Fondements de la politique monétaire

L’inflation

Le taux d’inflation est l’un des éléments les plus importants à prendre en compte lorsque l’on parle de taux directeur. La raison à cela est assez évidente lorsque l’on se réfère aux mandats des banques centrales. L’inflation est un outil qui permet de mesurer la valeur d’une devise par rapport à un panier comportant des biens et services. Il est alors établi un « panier de la ménagère » qui va être fixe dans le temps afin qu’il puisse être comparé d’années en années. On peut donc confronter différentes années en fonction de ce qu’un ménage pourrait acheter avec un certain montant de francs suisse, on parle alors de pouvoir d’achat. Un taux d’inflation positif signifie que les prix des biens et services ont augmenté, ce qui permet aux entreprises d’engranger plus de bénéfices, d’investir, créer de l’emploi et augmenter les salaires. Cependant, un taux d’inflation trop élevé pourrait créer une surchauffe de l’économie.

En effet, le niveau de salaire étant plus lent à s’ajuster par rapport à l’augmentation des prix, les ménages n’auraient plus les moyens d’acquérir des biens et services et les entreprises engrangeraient par conséquent moins de bénéfices. Un taux d’inflation négatif, aussi appelé déflation, signifie au contraire que les prix baissent. Dans ce cas-là, les entreprises voient leurs recettes diminuées, alors que leurs dettes augmentent. En effet, le taux d’intérêt de la dette ne s’ajuste pas automatiquement à la déflation, ce qui signifie qu’à taux d’intérêt équivalent, les entreprises auront moins de recettes pour payer leurs dettes, incitant les entreprises à baisser d’avantage leurs prix afin d’écouler plus de stocks. Le risque de défaut des entreprises, et par la même occasion celui des banques, devient alors de plus en plus conséquent. Afin de contrôler ce taux d’inflation, les banques centrales ont la possibilité de faire fluctuer leur taux d’intérêt directeur. Celui-ci va conditionner les taux que vont appliquer les banques commerciales à leurs clients. Plus il est élevé, moins il y aura de monnaie en circulation, étant donné qu’il sera plus difficile pour les clients d’accéder aux crédits. Plus le taux est faible, plus il y aura de monnaie en circulation étant donné que l’accès au crédit est facilité.

Consommation des ménages

En Suisse, le taux d’inflation moyen est passé de 0.7% à -0.5% entre 2007 et 2009. Il est même descendu à -1.1% en 2015, incitant la BNS à abaisser son taux directeur à -0.75% pour la même période, en addition à l’abandon du taux plancher. C’est la première fois depuis 1956 que le taux d’inflation moyen s’est retrouvé aussi bas en Suisse. Afin de pouvoir expliquer cela, et donc l’introduction du taux d’intérêt négatif, il faut mesurer le climat de consommation en Suisse. L’indice de ce dernier est mesuré par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) et il est illustré par la figure 1. Depuis la crise des subprimes, cet indice s’est toujours retrouvé en négatif, mis à part un pic entre 2010 et 2011, avant que la crise de la dette publique ne touche l’Europe et ne surévalue le franc suisse, ainsi qu’un très court instant entre la fin d’année 2013 et le début d’année 2014. Figure 1 : Indice du climat de consommation (Source : SECO 2016)

Cela signifie que la consommation des ménages n’a pas su retrouver avec stabilité son niveau d’avant crise de 2008, et qu’elle n’a donc pas permis aux entreprises d’engranger suffisamment de profits pour relancer à la fois l’inflation et la croissance en Suisse. Elle est cependant primordiale pour permettre aux entreprises d’augmenter leurs investissements et les salaires de leurs employés. Ces derniers auront donc à leur tour un plus grand pouvoir d’achat et pourront alors se permettre de consommer davantage. Après la crise, à cause des incertitudes qui planaient autour de l’économie suisse, les ménages préféraient mettre leur argent en lieu sûr (compte d’épargne ou cash) plutôt que de consommer ou d’investir dans les marchés. Aujourd’hui, il semblerait que la consommation des ménages retrouve de la vigueur, avec une augmentation de 1.2% en 2016. La valeur de l’indice reste au-dessus de la moyenne constatée depuis 2008, malgré une petite baisse en ce début d’année 2017.

