FONCTIIONNEMENT EN AMONT DE LA FIILIIERE « EPUIISANTE » DE BOIIS D’’ŒUVRE

Exploitation forestière raisonnée jugée moins rentable

                  La spécificité de cette exploitation est l’exploitation de plusieurs essences ayant atteint la dimension minimum d’exploitabilité (DME). Pour avoir le maximum de bénéfices, les exploitants pratiquent l’écrémage spécialement sur les deux essences, le dalbergia et l’ocotea lesquels ont une valeur marchande supérieure aux bois ordinaires. Or la quantité limitée21 de ces deux essences n’arrive pas à tout compenser. De ce fait, ils « ont arrêté volontairement l’exploitation après l’écrémage même si le principe d’exploitation de proche en proche par le biais d’étiquetage est exigé par le projet d’appui. Aucune sanction n’est d’ailleurs envisagée ni dans le dina ni dans le cahier des charges pour cette pratique » (Randrianarivelo, 2008). Malgré tout, en parallèle avec l’exploitation raisonnée reconnue comme légale, il y a de la filière « épuisante » de bois d’œuvre. « Drodraka » est le terme local qualificatif de cette pratique.

La formation du prix de traverses

Prix imposé par l’exploitant : Le prix de traverses n’est pas proposé, il est imposé. L’exploitant gère le prix de traverses en fonction du marché de travail agricole. Dans l’année, deux périodes bien distinctes permettent d’apprécier le marché de travail. D’une part, la période de soudure qui se situe entre les mois d’avril jusqu’au mois d’octobre et d’autre part la période normale s’étale durant les mois restants. La première période connaît une forte demande de travail journalier par rapport à l’offre. Ainsi, le salaire est révisé à la baisse. Les mois restants, le phénomène inverse a été constaté. Et le salaire est révisé à la hausse. La différence du prix de traverse est de l’ordre de Ar 2 000.
Prix ajusté par les contremaîtres : Bien que le prix soit imposé par l’exploitant, les contremaîtres disposent d’une certaine marge de liberté. Ils ajustent le prix d’achat d’une traverse en calculant leur marge bénéficiaire propre. Ils essaient également de maîtriser la situation en jouant sur la disponibilité de la main d’œuvre en fonction des périodes de l’année. Ainsi, ils proposent le prix sans laisser pour autant beaucoup de chance de négociation ni aux bûcherons ni aux débardeurs. Ils se rendent sur place pour payer leurs salaires. Dans le tableau, le prix d’achat d’Ar 3 000 depuis le bûcheron est le prix durant la période de soudure (octobre-avril). Le reste de l’année c’est-à-dire durant la période de récolte, le prix d’une traverse peut aller jusqu’à Ar 5 000. Cela s’explique par la pénurie de la main d’œuvre vu que celle-ci est engagée dans le travail agricole. Par conséquent, le prix à chaque niveau d’acteurs suit la même proportion d’augmentation

Création d’une VOI clandestine

                Cette exploitation est d’apparence légale dans le sens où l’exploitation s’effectue dans le cadre d’un « VOI » lequel n’est que clandestin. Il a été mis en place par certains responsables de l’administration forestière et certains techniciens qualifiés en la matière. La mise en place de ce VOI n’a respecté aucune des démarches techniques prévues par la loi GELOSE et les grandes lignes de l’exploitation raisonnée (cf. tableau 7). Il devient « un système parallèle et clandestin d’exploitation forestière fonctionnant hors de  toute réglementation », (Bertrand et al, 2006). Cette stratégie est un cas à part. Elle est non seulement nouvelle par rapport à celle des autres types d’exploitation mais aussi montre une assurance certaine de la part de l’exploitant. Ce dernier sait pertinemment que le VOI est « le sésame » de toutes activités forestières. Travailler avec le VOI devient une option stratégique, un masque à l’exploitation forestière. L’exploitant lui-même, bénéficiaire principal arrive à convaincre la population locale pour créer un VOI, en insistant sur le retour socio-économique généré par l’exploitation de sa forêt. Il s’occupe de toutes les démarches « officieuses » pour la création de ce VOI. Cette situation illustre clairement que « la corruption administrative a pris ainsi dans le corps forestier » (Gérard, 1995) pour devenir la règle. Ainsi, le plan d’aménagement et le cahier de charge confectionnés à cet effet servent plutôt à justifier l’existence d’apparence légale du VOI qu’à être respectés. Officiellement, la Commune Rurale de Didy comprend 18 VOI, ce VOI en question en est le 19ème. Il a son site théoriquement bien délimité, limitrophe de celui du VOI MISY. En pratique, celui-ci fait partie également des sites d’exploitation. Les bûcherons ne font pas la distinction. Ils cherchent de palissandre là où il en a.

Les deux principaux flux de départ des produits

                  Deux principaux flux de bois d’œuvre existent. Ils proviennent de deux lieux d’embarquement distincts suivant les exploitants. Le premier flux part d’Ambohijanahary, chef lieu de la commune de Didy vers Antananarivo. Il emprunte le chemin unique, la route d’intérêt communal passant par la Commune d’Ilafy. Les exploitants légaux qui pratiquent la filière « épuisante » de bois d’œuvre et les exploitants occasionnels contrôlent ce flux. En moyenne, la quantité de traverses en palissandre est de l’ordre de 450 36par semaine. Ce chiffre n’inclut pas la quantité des traverses dissimulées sous les produits agricoles (le type d’exploitation clandestine et occasionnelle). L’évacuation de ces produits a commencé au mois d’août 2007 jusqu’au 10 janvier 2008, sortie de la note ministérielle. Quant au second flux, il part d’Antanifotsy37, à une quinzaine de kilomètre au sud du chef lieu de la Commune de Didy et emprunte la route privée débouchant sur Mandrota38 et (cf. schéma 1) pour rejoindre la route nationale n° 44. L’exploitant qui sous traite avec le VOI clandestin contrôle ce flux. La destination finale du flux est Antananarivo. Les produits proviennent principalement de deux sites39 dans laquelle l’exploitation a commencé depuis la mise en place clandestine du VOI (mi-octobre) jusqu’au mois de janvier40.

