Fondements de la consommation collaborative
Economie du partage
ยซ An economic model based on sharing underutilized assets from spaces to skills to stuff for monetary or non-monetary benefits. It is largely focused on peer-to-peer marketplaces. ยป Botsman 2013 Lโรฉconomie du partage est une approche de la consommation collaborative. Comme son nom lโindique, elle est axรฉe sur le partage de biens et de services, dont le taux de non-utilisation permet dโen tirer un certain profit. Elle est principalement axรฉe sur les รฉchanges de pair ร pair (peer-to-peer). La figure 1 permet dโobtenir un aperรงu visuel de la relation รฉtroite qui lie lโรฉconomie collaborative, la consommation collaborative et lโรฉconomie du partage. Figure 1 : graphique des dรฉfinitions BOTSMAN Rachel, Collaborative Lab, 2013 Si les trois termes dรฉfinis ci-dessus prรฉsentent des diffรฉrences, ils convergent aussi vers certaines idรฉes communes. Tout dโabord, tous trois favorisent une redistribution du pouvoir ร un grand nombre dโindividus, tout en diminuant la puissance des grandes institutions.
Cela a pour consรฉquence de modifier le rรดle que joue le consommateur dans lโรฉconomie. Il nโest plus uniquement un consommateur passif, il devient un acteur de son รฉconomie, ร la fois crรฉateur, producteur et financeur au sein de celle-ci. De plus, ces trois termes ont pour but dโamรฉliorer la consommation faite des ressources ร notre disposition. En mettant en relation les besoins de certaines personnes avec les avoirs dโautres, lโรฉconomie collaborative, la consommation collaborative et lโรฉconomie du partage permettent une efficience dans notre maniรจre de consommer. Cela est rendu possible dโune part par les technologies actuelles, dโautre part par la nรฉcessitรฉ de trouver des solutions pour faire face aux rรฉalitรฉs รฉconomiques et environnementales du monde actuel. Le tout passant par une redรฉfinition de la maniรจre de travailler, de voyager, de consommer et de vivre. Afin de mieux cerner les tenants et aboutissants qui permettent dโรฉtablir les dรฉfinitions mentionnรฉes ci-dessus, il est intรฉressant de se pencher sur les principes et les diffรฉrents systรจmes de consommation collaborative. Ceux-ci seront dรฉveloppรฉs dans les points 2.3 et 2.4 suivants.
Le systรจme produit-service (Product Service Systems [PSS]) Ce systรจme dโรฉconomie du partage fait prรฉvaloir lโutilisation sur la possession. Il est le plus souvent basรฉ sur une forte capacitรฉ inactive dโun produit, ce qui permet de le mettre ร disposition dโautres individus de maniรจre ponctuelle, le produit devient un service. La valeur dโun produit ne rรฉside pas dans ses attributs matรฉriaux, mais dans lโutilisation quโil est possible dโen faire et de ce quโun individu peut retirer de cette utilisation. Ce systรจme de consommation propose divers avantages, tant pour la personne mettant ร disposition un produit (peer provider) que pour la personne en faisant lโusage (peer user). Pour ce dernier, le PSS lui offre la possibilitรฉ dโuser dโun bien sans avoir ร se soucier des รฉventuels coรปts de maintenance de celui-ci. De plus, en nโayant pas la nรฉcessitรฉ dโacheter le bien pour jouir de sa fonctionnalitรฉ, le peer user รฉlargit ainsi lโรฉventail de ses options dans le but de satisfaire ses besoins. Le PSS est lโoccasion pour le peer provider de tirer parti de la valeur inactive de son produit, que ce soit pour en retirer une contrepartie monรฉtaire ou non-monรฉtaire. Le revers de la mรฉdaille dโun tel procรฉdรฉ est lโaccรฉlรฉration du vieillissement du bien. Cet aspect nรฉgatif peut cependant รชtre contrรฉ par le peer provider en revoyant ร la hausse la contrepartie quโil percevra du peer user pour lโutilisation du bien en question. Le Product Service System dรฉpend donc principalement du pouvoir de la capacitรฉ inactive dโun bien ainsi que de la confiance qui peut se crรฉer entre les peer providers et les peer users. Afin dโattirer un nombre important dโutilisateurs, un tel systรจme se doit donc dโรชtre pratique ร lโusage, sรฉcurisรฉ et รฉvidemment avantageux รฉconomiquement, tant pour le peer user que pour le peer provider.
