Formation de l’identité et développement de soi

La théorie de l’attachement

De nombreux chercheurs, dont Harter (1978), situent la source de l’estime de soi dans une relation d’attachement. Miljkovitch, (2007) explique que si pour Freud (1951) l’attachement de l’enfant est lié à la « mère nourricière », la mère qui le nourrit, Bowlby (1969) propose l’idée d’un attachement primaire. Il montre que l’enfant a besoin et recherche le contact physique auprès de sa mère, être nourri ne suffit pas. L’instinct de protection, le contact physique, les soins à l’enfant que la mère va prodiguer créent des liens affectifs solides qui favorisent l’attachement. Duclos (2014) affirme que l’estime de soi débute dès les premiers jours de la vie et se développe tout au long de l’existence. Son développement se construit grâce aux interactions entre les parents et l’enfant et prend naissance dans une relation d’attachement. L’enfant se voit au travers des yeux de ses parents, de ses amis, de ses enseignants. Les chercheurs appellent « autruis » significatifs ou « personnes» significatives toutes ces personnes qui comptent pour lui et lui renvoient une image plus ou moins positive de lui-même et déterminante. Dans la construction de son estime de soi.

Pour Duclos (2010) : Quand un enfant se sent aimé totalement pour son être ou sa personne, il ressent quelque chose qui pourrait être traduit ainsi: « Si je suis aimé, ne serait-ce que par une seule personne, c’est que je suis aimable. J’ai donc une valeur comme individu.» Cette sensation d’être aimable, qui naît de se sentir aimé, c’est le noyau de l’estime de soi. Quand un enfant a la conviction de sa propre valeur ou quand il est convaincu qu’on l’aime pour lui-même, il sait qu’il pourra s’adapter aux divers événements de la vie, bons ou mauvais (p.39). En soulignant les réussites de l’enfant, les « autruis » significatifs vont lui confirmer sa propre valeur et lui permettre de construire son estime de soi. La source de l’estime de soi est donc extrinsèque. Duclos (2010) affirme que, « l’estime de soi s’établit par le processus de conscientisation et celle-ci apparaît par des réactions verbales positives. Les paroles conscientisent la valeur, elles rassurent l’enfant et lui donnent de l’espoir » (p.44). Les réactions des « autruis » significatifs vont lui permettre de prendre conscience que ses paroles et ses gestes ont de la valeur aux yeux des personnes qui ont de l’importance et pourront alors lui souligner ses difficultés et les défis qu’il peut relever. L’enfant va devoir conscientiser des succès concrets afin de pouvoir réutiliser ses réussites dans les moments difficiles de la vie. Pour conscientiser, il met en place un monologue intérieur par lequel l’estime de soi va s’installer de manière intrinsèque. Selon Bardou et al. (2014), Harter (1978) a observé que pour l’enfant jusqu’à trois ans, les « autruis » les plus significatifs sont les parents. Chez les adolescents, quatre sources potentielles de soutien sont importantes: les parents, les enseignants, les pairs et les amis, sachant que le soutien perçu provenant des parents et des pairs influence plus fortement leur estime de soi.

DEFINITION DE L’ESTIME DE SOI

La définition de Josiane De Saint-Paul (1999) apporte la notion de conscience et de connaissance de soi en plus du jugement positif que l’on doit acquérir pour façonner son estime de soi. L’estime de soi est l’évocation positive de soi-même, fondée sur la conscience de sa propre valeur et de son importance inaliénable en tant qu’être humain. Une personne qui s’estime se traite avec bienveillance et se sent digne d’être aimée et d’être heureuse. L’estime de soi est fondée sur le sentiment de sécurité que donne la certitude de pouvoir utiliser son libre arbitre, ses capacités et ses facultés d’apprentissage pour faire face, de façon responsable et efficace, aux événements et aux défis de la vie » (cité par Duclos, 2014, p.18-19). Une personne qui possède une bonne estime de soi doit avoir conscience de ses forces et ses faiblesses et s’accepter telle qu’elle est. Elle doit être intègre avec elle-même et avoir de la considération pour les individus qui l’entourent. L’estime de soi se construit et évolue tout au long de la vie. Elle est façonnée selon l’âge et en fonction des domaines de vie propres à l’individu et à sa sphère sociale. Elle est en lien étroit avec les événements vécus et fluctue tout au long de l’existence. Comme le soulignent Oubrayrie-Roussel et Bardou (2015), « les modifications du soi depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte sont en résonance avec les relations que le sujet entretient avec son environnement, mais elles dépendent aussi de son propre développement » (p.41).

