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ApprŽhender la gen•se des TMS dans un continuum ?
Nous venons de voir que certains ŽlŽments encouragent ˆ apprŽhender les liens santŽ/travail dans une dimension de moyen long termes. Mais est-ce que lÕon retrouve des ŽlŽments de littŽrature scientifique, en lÕoccurrence sur la santŽ, voire sur les TMS eux-m•mes, qui le sugg•rent ? Nous aurons lÕoccasion de le montrer dans les chapitres qui suivent,, mais retenons d•s ˆ prŽsent quelques rŽflexions gŽnŽrales.
Selon Christophe Dejours, la santŽ ne se con•oit pas comme un Ç Žtat È (Žtat de bien-•tre physique, psychique et social), mais comme un idŽal. La santŽ, comme idŽal, indique une orientation des conduites organisŽes en vue de construire et de maintenir le meilleur Žquilibre possible. Ç La santŽ, cÕest pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant, dÕavoir les moyens de tracer un chemin personnel et original vers un Žtat de bien •tre physique, psychique, moral È (Dejours, 1985 ; 1994). Ici, la santŽ est une conqu•te permanente pour surmonter, supprimer ou cohabiter avec la maladie. Elle est considŽrŽe dans une vision positive, dynamique, offensive, comme le rŽsultat dÕune lutte, dÕun processus de construction, dans lequel le travail occupe une place influente. Ce point de vue va dans le sens de ce que proposait Georges Canguilhem, mŽdecin et philosophe, pour qui Ç le vivant ne vit pas parmi des lois mais parmi des •tres et des Žv•nements qui diversifient ces lois (É) voilˆ pourquoi le milieu est infid•le ; son infidŽlitŽ cÕest proprement son devenir, son histoire È et Ç la santŽ influence les normes de son environnement È. La santŽ se prŽsente comme la capacitŽ ˆ reconstruire soit un Žquilibre, soit une nouvelle dynamique face aux infidŽlitŽs (nous dirions variabilitŽs) du milieu. Canguilhem propose ainsi une vision de la santŽ comme constructive, processuelle. Cependant, rien nÕest dŽfinitivement acquis : lÕauteur int•gre m•me directement lÕenvironnement professionnel comme ŽlŽment dÕinfidŽlitŽ du milieu, et rappelle que Ç la santŽ au travail est un concept en Žvolution continue, parce que les atteintes ˆ la santŽ engendrŽes par le travail Žvoluent avec le travail lui-m•me, et que la notion m•me de santŽ Žvolue È (Canguilhem, 1966).
Des Žtudes en ŽpidŽmiologie confirment ce caract•re processuel de la santŽ. Selon Goldberg, Melchior, Leclerc et Lert (2003), ces Žtudes rel•vent de deux mod•les dominants pour lÕanalyse de la relation entre la santŽ et la vie de travail. LÕun dŽnommŽ Ç latency model È (mod•le de latence) que les auteurs dŽfinissent comme une Ç programmation prŽcoce par les Žv•nements de la pŽriode intra-utŽrine et pŽrinatale dont les effets peuvent rester longtemps sans expression avant dÕinduire des maladies ˆ long terme È.
Mais en m•me temps, un autre mod•le se rapproche plus de nos prŽoccupations, le Ç pathway model È ; nous pourrions dans ce cas traduire Ç pathway È par parcours professionnel, parcours au travail. Selon Goldberg et al. (2003), Ç le pathway model, quant ˆ lui, met lÕaccent sur lÕeffet cumulatif de facteurs prŽcoces associŽs ˆ des conditions dŽfavorables tout au long de lÕenfance, de lÕadolescence et de la vie adulte È, Ç cet effet cumulatif nÕest pas la simple addition mŽcanique au cours du temps, il existe des cheminements marquŽs par des interactions È. Il y a donc ici la volontŽ de proposer un mod•le dÕapproche qui permet de repŽrer des interactions entre un certain nombre dÕeffets tout au long de lÕitinŽraire professionnel. Cette volontŽ se retrouve toujours en ŽpidŽmiologie, dans les travaux de Plouvier (2010, 2011a) : selon cette auteure, des expositions professionnelles biomŽcaniques (porter des charges lourdes, effectuer des t‰ches nŽcessitant de se pencher ou nŽcessitant de se tourner) sont bien des facteurs de risques reconnus de lombalgies, mais elle constate que les effets des expositions professionnelles sur les lombalgies prenant en compte une dimension temporelle sont moins, voire tr•s peu documentŽs. Sa propre recherche constitue une contribution en ce sens, nous y reviendrons. LÕexistence reconnue de ces effets diffŽrŽs et les questions de recherche quÕils soul•vent nous encouragent ˆ dŽvelopper un point de vue diachronique.
Par ailleurs, les TMS prŽsentent des Žpisodes aigus qui peuvent devenir chroniques (Aptel et VŽzina, 2008). CÕest la consŽquence dÕun processus physiopathologique que ces auteurs reprŽsentent comme un continuum irrŽgulier. Celui-ci sÕamorce dans le domaine du bien-•tre physique, mental et social, et Žvolue vers la pathologie chronicisŽe. De plus, des Žtudes ont montrŽ quÕil nÕy a pas de dŽcours temporel univoque dÕun TMS (Aublet-Cuvelier, Aptel et Weber 2006 ; Silverstein et al. 2006). Le passage de lÕŽtat de bien-•tre ˆ lÕŽtat pathologique est Žvolutif, et se succ•dent des phases dÕamŽlioration et dÕaggravation. Un TMS est multidŽterminŽ et polymorphe quant ˆ la mani•re dont il va Žvoluer (Aptel et VŽzina, 2008). Nous insisterons dans le chapitre 2 de la premi•re partie sur cet acquis des connaissances en physiopathologie, qui constitue pour nous un point dÕappui important.
