Construire des secteurs financiers accessibles à tous
Lorsqu’il s’agit d’aborder la structuration de secteurs financiers accessibles à tous, un constat s’impose : les institutions financières commerciales formelles, dans la majorité, ignorent le segment inférieur du marché. L’émergence des secteurs du microcrédit, de la micro-épargne et de la micro-assurance a été notoire dans divers pays en développement au cours des 25 dernières années. Leur objectif consiste à satisfaire les besoins des clients pauvres, malgré le coût plus élevé des transactions de faible montant. De plus, le différentiel de coût par rapport aux transactions, assez importantes, s’est réduit grâce aux progrès technologiques des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Les coûts de nombreuses opérations ont, ainsi, connu une décroissance spectaculaire.
L’idée d’un système financier accessible à tous
La vision est d’accroître de manière significative la portée du secteur financier auprès des entreprises et des ménages, qui en sont totalement exclus. D’où est née l’idée de mettre en place un secteur financier accessible. L’objectif général s’appuyé sur un cadre politique, légal et réglementaire solide, tel que chaque pays en développement soit capable de promouvoir une gamme cohérente d’institutions financières susceptibles de couvrir, ensemble, les besoins de tous les segments de la population. Les caractéristiques de cette vision sont les suivantes.
L’accès de l’ensemble des ménages et des entreprises, à un coût raisonnable, à la gamme de services financiers. A cet effet, ils peuvent prétendre : à l’épargne, au crédit, au crédit-bail, à l’affacturage, aux hypothèques, aux assurances, aux pensions, aux paiements ainsi qu’aux transferts d’argent locaux et internationaux.
La mise en place des institutions saines est requise. Celles-ci sont régies par : des systèmes de gestion internes appropriés, des normes de performance sectorielles, un suivi des performances par le marché et, si nécessaire, une réglementation prudentielle adéquate.
La pérennité financière et institutionnelle s’avère indispensable, comme moyen d’offrir un accès durable aux services financiers.
La multiplication des prestataires de services financiers est requise, afin de proposer aux clients une large variété de solutions efficientes.
Plusieurs considérations importantes doivent être prises en considération dans l’objectif de cette vision de créer un secteur financier accessible à tous. Il s’agit, entre autres, du droit à un traitement équitable à tous dans la société et du niveau de maîtrise des notions financières par les consommateurs. Toutefois, il est souhaitable qu’il y ait une certaine obligation de l’intervention de l’État ou de la société civile pour faciliter les conditions d’accès aux services financiers et une nécessité d’une projection sur le long terme des interventions en matière de politique financière. Par ailleurs, il ne faudrait pas exclure la possibilité de mettre en place des nouvelles formes de prestation, résultant d’une certain nombre d’innovations sociales, politiques, technologiques et financières. Il existe une gamme assez importante de politiques générales, qui favorisent ou handicapent l’inclusion des pauvres dans les systèmes financiers. Les politiques, axées sur la croissance équitable, ambitionnent de promouvoir la croissance économique tout en renforçant les capacités des gens pauvres à accroitre leur revenu et à s’institutionnaliser, en vue de constituer des secteurs financiers accessibles à tous opérationnels. Un cadre de politique macroéconomique avec des déficits publics excessifs constitue un facteur d’excision du secteur privé pour l’accès au crédit. De même, une politique macroéconomique, trop stricte, a tendance à étouffer la croissance économique et la demande privée de crédit. Des faiblesses institutionnelles généralisées, telles qu’une mauvaise gouvernance du secteur public, le manque d’efficacité des tribunaux et des procédures bureaucratiques excessives ou corrompues, peuvent également entraver le développement d’un pays. Dans certains contextes, les gouvernements interviennent directement dans l’économie pour protéger le public. Parfois, la meilleure façon de protéger le public consiste à promouvoir la concurrence et la transparence dans le secteur privé. De manière générale, des politiques, visant à garantir que l’acheteur puisse choisir parmi plusieurs options, sont nécessaires dans les économies de marché. Elles consistent à promouvoir la concurrence en facilitant l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché et en maintenant divers types de prestataires de service. Pour réaliser la vision d’un secteur financier accessible à tous, les services financiers, en faveur des couches les plus démunies et à faible revenu, doivent être considérés comme un composant essentiel et à part entière du secteur financier. Ce secteur doit intégrer une gamme cohérente d’institutions financières, exploitant les opportunités commerciales émergentes avec leurs avantages comparatifs respectifs. L’accès aux services financiers pour tous, doit être intégré dans toute stratégie de développement du secteur financier.
