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ASPECTS BIOLOGIQUES
Comme toutes les autres espèces de caméléons,Furcifer campani est diurne et insectivore. Il se nourrit de coléoptères, de diptères, d’arachnides et d’acridiens (Ravoninjatovo & Rabemananjara, 1999). C’est une espèce ovipare avec deux à trois pontes par an en captivité (Le Berre, 1995). Chaque ponte comporte huit à quatorze œufs (Ravoninjatovo & Rabemananjara, 1999). Les œufs son t déposés par la femelle dans un nid qu’elle a creusé dans le sol à environ 15 cm de profondeur, juste avant la ponte. L’incubation, sous des conditions artificielles, prend neuf mois à 20°C, les petits à l’éclosion mesurent entre 22 et 24 mm et la maturité sexuelle est atteinte trois mois après (Le Berre, 1995).
ASPECTS ECOLOGIQUES
C’est une espèce des milieux ouverts, constitués principalement par des formations herbeuses et buissonnantes ou les lisières forestières sur les hautes montagnes du haut plateau central (Vences et al., 2002 ; Raselimanana, 2008). Elle est solitaire et territoriale, l’étendue du territoire d’un adulte peut aller jusqu’à 12 m 2 (Le Berre, 1995). L’individu défend férocement son territoire contre l’intrus. Furcifer campani est capable de changer de couleur conformément à celle de son milieu environnant. Ce camouflage, pour se dissimuler dans la nature, constitue un système de défense parfait contre la prédation. Parmi les prédateurs deF. campani, figurent les oiseaux comme Leptosomus discolor et Falco newtoni et les serpents, entre autres Liopholidophis sexlineatus et Leioheterodon modestus (Ravoninjatovo & Rabemananjara, 1999). F. campani est une espèce arboricole mais elle fréquente aussi le tapis herbacé et chasse sur les plantes le jour et s’y perche la nuit.
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
Furcifer campani présente une aire de distribution limitée sur le auth plateau malgache. L’étendue de cette aire de distribution a diminué encore au fil des années. L’espèce était signalée dans les forêts entre Antanarivo et Toamasina (Barbour, 1918). Bien que cela puisse être erroné, du fait que l’espèce n’a jamais été connue en pleine forêt, il est fort probable qu’elle était présente aux environs de la Capitale. Elle était signalée dans la forêt d’Ambohimitombo et à Tritriva (Werner, 1902) situé respectivement à 149,5 km au sud et à 74,4 km au nord-ouest du chef lieu de commune de Tsiafajavona-Ankaratra. Brygoo en 1966 l’avait recensé à Nosiarivo (dans la commune Tsiafajavona Ankaratra), à Manjakatompo situé à la base du massif de l’Ankaratra. Deux années plus tard, en 1968, cet auteur l’avait découverte à Ibity (à 89 km au sud-ouest de Tsiafaj avona Ankaratra), à Antobeba, à Ambatolampy, à Ankaratra et à Ambohimitombo. La dis tribution connue est alors limitée sur les hautes montagnes du haut plateau malgache entre Andringitra et Antananarivo (Brygoo, 1971, 1978), entre 1850 à 2300 m d’altitudes (Anon, 1999). Le récent travail a mentionné une distribution altitudinale entre 1800 m à 2603 m (IU CN, 2012). Trois localités sont actuellement confirmées comme aire de distribution de cette espèce à savoir le massif de l’Ankaratra, le PN d’Andringitra et les zones aux e nvirons d’Ambositra. Toutefois, les inventaires biologiques menés dans le PN d’Andringitra depuis 1993 n’ont pas révélé la présence de cette espèce dans le parage. Il en estde même pour les investigations menées dans la région d’Ambohimitombo, d’Antoetra et d’Ankazomivady qui sont tous situés aux environs d’Ambositra.
COMMERCIALISATION
Entre 1977 et 1995, 10 324 individus de Furcifer campani ont été exporté de Madagascar (Carpenter et al., 2004). A cause de cette exploitation massive, la CITES a suspendu le commerce de cette espèce depuis 1995 (CITES, 2005). Mais des cas de collecte illicite sont toujours observés. Tel est le cas des 40 individus confisqués à l’aéroport international d’Ivato en mai 2011. D’ailleurs, le massif d’Ankaratra constitue le site de collecte illégale de F. campani (Brady & Griffiths, 1999), pourtant leur destination est mal connue. Depuis 2012, un quota de 250 individus/an a été fixé pour la commercialisation de l’espèce.
MILIEU D’ETUDE
SITUATION GEOGRAPHIQUE
Le massif d’Ankaratra se trouve à 68 km au sud d’An tananarivo (Figure 2). Le site d’étude, Ambohimirandrana, est à 28 km au sud de la ville d’Ambatolampy, Commune rurale de Tsiafajavona Ankaratra, District d’Ambatolampy, Région Vakinankaratra, ex-province d’Antananarivo. La recherche est centrée autour du point de campement dont les coordonnées géographiques sont 19°20’08,9’’ latitude Sud et 47 °14’41.0’’ longitude Est.