Si les sollicitations biomŽcaniques au travail sont un facteur de risque dŽterminant (Kuorinka et Forcier, 1995 ; Melchior et al., 2006 ; Roquelaure et al., 2006), les facteurs psycho-sociaux mais aussi des facteurs individuels ont leur influence. Mais des phŽnom•nes tels que les traitements mŽdicaux, les congŽs, ou au travail les modifications de production, dÕorganisation ou de processus de fabrication, vont peser sur lÕŽvolution clinique selon des modalitŽs encore mal connues. La chronologie sŽmiologique et physiopathologique rŽsultera des effets intriquŽs de ces facteurs.
Les thŽories de la santŽ et de la santŽ au travail rapidement ŽvoquŽes ci-dessus, les apports de lÕŽpidŽmiologie, les travaux de mŽdecine du travail, nous encouragent ˆ insister sur lÕintŽr•t de prendre en compte lÕimbrication de plusieurs dimensions temporelles, de moyen et long termes : les femmes et les hommes au travail avancent en ‰ge, se transforment au fil de lÕ‰ge, leur santŽ et leurs compŽtences Žvoluent. Pour MoliniŽ, Gaudart et Pueyo (2012), on retrouve dans chaque situation de travail ŽtudiŽe, dÕun c™tŽ une personne singuli•re, avec ses caractŽristiques, son histoire, ses projets, ses dŽsirs. En m•me temps, on retrouve dÕun autre c™tŽ une entreprise, Ç avec des moyens de production, des r•gles, des t‰ches ˆ accomplir, qui ont ŽtŽ con•us – le plus souvent – sans se prŽoccuper ni de ces personnes singuli•res, ni plus gŽnŽralement de tout ce qui introduira de la variabilitŽ, tout ce qui ne sera pas tout ˆ fait (voire pas du tout) conforme ˆ ce qui a ŽtŽ dŽfini ˆ lÕavance È. Cette entreprise aussi se transforme, de m•me que le secteur dÕactivitŽ auquel elle appartient, et la sociŽtŽ dans son ensemble. Ç Cette rencontre, que lÕon saisit dans un moment particulier, sÕinscrit toujours au carrefour de plusieurs histoires : histoire de lÕentreprise, des dispositifs techniques et organisationnels ; histoire des mŽtiers, des collectifs de travail ; histoires de vie et de travail des individus È. Cette perspective sugg•re donc aussi un Žlargissement des approches usuellement mises en Ïuvre en ergonomie et focalisŽes sur le Ç ici et maintenant È. Ce point de vue peut •tre confrontŽ avec diffŽrents retours dÕexpŽrience en mati•re de prŽvention des TMS.
Les nombreux travaux de recherche de ces 20 derni•res annŽes ont permis, on lÕa dit en dŽbut de cette introduction, de rŽaliser dÕimportants progr•s dans la connaissance des facteurs de risque TMS, de lÕŽtiologie des TMS ou encore des outils et mŽthodes de prŽvention. NŽanmoins, la plupart des auteurs admettent que cela nÕinduit pas pour autant de volontŽ collective effective dÕaction ˆ la hauteur de la rŽalitŽ du risque, comme si un dŽcouplage sÕŽtait produit entre le niveau de connaissance sur ce sujet et lÕengagement des dŽcideurs dans la prŽvention. Cet engagement est loin dÕ•tre suffisant compte tenu du nombre de salariŽs atteints et, parall•lement, lÕefficacitŽ de la prŽvention reste encore relative (Aptel et VŽzina, 2008). Pourquoi cette masse dÕinformations sur les TMS ne dŽbouche-t-elle pas sur davantage dÕactions dÕenvergure, bien que les initiatives locales au niveau dÕentreprises voire de secteurs ou de branches soient nombreuses ? Quelles sont les recherches dont ont besoin les praticiens des conditions de travail et les dŽcideurs pour sÕengager dans la prŽvention ?
Reprenant cette interrogation ˆ leur compte, Berthet et Gautier (2004) ont soulignŽ de fortes dŽperditions entre, dÕune part la phase diagnostic, de laquelle les acteurs sortent en gŽnŽral dÕaccord sur lÕinterprŽtation du probl•me et les solutions ˆ envisager, et dÕautre part les phases de mise en Ïuvre et dÕŽvaluation lors desquelles se rŽv•lent souvent des incomplŽtudes dans les solutions retenues, des renoncements ou des dŽmobilisations en cours ou au terme des transformations ou Žvolutions. Dit autrement, lÕintervention ne parvient pas ˆ traduire dans les transformations toute lÕefficacitŽ prŽsumŽe des ŽlŽments contenus dans le diagnostic. Ces constats am•nent les auteurs ˆ rŽ-interroger les pratiques dÕintervention. Il leur semble nŽcessaire de revoir pour partie les objets dÕinvestigation par lesquels passe la comprŽhension du probl•me, et de proposer une meilleure apprŽhension des conditions nŽcessaires ˆ la mise en place dÕune mobilisation des acteurs.
