et elle continue de croitre ces dernières années (Losch et al., 2013). Cette densification du peuplement rural n’est pas sans incidences considerables sur les territoires, les économies, les agricultures et les sociétés. Elle place de fait la région ouest-africaine au coeur de multiples enjeux de developpement, de securite alimentaire et de gestion durable des ressources naturelles. La question des effets induits par cette densification du peuplement rural face à des villes en forte croissance est continuellement renouvelée, et elle nécessite sans doute de mieux comprendre les dynamiques des villes africaines et les mutations en cours à la périphérie de ces villes.

Villes d’Afrique de l’Ouest : entre modernité et maintien des espaces ruraux

Une opposition est souvent mise en évidence entre la ville et la campagne en Afrique de l’Ouest. Geographes et urbanistes percoivent cette opposition surtout en termes de changements spatiaux, démographiques et économiques (Wackermann, 2000). Mais là ou la ville africaine s’installe, les pratiques du monde rural perdurent souvent (Mayer & Soumahoro, 2010). Cette complexité constitue en soi une ambiguïté avec laquelle les urbanistes et les planificateurs urbains composent tant bien que mal. Cette particularité de la ville africaine en fait un objet d’etude a part puisque son developpement ne suit pas les théories et les modèles classiques de géographie urbaine inspirés des villes du Nord (Bardet, 1974; Dureau et al., 2000; Dureau & Lévy, 2007; Myers, 2011; Simon et al., 2004). Les paysages urbains dans la plupart des villes africains refletent l’echec des diverses formes de réappropriation africaine du modèle urbain colonial (Goerg & Goeh- Akue, 2004; Goerg & Huetz de Temps, 2002). Ils trahissent l’incapacité des pouvoirs publics à maîtriser une extension urbaine qui est pour l’essentiel le fruit de l’initiative privée, « productrice » de quartiers périphériques sous-équipés où les conditions de vie sont souvent difficiles (Drechsel & Dongus, 2010; Goerg, 2003). Ainsi la ville africaine porte quelquefois une ‘marque rurale’ caractérisée par certaines activités agricoles (Robineau et al., 2014) et quelques îlots de forêts sacrées traditionnelles (Kokou et al., 1999).

Mais d’Abidjan a Lagos, toutes les grandes villes du Golfe de Guinee suscitent des interrogations quant au maintien des activités agricoles dans les périphéries de ces villes en expansion. Dans les peripheries d’Accra, 2 600 hectares de terres agricoles sont converties annuellement en zones résidentielles (Larbi, 1996). Au fur et à mesure que ces villes africaines s’etendent, la demande accrue pour la terre met la pression sur les accords fonciers, souvent des dispositions coutumières sans aucun lien avec les institutions officielles (Dauvergne, 2011). Les droits fonciers s’individualisent, en rupture avec le mode d’acces traditionnel a la terre, au profit d’une marchandisation de la terre dont le mécanisme fonctionnel et les déterminants du prix ne sont pas maîtrisés (Mbetid-bessane, 2014). Dans ce contexte, le ‘moderne’ et le ‘traditionnel’ se combinent souvent en réalité, engendrant des formes d’organisation de l’espace et des rapports sociaux qui sortent des cadres d’analyse utilises pour les villes du Nord. La configuration spatiale de ces villes reflete ces melanges du rural et du l’urbain, du formel et de l’informel, les résultats de la densification du peuplement et de l’echec des pouvoirs publics dans la planification urbaine, et le role du prive dans l’appropriation des terres agricoles au profit de l’urbain. Saisir la dynamique de toutes ces composantes pour mieux comprendre la recomposition des paysages ruraux sous la pression urbaine et les stratégies des acteurs locaux apparait comme une nécessité pour élaborer des politiques publiques adaptées à ce contexte ouest-africain. Dans ce sens, les villes du Sud du Togo et leurs espaces périphériques constituent un véritable laboratoire social, économique et environnemental pour comprendre les processus qui génèrent l’urbain et pour se projeter dans l’avenir des espaces ruraux peripheriques.