Figure 2 : Localisation du site d’étude sur le massif d’Ankaratra.
DESCRIPTION PHYSIQUE
Climat
Le massif d’Ankaratra est inclus dans la région bioclimatique de l’Etage de montagnes avec une température moyenne des mois lesplus froids inférieure à 5°C et à trois mois secs (Cornet, 1974). Il est soumis à un climat tropical d’altitude, caractérisé par la présence de trois saisons bien distinctes (Donque,1975) :
Une saison froide et sèche qui s’étend de mai en août où le mois le plus froid correspond à juillet avec une moyenne mensuelle de 12,2°C ;
Une saison chaude et sèche de septembre à octobre où le mois le plus chaud et le plus sec correspond à octobre avec une température moyenne de 15,9°C ;
Une saison chaude et pluvieuse de novembre à avril. Le mois de mars est le mois le plus arrosé 348,2 mm, tandis que janvier etfévrier sont les mois les plus chauds avec une température moyenne mensuelle de 18,2°C.
D’après les données recueillies dans la station forestière de Manjakatompo entre 1952 à 1980 (source : Direction Nationale de la Météorologie d’Ampandrianomby), la température moyenne mensuelle varie de 12,2°C à 18,2°C avec un minimum de 6,1°C au mois de juillet et un maximum de 24,2°C au mois de novembre. La précipitation moyenne annuelle est de 2000 mm (Annexe 1a). Il pleut presque toute l’année mais l’abondance varie suivant les saisons. La précipitation moyenne mensuelle varie de 36,5 mm à 348,2 mm. Les mois les moins pluvieux se situent entre mai et octobre avec un minimum de 36,5 mm en juillet. Les mois de novembre à mars sont les plus arrosés avec un maximum de 348,2 mm en mars (Annexe 1b, annexe 1c). Le diagramme ombrothermique correspondant (Figure 3) est obtenu conformément à la relation de Gaussen : P = 2T où P indique la précipitation moyenne mensuelle et T indique la température moyenne mensuelle (Annexe 2). Le diagramme permet d’identifier les mois secs tout au long de l’année en fonction de la position de la courbe de la température par rapport à celle de la pluviométrie.Si la courbe de la précipitation se trouve en dessous de celle de la température, les mois sont ecs (P< 2T).
D’après ce diagramme, il y a cinq mois secs, de mai à septembre (saison sèche et froide) et sept mois pluvieux, d’octobre à avril (s aison chaude et pluvieuse). L’humidité moyenne mensuelle varie de 73 % à 85 %. Le mois le plus humide est le mois de mars avec une humidité moyenne qui s’élève à 85 % et le moisle plus sec est le mois d’octobre avec un taux d’humidité moyenne égale à 73 %. Aussi, la région du massif est très humide.
Géologie et topographie
Le massif d’Ankaratra fait partie des grands massifs volcaniques et le sol y est de type ferralitique noir (Besairie, 1974). Son sommet qui culmine à 2643 m à Tsiafajavona est le troisième pic le plus haut de Madagascar. Le relief est très accentué avec les vallées qui sont généralement étroites et profondes à côté d’unversant en pente raide souvent associé à des falaises abruptes. La dénivellation altitudinale est de 1550 m à la base et de 2602 m au sommet du massif.
Hydrologie
Le massif d’Ankaratra présente des cours d’eaux permanents. Il se trouve sur la ligne maîtresse de partage des eaux entre Tsaratanàna et Andringitra (Wilméet al., 2006). Les deux principaux cours d’eaux sont la rivière d’Andromba sur le flanc est qui déverse vers l’ouest dans l’Ikopa et celle de l’Onive sur le versant sud qui se jette vers l’est dans le Mangoro.
FLORE ET VEGETATION
La zone d’étude, savane d’Ambohimirandrana, fait partie de la station forestière de Manjakatompo. Cette station comprend une formation primaire couvrant 650 ha, représentée par une forêt subhumide dominée par Weinnmannia bojeriana (Cunoniaceae). Cette formation est dense, à canopée semi ouverte avec des grands arbres émergeants couverts de mousses, de lichens et d’abondants épiphytes comme les orchidées. Le tapis herbacé est peu abondant. La station comprend aussi une forêt de reboisement de 2300 ha composée principalement de pin comme Pinus kesyia (Sapindaceae) associés à des Eucalyptus (Myrtaceae) et Acacia (Leguminosae). Le reste de la station est dominé par une savane qui s’étend sur 5320 ha environ. Les formations buissonnantes, regroupant divers types de végétations, sont principalement constituées par defourrés sclérophylles éricoïdes typiques de hautes montagnes (Humbert, 1965).