Fran•ois Daniellou (1998a) propose pour sa part une piste de rŽflexion en considŽrant que lÕapparition de TMS refl•te le blocage, chez diffŽrents acteurs de lÕentreprise, de la dynamique qui devrait exister entre trois p™les :
– pouvoir agir (sur les situations de travail)
– pouvoir penser (les spŽcificitŽs des situations locales)
– pouvoir dŽbattre (dans des conditions qui permettent la prise en compte dÕune diversitŽ de logiques)
Les nouveaux mod•les organisationnels dans les ateliers de fabrication
Depuis une trentaine dÕannŽes, les organisations cherchent ˆ remŽdier aux insuffisances, tant Žconomiques que sociales, des organisations tayloriennes – fordiennes du travail. Les entreprises sÕefforcent dÕamŽliorer leurs performances productives et Žconomiques dans un contexte de marchŽ plus instable, face ˆ une offre concurrentielle densifiŽe et mondialisŽe, et ˆ une demande plus exigeante en termes de variŽtŽ, de qualitŽ, de rŽactivitŽ ou encore de frŽquence de renouvellement des produits. Dans un contexte dÕŽlŽvation des niveaux de formation, les nouvelles organisations tentent Žgalement de prendre davantage en compte les aspirations des salariŽs vers plus dÕautonomie et dÕinitiative dans le travail et, tout au moins dans la seconde moitiŽ du XX•me si•cle, ˆ intŽgrer le rejet croissant des conditions de travail associŽes aux organisations tayloriennes – fordiennes. CÕest ce rejet que Luc Boltanski et Eve Chiappello (1999) rel•vent dans leur Ç critique artiste du mod•le de sociŽtŽ capitaliste È, quÕils associent fortement aux Žv•nements de 1968 : une recherche dÕauthenticitŽ, dÕŽpanouissement personnel, sur lesquels, disent-ils, les nouveaux mod•les dÕorganisation ont voulu prendre appui. Le mod•le de la mobilitŽ, lÕentreprise en rŽseau, la sollicitation de la subjectivitŽ, etc. qui ont tentŽ une mise en phase avec les aspirations des salariŽs, tout ˆ la fois •tre plus qualifiŽs, plus personnellement investis au sein dÕun travail plus individualisŽ.
Une Žvolution organisationnelle dans le prolongement des mod•les traditionnels est dŽcrite par David (2001). LÕauteur distingue au niveau industriel le syst•me taylorien – fordien et le syst•me taylorien flexible, quÕil illustre par des exemples issus du secteur automobile dans les annŽes 60 et 80. Car si le principe reste le m•me (la cha”ne de production), les techniques de production ont changŽ, et avec elles les contraintes de travail : la monotonie et la rŽpŽtitivitŽ ont cŽdŽ peu ˆ peu la place ˆ des situations o• lÕadaptabilitŽ et la rŽactivitŽ priment. Mais pour sÕadapter, toutes les entreprises nÕont pas fait les m•mes choix organisationnels. Un travail de Lorenz et Valeyre (2005a) montre quÕen Europe les nouvelles formes dÕorganisation du travail rel•vent de deux mod•les : des formes dÕorganisations Ç apprenantes È inspirŽes du mod•le socio-technique scandinave, o• les salariŽs disposent dÕautonomie procŽdurale et ne subissent que des contraintes temporelles modŽrŽes ; et le mod•le dÕorganisation en Lean Production o• les situations dÕautonomie se prŽsentent plus restreintes et contr™lŽes. Pour illustrer cette diversitŽ dÕoptions, on peut dŽcrire rapidement deux exemple de production dite Ç au plus juste È, ˆ travers deux interprŽtations bien diffŽrentes : lÕune scandinave, avec lÕapproche Ç rŽflexive È de lÕusine Volvo dÕUddevalla ; puis lÕapproche Ç ohniste È, le mod•le japonais de Toyota, thŽorisŽe par les anglo-saxons sous le terme de Lean Production.
LÕexpŽrience scandinave
La trajectoire suivie par Volvo dans les annŽes 70-80 tŽmoigne dÕun effort pour sortir des syst•mes de production de masse, dans les pays scandinaves (Engstršm, Johansson, Jonsson et Medbo, 1995 ; Engstršm, Jonsson et Medbo, 1996 ; Engstršm, Jonsson et Johansson, 1996), pour des raisons liŽes entre autres au taux ŽlevŽ de participation fŽminine dans la main dÕÏuvre suŽdoise. Car les femmes sont souvent employŽes aux t‰ches les plus rŽpŽtitives et les outils quÕelles utilisent ne leur sont gu•re adaptŽs. Il en rŽsulte une hausse rapide du taux de micro-traumatismes rŽpŽtŽs et cumulŽs (Berggren, 2000). Ces probl•mes de santŽ dŽclenchent un rŽel dŽbat public, dans lequel lÕindustrie automobile se retrouve particuli•rement mise en cause.