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Table des matières

RESUME
SUMMARY
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIERES
LISTE DES CARTES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTES DES PLANCHES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Peuplement, urbanisation et agriculture en Afrique Subsaharienne : une question continuellement renouvelée
Villes d’Afrique de l’Ouest : entre modernité et maintien des espaces ruraux
Etudier les mutations des périphéries des villes africaines
La question de la conservation des espaces naturels et agricoles
La question foncière et de la marchandisation des terres
Nécessité d’une approche multidisciplinaire
Problématique et positionnement de la thèse
Structuration du manuscrit de thèse
PARTIE I : CADRE D’ÉTUDE, CONCEPTS, DONNÉES ET MÉTHODES MOBILISÉS
Chapitre 1 : La Région Maritime du Togo
1.1 Une région densément peuplée
1.2 Organisation administrative et économique
1.3 Les conditions physiques du milieu
Chapitre 2 : Concepts, données et démarches méthodologiques
2.1 Concepts mobilisés
2.2 Données et méthodes utilisées
PARTIE II : L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DE LA RÉGION MARITIME DU TOGO DEPUIS 40 ANS
CHAPITRE 3 : Densification du peuplement et émergence urbaine dans la Région Maritime
3.1 Apparition et disparition de localités
3.2 Principaux foyers de peuplement
3.3 Évolution démographique des localités recensées
3.4 Distribution spatiale de la population à l’échelle locale
3.5 Émergence de petites villes
3.6 La polarisation de l’espace régional
CHAPITRE 4 : Emprises urbaines anciennes et formation de nouveaux territoires urbains
4.1 Une « frontière de l’urbain » floue et insaisissable
4.2 Etalement des périphéries de la métropole « Lomé » et des villes secondaires anciennes
4.3 Émergence de nouveaux espaces urbains par coalescence de localités rurales
4.5 La région Maritime du Togo à l’épreuve de la course à la terre
PARTIE III : MARCHÉ FONCIER, ACTEURS ET FILIÈRES D’APPROVISIONNEMENT EN TERRES POUR LE LOGEMENT
Chapitre 5 : Le marché foncier en Région Maritime
5.1 Le Régime foncier Togolais
5.2 Les modes d’appropriation foncière
5.3 La marchandisation des terres
5.4 Les déterminants des prix des terres
5.5 Marché foncier et peuplement – discussions
Chapitre 6 : Filières d’approvisionnement en terre et principaux acteurs du marché foncier
6.1 Distribution spatiale des transferts fonciers
6.2 Lieu de résidence des accédants à la propriété foncière
6.3 Deux filières d’approvisionnement en terres pour le logement
6.4 Secteurs d’activité des cédants et des acheteurs de terres
6.5 Profil socioprofessionnel des accédants à la propriété foncière
6.6 Part des femmes dans le marché foncier
6.8 Une hypothétique régulation du marché foncier
Discussion
PARTIE IV : TRANSFORMATIONS PAYSAGÈRES, PERCEPTIONS DES RISQUES ET STRATÉGIES DES ACTEURS AGRICOLES
Chapitre 7 : Transformations paysagères dans les périphéries de Lomé
7.1 Diversité des structures paysagères et des changements d’usage
7.2 Effet structurant du réseau routier sur le processus d’urbanisation
7.3 La fragmentation des paysages
Chapitre 8 : Perceptions des risques et stratégies des exploitants agricoles
8.1 La croissance urbaine perçue par les hommes comme une menace directe pour l’agriculture
8.2 La croissance urbaine perçue par les femmes comme une opportunité pour l’agriculture
8.3 Discussion
CONCLUSION GENERALE
Poser le bon diagnostic : un préalable, dans un contexte aussi complexe et dynamique
L’intérêt du géoréférencement des données de recensement pour analyser la structure du peuplement
Un processus d’urbanisation in situ très actif dans les campagnes
L’émergence de la marchandisation des terres dans les espaces périphériques
Réguler l’accès à la terre : un préalable à la maitrise des processus de peuplement et d’urbanisation Vers un maintien des terres agricoles dans les périphéries des villes du Sud-Togo
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES ACRONYMES
Résumé pour tout public

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