Fonctionnalités et spécificités de Telegram 

INTERNET EN IRAN

Internet est probablement l’un des défis les plus complexes pour un régime politique tel que l’État iranien qui se veut à la fois islamique et républicain : une équation périlleuse entre la volonté totalitaire de contrôler les moeurs sociales selon la charia, et le besoin de donner l’apparence du pluralisme. Il constitue enfin un défi idéologique et technologique depuis deux décennies pour les pouvoirs exécutifs successifs et les instances juridiques et sécuritaires.

L’âge d’or du journalisme web

L’accès à Internet se développe en Iran lorsque Mohammad Khatami accède au pouvoir en 1997. Le mouvement Réformateur qu’il incarne prône la liberté d’expression, le dialogue avec le monde et la tolérance. Rapidement de nombreux journaux ont vu le jour. Leur nombre atteint 850 en 2000, avec un tirage de plus de deux millions d’exemplaires, ce qui était sans précédent depuis les premiers mois post-révolutionnaires . La société, dont la grande majorité a l’âge de la révolution iranienne, se politise davantage. Les syndicats étudiants et ouvriers se mobilisent de plus en plus et revendiquent le respect des droits fondamentaux.
C’est dans ce contexte que la blogosphère iranienne naît. Certains intellectuels et activistes politiques proches des réformateurs, ainsi que des membres des organisations étudiantes s’activent sur le web. Leurs écrits – pas toujours admis dans les journaux – circulent au sein de la population éduquée, étudiante et universitaire, et enrichissent le débat sociétal. Certes, l’accès à Internet est encore très limité -seulement 1,4 % de la population en 2001 – mais la vivacité des blogs et la rapidité à laquelle la blogosphère iranienne grandit inquiète rapidement les conservateurs. Une simple allusion du Guide aux services de renseignement aurait suffi pour que le couperet de la censure s’abatte sur leur tête : d’abord des dizaines de journaux proches des réformateurs sont fermés, puis plusieurs blogueurs arrêtés, torturés, forcés aux aveux et condamnés « pour avoir écrit des articles de propagande contre l’Etat » . Entre 1979 et 2009, on estime qu’au moins 860 journalistes ont été arrêtés, détenus ou exécutés en Iran. Les accusations sont souvent aussi fallacieuses que la qualification d’« espionnage », et d’« insultes envers le sacré, l’islam ou le Guide suprême. »

Le projet d’Internet National

« Le Réseau National de l’Information » (le RNI), plus communément connu sous le nom d’« Internet National », fut un projet longuement débattu au sein des différentes instances de l’État iranien. Alors que le pays vivait des moments difficiles sous les sanctions internationales, le coût des investissements nécessaires et la crainte de son impact sur le bon fonctionnement des industries et des institutions financières ont fait que le projet a pris beaucoup du retard.
Néanmoins, avec l’appui du Guide suprême Ali Khamenei, des études préliminaires sont menées durant le mandat du président conservateur Ahmadinejad pour que, sept ans plus tard, le gouvernement de Rohani concrétise l’idée finale et lance les premières phases de développement. Le RNI a pour but de créer un réseau dans lequel les internautes iraniens n’auront accès qu’aux services et logiciels nationaux ou autorisés, et les contenus créés dans le pays. Ainsi l’accès à l’Internet mondial sera totalement bloqué

La question de la censure sur Internet

Sommairement, la censure sur Internet durant les mandats de Khatami (1997- 2005) consistait à bloquer les sites dont les contenus étaient jugés « immoraux ». ​C’est-à-dire les sites pornographiques, les sites de l’opposition basée à l’étranger ainsi que ceux des médias considérés comme hostiles à l’État. Et s’il y a eu des cas d’arrestations de journalistes web ou de bloggeurs, les accusations ne visaient pas directement leurs écrits, mais souvent leurs « actions contre la sécurité nationale via des activités culturelles » . Ce fut, par exemple, le cas de Sina Motallebi, arrêté en 2003 et accusé d’avoir facilité le tournage d’un reportage pour une télévision étrangère à propos de la prostitution à Téhéran . Ces situations ont cependant été embarrassantes pour le gouvernement réformateur, alors en pleine opération de séduction vis à vis de la communauté internationale, et l’ont obligé à chaque déplacement à l’étranger à justifier ou minimiser ces atteintes à la liberté d’expression et de la presse .

