Force et fragilité du projet Grisemine

Une nouvelle équipe

Le nouveau directeur, Julien Roche, responsable auparavant du réseau des bibliothèques de I’IUFM Nord-pas-de-Calais, a pris en compte cette situation. Ses efforts tendent à impliquer d’autres acteurs externes au projet, notamment en communiquant d’avantage avec les acteurs du campus, que ce soit avec la direction de l’université des sciences et techniques de Lille 1 ou les bibliothécaires des centres de ressources des UFR, en vue d’établir des partenariats ou encore par des réunions régulières avec les informaticiens du centre de ressource informatique de Lille1 (CRI), acteurs de taille dans la maintenance du système d’information documentaire et de la bibliothèque numérique.
C’est le CRI, qui se charge jusqu’à présent par exemple des mises à jour de Grisemine 1e version, qui, on le rappelle, est basée sur un logiciel propriétaire. Julien Roche s’investit également dans les démarches pour l’obtention de budgets en présentant et en défendant au ministère les axes du plan quadriennal, voté en juin 2005.
L’essoufflement d’un projet peut venir aussi, de ce que P. Zarifian nomme la fatigue de l’innovateur. L’équipe doit se sentir soutenue et reconnue. Un projet n’est pas viable, si les acteurs ne communiquent pas autour de leurs actes, ne négocient pas avec les instances. Ces contacts avec l’extérieur, que ce soit avec d’autres professionnels et partenaires ou que ce soit avec les pouvoirs sont nécessaires aussi bien pour la motivation de l’équipe que pour l’obtention d’un soutien matériel.
La survie de la base a été en effet plus qu’incertaine pendant plusieurs mois. Sans les deux porteurs du projet, les membres de l’équipe ont continué, selon leurs habitudes de travail, à participer au développement de la bibliothèque numérique. Mais ces actions ne pouvaient être qu’isolées sans vision globale de l’avancement de la base et sans répartition des rôles et des fonctions. Ainsi, la chaîne de numérisation avait été stoppée, puisque le choix des documents était défini en amont.
Il est certain, que l’arrivée d’une nouvelle direction n’interviendra pas cependant sans obstacles. La nouvelle chef de projet, Isabelle Le Bescond, conservatrice titulaire nommée à Lille 1, a pris son poste en juillet 2005. Nous ne pouvons, pour le moment, juger de l’avenir de la base. La poursuite d’une expérimentation, portée depuis quatre ans par d’autres chefs de projet est, en effet, délicate. Son appropriation nécessite des réajustements multiples et ne pourra se faire sans une compréhension globale des motivations des concepteurs, ceci dans le but de finaliser le projet et d’amorcer les démarches de communication. Pour ce faire, la nouvelle responsable, Isabelle Le Bescond, a suivi pendant les premières semaines le travail quotidien des membres de son équipe. Des changements minimes, pour l’instant, notamment un nouvel agencement du réseau partagé, commencent à apparaître, signes d’un renouveau. Des réunions d’information et de redéfinition de l’équipe, telle l’attribution des rôles pour chaque membre sont incontournables.
L’équipe a pu constater, en effet, lors de la phase de transition, que les réunions de cadrage et de concertation étaient indispensables tant au niveau de la définition des normes appliquées dans les notices et donc de la cohérence de la base qu’au niveau de la motivation des acteurs qui ont besoin de savoir qu’ils font partie d’une équipe, que leur travail est pris en considération et que la démarche de projet entreprise va aboutir.
Désormais, la base est de nouveau sous la responsabilité d’une conservatrice titulaire, ce qui est un gage de pérennité pour le projet. Elle devra certes reformer au complet une équipe et relancer la dynamique du projet et il est évident, le projet ne peut, pour le moment, quitter la phase expérimentale et passer, comme cela était prévu, en phase de li production ».
La priorité semble donnée, dans un premier temps, au développement technique de la base. C’est essentiellement les compétences d’un informaticien qui sont mises à contribution pour le développement du logiciel Dspace. Il est, en effet, très intéressant d’utiliser au maximum les fonctions de ce logiciel, afin de créer une bibliothèque numérique réactive, par l’ajout d’une fonction » push « ,s’adaptant au mieux des besoins des lecteurs. La base se veut également vivante, grâce à des mises à jour faciles et régulières.
Ce n’est que dans un deuxième temps, que la bibliothèque Grisemine reprendra sa cadence dans la mise en ligne des documents. Cette phase de li production  » nécessitera alors la formation d’une équipe importante et un partage des taches bien défini. Ainsi, des bibliothécaires, qui se consacreront plus à la prospection et aux démarches de communication et de prise de contact avec les auteurs et une autre partie du personnel qui sera affectée au catalogage et à l’indexation des documents. Enfin, le projet Grisemine demande également des compétences plus techniques, telle la protection des documents à rapporter à la gestion des droits d’auteurs définissant les droits d’accès. Décrivons plus amplement cette fonction importante, se situant en amont de la chaîne de traitement.