Les marchรฉs de redistribution (Redistribution Markets)
Ce systรจme de consommation collaborative se base sur le fait que le gaspillage nโexiste pas. Si un certain bien nโa plus de valeur pour un individu, cela signifie que ce bien est peut-รชtre au mauvais endroit, mais quโune autre personne pourrait รชtre tout ร fait intรฉressรฉe par ce mรชme bien, ร priori sans intรฉrรชt pour le propriรฉtaire actuel. Les entreprises basรฉes sur les redistribution markets encouragent les utilisateurs ร รฉchanger ou redistribuer les produits quโils ne jugent plus nรฉcessaires, plutรดt que de les jeter. Les marchรฉs de redistribution sโinscrivent dans le cadre plus gรฉnรฉral de lโamรฉlioration du cycle de vie des produits, basรฉ sur les ยซ cinq R ยป : rรฉduire, recycler, rรฉutiliser, rรฉparer et redistribuer. Le rรฉseau quโoffre Internet aujourdโhui permet de mettre en relation facilement les besoins et dรฉsirs dโune personne avec un objet devenu indรฉsirable par une autre, cela se nomme la double coรฏncidence des besoins9. Dans lโรจre prรฉ-internet, la redistribution ne pouvait avoir lieu quโau sein du cercle proche dโun individu, cโest-ร -dire sa famille, ses amis et ses collรจgues. Aujourdโhui, la redistribution est possible ร une รฉchelle mondiale, et ce de maniรจre quasi instantanรฉe. De plus, lโimpact รฉcologique des redistribution markets est grandement positif, il permet de prolonger la durรฉe de vie dโun bien et ainsi de limiter la production de biens nouveaux. Cela a nรฉcessairement un impact profitable vis-ร -vis de la consommation des ressources liรฉes ร la production dโun produit neuf. Citons ici des plateformes de ventes telles que eBay ou, plus proches de nous, ricardo.ch ou anibis.ch.
Si le PSS a tendance ร gรฉnรฉrer de nouvelles transactions financiรจres entre individus, les marchรฉs de redistribution sont plus propices ร un comportement altruiste. Bien quโune rรฉtribution monรฉtaire ne soit pas exclue dans les redistribution markets, lโimpact positif que ceux-ci offrent aux parties prenantes de la transaction ne peut se mesurer uniquement en termes financiers. Dโune part la redistribution de biens prรฉsente un apport en termes de capital social. Elle permet de mettre en relation des personne qui, ร priori, ne se seraient pas rencontrรฉes auparavant. Ce type dโรฉchange permet de faire rentrer les utilisateurs des marchรฉs de redistribution dans un รฉtat dโesprit commun vis-ร -vis de leur maniรจre de consommer, ayant pour consรฉquence la crรฉation dโune communautรฉ partageant les mรชmes valeurs. Dโautre part, le dรฉpartement amรฉricain de la santรฉ a menรฉ une รฉtude10 dรฉmontrant que lorsquโune action altruiste est menรฉe, certaines zones cรฉrรฉbrales de lโauteur sont activรฉes, comme par exemple la zone associรฉe au plaisir รฉgoรฏste ainsi que la zone rรฉservรฉe ร lโattachement. Une action altruiste a donc un impact positif sur le bien-รชtre psychologique de lโindividu qui en est ร lโorigine. Les marchรฉs de redistribution sont particuliรจrement adaptรฉs pour les objets quโune personne utilise pour satisfaire un besoin passager, comme un livre par exemple. Un livre perd de la valeur auprรจs de son propriรฉtaire aprรจs quโil ait รฉtรฉ lu. Il est en effet relativement rare que le livre soit lu une deuxiรจme fois.
Les modes de vie collaboratifs (Collaborative Lifestyles) Ce systรจme de collaboration est certainement le moins tangible des trois systรจmes prรฉsentรฉs ici, puisquโil ne repose pas sur des รฉchanges ou des donations de biens physiques ou de services. Ce sont donc des biens intangibles qui sont partagรฉs, comme par exemple des compรฉtences, du temps ou encore de lโespace. Malgrรฉ cela, il peut รชtre vu par certains comme รฉtant un systรจme de partage se rapprochant du troc. Ce mode de consommation collaborative repose principalement sur la crรฉation dโune communautรฉ basรฉe sur des valeurs et un รฉtat dโesprit communs. La confiance est donc le point essentiel pour quโun mode de vie collaboratif puisse se dรฉvelopper. Les monnaies locales telles que Le Lรฉman sโinscrivent dans ce type de consommation collaborative. Dโautres services bien connus tels que CouchSurfing ou encore les espaces de coworking sont aussi des modes de vie collaboratifs.