TELEGRAM ET LES MÉDIAS EN IRAN

Le succès fulgurant et inédit de Telegram en Iran a joué un rôle indéniable dans l’évolution de la profession du journalisme. Une profession déjà placée sous l’oeil inquisiteur de l’appareil sécuritaire, fragilisée par l’instabilité économique et divisée entre les intérêts politiques et les convictions déontologiques divergents. Dans cette dernière partie, nous tentons d’examiner l’impact de Telegram sur le travail des journalistes iraniens. Qu’a apporté l’application aux professionnels dont le public se limitait jusqu’alors aux journaux d’un tirage très faible ? Qu’a-t-elle apporté à ceux qui n’avaient plus le droit d’exercer leur métier ? Peut-on dire que Telegram a permis aux journalistes iraniens de mieux communiquer avec leur public ? Peut-on dire qu’elle a rendu possible le contournement de la censure étatique ?

Telegram et le pluralisme

Depuis la révolution de 1979 en Iran, les rapports entre les médias et le pouvoir relèvent globalement de l’emprise totale de l’État sur tous les appareils de communication de masse comme l’audiovisuel et la presse écrite . L’État finance le budget de l’IRIB (la Radio-télévision de la République islamique d’Iran) dont le directeur, qui ne rend des comptes ni au gouvernement ni au parlement, est nommé par le guide suprême. L’IRIB, avec un budget annuel estimé à plus d’un milliard d’euros, comprend 12 chaînes nationales de télévision, 4 chaînes d’information internationale, 6 chaînes satellites et 30 chaînes locales, ainsi que 30 chaînes de radio .
Il est difficile de connaître sa portée médiatique réelle, car l’IRIB refuse de publier les chiffres de son audience, et les estimations ne sont pas fiables, selon les critiques qui les jugent « impartiales et utilisant des méthodes de sondages invérifiables. » L’IRIB perd en outre du terrain sur la couverture de l’actualité, face aux réseaux sociaux. Ce que reconnaissent implicitement les autorités iraniennes. En 2015, le directeur de l’IRIB a quasiment imploré un budget supplémentaire pour renforcer la présence de ses chaînes sur les réseaux sociaux – chose faite, trois ans plus tard lorsque l’application de messagerie Soroush est lancée, sans pourtant atteindre ses objectifs . En 2017, le responsable de la compagnie de télécommunication s’est désolé que « les Iraniens passent en moyenne plus de 2 heures par jour sur Telegram, un chiffre bien plus important que pour la télévision. »
L’État iranien définit aussi le montant des aides et subventions versées chaque année à la presse écrite qui ne peut exercer sans autorisation officielle du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, l’organe de contrôle et de censure de l’État . La presse quotidienne nationale (PQN) et presse quotidienne régionale (PQR) est diversifiée, mais à l’exception des premières années du gouvernement de Khatami, les tirages ne cessent de baisser pour atteindre à peine 300 000 exemplaires à la fin de 2018 . Ces publications sont aujourd’hui dans une crise profonde. Les raisons sont diverses : d’un côté l’augmentation du prix de papier et du coût d’imprimerie ainsi que la baisse des annonces publicitaires due à l’instabilité économique du pays, et de l’autre côté, la rivalité féroce des réseaux sociaux tels que Telegram et Instagram. À cela s’ajoute l’arrestation massive des journalistes renommés, souvent suivie de peines lourdes allant jusqu’à l’interdiction d’exercer leur métier à vie, et enfin la question des liens sulfureux que des politiques entretiennent avec certains directeurs de publication qui jouent le jeu des services de renseignement et accentuent la pression sur les journalistes. L’arrestation de Pouyan Khoshhal en est un exemple révélateur : à la suite d’un article du journal Kayhan – qui réclame d’avoir une ligne téléphonique directe vers le Guide suprême – le journaliste est arrêté pour avoir écrit un article jugé insultant envers le troisième Imam des chiites. Le lendemain, son rédacteur en chef présente ses excuses et annonce avoir licencié le journaliste. Ce dernier a été arrêté alors qu’il essayait de quitter le pays de peur de représailles .
La mainmise totale de l’État sur l’audiovisuel et la presse écrite est à un point tel que même le président iranien Hassan Rohani la reconnaît ouvertement : « Il n’y a pas de média libre dans ce pays. Il y a la radio-télévision publique, mais s’il y avait d’autres médias dans lesquels les personnes de toutes tendances s’exprimaient, il n’y aurait pas eu autant de personnes sur les réseaux sociaux. » Autrement dit, c’est le manque de pluralisme médiatique qui fait que la population, les politiques et en l’occurrence les journalistes privilégient les réseaux sociaux comme outil d’expression et source d’information. En décembre 2018, alors que les accès à Telegram et Twitter sont bloqués, 15 ministres sur 25, et 100 députés sur 290 ont un compte Twitter. À cela s’ajoute les 200 députés qui détiennent leur propre chaîne Telegram . Amir Rashidi du Center for Human Rights in Iran​y voit le signe d’un échec annoncé : « Ils savent parfaitement que s’ils veulent être influents ils doivent être présents sur toutes ces plateformes, et ils sont suffisamment intelligents pour se rendre compte que le blocage ou le filtering ne marche pas. Ils se disent “certes on a pu diminuer le nombre des gens présents sur ses réseaux, mais pour ceux qui y sont encore, on doit y être aussi afin de tenir notre position et de défendre nos idées”. »
Telegram a en effet facilité l’accès à d’autres sources d’informations. Les médias basés à l’étranger, par exemple, qui jusqu’alors ne touchaient que la population dotée d’ antennes paraboliques (pourtant interdites en Iran ) ou des VPN. Ces médias, grâce à Telegram, ont pu créer un lien direct avec une bien plus grande partie de la population iranienne. De fait, celle-ci, aujourd’hui, a parfaitement conscience de la diversité des informations que Telegram lui propose. Elle est davantage politisée – et l’ampleur massive des émeutes de décembre 2017 le prouve . Sa présence sur Telegram et surtout sa persévérance à y rester n’ont pas donné d’autre choix à ses dirigeants que celui d’un retour progressif et discret sur l’application .
Cette diversification est en effet inédite dans l’histoire des médias en Iran. Jamais autant de personnes n’avaient eu l’accès à des flux d’information d’une telle intensité au sein de la société iranienne. Un phénomène technologique devenu en très peu de temps une véritable évolution sociétale permettant à pratiquement toutes les couches sociales du pays de s’informer et d’informer. Nemantollah Fazeli, anthropologue iranien, considère que Telegram est une opportunité inédite pour « démocratiser la culture de la pensée écrite » en Iran . Car les Iraniens, selon lui, avaient une culture de discussion et d’échange oral qui se limitait souvent à un cercle fermé d’amis ou famille. Or, les chaînes et les groupes virtuels de Telegram obligent désormais les Iraniens à non seulement lire bien plus qu’auparavant, mais aussi à écrire. Écrire donc argumenter afin d’exprimer les sentiments ou pensées liées aux événements sociétaux ou les péripéties personnelles. Ainsi, selon M.Fazeli, naît une nouvelle expérience collective qui créera une identité civique certes virtuelle, mais à travers laquelle « une meilleure compréhension de l’autre sera possible. » Une compréhension qui n’est plus liée critique au sein de la société iranienne : « Les grandes questions identitaires ont envahi le monde de Telegram, notamment au sujet de l’histoire récente, telles que la modernisation ou de l’industrialisation, et le prix à payer pour avancer ensemble dans cette direction. » Des débats fort intéressants, ​selon Nemantollah Fazeli, ​« qui pour la première fois, ne se limitent pas aux élites, mais à toutes les couches sociales du pays.» L’anthropologue iranien est persuadé que Telegram peut amener l’Iran vers « une véritable révolution sociale » sans oublier de préciser que comme toutes les révolutions, celle-là aussi aura des impacts positifs et négatifs.

