Flashman de Thomas Hughes

Flashman de Thomas Hughes

Le phénomène de harcèlement a d’abord été présenté à travers la littérature et notamment à travers le personnage Flashman du roman Tom Brown’s School Days de Thomas Hughes paru en Angleterre en 1857. Dans son roman, l’histoire se déroule dans le « rugby school » que l’auteur a lui même fréquenté en 1834 et on y voit une courte apparition de ce personnage. Flashman est un personnage qui apparaît sympathique aux yeux des autres élèves et qui est très populaire. Il est également apprécié de ses maîtres mais il possède en réalité une personnalité complexe. En effet, c’est un personnage harceleur, pervers, manipulateur, menteur et violent envers ses camarades de classe et plus particulièrement envers le héros du roman, Tom Brown et il est même indifférent à la souffrance des autres. Il transgresse les règles sans jamais se faire prendre et persécute les plus faibles à l’abri des regards des adultes. Il a une réelle emprise sur les autres à tel point qu’il réussit à faire garder le silence de ses camarades lorsque des incidents se produisent et que les maîtres demandent des explications. Le roman laisse une grande place également au rugby et à ses vertus éducatives et pédagogiques parce que ce sport, selon Thomas Hughes, demande un sens de la discipline et le respect d’autrui. C’est donc en pratiquant le rugby que Flashman sera finalement démasqué par ses entraîneurs car celui-ci n’arrive pas à respecter les règles de ce sport collectif et l’utilise même afin de harceler à nouveau ses camarades en donnant par exemple des coups lors des mêlées. Flashman sera alors exclu de son collège. C’est dans ce roman que l’on verra, pour la première fois, l’utilisation de « bullyer » qui signifie harceleur.

L’élève Törless de Robert Musil

Robert Musil, dans son roman Les désarrois de l’élève Törless paru en 1906, a lui aussi évoqué le phénomène du harcèlement avec l’élève Törless. Dans celui-ci en revanche, l’élève est spectateur et témoin dans un internat de violences physiques et morales que deux de ses camarades, Reiting et Beineberg font subir à un autre camarade, Basini, qui est « une victime passive et résignée ». L’élève se questionne beaucoup sur ses besoins, la norme, le bien, le mal… d’autant plus qu’il est en pleine période d’adolescence et en pleine recherche identitaire et se demande finalement si les scènes qu’ils voient le dégoûtent ou le fascinent. Ce qui est intéressant dans ce roman c’est que l’auteur évoque clairement la triangulation (un bourreau, une victime, un public) du phénomène. En effet, il décrit comment les deux garçons ont repéré leur victime pour pouvoir abuser de sa faiblesse, la persécuter et exercer un rapport de domination sur elle. Il décrit aussi le comportement de la victime qui se laisse faire croyant que les deux garçons, avec le temps, finiront par le laisser tranquille. Enfin, il décrit les spectateurs qui sont témoins des scènes comme Törless et qui sont partagés entre le dégoût et la fascination. En revanche, le rôle des adultes n’est pas décrit.

La chaussure de Heinemann

Ensuite, le phénomène a été approché dans les années soixante par le psychiatre suédois Heinemann qui a décrit une scène qu’il a lui même observé lors d’une visite dans une école primaire. Un groupe d’adolescents poursuivait en courant un enfant qui avait perdu dans sa fuite sa chaussure. L’enfant, terrorisé, n’avait même pas pris le temps de ramasser sa chaussure pour ne pas perdre de temps et c’est le psychiatre lui même qui l’avait fait. Il a alors mis en évidence la violence d’un groupe sur un élève.

Les premiers théoriciens du harcèlement

Comme nous l’avons vu, des phénomènes de harcèlement avait été décrit dans la littérature mais c’est plus tard, que le phénomène du harcèlement s’est fait connaître et notamment grâce à deux psychologues. Il s’agit en effet du norvégien, Olweus, et du psychologue britannique, Smith, qui lui ont donné une définition exacte et qui ont également réalisé de nombreuses enquêtes pour mesurer l’ampleur de ce phénomène et mettre en place des programmes de prévention.