Par ailleurs, alors que Volvo Cars conna”t des ventes et des profits records, de graves probl•mes du travail apparaissent : rotation excessive du personnel, absentŽisme, difficultŽs de recrutement et sporadiquement, des gr•ves sauvages (Berggren, 2000). Le PDG du groupe sÕengage alors ˆ rŽsoudre ces probl•mes en innovant dans lÕorganisation du travail, et dans la conception des usines. D•s 1974, une premi•re usine innovante est con•ue ˆ Kalmar. La cha”ne dÕassemblage traditionnelle est remplacŽe par un syst•me flexible, qui rŽpartit le flux sur diffŽrentes Žquipes bŽnŽficiant dÕune certaine autonomie et de temps de cycle allant jusquÕˆ 30 minutes. Mais cÕest en 1985 que naitra ce que les concepteurs de la petite usine dÕUddevalla nommeront Ç la production rŽflexive È. Cette usine rompt totalement avec le principe fordien de ligne mobile et adopte un principe de production de petits ateliers autonomes en parall•le dans lesquels une quarantaine dÕŽquipes travaillent simultanŽment et indŽpendamment (Engstrom et al., 1995). Chaque Žquipe est responsable de la construction intŽgrale dÕune voiture. Notons que 40% des effectifs sont des femmes, et que des efforts particuliers sont faits pour leur adapter le processus de montage.
Compte tenu de la nature nouvelle des contenus du travail, de nouvelles formes de formation basŽes sur des principes Ç holistes È sÕorganisent et mettent lÕaccent sur la nŽcessitŽ de comprendre lÕensemble, que ce soit le vŽhicule en son entier ou une fonction particuli•re, et sur la combinaison de cette comprŽhension globale avec la dextŽritŽ manuelle (Ellegard, Engstrom et Nilsson, 1991, citŽs par Berggren, 2000).
MalgrŽ quelques difficultŽs au dŽmarrage, la production dÕUddevalla a rŽellement dŽcollŽ en 1990 et a dŽmontrŽ des capacitŽs de flexibilitŽ, de rapiditŽ dÕadaptation aux demandes du marchŽ, ou encore sa capacitŽ ˆ crŽer un environnement fondŽ sur une coopŽration rŽelle. Elle a cependant a ŽtŽ fermŽe en 1992, sept ans apr•s le dŽbut de sa conception, alors que le syst•me n’Žtait pas encore pleinement utilisŽ et qu’il fournissait pourtant des rŽsultats Žconomiques supŽrieurs aux prŽvisions (Engstršm & al., 1995). Les auteurs jugent que les raisons de la fermeture sont davantage liŽes ˆ la situation gŽnŽrale du groupe Volvo qu’aux rŽsultats particuliers de ce projet. Du point de vue des facteurs reconnus par ailleurs comme susceptibles de participer ˆ la prŽvention ou ˆ lÕapparition des probl•mes ostŽoarticulaires, ce mod•le organisationnel montre une volontŽ de donner un sens au travail rŽalisŽ, de proposer des processus de fabrication adaptŽs aux capacitŽs de lÕHomme au travail, qui limitent les gestes rŽpŽtitifs, voire le maintien de postures douloureuses ou fatigantes. MalgrŽ des rŽsultats industriels mitigŽs, les ŽlŽments dont nous disposons accordent donc un crŽdit positif ˆ ce mod•le.
Le lean manufacturing
En 2004, Fabien Coutarel Žcrivait dans sa th•se sur la prŽvention des TMS en conception : Ç Aujourd’hui en France, l’organisation du travail selon Taylor et Ford fait encore des Žmules dans des secteurs qui se pr•tent ˆ la conception taylorienne et fordienne de la production È (p57). Depuis, seulement huit annŽes se sont ŽcoulŽes, et il est difficile dÕentrer dans une entreprise de production de masse sans entendre parler de Lean, Kaizen, Hoshin, 5S, TPM ou toute autre dŽnomination importŽes du Japon via les Etats Unis ou le contraire. Apr•s la seconde guerre mondiale, deux firmes de lÕindustrie automobile poursuivent une stratŽgie de Ç rŽduction permanente des cožts È : Peugeot et Toyota. Puis Peugeot a changŽ dÕorientation organisationnelle dans les annŽes soixante, alors que Toyota lÕa conservŽe et a inventŽ un mod•le original, le mod•le toyotien. BasŽ sur une rŽduction des cožts indirects par une chasse aux gaspillages au point dÕavoir ŽtŽ thŽorisŽ sous le terme de Lean Production, le mod•le toyotien a ŽtŽ prŽsentŽ dans la fin des annŽes quatre vingt dix comme le Ç one best way È pour le XXI•me si•cle (Boyer et Freyssenet, (2000).
Ces Ç pratiques de travail ˆ performance ŽlevŽe È (cÕest ainsi quÕon les retrouve dŽfinies dans la littŽrature amŽricaine), se sont rapidement rŽpandues en AmŽrique du Nord d•s le milieu des annŽes quatre-vingt (Osterman, 1994 et 2000), puis en Europe ˆ partir du dŽbut des annŽes quatre-vingt dix. En France des enqu•tes statistiques comme les enqu•tes REPONSE16 ou lÕenqu•te COI17 pour les activitŽs industrielles, ont abordŽ lÕampleur de cette diffusion dans les annŽes quatre-vingt-dix (Coutrot, 1995 et 2000 ; Greenan et Hamon-Cholet, 2000 ; AskŽnazy et Caroli, 2003).