Les taux de change

L’importance des taux de change n’a cessé de croître durant ces dernières années. La raison principale à cet augmentation est l’ouverture des économies au commerce mondial. Une économie refermée sur elle-même, tel qu’on pourrait l’imaginer dans des pays très peu développés ou sous régime protectionniste, s’importent peu de la valeur de leur monnaie par rapport à d’autres, car il n’y a pas d’échanges qui s’effectuent. Cependant, dans une économie ouverte, comme c’est le cas dans la majorité des pays développés, la balance commerciale de chacun se fait entre les importations et les exportations. Or, plus un pays est dépendant de sa balance commerciale (quant à son volume), plus l’impact de changements de valeur de sa devise par rapport à d’autres devises, notamment celles avec lesquelles il commerce, vont être importants. La Suisse fait figure de parfait exemple dans ce domaine. C’est un petit pays qui concentre beaucoup de richesses, notamment grâce à ses exportations.

A titre de comparaison, en 2016, la Suisse a présenté un excédent commercial de 37.33 milliards de francs suisses, c’est-à-dire qu’elle a exporté plus que ce qu’elle n’a importé. En France, la balance commerciale est déficitaire depuis 2004, et a enregistré un déficit de 48.1 milliards d’euros en 2016. Selon un récent rapport de la Confédération suisse, son principal partenaire commercial est évidemment l’Union Européenne, comptant pour 53.75% des exportations de marchandises. Cela laisse entrevoir l’importance de la paire EUR/CHF vis-à-vis du commerce extérieur et de la stabilité économique en Suisse. Depuis l’abandon du taux plancher en janvier 2015 qui maintenait le franc suisse à 1.20 pour un euro, le franc n’a cessé de se fortifier pour se stabiliser aux alentours de 1.07. Cela a été un coup dur pour les sociétés exportatrices, qui ont vu leurs bénéfices décroitre. Cela amène donc l’économie suisse à entrer dans un cycle de déflation, véritable menace pour son économie. Face au franc fort, la Banque nationale suisse a donc décidé de baisser drastiquement son taux d’intérêt directeur à un taux négatif de 0.75%. Le but est de décourager les banques à détenir des fonds auprès de la BNS et donc à les exporter, c’est-à-dire échanger du franc suisse contre une autre devise, ou à les investir dans l’économie, dans le but de dévaluer la monnaie et relancer l’inflation.

Politique monétaire de la BNS, but du taux d’intérêt négatif

Suite à la crise des subprimes de 2008, les investisseurs se sont tournés massivement vers des placements sûrs. Le franc suisse étant considéré comme une valeur refuge, il s’est apprécié très fortement à ce moment-là. Depuis le printemps 2009, la Banque nationale suisse a décidé d’intervenir sur le marché des changes afin de lutter contre l’appréciation du franc. Il s’est alors stabilisé par rapport à l’euro aux alentours de 1.50 franc contre un euro. « Au printemps 2010, les tensions sur les marchés financiers se sont de nouveau brutalement accrues à la suite de la crise de la dette grecque » (Maechler 2016, p. 3), ce qui a conduit une nouvelle fois les investisseurs à privilégier les placements sûrs et par conséquent le franc suisse. Les pressions ont été de plus en plus fortes et ont contraint la BNS à instaurer, en septembre 2011, le cours plancher de 1.20 franc pour un euro. Pendant plus de trois ans, il a permis à l’économie suisse de s’adapter en stabilisant la situation monétaire. Au 14 mars 2013, La BNS estimait que l’appréciation du franc suisse, qui s’échangeait à 1,20 franc pour un euro grâce au taux plancher, menaçait la stabilité des prix et allait avoir de graves répercussions sur l’économie suisse. Il est intéressant de noter qu’à cette période, suite à une proposition de la Banque nationale, le Conseil fédéral a activé un volant anticyclique de fonds propres afin de contraindre les banques à en détenir plus pour « couvrir les prêts hypothécaires servant à financer l’immobilier résidentiel en Suisse » (BNS, 2013). Ils estimaient alors qu’il existait des déséquilibres sur les marchés hypothécaires et immobiliers suisse.