C’est suite à plusieurs cas de suicides d’enfants du à des cas de harcèlement que le gouvernement norvégien a confié à Olweus une mission de recherche sur le phénomène du harcèlement, ce qui en fait le premier théoricien du « schollbullying ». Olweus est un professeur norvégien de psychologie qui a donc, dès les années 1970, décrit pour la première fois le « bullying » ou le « schoolbullying » composé de « school » qui signifie « école » lorsque le cadre du harcèlement est l’école et de « bullying » dont la racine « bully » vient du néerlandais « boele » qui signifie aujourd’hui après de nombreuses évolutions « fanfaron ». Même si ce terme apparaît difficile à traduire en un seul mot il se traduit en général en France par « harcèlement entre pairs » dont le mot « harcèlement » qui vient du mot « herser » (dans le temps les hommes utilisaient cet outil, la herse, pour briser les mottes de terre en effectuant plusieurs passages, cela correspond aux situations de harcèlements). Pour Debarbieux, le « schoolbullying » serait « une suite continue de microviolences » mais le terme « microviolences » a été considéré comme trop vaste pour décrire le phénomène et quelque peu euphémisant. En effet, il faut savoir qu’il n’existe pas de « petites » violences pour ceux qui les subissent surtout lorsque celles-ci durent dans le temps. Debarbieux (2006, cité par Catheline, 2008, 2009) (2006, cité par De Saint Martin, 2012), l’a d’ailleurs affirmé en disant que chaque microviolence, prise isolément, n’a pas trop d’importance mais que c’est lorsqu’elles sont répétées qu’elles en ont et elles peuvent alors devenir le quotidien de certains élèves.

Par la suite, Olweus a créé un instrument de mesure du « schoolbullying », le Questionnaire Olweus. En 1981, il propose de faire voter, en Norvège, une loi contre le schoolbullying à l’école mais c’est en Suède d’abord, en 1994, que cette loi a été validée par le Parlement. Elle a permis aux pouvoirs de mettre en place un programme obligatoire pour tous les établissements scolaires, associant des mesures d’information, de prévention et de traitement des cas de harcèlement. Ce programme de lutte et de prévention est devenu une référence. En 1983, Olweus prend en charge, en Norvège, la première campagne contre le harcèlement à l’école et un peu plus tard, en 1987, il dirige la première conférence européenne sur le school-bullying. Olweus rédigera plusieurs travaux et écrira plus d’une vingtaine d’ouvrages sur le phénomène où il met en avant notamment le droit fondamental pour l’enfant à se sentir en sécurité dans l’enceinte scolaire mais seul un de ses ouvrages, « Violences entre élèves, harcèlements et brutalités, les faits, les solutions » a été traduit en français par Hammen en 1999. C’est dans cet ouvrage que Olweus propose sa définition du harcèlement : « Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il est soumis de façon répétée et à long terme à des comportements agressifs visant à lui porter préjudice, le blesser ou le mettre en difficulté de la part d’un ou plusieurs élèves. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive, induisant une relation d’asservissement psychologique, qui se répète régulièrement.» (Olweus, 1993 cité par Bellon & Gardette, 2010). Selon lui, le harcèlement possède alors trois caractéristiques. La première caractéristique est l’intentionnalité de la conduite agressive c’est-à-dire que l’agresseur à l’intention délibérée de nuire à sa victime. Ensuite, la deuxième caractéristique est que cette conduite engendre une relation dominant/dominé. On observe alors un déséquilibre des forces et donc une domination de l’agresseur sur sa victime. Celle-ci peut être physique, morale ou encore psychologique. Enfin, la dernière caractéristique de cette conduite est que celle-ci se répète régulièrement et donc dure dans le temps. Les travaux de Olweus ont rapidement été repris en Grande Bretagne où des programmes de lutte contre le school-bullying se sont mis en place. Des parents d’élèves ont également mis en en place à cette époque des campagnes anti-school-bullying. Et en 1998, une loi est votée et oblige les écoles à mettre en place des mesures anti-bullying et encore aujourd’hui, une semaine anti-bullying est organisée chaque année au mois de novembre.

Smith a lui aussi donné une définition du harcèlement en 2002. Il s’agirait pour lui d’ « une violence répétée (mais pas obligatoirement quotidienne) physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre car en position de faiblesse, l’agresseur agissant dans l’intention de nuire à sa victime » (Smith, 2002 cité par Bellon, & Gardette 2010). Cette définition rejoint celle émise par Olweus mais elle s’en différencie en disant qu’une violence répétée n’est pas forcément quotidienne.