Comme Daniellou (2006), nous nous garderons dÕavoir un avis tranchŽ sur les effets de ces outils et mŽthodes dans leur pays dÕorigine : lÕorganisation de la conception des situations de travail, les itinŽraires professionnels, les statuts et comportements au travail des salariŽs, les pyramides dÕ‰ges ou encore les relations hiŽrarchiques nÕont rien ˆ voir avec ce que lÕon retrouve en France. Mais finalement, alors que lÕon affirme que le Lean se dŽveloppe partout (industrie, services), il semblerait logique quÕun concept aussi rŽpandu ait une dŽfinition claire et concise. Revenons donc ˆ sa gen•se.
Comme chez Volvo, le dŽveloppement dÕun mod•le organisationnel alternatif ˆ une organisation taylorienne et fordienne du travail dŽveloppŽ chez Toyota par Taiichi Ohno fait suite ˆ des prŽoccupations multiples : une augmentation brutale de la demande, un objectif de garantir lÕemploi, mais surtout, lÕidŽe que le taylorisme est inapplicable pour lÕŽconomie japonaise (particuli•rement dans lÕindustrie automobile) notamment en raison du manque de place pour entreposer les stocks importants liŽs ˆ une telle organisation de la production.
Taiichi Ohno invente le moyen de supprimer ces stocks en modifiant lÕorganisation de la sous-traitance et de la production, dŽsormais rythmŽe par les commandes. Le Toyotisme rŽpand alors rapidement ses principes de « juste ˆ temps » et de « flux tendus » et ses modes de fonctionnement (Coriat, 1994). DiffŽrents auteurs ont fait des tentatives de dŽfinition de ce concept organisationnel (Lewis, 2000 ; Hines, Holweg et Rich, 2004 ; Shah et Ward, 2007), mais chose surprenante, la dŽfinition de la Lean Production, elle, demeure tr•s Žlusive. Afin de proposer un cadre conceptuel, Pettersen (2009) a rŽalisŽ une revue bibliographique. LÕanalyse des articles contenant des prŽsentations de techniques et/ou dÕobjectifs gŽnŽraux associŽs aux termes Ç lean production È ou Ç lean manufacturing È a fait ressortir lÕusage de 9 livres de rŽfŽrence sur le Lean : Schonberger (1982), Shingo (1984), Ohno (1988), Womack et al. (1990), Monden (1998), Feld (2001), Dennis (2002), Bicheno (2004), Liker (2004). LÕanalyse des caractŽristiques du Lean les plus frŽquemment citŽes dans ces livres rŽv•le que seulement 2 dÕentre elles sont abordŽes par tous les auteurs : production en flux tendus et amŽlioration continue. Les Ç 7 zŽros È (zŽro dŽlai, dŽfaut, stock, panne, papier, transport et surproduction) qui forment la base du \SXZVX\T! aT! `^! production en juste-ˆ-temps, la prŽvention des erreurs (poka-yoke) et le lissage de la production (heijunka) apparaissent aussi comme des caractŽristiques centrales de la Lean Production. Cependant, lÕauteur remarque quÕune somme tr•s importante de caractŽristiques du Lean (plus de trente) nÕapparait que chez quelques auteurs.
Vieillissement et Žvolution de lÕŽtat fonctionnel
QuÕentend-on par Ç vieillissement È ?
LÕorganisme humain se transforme au fil des annŽes. De mani•re tr•s gŽnŽrale, le vieillissement est lÕinscription du temps chez chaque individu. Il se marque par des transformations biologiques, psychologiques, sociales aux ‰ges extr•mes mais aussi pendant la pŽriode dite de la Ç vie active È (Laville et Volkoff, 2004). Certaines de ces transformations, essentiellement celles qui concernent le biologique, sont gŽnŽtiquement dŽterminŽes, cÕest la caractŽristique dÕune communautŽ de destin pour tous les •tres humains ; mais elles sont toutes influencŽes par lÕenvironnement, ce qui accentue leur variabilitŽ. DÕautres transformations (biologiques, psychologiques et sociales) dŽpendent de lÕhistoire de chacun. Ces transformations avec lÕ‰ge sÕinscrivent dans trois dimensions temporelles, lÕhistoire individuelle, lÕŽvolution des gŽnŽrations et lÕŽvolution du travail et de la sociŽtŽ (Davezies, Cassou et Laville, 1993). Aussi, lÕ‰ge chronologique est-il un rep•re dont la signification est toute relative et, suivant les niveaux dÕorganisation auxquels on se rŽf•re, on peut dŽfinir un ‰ge biologique, un ‰ge fonctionnel, un ‰ge psychique, un ‰ge social (Laville, 1989). En outre, les diffŽrences interindividuelles augmentent avec lÕ‰ge ; lÕ‰ge chronologique rend mal compte de lÕ‰ge fonctionnel.
Baltes (1987, citŽ par Laville et Volkoff, 2004), qui inscrit les liens vieillissement – travail dans le cadre de thŽories dŽveloppementales, dŽcrit les processus de vieillissement comme des processus en gŽnŽral continus et lents (mais pas toujours), multidirectionnels (cÕest-ˆ-dire associant croissance et dŽcroissance, gains et pertes), en interaction avec lÕenvironnement, et ayant des consŽquences multiples, individuelles, sociales, Žconomiques. On apprŽhendera ainsi le vieillissement comme un processus de transformation o• se combinent des phŽnom•nes de dŽclin et de construction (ibid. ; Salthouse, 1985).