La numérisation des documents: le SCDU éditeur?

Le plan de développement, guide les prospections. Il s’applique également dans le choix des documents à numériser.
Il nous faut maintenant expliquer l’étape de numérisation des documents. Nous la décrirons assez rapidement sur le plan technique. En revanche, nous nous étendrons plus sur le rôle nouveau qu’implique cette tâche  » back-office  » dans la diffusion de la littérature grise. Il s’agit, en effet, d’un nouveau rôle pour les services commun universitaires. En faisant appel à un prestataire de service pour numériser des documents sélectionnés, le SCDU de Lille1 devient en quelque sorte éditeur. Nous y reviendrons, lorsque nous envisagerons les perspectives pour la base.
Une fois encore, le réseau Intranet « le partage » apparaît vital pour communiquer le savoir-faire de l’équipe et pérenniser le projet. La préparation des documents devant être numérisés, parait être une tâche assez technique, qui demande néanmoins une formation du personnel. Ainsi un fichier de travail a été crée. C’est à la fois une trace méthodologique et un document de formation, qui permettra une intégration rapide de nouveaux personnels.
Les documents sont numérisés en format pdf (Portable Document Format). Cette extension a été choisie pour la base Grisemine et a été conservée également pour le projet Iris, car ce format est largement diffusé sur le Web.

Le format pdf (pour la lecture des documents en ligne) et plus généralement le logiciel

Acrobat reader (utilisé notamment dans la chaîne de traitement) a été choisi, pour la légèreté des fichiers créés et sa facilité, d’une part, à définir le mode d’accès et l’ajout de restrictions parfois liées à la consultation d’un document dans le respect des droits d’auteur (impossibilité de modifier la thèse par un copier 1 coller, voire même de l’enregistrer), et d’autre part, pour la relativeunanimité que suscite jusqu’à présent à la fois dans la profession et pour les internautes l’utilisation de ce format. Cependant les différentes versions du logiciel ne posent pas encore pour le moment d’incompatibilités mais nécessiteront de rajouter une précision sur le site  » lecture des documents optimisée pour la version 6 d’Acrobat « .