Le harcèlement entre pairs, un phénomène complexe

Les formes de harcèlement

Catheline (2015), pédo-psychiatre, distingue dans son ouvrage Harcèlements à l’école, deux formes de violences. Les formes directes de violence sont les violences physiques que sont les attaques, les coups d’un élève contre un autre, les jets d’objets… et les formes indirectes de violence que sont les propagations de rumeurs, les mises à l’écart, les manipulations… C’est ce que Olweus appelle le « bullying direct » et le « bullying indirect ». A cela peut s’ajouter ce qu’appelle Romano (2015), dans son livre « Harcèlement en milieu scolaire. Victimes, auteurs : que faire ? », le harcèlement matériel. Il s’agit d’attaques du matériel scolaire ou des objets personnels de l’élève qui s’accompagnent souvent de violences physiques. Parfois, la victime ne sait pas qui en est l’auteur. L’agresseur agit par plaisir et pour humilier l’autre et ne souhaite pas s’approprier les biens de sa victime. Cette forme de harcèlement est à distinguer du racket où l’agresseur veut s’approprier les biens personnels de la victime. Enfin, récemment est apparue une nouvelle forme de harcèlement, le cyberharcèlement ou le cyberbullying qui consiste, comme l’a définit le professeur canadien Bill Belsey en 2003 puis le chercheur britannique Smith en 2008 à utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication (internet via les blogs, les réseaux sociaux, les e-mails et le téléphone portable) pour envoyer des messages de menaces, d’intimidation, de chantage… de façon répétée ou pour publier des images humiliantes d’une personne. Le plus souvent, le harceleur emprunte une autre identité de manière à déstabiliser et à augmenter la peur de la victime. Le cyberbullying étant un phénomène nouveau, il pose un certain nombre de difficultés théoriques et notamment pour l’élaboration de sa définition.

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Table des matières

1. Introduction
2. Historique
2.1 Des cas de harcèlement dans la littérature
2.1.1 Flashman de Thomas Hughes
2.1.2 L’élève Törless de Robert Musil
2.1.3 La chaussure de Heinemann
2.2 Les premiers théoriciens du harcèlement
3. Le harcèlement entre pairs, un phénomène complexe
3.1 Les formes de harcèlement
3.2 Une relation triangulaire
3.2.1 Les harceleurs
3.2.2 Les harcelés
3.2.3 Les pairs témoins ou spectateurs
3.3 Les conséquences du harcèlement
3.3.1 Les conséquences pour le harcelé
3.3.2 Les conséquences pour le harceleur
3.3.3 Les conséquences pour les témoins
4. Les actions possibles pour lutter contre le harcèlement scolaire
4.1 Les actions mises en place dans les écoles
4.1.1 La surveillance
4.1.2 La formation des enseignants et des parents
4.1.3 La participation des pairs
4.2 Les actions mises en place dans les classes
4.2.1 L’instauration de règles de vie et de temps d’échanges
4.2.2 Encourager les travaux de groupe
4.3 Des actions mises en place pour les élèves et le personnel éducatif
4.4 États des lieux des instruments d’évaluation du harcèlement scolaire
4.5 États des lieux des actions de prévention et de sensibilisation au harcèlement scolaire
4.6. Le choix de la problématique
5. Méthodologie
5.1 Le choix d’une méthodologie mixte : quantitative et qualitative
5.2 Les participants
6. Description et analyse des résultats
6.1 La connaissance des enseignants et des élèves du harcèlement scolaire
6.2 Les expériences des enseignants et des élèves face au harcèlement scolaire
6.3 Le rôle des enseignants
6.4 Formation des enseignants et des élèves face au harcèlement scolaire
7. Discussion
7.1 Principaux résultats
7.2 Apports et limites
7.3 Perspectives
8. Bibliographie et Sitographie
9. Annexes
Annexe 1 – Guide d’entretien
Annexe 2 – Transcriptions des entretiens
Annexe 3 – Analyse des entretiens
Annexe 4 – Questionnaire
Annexe 5 – Tableaux récapitulatifs des réponses des élèves au questionnaire
Annexe 6 – Charte anti-plagiat

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