Les processus de dŽclin et leurs effets sur les fonctions physiologiques et mentales mises en jeu dans les activitŽs de travail ont ŽtŽ largement ŽtudiŽs (Belbin, 1953 ; Pacaud, 1953 ; Birren, 1959 ; Welford, 1964 ; Salthouse, 1985 ; Laville, 1989 ; Millanvoye, 1995 ; Desnoyers, 1995). Pour Millanvoye (1995) lÕorganisme atteint son dŽveloppement maximal ˆ partir de 20-25 ans, ‰ge ˆ partir duquel nous commen•ons ˆ vieillir Ç sensiblement È, mais aussi ˆ partir duquel les pertes cellulaires deviennent plus importantes. Toutefois, les effets du vieillissement ne deviennent vraiment observables que bien plus tardivement, et dŽpendent par exemple de certaines caractŽristiques de la situation de travail, de lÕŽtat de santŽ, de lÕacc•s aux soins, etc. ou autrement dit la situation gŽnŽrale des personnes. La conjonction des effets du vieillissement sur diffŽrentes parties du m•me organe ou du m•me syst•me, ou lÕimpossibilitŽ de dŽvelopper des stratŽgies compensatrices, produisent lÕimpression que le vieillissement sÕaccŽl•re ˆ partir dÕun certain ‰ge.
Dans le cadre de notre recherche, les consŽquences du vieillissement sont utiles ˆ rappeler, ˆ titre de tendance et non dÕintensitŽ mesurŽe. Certains de ces effets semblent ŽloignŽs de nos prŽoccupations, comme la fragilisation de la mŽmoire immŽdiate et de lÕattention soutenue, partagŽe, alternŽe ou sŽlective. Mais le vieillissement musculaire, squelettique et articulaire semble en lien Žtroit avec les TMS, puisquÕil sÕaccompagne dÕune diminution de la capacitŽ dÕeffort physique intense et brutal et de la mobilitŽ articulaire, par exemple. Nous allons y revenir. DÕautres effets, enfin, sont susceptibles dÕinfluencer indirectement lÕŽvolution des douleurs articulaires :
1. La fragilisation du syst•me dÕŽquilibration du corps ; cette fragilisation peut se traduire par la nŽcessitŽ dÕaugmenter lÕaire du polygone de sustentation20. Une situation qui ne permettrait pas cette adaptation sÕaccompagnerait dÕune augmentation des contraintes posturales ressenties (Marcelin, 1989) et donc des risques de dŽsagrŽments musculo-squelettiques.
2. La diminution de la performance des deux principales modalitŽs sensorielles de prise dÕinformation, la vision et lÕaudition, les autres Žtant peu affectŽes au cours de la vie active ; or, la diminution de la vision peut sÕaccompagner de lÕadoption de postures en dehors des zones de confort (par exemple, penchŽ en avant) et ainsi dÕune sollicitation accrue du rachis.
3. La fragilisation du sommeil et de la rŽgulation veille-sommeil surtout lors des perturbations du rythme circadien (Queinnec, Gadbois et Pr•teur, 1995) ; la fragilisation du sommeil pourrait alors sÕaccompagner dÕune diminution de la capacitŽ ˆ rŽcupŽrer physiquement des efforts de la journŽe de travail,
4. Le ralentissement du traitement de lÕinformation et donc des dŽcisions (MarquiŽ, Paum•s et Volkoff, 1995), qui sÕexplique en partie par le dŽveloppement de comportements de prudence, de vŽrification, et rend les contraintes de temps sŽv•res et rigides de plus en plus difficiles ˆ respecter avec lÕ‰ge ; or la littŽrature nous apprend par ailleurs que les contraintes temporelles sont un facteur de risque TMS majeur.
20 Surface virtuelle comprise entre les points dÕappui ˆ lÕintŽrieur de laquelle doit se projeter le centre de gravitŽ pour quÕil nÕy ait pas dŽsŽquilibre et chute.
5. La sensibilitŽ tactile. Cette derni•re provient de mŽcanorŽcepteurs activŽs par des pressions mŽcaniques exercŽes sur la peau. Millanvoye (1995) explique que la sensibilitŽ tactile diminue rŽguli•rement avec lÕ‰ge, tant par la perte de sensibilitŽ des rŽcepteurs que par la rigidification progressive des tissus qui les entourent. Cette baisse de la sensibilitŽ tactile (10 ˆ 20%, selon Thornbury et Mistretta, 1981) touche environ 60% de la population ˆ lÕ‰ge de 60 ans. Il resterait malgrŽ tout ˆ vŽrifier si la sensibilitŽ tactile rŽgule la force exercŽe pour rŽaliser une opŽration et si une baisse de sensibilitŽ serait suffisante pour provoquer une sur-sollicitation du syst•me ostŽo-musculaire en situation de travail.
6. Une moindre efficacitŽ des processus de thermorŽgulation. Notre syst•me de protection contre la chaleur et le froid (les parties vitales de notre corps devant rester ˆ 37¡C) repose en partie sur la modification de lÕirrigation en sang de la surface cutanŽe. Les mŽcanismes de rŽgulation de la distribution sanguine, nŽcessaires ˆ lÕexercice physique en environnement chaud ou froid, baissent dÕefficacitŽ entre 20 et 65 ans (Inoue et al., 1992 ; Richardson, Tyra et Mac Cray, 1992). Or le froid, limitant la lubrification des articulations, est un facteur de risque indirect de TMS, que lÕ‰ge semble accentuer.