Les budgets

Obtenir l’aide de l’État

De même, se posait la question des budgets. Problème de financement d’autant plus prégnant, puisque les concepteurs étaient à la fois les négociateurs. L’équipe restante s’est donc retrouvée isolée et en attente d’une nouvelle direction, qui rendrait au projet sa stabilité et pourrait à nouveau fédérer les actions.
Des démarches avaient été effectuées fin 2001 pour obtenir des aides financières de l’Etat. Elles n’ont pas abouti. Grisemine est donc gérée sur les fonds propres du SCD.
En 2005, le thème des bibliothèques numériques est devenu d’actualité et le ministère de l’éducation prête désormais aux établissements développant ce type de projet toute son attention.
L’arrivée du nouveau directeur, M. Julien Roche, a permis de resituer le service commun de documentation de Lille1 dans le fonctionnement complexe du système universitaire. De nouveaux partenariats vont pouvoir être instaurés, des prises de contact relancées. Les changements sont donc importants au niveau local mais également au niveau des instances ministérielles. Les dossiers seront à représenter et à argumenter, les démarches de financement relancées.
Cela signifie, par-là même, qu’un bilan des différents projets est nécessaire. La pérennité de la bibliothèque numérique  » Grisemine  » tout comme son extension et son renouvellement au travers de la base dénommée provisoirement  » Iris  » devront être examinés. L’obtention de crédits est vitale pour que le projet dépasse la phase expérimentale et que la bibliothèque numérique devienne un service reconnu sur le campus universitaire et prenne également sa place parmi les autres initiatives françaises et même européennes, puisque le projet d’extension porte notamment sur l’ouverture de la base à plusieurs langues.
On remarque que le projet se situe à un échelon local, que l’on peut diviser en deux niveaux : le niveau  » bibliothèque centrale universitaire  » ou Service commun de documentation universitaire qui essaie de promouvoir la base, la présente, met en service des postes de consultation et un deuxième plan, celui reliant le service commun de documentation et l’environnement universitaire, la relation avec les laboratoires, les chercheurs, les centres de ressources du campus et le rapport qu’entretient le conservateur général, le directeur de la bibliothèque centrale avec la direction de l’université des sciences et techniques de Lille.

Promotion de la bibliothèque numérique

Enfin, la bibliothèque numérique n’aurait aucune valeur, si elle n’est pas consultée par son public premier, les chercheurs et les étudiants de I’USTL. De nombreux efforts communicationnels doivent être encore fait de ce point de vue. Le public est encore peu informé pour le moment de ces nouveaux services de recherche de littérature grise.
Cela se justifie par le fait, que  » Iris  » est encore en phase expérimentale, que du retard a été pris, vu les circonstances exceptionnelles, qui ont remodelé complètement l’équipe. Grisemine « ancienne version » continue donc pour un temps encore à représenter la bibliothèque numérique du SCDU de Lille 1 et continue d’être alimenté en parallèle d’Iris.
Sur le plan technique et sur le plan humain, une redéfinition du projet a eu lieu dès le mois de juillet, date de la prise de fonction d’Isabelle Le Bescond, chargé des documents électroniques et du projet Grisemine. Une pérennisation du projet passe également par l’emploi de personnels titulaires.
Cependant, la nouvelle équipe devra d’abord prendre connaissance de l’existant. La progression de la bibliothèque numérique doit passer par cette phase de transition et trouver sa place dans le plan quadriennal universitaire, qui a été voté au conseil d’administration en juin 2005. Ce plan est central dans le fonctionnement de l’université.
Il oriente également la politique documentaire du service commun de documentation. et permet de fixer les priorités du plan de développement des collections
Ce plan fait partie du projet d’établissement s’étalant sur 10 ans. Trois grandes lignes sous-tendent ce projet, qui a déjà été présenté en comité de documentation, enprésence de l’équipe de direction de l’université des sciences et technologies de Lille 1 : Une extension de surface du service commun de documentation, déjà envisagé depuis plusieurs années et devenu nécessaire, la bibliothèque centrale datant de 1965,.et n’a pas été, en effet, modifiée depuis. En deuxième axe, le système informatisé de gestion de la bibliothèque doit être comme auparavant suivi avec attention. Enfin, l’accent doit être mis sur la formation des usagers et la mutualisation des ressources.

Les normes

Analyse d’un contexte : » société de l’information « et diffusion de l’information