La zone d’Ambohimirandrana est couverte par une savane de type et de nature variés suivant la fréquence des feux de brousse et en fonction de la capacité de régénération des plantes après le passage du feu. D’abord, il y a la savane associée à des formations éricoïdes dominées par Erica (Ericaceae) atteignant plus de 1 m de hauteur. Elle occupe les parcelles qui sont épargnées par le passage fréquent des feuxde brousse. Le tapis herbacé y est dense entrecoupé par des plantes annuelles touffues et hautes. Quelques plantes ligneuses de petite taille constituent par endroit des formations buissonnantes. Puis, viennent les zones qui ont été épargnées par les feux pendant plus de cinq anssuccessifs. Elles sont colonisées par des plantes pluriannuelles associées à des Erica nains et rabougris de moins de 1 m de hauteur. Le tapis herbacé y est moins dense et les plantes ligneuses sont plus diversifiées mais clairsemées. Ensuite, il y a les endroits où le temps de repos après passage du feu de brousse est compris entre deux à quatre années. Les plantes ligneuses sont généralement représentées par quatre espèces : Erica, Helichrysum (Asteraceae), Croton (Euphorbiaceae) et Vaccinium (Ericaceae). Il y a une dominance nette du genre Helichrysum et du genre Vaccinium. Enfin, le type d’habitat le plus dégradé dont le temps derepos après passage du feu ne dépasse pas les deux années. Ce terrain est dominé par des plantes herbacées comme les fougères, et Croton. Il n’y a plus de Erica mais les autres espèces ligneuses sont relativement nombreuses, environ treize espèces.
FAUNE
Le massif d’Ankaratra n’a pas encore fait l’objet d ’un véritable inventaire faunique. Des collectes occasionnelles effectuées par des chercheurs ou par d’autres visiteurs ont cependant permis d’enregistrer la richesse faunique de la région. Néanmoins, parmi les espèces qui y sont présentes, deux grenouilles,Boophis williamsi et Mantidactylus pauliani, sont endémiques (Andreone et al., 2007). Ces espèces sont toutes classées dans lacatégorie En danger critique d’extinction selon l’IUCN (IUCN 2012). Toutefois, d’après l’inventaire fait dans la forêt de Nosiarivo, cette région héberge 38 espèces de micromammifères dont Rattus rattus, Eliurus minor, Monticolomys koopmani et Microgale gracilis et 37 espèces résidentes d’oiseaux comme Accipiter madagascariensis, A. francesii, Aviceda madagascariensis, Buteo brachypterus, Cuculus rochii et Lonchura nana (Goodman et al., 1996) ; ceci en outre des 11 espèces de reptiles tel Lygodactylus mirabilis , endémique de la région (Andreoneet al., 2007) recensés par les chercheurs (Rabemananjara,1999)
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Table des matières
INTRODUCTION
I. PRESENTATION de Furcifer campani ET CONNAISSANCES SUR CETTE ESPECE
I.1. POSITION SYSTEMATIQUE
I. 2. CARACTERES DIAGNOSTIQUES
I. 3. ASPECTS BIOLOGIQUES
I.4. ASPECTS ECOLOGIQUES
I.5. DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
I.6. COMMERCIALISATION
II. MILIEU D’ETUDE
II. 1. SITUATION GEOGRAPHIQUE
II. 2. DESCRIPTION PHYSIQUE
II.2.1. Climat
II.2.2. Géologie et topographie
II.2.3. Hydrologie
II. 3. FLORE ET VEGETATION
II.4. FAUNE
III. METHODOLOGIE
III.1. ECHANTILLONNAGE
III.1.1 Période d’étude
III. 1.2 Techniques d’échantillonnage
III.2. ANALYSE ET TRAITEMENT DES DONNEES
III.2.1. Analyse de la distribution
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV.1. DISTRIBUTION SPATIALE
IV.1.1. Distribution horizontale
IV.1.2. Distribution verticale
IV.1.3. Préférence écologique
IV. 2. STRUCTURE DE LA POPULATION
IV.2.1. Densité
IV.2.2. Sex-ratio
IV.2.3. Classe d’âge
IV.3. TYPE D’HABITAT PREFERE
IV.3.1. Tapis herbacé
IV.3.2. Plantes dominantes
IV.3.3. Affleurement rocheux
IV.3.4. Hauteur et densité de la végétation
IV.3.5. Importance de Erica
IV.4. MENACES ET PRESSIONS POTENTIELLES
V. DISCUSSION
V.1. DISTRIBUTION ECOLOGIQUE
V.1.1. Distribution horizontale
V.1.2. Distribution verticale
V.1.3. Préférence écologique
V. 2. STRUCTURE DE LA POPULATION
V.2.1. Fluctuation saisonnière, classe d’âge et cycle biologique
V.3. TYPE D’HABITAT PREFERE
V.4. PRESSION ET MENACES POTENTIELLES
VI. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Référence bibliographique
Annexe
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