Cependant, les Žtudes sur le vieillissement montrent lÕexistence dÕune variabilitŽ importante en ce domaine entre les individus. Cette variabilitŽ incite les chercheurs ˆ rŽduire le champ de leurs travaux et donc ˆ morceler les recherches (Millanvoye, 1995). Nous souhaitons donc prŽciser que le dŽcoupage des capacitŽs de lÕhomme effectuŽ ci-dessus (et dans les lignes suivantes) refl•te les divisions existantes des domaines scientifiques le concernant. Cette division fonctionnelle reste artificielle, dans le sens o• lÕHomme est composŽ dÕun tout dans lequel chaque organe est sollicitŽ en permanence. Millanvoye (1995) lÕexplique : Ç Compte tenu de lÕimportante interconnexion des domaines nerveux, hormonal et mŽtabolique, toute modification locale de fonctionnement, tant mentale quÕorganique, a fatalement une consŽquence finale sur le fonctionnement dÕensemble de lÕorganisme È.
Comme nous lÕavons annoncŽ ci-dessus, il semble utile de revenir plus finement sur certains des effets du vieillissement sur lÕorganisme. Nous proposons une description des syst•mes prŽsentant un lien important avec le travail et les TMS : les syst•mes effecteurs ou supports de lÕeffection, cÕest-ˆ-dire les muscles, le squelette et les articulations. Nous nous bornerons ˆ un exposŽ rapide des Žvolutions avec lÕ‰ge et des consŽquences de ces Žvolutions sur la survenue ou lÕaggravation des TMS.
Le vieillissement musculaire
Description Ð Fonction :
Egalement appelŽs muscles rouges ou muscles squelettiques, les muscles striŽs sont composŽs d’un grand nombre de longues fibres Žlastiques qui se contractent et s’Žtirent gr‰ce aux myofibrilles (filaments Žpais de myosine et fins d’actine). Ces fibres forment des faisceaux qui eux-m•mes sont regroupŽs en gros faisceaux enveloppŽs dans un tissu conjonctif (aponŽvrose) o• passent des nerfs et des vaisseaux sanguins. Ils se terminent, ˆ leur extrŽmitŽ, par un tendon qui sÕins•re au niveau des os. Les muscles striŽs sont :
– Žlastiques : ils peuvent s’allonger et reprendre leur longueur
– excitables : par une stimulation comme l’influx nerveux, sensibles ˆ la chaleur, ˆ la douleur…
– contractiles : apr•s stimulation, leur longueur se rŽduit et leur diam•tre augmente (flexion, extension)
– toniques : ils sont dans un Žtat de tension lŽg•re et constante
Les muscles striŽs squelettiques exercent 4 fonctions :
– le maintien de la posture, autrement appelŽ rŽflexe myotatique
– la production de mouvements
– la stabilisation des articulations
– le dŽgagement de chaleur
Age et force musculaire :
Une fois atteint son dŽveloppement maximal vers lÕ‰ge de 25 ans, le muscle ne perd que peu de ses performances jusquÕˆ lÕ‰ge de 40-50 ans, ˆ la suite de quoi la perte de force musculaire sÕaccŽl•re : la force musculaire dŽcro”t de 12 ˆ 25%, selon les Žtudes, entre 45 et 65 ans (Marieb et Hoehn, 2010).
La baisse de force musculaire semble •tre plus importante dans les membres infŽrieurs que dans les membres supŽrieurs : la variation de la force exercŽe par le muscle triceps sural (muscle de membre infŽrieur) entre 26 et 71 ans atteint 40% alors que dans le m•me temps, celle des flŽchisseurs du coude nÕatteint que 20% (Mac Donagh et al., 1984).
Age et activitŽ enzymatique des fibres :
LÕactivitŽ enzymatique des fibres est synonyme du changement (en gŽnŽral ˆ la baisse) de leur fonctionnement. Ce nÕest quÕapr•s 60-65 ans que les Ç pertes È de fibres deviennent plus massives et que la masse musculaire tend ˆ se rŽduire, avec une baisse notable des possibilitŽs dÕexercice musculaire et baisse des possibilitŽs de gradation de celui-ci (Millanvoye, 1995).
Age et endurance :
Il semble quÕil y ait peu de modifications introduites par lÕ‰ge dans la relation (Žtablie chez des sujets jeunes) entre lÕendurance musculaire, cÕest-ˆ-dire la durŽe pendant laquelle lÕeffort musculaire peut •tre maintenu, et le pourcentage de la force maximale exercŽe (Aoyagi et Shepard, 1992). Une Žtude de Deeb, Drury et Pendergast, (1992) montre m•me une endurance plus ŽlevŽe de sujets ‰gŽs de 50 ˆ 59 ans par rapport ˆ un groupe de rŽfŽrence ‰gŽ de 20 ˆ 29 ans, pour lÕexercice de forces infŽrieures ˆ 80% de la force maximale.
