Actuellement, malgré l’essor de l’industrialisation, l’agriculture continue de jouer un rôle non-négligeable dans les pays du Tiers Monde. Le secteur agricole joue un rôle primordial dans l’éradication de la mal nutrition et de l’insécurité alimentaire dans lesquelles se trouve une grande partie des PED. Pour la majorité de ces pays, l’économie nationale repose sur le développement de l’agriculture. Cette dernière constitue la principale source de revenu pour une grande partie de la population. Elle constitue également une première source de devise dans la mesure où la production agricole constitue presque la totalité des exportations des pays du Tiers Monde. Cependant, la réalisation d’un développement agricole fait face à plusieurs obstacles. Le problème d’insécurité foncière en fait partie. Parallèlement, la majorité des PED se trouve, actuellement en phase de transition démographique ; ce qui implique une forte augmentation de la population. Une telle explosion démographique amplifie, encore plus le problème lié à la propriété foncière. En effet, la terre et donc la surface cultivable devient de plus en plus rare par rapport à l’accroissement du nombre de la population. D’où l’émergence et la multiplication des conflits et litiges concernant la question foncière. Ici, nous traitons « La sécurisation foncière : un aspect primordial pour le développement agricole. Cas de Madagascar ».
FONDEMENTS THEORIQUES DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
Il existe au sein des économistes une certaine convergence d’opinion sur l’importance de l’agriculture dans une économie en développement. Le secteur agricole demeure une base importante sur laquelle doit s’appuyer tout décollage économique. Des Historiens soulignent que bon nombre de ces pays développés dont l’économie s’appuie sur le secteur industriel est passé par un stade durant lequel, le secteur agricole était au centre du développement économique. Cette perception souligne la place centrale qu’occupe l’agriculture dans la théorie du développement.
Développement agricole
Actuellement, les politiques agricoles mises en œuvre par la FAO demeurent une condition préalable à l’éradication du problème alimentaire et à la réduction des inégalités entre les pays. Avant d’exposer les différentes approches de l’impact de l’agriculture sur le reste de l’économie, il convient de définir les concepts.
Définition des concepts
Développement :
Le développement désigne la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population, la rendant apte à augmenter cumulativement et durablement son produit réel et global. (Randriamanampisoa H. citant Perroux F., 2015) Cette définition permet de constater que le développement est un changement progressif sur le long terme ayant des conséquences durables sur la population. Le terme développement signifie « l’amélioration des conditions et de la qualité de vie d’une population, et renvoie à l’organisation sociale servant de cadre à la production du bien-être » (Bret B., 2014) Le développement ne se limite, donc, pas à la satisfaction des besoins matériaux. Il prend en compte les satisfactions en matière de santé, de justice sociale, d’intégration sociale…
D’ ailleurs, Amartya Sen a mis en place l’Indicateur de Développement Humain (IDH), permettant de mieux appréhender l’évaluation du développement. Il affirme que même s’il y a augmentation des revenus, la capacité des agents économiques à les utiliser ne sont pas les mêmes. Il a donc suggéré d’accorder une plus grande liberté aux individus afin qu’ils puissent réellement améliorer leurs bien-être. Il avance le terme « capabilité » afin de désigner la possibilité et la liberté de choisir.
Agriculture :
L’agriculture, dans son sens large, désigne « le travail de la terre, exploitation du milieu naturel permettant la production des végétaux et des animaux nécessaires à l’Homme » (Dictionnaire Hachette, 1992) D’après cette définition, l’agriculture concerne l’exploitation de la terre mais également les activités d’élevage, de pêche et de chasse. Cependant, dans notre étude, nous n’allons prendre en considération que l’agriculture dans son sens strict. C’est-à-dire l’ensemble des activités économiques ayant principalement pour objet la culture des terres. L’agriculture contribue largement à l’accélération de la croissance, à la réduction de la pauvreté ainsi qu’à la préservation de l’environnement. Elle est qualifiée d’ « unique instrument de développement » ; selon la Banque Mondiale, en tant qu’activité économique et en tant que moyen de subsistance. En effet, elle offre un moyen de subsistance à 86% des populations rurales. (Banque Mondiale, 2008) Pour un certain nombre de pays d’Afrique Subsaharienne, l’agriculture revêt une importance capitale. Ces pays ont des niveaux de production intérieure très variables avec peu de débouchés extérieurs. Parallèlement, ils ne peuvent importer que très rarement, du fait de l’insuffisance de leurs ressources en devise. De plus, ils sont exposés, fréquemment à des urgences alimentaires et aux incertitudes caractérisant l’aide alimentaire. Donc, afin d’assurer leur sécurité alimentaire, il leur est primordial d’accroitre et de stabiliser leur production intérieure. (Banque Mondiale, 2008) .