Deux dimensions construisent l’estime de soi, l’« être » et le « paraître ». Plus l’individu arrive à prendre en compte et à superposer ces deux dimensions et meilleure est son estime de lui-même. L’« être » est la valeur intrinsèque, la manière dont la personne se voit et s’accepte telle qu’elle est. Si cette dimension est trop prise en compte, il y a risque de tomber dans le narcissisme. Le « paraître » est la valeur extrinsèque, il s’agit de l’apparence, du rendement, du rôle social, des résultats et de la réputation de l’individu. Cette dimension est en lien direct avec l’approbation et le jugement des autres. Si la personne s’y réfère trop, la valeur qu’elle va y attribuer va dépendre de l’avis d’autrui sur lequel elle n’a pas prise. Elle va être amenée à en faire toujours plus pour se sentir aimée et estimée. C’est l’harmonie de l’« être » et du « paraître » qui permet à l’individu de construire une bonne estime de soi. Il doit être capable de reconnaître sa juste valeur tout en prenant en compte son environnement et sa sphère sociale. Le concept de soi est un terme qui englobe la connaissance de soi (image de soi), le moi idéal et l’estime. Pour Duclos (2010), il s’agit de la représentation mentale de l’ensemble des caractéristiques que la personne peut ressentir et nommer, « son apparence physique, ses qualités et ses défauts, ses traits de personnalité, ses compétences selon différents domaines, ses valeurs, sa situation sociale, etc.

Le concept de soi regroupe toutes les descriptions conscientes que la personne fait d’elle-même » (p.30). Connaissance de soi ou image de soi est la reconnaissance des caractéristiques personnelles qu’intériorise et a de soi l’individu. Il s’agit pour James (1890) des « succès remportés » et pour Harter (1986) des « compétences perçues ». Le moi idéal correspond à ce que l’individu souhaite être ou devenir selon ses propres caractéristiques et valeurs dans les différents domaines de vie, ce à quoi il doit tendre pour être quelqu’un de bien. James (1890) parle des « aspirations et prétentions » et Harter (1986) de « l’importance accordée à certains domaines ». L’estime de soi se construit sous l’influence de la divergence entre la connaissance de soi /image de soi et le moi idéal. Pour construire une bonne estime de soi, la personne doit être capable de porter un jugement personnel et établir une comparaison entre ce qu’elle souhaite être et ce qu’elle est.

FORMATION DE L’IDENTITE ET DEVELOPPEMENT DE SOI

Avant sa naissance, le bébé existe déjà dans l’imaginaire et le fantasme de ses parents, le regard porté sur lui se « matérialise » dès la première échographie. Dès les premiers instants de sa vie, le bébé va apprendre à connaître son corps grâce aux soins, à la chaleur, aux baisers, aux caresses de ses parents. Mareau et Vanek-Dreyfus (2013) expliquent : Dès les premières minutes de vie extra-utérine, le nourrisson manifeste un sens de son corps comme entité différenciée parmi d’autres objets de l’environnement. […] Il montre immédiatement des réactions différentes si sa mère lui touche le bras ou si on le fait se toucher lui-même le bras avec sa main opposée (p.59). Il se construit une enveloppe physique et psychique grâce aux soins prodigués par ses parents. De 10 à 24 mois, le langage et la locomotion sont des éléments importants pour la construction et le maintien de l’estime de soi chez l’enfant. Pour Mareau et Vanek-Dreyfus (2013) en se déplaçant, « Il instaure une « distance optimale » avec ses proches et, en jouant avec l’exploration motrice, parvient à vaincre sa peur de séparation tout en se familiarisant progressivement avec son entourage » (p.43).