Age et entra”nement :
Laville (1989) pose la question des effets du travail vus comme un entra”nement sportif sur les Žvolutions des capacitŽs fonctionnelles des travailleurs. Les auteurs dÕune Žtude sur des rats ont conclu que lÕentra”nement avait des effets positifs seulement chez les sujets jeunes, et que lÕ‰ge pouvait affecter la capacitŽ des muscles squelettiques ˆ sÕadapter ˆ une charge rŽpŽtitive (Cutlip et al. 2006) : suite ˆ des exercices rŽguliers et modŽrŽs, les muscles des rats jeunes sÕhypertrophient et ces derniers amŽliorent leurs performances, tandis que la performance des vieux rats diminue significativement, et sÕaccompagne dÕune rŽponse musculaire inflammatoire. Or, chez lÕHomme au travail des Žtudes nuancent ce rŽsultat (ClŽment, Cendron et Housset, 1968 ; Berta, 1985), argumentant quÕon ne peut pas assimiler lÕentra”nement dÕun sportif (ou les exercices imposŽs ˆ un rat) ˆ lÕ Ç entra”nement È produit par lÕactivitŽ professionnelle, au moins sur le plan physiologique strict.
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Table des matières
Introduction
1.! Une réelle épidémie ?
1.1! La première cause de Maladie Professionnelle en Europe et en France
1.2! L’ampleur des sous déclarations
1.3! Une maladie invalidante pour les organisations ?
2.! Peut-on envisager un recul « naturel » de l’épidémie ?
2.1! Des phénomènes démographiques préoccupants
2.2! La persistance des pénibilités physiques
3.! Appréhender la genèse des TMS dans un continuum ?
Première partie Fondements et orientations d’une approche diachronique des TMS
1.! Le travail manuel, à l’épreuve des évolutions dans les systèmes de production industriels.
1.1! La persistance de contraintes physiques
1.2! Les racines du travail ouvrier de type industriel
1.3! Les nouveaux modèles organisationnels dans les ateliers de fabrication
1.4! Les caractéristiques générales du productivisme réactif
1.5! Evolutions et persistances des systèmes organisationnels de production : les dimensions retenues
2.! Les évolutions des travailleurs au fil du temps : quels liens travail, âge et TMS ?
2.1! Quelques repères extraits de grandes enquêtes.
2.2! Vieillissement et évolution de l’état fonctionnel
2.3! Quels liens entre travail, âge et TMS ? Le point de vue de l’épidémiologie
2.4! Les processus de vieillissement, les TMS et leurs relations avec le travail. Apports de l’ergonomie de l’activité
3.! Les décours temporels des TMS : des affections polymorphes dans le temps
3.1! Décours temporels des TMS ; les apports de l’enquête ESTEV
3.2! Suivi longitudinal annuel des TMS-MS : une labilité temporelle forte.
4.! Une lecture diachronique des dynamiques temporelles des relations TMS-travail
4.1! Inscrire la santé dans un parcours
4.2! Des relations complexes et enchevêtrées
5.! Capter les aspects diachroniques des TMS : l’opportunité des approches combinées
5.1! Développements des approches combinées
5.2! Quelques exemples dans le champ santé/travail
6.! Portée et modalités d’une analyse diachronique de la genèse et de l’évolution des troubles musculo-squelettiques
Deuxième partie Terrain d’intervention et données recueillies
7.! Terrain d’intervention et présentation du projet
7.1! L’établissement Aéro E2
7.2! Une problématique de santé au travail à plusieurs niveaux
8.! Méthodologie générale et posture de recherche
8.1! Paradigme d’approche de notre terrain de recherche
8.2! Méthodologie de recueil de données
9.! Les sources de données
9.1! Le dispositif EVREST
9.2! Quelles exploitations d’EVREST dans le cadre de cette recherche ?
9.3! Les observations de terrain
9.4! La conduite d’entretiens diachroniques
9.5! Analyse des processus de reclassement pour cause de problème ostéo-articulaire
Troisième partie Analyse des données
10.! Mécanismes de régulation des astreintes
10.1! Trois familles de régulations mises à jour par l’analyse de l’activité
10.2! Les possibilités de régulations appréhendées dans l’observatoire EVREST
10.3! Principaux enseignements sur ce chapitre : les marges de manœuvre permettent-elles de limiter la survenue des douleurs, ou de mieux leur faire face ?
11.! Processus d’usure au travail, parcours professionnel et cumul d’astreintes
11.1! Approcher l’usure par une analyse des évolutions du travail passé
11.2! Les traces des astreintes répétées ou prolongées selon EVREST
11.3! Principaux enseignements de ce chapitre
12.! Phénomènes de sélection, mise à l’abri
12.1! Une analyse croisée entre parcours professionnels et évolution de la santé
12.2! Les douleurs articulaires préservent-elles des astreintes ensuite ? Une réponse par EVREST
12.3! Principaux enseignements de ce chapitre
Quatrième partie Apports et limites des analyses diachroniques pour la compréhension des troubles musculo-squelettiques, pour l’intervention en ergonomie – 285!
13.! Lecture des résultats sous l’angle méthodologique
13.1! Les principaux outils exploités
13.2! Regard transversal sur ces outils
14.! Une lecture diachronique des TMS pour transformer ; en quoi la compréhension du passé est utile à l’ergonomie ?
14.1! Compréhension et prise en charge des TMS dans ce secteur d’activité
14.2! Re-questionner les relations santé-travail ?
Conclusion
1. Des actions de terrain à poursuivre
– Evolution des organisations, impacts des changements : risques et marges de manœuvre du Lean
– Les processus de mise à l’abri – comment proposer des parcours professionnels favorables ?
– Concevoir des outils pour construire, alimenter et exploiter la mémoire de l’entreprise 308!
2. Perspectives de formation des ergonomes
Références
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