C. Okret-Manville dans l’ouvrage coordonné par G. Chartron, fait l’état des lieux des acquisitions numériques par les bibliothèques universitaires. Celles-ci consacrent toujours la même part de leur budget et n’ont pas modifié la répartition entre les ressources électroniques et le fonds papier. Or, on constate, notamment au travers des enquêtes menées par la sous-direction des bibliothèques et de la documentation, que l’offre en ressources numenques s’est amoindrie dans les SCD. La raison en est connue, à savoir l’augmentation importante des licences par les éditeurs. Rappelons que la licence regroupe les droits d’accès aux bases de données et les droits d’utilisation.
Il nous faut parler, en revanche, du problème de l’accès aux archives. Le numérique a, en effet, établi un tout autre mode d’accès aux données et a changé le modèle instauré par la documentation  » papier « , où un exemplaire ne pouvait être consulté que par un lecteur. Les licences numériques permettent une consultation multipostes d’une part, et offrent des données régulièrement mises à jour, d’autre part. Cependant l’abonnement ne comprend pas un droit d’accès aux archives. La construction d’un fonds documentaire est alors complètement changée. L’idée de  » possession d’objet » est supprimée.
Pour garder un pouvoir d’achat suffisant face aux éditeurs, les services communs de documentation universitaires se sont regroupés en consortiums dont le plus connu est le consortium COUPERIN. Christine Okret-Manville qualifie ces acquisitions groupées de rationalisation du paysage documentaire national. En effet les établissements définissent depuis, une politique documentaire commune, il y a concertation, partage des données et des ressources documentaires.
Les bibliothèques universitaires ont donc pu garder un certain poids dans les négociations en se regroupant, mais aussi par l’aide de l’Etat, par les subventions du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Christine Okret-Manville est d’ailleurs bien placée pour aborder le sujet, puisqu’elle travaille à la sous-direction des bibliothèques et de la documentation. Lors d’un stage organisé par l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques en février 2005, intitulé « le rôle nouveau du seo dans la diffusion de la production scientifique de l’université ». elle présente la politique et les programmes soutenus par le ministère pour les seo.

Motivations et objets symboliques sous-tendant le projet

Faire valoir un savoir d’adion par les normes

Face à ce foisonnement de l’information sur les réseaux, le SCD de I’UST de Lille 1 a voulu monter un projet facilitant la recherche de documents de littérature grise. L’équipe a souhaité dès le départ mettre à profit Je savoir-faire propre au métier de bibliothécaire.
Ainsi la base a été pensée en fonction de l’existant, des routines d’usë;~ge propre à la profession, même si des champs ont du être adaptés au support n.;tménque. Le seo de l’université de Lille1 ne se démarque pas de la communauté professionnelle.
Créer de nouvelles normes aurait, d’une part, augmenté le temps d’adaptation, nécessité une formation. Les règles sont, en effet, intégrées par les catalogueurs et permettent un traitement rapide des documents. D’autre part, cette bibliothèque numérique n’aurait eu aucun sens et aucune portée, en se situant dans une démarche isolée. Rappelons, que des bases de même type, développés sous le logiciel Dspace, avaient été choisies par les universités de Bath, Montréal, Gand, Aoste ou Groningen (https://dspace.ub.rug.nl/index.jsp) et en France et la Maison des sciences de l’homme de Rhône-Alpes (https://dspace.msh-alpes.prd.fr/index.jsp) ou l’université de Caen, ce qui avait incité l’équipe à le choisir.
L’équipe  » Grisemine  » insiste d’ailleurs sur ce point, quand on la questionne sur la genèse du projet; Grisemine se base sur de l’existant et reprend, dans un premier temps, les démarches utilisées pour le traitement des documents imprimés, dans la gestion de la bibliothèque et adapte peu à peu les méthodes aux spécificités du numérique. Il n’était pas question de réinventer des règles bibliographiques, à l’image de nombreux sites Internet, signalant des documents. En créant Grisemine, les personnels de la BU de Lille 1, se situent en continuité et reprennent les méthodes forgées et utilisées pour l’imprimé. En restant attaché à la tradition papier et en reprenant les normes si longuement établies et qui font autorité dans la profession, le bureau d’études souhaite ainsi perpétuer le savoir-faire des bibliothécaires en l’adaptant aux changements de support apporté par le développement des réseaux.
Quel est ce savoir-faire ? Anne Kupiec, universitaire à l’université Paris X en charge notamment du premier recensement des métiers des bibliothèques en 1995, n’est pas la seule à poser la question de l’identité professionnelle des bibliothécaires. Dans son article « Qu’est qu’un(e) bibliothécaire? », elle cite Bertrand Calenge:  » Raccorder étroitement les bibliothécaires aux collections et fonder les bibliothèques sur un objet clairement identifié : la gestion d’une collection en tant que fonds et ensemble d’accès documentaire rendus vivants par le service des publics identifiés. ».
La réflexion est complétée par une question finale sur le nouvel investissement intellectuel et le choix de la modernité, qui passerait par exemple par une plus grande implication des professionnels dans la recherche en sciences de l’information et de communication, à l’instar des grandes bibliothèques à l’étranger.
Nous verrons cependant, que ce point de vue est contesté. Nous y reviendrons, lorsque nous poserons la question des relations entre professionnels des sciences de l’information et de la communication qui oscillent entre partenariat et concurrence.

