Fonctionnement et objectifs d’un CAMSP

Fonctionnement et objectifs d’un CAMSP

Les Centres d’Action Médico-Sociale Précoce sont créés par la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées de 1975. Selon l’Agence Nationale de l’Evaluation et de la Qualité des Etablissements et Services sociaux et Médico-sociaux (ANESM), ils « ont pour vocation la prise en charge des enfants de 0 à 6 ans en situation de handicap ou présentant un risque de développer un handicap » (ANESM, 2014, p. 5). Puis les objectifs ont été définis par le décret du 15 avril 1976. Initialement au nombre de cinq, un sixième objectif a été rajouté par la suite. L’ANESM (2014, p. 6) les liste comme ceci :
• « le dépistage et le diagnostic précoce des déficits et des troubles;
• la prévention ou la réduction de l’aggravation des handicaps;
• les soins;
• l’accompagnement familial;
• le soutien, l’aide et l’adaptation sociale et éducative
• la formation et l’information auprès des partenaires » .

Ainsi, les CAMSP sont présents avant tout pour une prise en charge globale de l’enfant, au sein d’une équipe pluridisciplinaire, avec un service de proximité géographique et dans une approche holistique de la personne humaine. Et cela est d’autant plus important à cet âge de la petite enfance qui est une « phase d’édification, de développement, et même de développement rapide, et cela aussi bien sur le plan physique que sur celui de la construction de la personnalité, de l’établissement des liens familiaux et des relations sociales ». (Salbreux, Fuentès, & Golse, 2007, p. 10)

Une des missions les plus importantes des CAMSP est le travail autour de la guidance parentale. Après une annonce diagnostique très lourde à digérer pour les familles, les professionnels des CAMSP sont les interlocuteurs premiers de ces familles et les plus à mêmes de les accompagner afin de leur permettre « d’investir leur enfant, d’avoir un projet pour lui [dans…] un accompagnement de l’enfant et de sa famille » (Salbreux, Fuentès, & Golse, 2007, p. 26) Finalement, c’est agir dans une visée intégrative de l’enfant pour ses parents, sa famille, l’école et la société.

Lorsqu’elles arrivent au CAMSP, les familles sont d’abord accueillies par la secrétaire médicale. Souvent adressées par l’hôpital de naissance, ou le généraliste de la famille, la secrétaire réoriente les familles pour qui le CAMSP ne serait pas adapté et donne un rendezvous pour une consultation avec la pédiatre pour une première rencontre de la famille et de l’enfant. Cette consultation est suivie de séances d’observation et de bilans éventuels ainsi que d’un entretien avec la psychologue afin d’évaluer tous les besoins. Lors d’une grande synthèse avec toute l’équipe peut définir le projet thérapeutique pour l’enfant et faire commencer le suivi selon les disponibilités du CAMSP. Le plus souvent, dans un premier temps, il s’agit davantage d’un suivi de guidance assez espacé, en attendant qu’une place se libère.

Mon stage en CAMSP

Je suis arrivée au CAMSP en septembre 2021. J’y ai découvert un fonctionnement en équipe pluridisciplinaire riche avec une variation des modalités de prise en charge. Le CAMSP propose par exemple des prises en charge en co-thérapie, des séances en groupe ou en binôme, des groupes d’échange parents-enfants, des groupes à médiations diverses, etc. Il y a une réelle prise en compte des familles et une forte volonté de travailler avec les parents. Ainsi la plupart des séances se déroulent avec les parents qui sont invités à prendre une part active dans la séance. Le travail sur la parentalité est une des missions fondamentales des CAMSP. Je remarque également de nombreux échanges entre professionnels, à la fois formels lors des fréquentes réunions de synthèse mais aussi informels lors des temps de pause par exemple. Les uns n’hésitent pas à demander aux autres ce qu’ils perçoivent de tel ou tel enfant afin d’enrichir leurs représentations. De plus, les professionnels bénéficient de temps pour élaborer leurs prises en charge par des moments de prise de notes et d’échange entre professionnels prévus à cet effet.

J’ai eu la chance d’avoir deux maitres de stage différentes sur mon temps au CAMSP. Cela m’a permis d’enrichir ma perception de la psychomotricité, d’observer des pratiques différentes, d’échanger sur la manière dont chacune d’elles voyait les choses, comprenait les patients. Dans le CAMSP dans lequel j’ai fait mon stage, il y a une grande richesse en terme de pluridisciplinarité : pédiatres, orthophonistes, kinésithérapeutes, éducatrices de jeunes enfants, psychologues, neuropsychologues, psychomotriciennes. Cinq psychomotriciennes y interviennent et le CAMSP possède deux salles de psychomotricité. Les psychomotriciennes ont toutes à cœur l’échange et la formation prenant le temps d’organiser deux ou trois demijournées par an pour échanger entre-elles, transmettre leurs savoirs et faire profiter à toutes des connaissances nouvelles qu’elles ont l’occasion d’apprendre par des formations extérieures au service. J’ai choisi d’appuyer mon travail sur les observations de deux enfants suivis au CAMSP, Anaïs et Noah. Je vais maintenant les présenter chacun, leur histoire, leur famille, leurs particularités psychomotrices. Cette année, ils sont suivis ensemble au sein d’un binôme dont je parlerai par la suite.