Illustration des modes de vie collaboratifs : lโexemple du coworking Les espaces de coworking sont des lieux mettant ร disposition des espaces de travail pour les indรฉpendants ou les entreprises. Les bureaux sont louรฉs ร la journรฉe, parfois ร la demi-journรฉe, voire ร lโheure et les services de base tels que lโaccรจs ร Internet, ร la machine ร cafรฉ ou ร une imprimante sont le plus souvent compris dans le prix de la location journaliรจre. Si de premier abord, ces lieux peuvent sembler รชtre de simples bureaux partagรฉs, il sโavรจre quโils reprรฉsentent bien plus que cela pour les personnes qui les frรฉquentent. Selon le 2017 Global Coworking Survey11 menรฉ par le magazine Deskmag, 79% des coworkers considรจrent que leur espace de coworking leur offre davantage quโun simple espace de travail partagรฉ. En effet, prรจs de 3 coworkers sur 4 disent avoir collaborรฉ au moins une fois avec un autre coworker dans les 12 derniers mois. Dans la plupart des cas, il sโagit de collaborations mineures, cependant 11% de ces collaborations ont menรฉ ร la crรฉation dโune entreprise entre les deux coworkers. Ces collaborations et ces synergies sโexpliquent par plusieurs facteurs. Tout dโabord, les espaces de coworking sont animรฉs par des ยซ concierges ยป qui connaissent lโactivitรฉ de chacun des coworkers. Lorsquโun nouvel arrivant fait son apparition dans lโespace de coworking, le concierge le prรฉsente aux membres existants. Ainsi, la glace est brisรฉe et le prochain contact sera plus facile ร prendre pour les personnes concernรฉes. Par ailleurs, ces lieux sont aussi lโoccasion de rassembler des individus qui ne se seraient pas rencontrรฉs par dโautre moyens. Cโest par ces procรฉdรฉs simples quโune communautรฉ soudรฉe peut voir le jour.
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Table des matiรจres
Dรฉclaration
Remerciements
Rรฉsumรฉ
Liste des tableaux
Liste des figures
1. Problรฉmatique
2. Fondements de la consommation collaborative
2.1 Contexte
2.2 Dรฉfinitions
2.2.1 Economie collaborative
2.2.2 Consommation collaborative
2.2.3 Economie du partage
2.3 Quatre principes de la consommation collaborative
2.3.1 La masse critique
2.3.2 Le pouvoir de la capacitรฉ inactive
2.3.3 La foi en les biens communs
2.3.4 La confiance entre les individus
2.4 Trois systรจmes de consommation collaborative
2.4.1 Le systรจme produit-service (Product Service Systems [PSS])
2.4.2 Les marchรฉs de redistribution (Redistribution Markets)
2.4.3 Les modes de vie collaboratifs (Collaborative Lifestyles)
2.5 Quโest-ce qui est partagรฉ et qui participe ?
2.6 Impacts รฉconomiques de la consommation collaborative
2.6.1 Modification de lโimpact du capital
2.6.2 Impact sur les รฉconomies dโรฉchelle
2.6.3 Lโaugmentation de la variรฉtรฉ de choix provoque une augmentation de la consommation
2.6.4 La dรฉmocratisation des opportunitรฉs
3. Situation du marchรฉ des locaux de musique ร Genรจve
3.1 Mรฉthodologie
3.2 Analyse des rรฉsultats
3.2.1 Population
3.2.2 Propriรฉtaires, locataires et musiciens sans local de rรฉpรฉtition
3.2.3 Montant des loyers et occupation des locaux
3.2.4 Intรฉrรชt pour le partage
4. Appliquer les avantages de lโรฉconomie du partage au marchรฉ des locaux de musique
4.1 Solution A : le systรจme produit-service (PSS) appliquรฉ au marchรฉ des locaux de musique ร Genรจve
4.2 Solution B : Le mode de vie collaboratif appliquรฉ au marchรฉ des locaux de musique ร Genรจve
4.3 Comparaison des solutions A et B โ recommandation
5. Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Motivations
Annexe 2 : Architecture du sondage
Annexe 3 : comparaison des solutions A et B
Annexe 4 : compte rendu dโune journรฉe dans lโespace de coworking de La
Serre ร Lausanne, le 29 juin 2017. Rencontre avec Yann Heurtaux.
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