Grisemine 1 Iris : continuité et évolution de la bibliothèque numérique scientifique

Vers un fonctionnement par section/ gage d’un développement de la base

En créant ta nouvelle base Iris, devant à terme englober Grisemine, l’équipe souhaite tendre vers une bibliothèque numérique fonctionnant en taille réelle, ayant atteint une masse de documents importante. Pour cela, la structure doit se détacher du bureau d’étude et reposer sur l’ensemble du SCDU. Même si nous constaterons par la suite, que cet objectif implique un véritable investissement, une gestion de projet sur le long terme et n’est pas si aisé à atteindre, qu’il n’y paraît d’emblée.
Pour que Grisemine devienne pérenne et soit un service à part entière du SCD de Lille 1, il faut, d’une part, l’engagement des professionnels de l’information et le soutien de la direction universitaire, c’est à dire, à la fois le conseil de l’université, et les enseignants.
Un véritable partenariat doit être établi et entretenu, pour pouvoir d’une part bénéficier d’un financement, rendant viable le projet de bibliothèque numérique sur le long terme et d’autre part, avoir le soutien des chercheurs serait un signe de reconnaissance de la base et à travers elle, du travail des bibliothécaires.
La répartition des tâches en section est donc nécessaire. La chaîne de traitement doit être divisée entre la section sciences humaines et la section sciences et techniques, qui se sont maintenant intégrées au projet. Cette force de travail permettra d’accélérer les documents traités et de passer ainsi à un rendement de catalogage et d’indexation comparable aux documents physiques traités par les bibliothécaires adjoints spécialisés du seo.

Comparaison des fonctionnalités entre tl Grisemine « et tl Iris « 

Les premiers dépôts de documents dans Iris ont eu lieu en juin 2004. Sept mois plus tard, la base compte déjà 2134 documents, même s’il nous faut atténuer ces statistiques, par le fait, que les 1000 notices de Grisemine, résultat de trois ans de prospection, ont d’ores et déjà été transferées dans Iris. En outre, le nombre de documents consultables sur Iris en si peu de temps est à relativiser également, puisque à l’inverse de Grisemine, où l’ensemble des documents sont à la fois de langue française et accessibles en plein texte sur Internet, Iris propose des textes en plusieurs langues et parfois uniquement visibles en intranet. Les lecteurs habitués seront peutêtre déroutés au premier abord par la nouvelle base, d’autant plus que Grisemine se compose avant tout d’un lectorat distant. Or certains documents (notes de cours, chapitre de livre, articles scientifiques notamment) ne pourront être consultés, que si l’adresse IP est identifiée comme appartenant au campus. Le message « vous n’êtes pas autorisés à consulter ce document  » apparaît, en outre, tardivement, dans la dernière étape de consultation de la notice, au moment de cliquer sur l’icône pour ouvrir le document pdf.
En revanche, les possibilités de recherche dans la base Iris seront beaucoup plus étendues que dans Grisemine et plus faciles.
Observons ci-dessous les étapes à effectuer dans Grisemine lors d’une recherche.
Dans cette bibliothèque numérique crée dès 1999 et accessible sur Internet en 2001, sous l’adresse http://cridoc.univ-lille1.fr/default.asp?bustl/grisemine, on remarque que les recherches sont assez lourdes à effectuer.
Ainsi les anciennes recherches, gardées en mémoire, devaient être d’abord effacées pour en permettre de nouvelles. La recherche avancée s’effectuait en cochant les différentes questions en mémoire.