Chaînes Telegram des médias

Le succès des chaînes de Telegram appartenant aux mouvements proches de Rohani pendant les élections législatives de 2016 et le fait que Telegram n’était pas encore bannie ont poussé les journaux à créer leur propre chaîne. Rapidement les chaînes Telegram autorise jusqu’à quatre mille signes par message. Afin de rendre l’information plus facilement lisible sur les portables, les rédactions adaptent leur papier en faisant des résumés accentuant les points essentiels et les informations à retenir. publié sur le site du journal. Ces “posts” peuvent être ensuite partagés dans les groupes de Telegram ou sur d’autres réseaux sociaux avec un lien URL.
La chaîne de Etemad ​compte aujourd’hui plus de 143 000 abonnés, une performance au regard du tirage à seulement 7 000 exemplaires dont 60 % d’invendus , alors que certains articles publiés sur la chaîne sont vus et partagés des milliers de fois. À titre d’exemple, un article au sujet de la loi contre le blanchiment d’argent (GAFI), daté du 11 mars 2019, a été vu 1,4 millions fois et partagé 271 fois en moins de 24 heures. « Nos posts de Telegram sont vus entre 10 000 à 15 000 fois en moyenne, precise Mojtaba Hosseini, rédacteur en chef du site Etemad​, et près de 50 % d’eux sont partagés sur les réseaux sociaux. » ​La clé de ce succès, selon lui, se trouve dans une interaction directe avec ses lecteurs sur Telegram ​: « Nous avons créé un lien de contact avec l’administrateur de la chaîne et je peux vous dire que plus de 35 % des contenus que nous produisions sur le site de Etemad sont faits à partir de la demande directe de nos lecteurs via Telegram. » En outre, la chaîne fonctionne comme une vitrine : « C’est là où tous nos produits sont présentés et mis en valeur. On y explique d’une façon résumée et concrète ce que l’internaute peut trouver en cliquant sur le lien qui renvoie soit au site soit à d’autres plateformes telles que Aparat, Youtube, Tamasha etc. dont chacune a son propre public. »
Ainsi Etemad a réussi à diversifier son offre et à attirer plus de lecteurs. Le site revendique une moyenne de 70 000 visiteurs uniques par jour dont plus de 8 000 y arrivent pour la première fois via sa chaîne Telegram.