Le langage et la locomotion permettent à l’enfant de prendre de la distance avec ses parents. Pendant les trois premières années de vie, pour Oubrayrie-Roussel et Bardou (2015), l’enfant passe de l’état fusionnel avec la mère à l’émergence d’un état de reconnaissance progressive de son individualité. L’exploration de son environnement et les conduites imitatives lui permettent de prendre conscience du Soi. Pour L’Ecuyer (1978), cette période correspond à l’émergence du Soi, l’enfant fait la différence entre le Soi et le non soi (L’Ecuyer, cité par Oubrayrie-Roussel et Bardou, 2015). De 3 à 6 ans, Oubrayrie-Roussel et Bardou (2015) expliquent : Cet âge est caractérisé par le progrès dans l’affirmation de soi (par la décentration progressive, l’imitation différée, l’opposition à autrui, l’accès à la symbolisation) et dans le développement intellectuel et langagier qui permet à l’enfant d’accéder aux représentations et aux premières images de soi (p.44). Pour L’Ecuyer (1978), cette période correspond à la consolidation du Soi, l’enfant utilise le « je » et le « moi » (L’Ecuyer, cité par Oubrayrie-Roussel et Bardou, 2015). De 8 à 11 ans, pour Oubrayrie-Roussel et Bardou (2015), à cet âge l’enfant a la capacité de coordonner l’ensemble de ses représentations de soi. La comparaison sociale à autrui dans les performances et les compétences scolaires lui permet d’accéder au processus d’évaluation de soi. Dès huit ans, l’enfant est capable de s’évaluer en tant que personne et d’estimer ses compétences dans des domaines spécifiques de son fonctionnement. Il intériorise les images et l’approbation des adultes. La pensée critique lui permet d’intérioriser les normes de réussites et d’échecs socialement valorisés par son entourage et il les utilise pour évaluer ses propres compétences dans ses différents domaines de vie.

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Table des matières

Remerciements
Résumé et mots-clés
Résumé
Mots clés
Liste des figures, tableaux et histogrammes
Liste des annexes
Annexes indépendantes
1 Introduction
1.1 Construction du mémoire
2 Cadre théorique
2.1 Estime de soi
2.1.1 Introduction
2.1.2 Aperçu des modèles conceptuels de la construction de soi
2.1.3 Définition de l’estime de soi
2.1.4 Formation de l’identité et développement de soi
2.1.5 Pathologies et estime de soi
2.2 Le portfolio
2.2.1 Définition du portfolio
3 Problématique
3.1.1 Intérêt pour le thème de recherche
3.1.2 Type de recherche et objectifs visés
3.1.3 Question de recherche
4 Méthodologie
4.1 Méthodologie d’expérimentation
4.2 Méthodologie d’analyse
5 Résultats et analyse
5.1 Résultats et analyse de la première partie
5.2 Vision comparative des huit sous-échelles
5.2.1 Groupes filles
5.2.2 Groupes garçons
5.2.3 Groupes classes
5.3 Résultats et analyse de la deuxième partie, présentation et
5.3.1 Elève B2F
5.3.2 Elève J2F
5.3.3 Elève H2G
5.3.4 Elève F2G
5.3.5 Elève O3F
5.3.6 Elève U3F
5.3.7 Elève P3G
5.3.8 Elève Q3G
5.5 Présentation et interprétation des résultats pour compétence scolaire, apparence physique et valeur globale
5.5.1 Compétence scolaire
5.5.2 Apparence physique
5.5.3 Valeur globale
6 Discussion
7 Conclusion
8 Références bibliographiques
9 Annexes
Annexe I : Questionnaire à qui je ressemble
Annexe II : Tableaux des résultats du questionnaire « A qui je ressemble »
Annexe III : Canevas des entretiens
Annexe IV : Grille de codification des entretiens

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