Deuxième partie : Analyse des pratiques

Définition des pôles de compétences

La création de la bibliothèque Grisemine peut être qualifiée d’innovation. Projet pionnier en 1999, le terme d’innovation n’est pas exagéré. Il s’agissait, il y a six ans de s’adapter à une nouvelle économie de la littérature scientifique générée par l’arrivée des réseaux.
Les bibliothécaires de l’enseignement supérieur, dont les routines de fonctionnement étaient fortement remises en cause, ont alors du questionner leurs pratiques, adapter leurs méthodes à ce nouvel outil. Les bibliothèques numériques ont été une manière de diffuser de l’information scientifique et technique. Ce mode est désormais  » socialement accepté », c’est à dire susceptible d’être imité. C’est bien la définition donnée par Gabriel Tarde d’une innovation. Citons également J. Schumpeter, pour qui l’innovation désigne, dans son acception la plus courante, l’action d’une personne ou d’un groupe conduisant à une mise en œuvre plus efficiente des ressources disponibles. Schumpeter va plus loin, en qualifiant l’innovation de destruction créatrice. Nous reviendrons sur cette définition ultérieurement.
L’innovation bibliothèque numérique fait désormais partie de notre société. Il n’y a qu’à en juger par la multiplicité des banques de données consultables sur les sites universitaires ou dépendant d’organismes, d’associations. La construction d’une bibliothèque numérique européenne témoigne d’autre part des préoccupations suscitées par la vaste entreprise de numérisation des fonds universitaires européens par Google. Gabriel Tarde, en 1895, décrivait déjà l’évolution sociale comme une combinaison de l’invention et de l’imitation. Le lien social a, selon lui, trois composantes : l’imitation, l’opposition et l’adaptation.
Ces troi~~~se visualisent d’ailleurs au sein du SCD de Lille1, à un niveau micro.
Nous y rev1endrons dans la partie sur les résistances à l’innovation. Innover, c’est transformer. Or on constate un état, une bibliothèque numenque, Grisemine, consultable depuis le site de l’université de Lille1. Pour parvenir à cette transformation cependant, il faut s’intéresser au processus, qui permet d’y aboutir. Le groupe des innovateurs de Lille1, se dénommant eux-mêmes en interne, « le bureau d’étude », a en effet mené ce projet, la plupart du temps, dans la concertation et le travail en équipe. J-0 Reynaud nomme ces processus « stratégies de régulation ».
L’évolution d’un projet résulte, en effet, d’une dynamique à alimenter et à maintenir par la collaboration et la réflexion, que ce soit dans une gestion des tâches quotidiennes ou face aux obstacles. Cette régulation passe par l’élaboration d’un langage commun. Le schéma en annexe décrivant la chaîne de travail appliquée dans  » Grisemine  » en est un des exemples. Nous différencierons le jargon employé par l’équipe dans sa gestion de projet du langage partagé par une profession dans son entier. Il s’agit cependant d’un même processus de traduction et d’appropriation des notions, mais aussi l’expression d’une culture professionnelle commune.
L’équipe » Grisemine « fonctionne et communique ainsi par l’intranet, appelé » partage ».
Chaque membre possède un fichier, où il stocke les documents originaux pour lesquels il a reçu les droits, les tableaux excel, très utilisés pour la communication entre les personnes positionnées à différents échelons dans la chaîne de traitement. Rappelons, les étapes du traitement des documents : prospection 1 sélection 1 ajout de bandeau et signets 1 catalogage et indexation 1 vérification de la notice 1 mise en ligne 1 suivi et information des auteurs. Ainsi, un répertoire « création de pdf » dans le partage est consacré aux étapes, qu’effectuent le « technicien  » de l’équipe, qui est une des « marques de fabrique » de Grisemine : l’uniformisation des documents en pdf, optimisés pour le logiciel adobe 6, l’ajout du copyright de l’université et d’un lien hypertexte vers le site Grisemine, pour le cas où le document aurait été consulté par l’intermédiaire de moteurs, sans passer par l’environnement de la bibliothèque numérique.