La production agricole est donc, essentielle pour la sécurité alimentaire.
Approche libérale du développement économique
Les partisans de cette approche mettent en exergue l’importance d’un développement par l’agriculture, notamment dans les pays du Tiers-Monde. En effet, en tenant compte des milieux géographiques et climatiques, des conditions économiques ainsi que des ressources naturelles dont disposent ces pays, un développement axé sur l’agriculture leur est favorable. On remarque également une forte croissance démographique dans ces pays. Une telle situation induit à un déséquilibre entre la production agricole et l’accroissement de la population. De ce fait, le secteur agricole y joue un rôle essentiel ; celui d’assurer la sécurité alimentaire pour l’ensemble de la population. De plus, la majorité de la population dans les pays du Tiers-Monde habite les milieux ruraux. Une main d’œuvre abondante y est, donc disponible. (Rajaonson L., 2016) Pour W.W.Rostow , le mode de développement des pays industrialisés serait le modèle idéal à suivre. Pour lui, afin de pouvoir entamer une croissance économique, un pays en développement doit également suivre cette voie. Ainsi, à travers sa théorie appelée « Théorie des stades», W.W.Rostow a effectué une analyse du développement. Selon lui, en se développant, une société doit passer par 5 stades primordiaux. Tout d’abord, il y a la société traditionnelle ; ensuite, les conditions préalables au démarrage ; puis, le démarrage, la marche vers la maturité et enfin, l’ère de la consommation de masse. (Rajaonson L., 2016).
Ainsi, W.W.Rostow présente à son premier stade une société traditionnelle. Cette dernière est caractérisée par la prédominance de l’agriculture. En effet, le premier rôle du secteur agricole est d’assurer une sécurité alimentaire à l’ensemble de la population, principalement en cas d’augmentation éventuelle de cette dernière. Il assure également la sécurité des revenus agricoles afin de former une demande effective. « L’agriculture a un troisième rôle particulier à jouer. L’agriculture doit mettre à la disposition du secteur moderne une part importante de ses revenus excédentaires. Ainsi, ce sont les conséquences multiples, différentes mais convergentes de la révolution agricole qui confère une importance particulière à la période précédant le démarrage » (Ramanantseheno D. citant Rostow, 2015). Le développement agricole engendre, de ce fait, des effets positifs sur les autres secteurs, notamment le secteur industriel. W.W.Rostow attribue un rôle particulier au secteur agricole. Il s’agit de la mise à la disposition du secteur moderne une part importante de ses revenus excédentaires. Ces derniers constitueront des capitaux indispensables au bon fonctionnement des secteurs modernes de l’économie. W.W.Rostow présume, donc que le secteur agricole joue un rôle moteur dans la croissance économique. Il attribue à ce secteur un rôle essentiel dans le processus de développement. En outre, le développement agricole induit des effets d’entrainement sur le développement des autres secteurs de l’économie. A.Lewis a également mis en exergue l’importance du secteur agricole dans l’économie. Il a montré que ce secteur encourage le développement du secteur moderne (ou encore secteur industriel) de l’économie. En effet, selon lui, l’agriculture produit une faible productivité marginale. Il emploi, de ce fait, une faible quantité de main d’œuvre et libère une part importante de cette dernière au service du secteur moderne. (Ramanantseheno D., 2015) .
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHES THEORIQUES ET CONCEPTS
Chapitre I : FONDEMENTS THEORIQUES DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
Section I : Développement agricole
Section II : Un secteur moteur de l’économie des PED
Section III : Etat du développement agricole à Madagascar
Chapitre II : NOTION DE SECURISATION FONCIERE
Section I : Théories évolutionnistes du foncier
Section II : Sécurité foncière et sécurisation
Section III : Enjeux économiques du foncier
PARTIE II : SECURISATION FONCIERE ET DEVELOPPEMENT AGRICOLE
Chapitre I : L’INSECURITE FONCIERE : UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
Section I : Etat des lieux
Section II : Impact du changement des statuts des terres sur la production agricole
Section III : Impact de l’augmentation de la production sur le revenu agricole
Section IV : Effet de la variation du revenu agricole sur le bien-être de la population
Chapitre II : DES SUGGESTIONS
Section I : Sensibilisation de la population sur l’importance de la sécurisation foncière
Section II : Système foncier moderne ou système foncier coutumier
Section III : Mise en place d’une organisation pour une meilleure gestion du foncier
Section IV : Pour une meilleure politique agricole
CONCLUSION