Telegram et le journalisme citoyen

Le journalisme citoyen, certes polémique lorsque sa part d’activisme prévaut sur celle de journaliste, s’avère souvent précieux pour une société civile dépourvue de tout médium indépendant .
Constitué d’un corps professionnel, incluant des journalistes dont l’autorisation d’exercer a été retirée par la justice, et d’amateurs, passionnés d’information, le journalisme citoyen à l’ère numérique en Iran s’est fait connaître pendant les émeutes de 2009, mais c’est l’arrivée de Telegram qui a amplifié son impact. Le dernier exemple en date remonte aux inondations du printemps 2019. Alors que 25 des 31 provinces du pays sont touchées et plus de 120 personnes tuées, le silence règne dans les médias traditionnels. Les journaux étant en vacances (deux semaines pour la fête de nouvel an persan), l’IRIB est le seul média censé couvrir la catastrophe naturelle. Ce dernier se contente de diffuser les réactions des autorités, alors que les journalistes citoyens témoignent, dès la première heure, de l’ampleur des dégâts sur les réseaux sociaux, notamment sur Telegram – l’application est pourtant interdite depuis le 1er mars 2018.
Une fois la tempête naturelle et médiatique passées, l’heure est au bilan. Le directeur de l’Institut de Recherche sur les médias (liée au ministère de la Culture et de l’Orientation islamique), publie un article dans le journal officiel du gouvernement.
Détaillant le rôle « indéniable de Telegram durant la phase d’aide aux inondés, » ​il écrit : « l’ironie de l’histoire, c’est que Telegram est le premier média du pays et pourtant il est toujours interdit. » ​De l’autre côté, les autorités juridiques s’inscrivent en faux contre la volonté du gouvernement d’une éventuelle levée de l’interdiction de l’application. Le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, insistant sur le fait que l’utilisation de Telegram est un délit, déclare que « toutes les publications sur la question [des inondations] seraient considérées comme une atteinte à la sécurité nationale. »
Résultat : 24 personnes sont arrêtées pour « publication de rumeurs et fausses informations destinées à troubler l’opinion publique. »
D’autres événements tels que les émeutes de décembre 2017 et la grève des ouvriers de Haft-Tapeh en novembre 2018 témoignent aussi de l’importance de Telegram dans la diffusion des informations sur les manifestations et la mobilisation des manifestants. Néanmoins, force est constater que dans tous ces événements, les appareils sécuritaires de l’État, avec l’appui des instances judiciaires n’ont pas cessé de mettre tout en œuvre afin de limiter l’impact de ces interactions virtuelles. Cette cyberguerre fera l’objet d’étude dans le chapitre suivant.