L’instrumentalisation des acteurs primaires pauvres

                    Le terme « instrumentalisation » renvoie à l’idée d’un rapport social entre un sujet actif et un sujet passif. Cette image reflète le rapport entre l’exploitant lequel est actif et les acteurs primaires, pauvres, qui sont passifs. Ces derniers sont soumis à un surtravail lié à leur position de dépendance au profit de l’exploitant qui contrôle l’exploitation. Bien que leur intérêt commun soit économique, la finalité diffère grandement, pour l’exploitant c’est la richesse alors que pour les acteurs primaires c’est la survie.
Opportunités d’emploi dans un contexte de pauvreté : La filière «épuisante» de bois d’œuvres constitue une activité alternative génératrice de revenu (à part le salariat agricole) et d’emploi pour les bûcherons et débardeurs. En effet, la période de morte-saison agricole marque la période durant laquelle le travail est rare, où la réserve de riz de la campagne précédente est épuisée, et où la majorité de ménages en sont réduits à manger moins. Les ouvriers pauvres à la recherche d’emploi s’adonnent à la filière «épuisante» de bois d’œuvres. Ce genre d’activité devient une « soupape de sécurité» (Barthe, cours DEA 2007) pour eux. Ainsi, le revenu généré par l’activité forestière entraîne un certain dynamisme économique dans la localité. La période de soudure devient moins dure pour la plupart des ménages ayant un actif impliqué dans l’activité.
Salariat attractif des activités forestières : Dans les activités agricoles comme le labour ou le repiquage, le salaire journalier d’un tâcheron tourne autour de Ar 1500 à 2 000. Pour ce qui est des activités forestières à savoir le bûcheronnage et le débardage, le revenu potentiel par jour que peut gagner un salarié est d’au moins Ar 6 000. La comparaison de ces deux activités en terme de gain financier par heure est la suivante ; pour le cas d’un salarié travaillant pendant 10 heures la journée avec un salaire de Ar 2 000, le gain par heure est de Ar 200. Par contre pour un travailleur évoluant dans les activités forestières, estimé de 8 heures de travail (travail pénible), le gain par heure est de AR 750. Etant rationnel, un travailleur préfère choisir les activités forestières. Une heure consacrée au travail forestier est trois fois plus rémunératrice qu’une heure allouée au travail agricole. Bref, le choix de main-d’œuvre locale pour le travail forestier est économique. Les conditions de travail passent au second plan.

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Table des matières

INTRODUCTION
I- PARTIE : Problématique et hypothèses
1- Problématique
2- Hypothèses
2-1- Indicateur de vérification et méthodes possibles
2-2- Etats des connaissances
2-2-1- Historique de la politique forestière
2-2-2- Les différentes exploitations forestières pouvant exister
2-2-3- Présentation et choix de la zone d’étude
2-3- Discussions méthodologiques
2-3-1- Analyse de filière
2-3-2- Les méthodes d’enquêtes
2-3-3- Méthode d’échantillonnage
2-3-4- Réalisation sur terrain de la recherche
2-3-5- Méthodes vérificatrices des hypothèses
2-4- Limites de la méthodologie
II- PARTIE : Résultats et discussions
Chapitre 1- L’exploitation forestière légale
1-1- Différentes formes de délégation d’exploitation des VOI
1-2- Typologie des acteurs
1-3- Aspects techniques de l’exploitation raisonnée
1-4- Exploitation forestière raisonnée jugée moins rentable
Chapitre 2- Filière «épuisante» de bois d’œuvre
2-1- Exploitation forestière illégale
2-1-1- Les opportunités de l’exploitation forestière illégale
2-1-2- Fonctionnement et analyse de l’exploitation forestière illégale
2-2-Exploitation forestière clandestine
2-2-1- Le fonctionnement de l’exploitation clandestine
2-2-2- La formation du prix de traverses
2-3- Exploitation forestière clandestine et occasionnelle
2-3-1- Typologie des acteurs
2-3-2- Fonctionnement et analyse
2-4- Exploitation forestière d’apparence légale
2-4-1- Création d’une VOI clandestine
2-4-2- Fonctionnement de l’exploitation d’apparence légale
Chapitre 3- Eléments d’analyse de la filière « épuisante » de bois d’œuvre
3-1-Analyse de flux
3-1-1- Localisation de la potentialité en palissandre des sites
3-1-2- Contrôle local efficace non récompensé
3-1-3- L’organisation des flux de produits
3-2- Analyse économique
3-2-1- La rentabilité du palissandre pour les exploitants
3-2-2- L’instrumentalisation des acteurs primaires pauvres
3-3- Analyse sociologique
3-3-1- La société lignagère de Didy
3-3-2- Liens de parenté, favorables à la filière «épuisante» de bois d’œuvres
3-3-3- Le rapport de pouvoir entre les acteurs
3-4- Analyse institutionnelle
3-4-1-Enracinement de la corruption de l’administration forestière
3-4-3- Les partenaires locaux de base « sous estimés »
3-5- Nouvelles règles d’organisation
3-5-1- Dérives de l’exploitation forestière entraînant la création de la fédération
3-5-2- Vers le mode d’exploitation protection et valorisation de la forêt
III- PARTIE : Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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