Anaïs 

Histoire de vie

Anaïs est une petite fille de deux ans et demi au moment où je la rencontre en septembre 2021. Toujours bien habillée, blonde et potelée, elle a un petit visage rond et des yeux bleus. Elle est née le 25 mars 2019. Anaïs est la dernière d’une fratrie de sept enfants. Sa maman est commerciale et son papa, ingénieur. Porteuse de trisomie 21, l’anomalie chromosomique avait été suspectée avant sa naissance suite à un diagnostic de cardiopathie (tétralogie de Fallot ) posé in utero. A sa naissance, elle est hospitalisée dans un service de néonatalogie pour surveillance à cause de sa cardiopathie. C’est là que le diagnostic de trisomie 21 est confirmé. Anaïs a subi une intervention chirurgicale pour sa tétralogie de Fallot en juillet 2019 c’est-àdire 3 mois après sa naissance. L’intervention s’est bien passée et Anaïs s’est bien remise.

Anaïs est accueillie en crèche depuis septembre 2019 tous les jours sauf le mercredi.

Historique des suivis

Depuis la rentrée 2019, Anaïs est suivie en orthophonie en libéral de manière hebdomadaire, Elle y travaille la communication notamment au moyen des signes Makaton. Sur l’année 2019- 2020, elle a aussi un suivi mensuel au CAMSP avec une psychomotricienne et une éducatrice de jeunes enfants dans le cadre d’un groupe parents-enfants. Cependant, le confinement de mars à mai 2020 vient mettre un terme précipité à cette première année de prise en charge. Anaïs a peu bénéficié de kinésithérapie, uniquement quelques mois à la rentrée 2019 car les parents ont préféré arrêter, ne comprenant pas très bien l’intérêt pour leur fille. Lors de l’année 2020-2021, la prise en charge en psychomotricité devient hebdomadaire et individuelle. La psychomotricienne qui prend la suite de sa collègue en novembre 2020 rencontre à ce moment-là une petite fille souriante mais très passive. Elle vient surtout accompagnée par son papa. Les relations de l’équipe du CAMSP avec les parents d’Anaïs ne sont pas toujours évidentes et assez irrégulières. Une irrégularité qui se retrouve dans la fréquence de leur présence aux séances mais également au sein même des séances. Ils posent peu de questions et ne réagissent pas beaucoup lors des échanges avec les professionnels. Il est arrivé de voir le papa se désengager soudainement de la séance et se mettre en retrait pour regarder son téléphone et répondre à des mails. Ou alors, ils sont très demandeurs de conseils pratiques et soucieux des performances visibles de leur fille.

Rencontre psychomotrice 

Tonus 

Anaïs est une petite fille très hypotonique avec une hyperlaxité particulièrement marquée au niveau des membres inférieurs, elle peut mettre ses jambes en grand écart facilement. Anaïs a peu expérimenté des actions de repousser avec ses membres inférieurs. A cause de son hyperlaxité elle a davantage tendance à passer par des mouvements d’enroulement. L’hypotonie qu’Anaïs montre est accompagnée d’une grande passivité : la prise en charge en psychomotricité a pour but de lui permettre d’accéder à une motricité spontanée et d’y trouver du plaisir. L’ajustement tonique dans la motricité lui est compliqué. Elle peut montrer un schéma d’extension dorsale.

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Table des matières

Introduction
I. Présentation du cadre et des patients
A. Le CAMSP
1. Fonctionnement et objectifs d’un CAMSP
2. Mon stage en CAMSP
3. Anaïs
4. Noah
5. Le binôme Noah – Anaïs
B. Le cabinet libéral
1. La psychomotricité en cabinet libéral
2. Mon stage en cabinet libéral
3. Louis
II. La trisomie 21
A. Définition, historique et mécanismes
1. La trisomie 21 dans l’histoire
2. Qu’est-ce que la trisomie 21 ?
3. Caractéristiques cliniques de la trisomie 21
B. Le diagnostic de trisomie 21
1. Epidémiologie, DPNI
2. Annonce du diagnostic
C. Prise en charge de la trisomie 21, les différentes visions
1. La prise en charge précoce
2. Travail de guidance parentale
3. Le développement psychomoteur du jeune enfant porteur de trisomie 21
III. Axe corporel et régulation tonique, deux concepts intimement liés
A. Le tonus
1. Définition du tonus
2. La fonction tonique
B. L’axe corporel
1. Axe et axialité
2. Les fondements anatomo-physiologiques
3. La posture
IV. Construction de l’axe corporel, le redressement du bébé
A. Le rôle de l’environnement humain, l’accordage parents-bébé
1. L’enroulement
2. Le portage
3. Sécurité affective
B. Les expériences motrices
1. Les postures asymétriques
2. Les schèmes moteurs
C. Bagage du bébé : la maturation neurologique
1. Les grandes lois du développement
2. La maturation de la tonicité
3. Les niveaux d’évolution motrice et le processus de verticalisation
D. La lutte contre la pesanteur
1. Les expériences du bébé
2. Le redressement
E. La question des appuis
V. Intégration de l’axe corporel
A. Savoir déposer son poids
B. La régulation tonique
1. Le travail du rythme
2. Pour réguler son tonus
C. Marche et autonomie
1. S’élancer pour faire ses premiers pas
2. Coordinations dynamiques générales
D. La posture de l’élève
VI. Le mot de la fin
Conclusion
Bibliographie
Sitographie
ANNEXES

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