CONCLUSION

Au cours de ce mémoire, nous avons tenté de comprendre quel pouvait être le rôle de l’application de messagerie Telegram au sein de la société iranienne, et son impact sur le travail des journalistes iraniens. À l’instar de WhatsApp au Brésil et en Turquie , Telegram a en effet remplacé les réseaux sociaux en Iran. Des démarches administratives et commerciales aux communications publiques et privées, Telegram est présent partout. Il a facilité les échanges entre la population et la diaspora iranienne, renforcé l’accès à l’information, amplifié le débat sociétal et politisé davantage différentes couches sociales du pays. Il pourra aussi participer – pour reprendre le terme de Nemantollah Fazeli, anthropologue iranien – à la démocratisation d’une pensée écrite au sein de la société.
Sa devise qui se résume en une phrase (échapper à la surveillance des autorités), et ses fonctionnalités innovantes (notamment les chaînes) expliquent en grand partie son succès en Iran. La divergence de méthode pour contrôler le flux d’information, au sommet du pouvoir iranien, a également permis à Telegram de se placer en tête des sources d’information. Car répondant à des impératifs politiques et communicationnelles, une partie du régime, notamment les réformistes, a participé à sa promotion au sein de la société.
Telegram a joué un rôle indéniable dans l’évolution de la profession du journalisme en Iran. L’application a permis une diversification de l’offre médiatique qui distance désormais les tendances politiques omniprésentes dans la sphère médiatique du pays depuis la révolution 1979. Elle a aussi modifié l’accès à l’information et permis aux journalistes d’exercer leur profession différemment, en renforçant l’échange et en accentuant l’interaction avec leurs publics. Telegram est une aubaine pour les journalistes privés du droit d’exercer leur métier dans les médias basés en Iran. Il l’est aussi pour ceux qui travaillent à l’étranger et ne peuvent plus rentrer dans leur pays natal.
En revanche, Telegram n’a pas pu permettre aux journalistes de contourner totalement la censure. Certes, la détourner ou l’esquiver est toujours possible, mais souvent ils en paient le prix. L’État iranien, malgré certaines divergences de méthodologie, se tient droit dans ses bottes et règne toujours d’une main forte, appliquant une censure implacable et exerçant une répression sans faille. Il a dépensé des milliards d’euros afin de créer les infrastructures nécessaires dotées d’une technologie de pointe pour mener à bien sa cyberguerre, car il a bien conscience que « l’avenir de la révolution islamique en dépend. »
L’Iran, hélas, n’est pas une exception. Le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF) fait état d’un renforcement de l’emprise des régimes autoritaires sur les médias.
La situation du journalisme dans 180 pays, étudiés par RSF, révèle « le déclenchement d’une mécanique de la peur très préjudiciable à l’exercice serein du journalisme. » RSF juge la situation des journalistes dans 40 % de ces pays difficile, voire très difficile.
L’Iran a perdu 6 place en un an et se trouve à la 170e rang. Il est considéré comme «l’une des plus grandes prisons de journalistes au monde. »
Ce qui fait de l’Iran une exception, c’est la complexité identitaire de son système politique. Un régime qui se veut à la fois islamique et républicain. Doté d’une volonté totalitaire de tout contrôler selon les lois islamiques, et d’un besoin de donner l’apparence du pluralisme. Une équation qui ne lui a pas toujours permis d’unifier ses forces, au contraire. Elle a créé davantage de conflits au sein du pouvoir, résultant des retards considérables dans ses « grands projets sociétaux », tels que le projet d’Internet
National ou le blocage de Telegram. Deux projets qui ont constitué un véritable défi idéologique et technologique pour le pouvoir exécutif et les instances juridiques et sécuritaires.
Tout au long de ce travail de recherche, et à travers le cas de Telegram, nous avons tenté de donner un aperçu de cette complexité. Cependant, force est de constater que beaucoup reste à faire. Ce mémoire est rédigé à partir d’une série d’entretiens, qui ne représente pas toute la société iranienne. Manquent surtout les responsables ou les journalistes des médias proches des institutions étatiques et des mouvements conservateurs qui tous ont refusé de répondre à nos questions.
Autre manquement de ce mémoire c’est le fait que nous disposons de très peu de données fiables sur l’état d’avancement technologique et les mesures entreprises par l’État iranien afin de mieux contrôler l’accès à l’Internet. Et cela pour deux raisons : d’abord parce que très peu d’études indépendantes ont été menées à ce sujet, et puis parce que ces mesures sont relativement récentes, et donc mesurer leurs impacts éventuels nécessite plus de temps et de moyens dont nous disposions pour un mémoire universitaire.
Il sera notamment, intéressant d’observer, dans les années à venir, comment le régime iranien tentera de rattaper son retard pour créer une copie parfaite du modèle chinois au Moyen-Orient. Il sera également intéressant d’étudier la réaction que celle-ci déclencherait au sein de la société civile, des internautes de lambda, des dissidents et bien sûr des journalistes.

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Table des matières
INTRODUCTION 
INTERNET EN IRAN 
L’âge d’or du journalisme web
La question de la censure sur Internet
Le soulèvement de 2009
Le projet d’Internet National
L’APPLICATION DE TELEGRAM 
Telegram et la confidentialité
Fonctionnalités et spécificités de Telegram
Telegram en Iran
Telegram et les élections
Blocage de Telegram
Quel est le bilan du blocage ?
TELEGRAM ET LES MÉDIAS EN IRAN 
Telegram et le pluralisme
Chaînes Telegram des médias
Chaînes Telegram des journalistes
Telegram et le journalisme citoyen
Telegram et la censure
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE
Livres et recherches universitaires
Rapports des organisations non gouvernementales
Rapports des organisations gouvernementales
Articles de presse
ANNEXES 
RÉSUMÉ 
MOTS-CLÉS

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