Le 18 décembre 2014, la Banque nationale suisse a instauré un taux d’intérêt négatif de l’ordre de 0.25% sur les avoirs en comptes de virement. Ce taux n’était alors appliqué qu’aux sommes supérieures à 20 fois leurs réserves minimales légales. Cette mesure avait pour but de soutenir le taux plancher et donc éviter une appréciation du franc encore plus importante. Le 15 janvier 2015 marque un tournant de la politique monétaire de la Banque nationale suisse. En effet, c’est non seulement la date de l’abandon du taux plancher, mais aussi de l’abaissement de « 0,5 point le taux d’intérêt appliqué aux avoirs de comptes de virement qui dépassent un certain montant exonéré, le fixant à -0.75% » (BNS, 2015). Elle a alors réaffirmé sa volonté de fixer sa politique monétaire en fonction du marché des changes, estimant que le franc était nettement surévalué. L’abaissement du taux d’intérêt a aussi permis de contrer un renforcement de l’excédent de liquidités dans le système bancaire, en rendant les placements en francs moins attrayants. Selon une note concernant le prélèvement d’un intérêt négatif sur les avoir en compte de virement, le montant exonéré, c’est-à-dire le montant à partir duquel un titulaire de compte auprès de la BNS sera impacté par le taux d’intérêt négatif, est toujours fixé pour chaque banque à 20 fois le montant des réserves minimales que celle-ci doit détenir auprès de la BNS. Celui-ci est prélevé depuis le 22 janvier 2015.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
1. Introduction
2. Fondements de la politique monétaire
2.1 L’inflation
2.1.1 Consommation des ménages
2.1.2 Inflation dans le monde
2.2 Les taux de change
2.3 La croissance économique
2.4 Politique monétaire de la BNS, but du taux d’intérêt négatif
2.5 Bilan de la BNS
3. Courbe des taux
3.1 La théorie des anticipations (Lutz)
3.2 Théorie de la préférence pour la liquidité (Hicks)
3.3 Courbe des taux suisse
4. Consensus
5. Hypothèse
6. Retombées sur les clients
6.1 Effets positifs
6.2 Effets négatifs
7. Stratégies envisageables pour les banques suisses
7.1 Diminution des coûts et nouveaux investissements
7.1.1 Diminution des charges salariales
7.1.2 Externalisation de prestations
7.1.3 Investissements dans le numérique
7.1.4 Automatisation et industrialisation
7.1.4.1 Fintechs
7.1.4.2 Cryptofinance et blockchain
7.1.4.3 Réduction des risques opérationnels
7.2 Situation des Banques privées
7.2.1 Lombard Odier & Co Ltd
7.2.2 Pictet & Cie
7.2.3 Edmond de Rothschild
7.2.4 Union Bancaire Privée
7.3 Différents types de modèles d’affaires
7.3.1 Trusted advisor
7.3.2 Product leader
7.3.3 Transaction champion
7.3.4 Managed Solution provider
7.3.5 Universal bank
8. Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Graphique EUR/CHF historique
Annexe 2 : Graphique USD/CHF
Annexe 3 : Graphique GBP/CHF
Annexe 4 : Perspectives économiques d’analystes financiers
Annexe 5 : Comparatif des coûts de comptes bancaires
Annexe 6 : Campagne de pub 2017 / Intelligence artificielle
Annexe 7 : Campagne de pub 2017 / Chine
Annexe 8 : Interview de Philippe Borcard, gestionnaire Sous-Directeur au sein de Lombard Odier
Annexe 9 : Interview d’Amanda Torgler, trésorière à Lombard Odier

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