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Table des matières

Introduction 
Première partie : Force et fragilité du projet Grisemine
1) l’équipe
1.1 Genèse du projet
1.2 Statut d’un service commun de documentation
1.3 Présentation succincte de la bibliothèque numérique Grisemine
1.4 V ers une extension de la base
1.4.1 Une reconfiguration technique
1.4.2 Construire une bibliothèque numérique » en taille réelle »
1.5 Forces et faiblesses d’une équipe expérimentale
1.5.1 Difficulté d’une posture scientifique au sein d’une équipe
1.5.2 Poids des innovateurs dans l’équipe
1.5 .3 Situation de crise : un projet sans chef de projet
1.5.4 une nouvelle équipe
1.6 La numérisation des documents : le SCDU éditeur ?
2)Les budgets
2.1 Obtenir l’aide de l’État
2.2 Promotion de la bibliothèque numérique
3) Les normes
3.1 Analyse d’un contexte: » société de l’information » et diffusion de l’information
3.2 Motivations et objets symboliques sous-tendant le projet
3.2.1 Faire valoir un savoir d’action par les normes
3.2.2 Valoriser la production universitaire
3.3 Grisemine: description détaillée
3.3.1 Qu’est que la littérature grise?
3.3 .2 Quels types de documents en littérature grise ?
3.3 .3 Critères de sélection et de validation des documents
3.3.4 Faciliter la lecture d’une thèse
3.4 Grisemine 1 Iris : continuité et évolution de la bibliothèque numérique scientifique
3.4.1 Vers un fonctionnement par section, gage d’un développement de la base
3.4.2 Comparaison des fonctionnalités entre » Grisemine » et » Iris »
3.5 Grisemine 1 Iris : une évolution des normes adaptée à 1′ évolution des supports
3.5 .1 Qu’est que les métadonnées ?
3.5.2 Faire valoir un savoir d’action par le recours aux métadonnées
3.6 Grisemine 1 Iris: comparaison des normes
Deuxième partie :Analyse des pratiques 
1) Définition des pôles de compétences
1.1 Critères de sélection des documents et développement de la base : le plan de développement des collections
1.2 Le local et le global
1.2.1 Expérimentations avant Grisemine : Critaoi, base de littérature francophone d’Afrique et de l’océan Indien
1.2.2 Analyse du visible
1.2.3 Les tâches back-office de Grisemine
2) Résistances à l’innovation
2.1 « Le bureau d’étude » et le SCDU de Lillel
2.2 Communiquer pour sortir de » l’arène sociale »
Troisième partie : Changements d’une profession
1) De l’innovation au changement
1.1 Grisemine, retour d’expériences: analyse des » florilèges » des réponses des auteurs et des réactions des lecteurs
1.1.1 Analyse des réponses favorables au projet (cf annexe 4)
1.1.2 Analyse des réponses » négatives »
1.2 Grisemine, retour d’expériences: analyse des statistiques
1.3 Analyse des consultations internationales
2) L’actualité de la profession: travailler en partenariat pour demeurer acteur dans l’économie du numérique
2.1 Concurrence ou partenariat au sein des SIC : vers une communauté de pratique ou une « désintermédiation »?
2.1.1 Confusion des métiers et risque d’une  » désintermédiation  »
2.1.2 Relations du SCDU avec la communauté des chercheurs et les bibliothèques d’UFR
2.1.3 Rationaliser les initiatives par un organisme public tell’ Agence bibliographique de l’Enseignement supérieur ?
2.2 Perspectives: Ariane, base de dépôt libre en OAI
2.2.1 L ‘OAI : vers une interopérabilité des systèmes
2.2.2 Précisions sur la désintermédiation et repositionnement au sein de la communauté de pratiques
2.3 Passer du local au global
2.3.1 Partenariats et » communauté de pratiques »
2.3.2 Intervention de l’État
2.4 Quelle formation pour les bibliothèques numériques ?
2.4.1 Des compétences informatiques nécessaires
2.4.2 XML et la documentation structurée
2.5 La communication d’une innovation
2.6 Grisemine, un effet de mode?
Conclusion
Bibliographie 

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