Le microcrédit
La micro-finance accorde des microcrédits aux emprunteurs, quel que soit l’individu ou le groupe d’individus, à des fins d’investissements, qui sont remboursables avec des intérêts. En général, les IMF commencent à offrir des crédits, avant de proposer d’autres produits. C’est la raison pour laquelle les IMF veulent démontrer leur capacité de couvrir toutes leurs charges. Ainsi, elle n’exige pas en principe un volume important de nantissement pour ce crédit, vu que les bénéficiaires sont des personnes exclues des banques ordinaires et qu’elles n’ont pas de garantie. Par contre, les IMF s’assurent du remboursement des crédits, en analysant au préalable la capacité de remboursement des clients. En outre, ces crédits sont exemptés de garantie avec la présence des avalistes ou des cautions solidaires. Cela signifie que les clients s’organisent en groupe et que, lorsqu’ils reçoivent des crédits individuellement, c’est le groupe, qui se porte garant du remboursement. On peut dire que le crédit peut seulement être octroyé à partir du moment, où tous les bénéficiaires sont en mesure de rembourser normalement. Depuis l’existence de la microfinance, tous les crédits octroyés sont à l’intention d’investissement productif et, bien sûr, que cet objectif est valable jusqu’à l’heure actuelle. D’autres types de crédit sont attribués par la microfinance, comme par exemple les crédits pour l’éducation, pour la construction de maison ou même le crédit à la consommation. Mais, il faut tenir compte que les clients des IMF sont, en général, des personnes à faible revenu et qu’ils sont souvent obligés d’utiliser de l’argent pour faire face à des besoins imprévus. C’est pourquoi il y a des bénéficiaires, qui ne peuvent pas rembourser leur prêt. A cet effet, la microfinance est obligée de proposer des frais d’administration de crédit assez élevés. Ce qui fait que les intérêts du microcrédit s’avèrent plus élevés que ceux des banques ordinaires. Ces conditions sont vraiment critiquées, parce que le microcrédit ne serait pas adapté aux personnes à faible revenu, sinon le risque de non remboursement est bien réel. Pourtant, il faut noter que les charges administratives entre les banques et IMF sont les mêmes, mais le montant des intérêts de microcrédit, attribué par la banque, est plus bas par rapport à celui de l’IMF. De plus, on a constaté que les intérêts très bas influencent le remboursement et que le microcrédit stimule généralement les revenus des emprunteurs.
Les objectifs et la nécessite des IMF sur le développement socioéconomique
Dans le cadre de la microfinance, il est important de s’intéresser, tout d’abord, aux problèmes d’actualité, qui restent la préoccupation de la grande majorité des gens pauvres. En effet, malgré les nombreuses difficultés, qui peuvent survenir, la microfinance doit toujours rester fidèle à cet objectif pour asseoir son importance et consolider sa place dans la stratégie de développement. Pour atteindre ses objectifs, la microfinance doit être en mesure de coordonner et d’organiser ses propres stratégies. Ainsi, il existe des objectifs spécifiques, qui doivent aller de pair avec l’objectif général. Parmi eux on peut citer, notamment:
L’atteinte de la couche de la « population la plus démunie »: même si c’est toute la catégorie de la population, qui doit bénéficier des activités de la microfinance. Il est nécessaire de préciser que la microfinance s’intéresse, tout particulièrement, aux groupes les plus défavorisés. En d’autres termes, la microfinance facilite l’accès au crédit et fournit des services financiers de proximité dans lutte contre la pauvreté. Il s’agit respectivement des points ci-après.
Le renforcement des capacités des acteurs : pour ne pas se lancer dans des activités à caractère hasardeux, voire risqué et aussi pour que l’investissement à travers les crédits de la microfinance soit productif, la nécessité de fournir aux acteurs de la microfinance le minimum de connaissances s’avère indéniable pour gestion à bon escient leurs ressources.
La microfinance est considérée comme une source de financement compétitif et efficace. Dans ce cadre, la notion de compétitivité est le résultat de la comparaison de la microfinance avec les institutions formelles ou les organisations, ciblant les pauvres. C’est le cas du Bangladesh, quand Khandler a proposé une évaluation entre rapport coût-efficacité des programmes de la microfinance, comparée à celle des autres institutions formelles. Par ailleurs, c’est l’existence des impacts positifs au niveau de la population, qui permet d’évaluer l’efficacité de la microfinance.
La microfinance est considérée comme catalyseur du développement économique. Dans un contexte économique favorable, la microfinance constitue un outil adapté pour améliorer les conditions de vie des pauvres, incapables d’exploiter les opportunités économiques, faute de moyens financiers. Selon S. Boyé : « La microfinance contribue à la réduction de la pauvreté ». En fait elle doit contribuer à l’augmentation des revenus, par la création des activités et par les dépendances visà-vis des prêteurs informels à l’instar des usuriers.
L’adaptation des services et des produits à la clientèle cible est primordiale. Toutefois, la microfinance doit répondre aux attentes de la population. En effet, il est nécessaire de faire une étude préalable pour connaitre les besoins de la population afin que cette dernière soit parfaitement intégrée aux activités projetées par la microfinance.
L’amélioration du capital social et du capital politique des clients : la microfinance joue le rôle de mobilisateur des liens sociaux dans la communauté. Celleci va contribuer à la minimisation des coûts de transaction et à la réduction des risques de non remboursement. Le renforcement du capital social et politique dans ces conditions améliore l’organisation au sein de la société.
Les différents paramètres, bases de la finance inclusive
La mise en place d’un système financier accessible à tous contribue à l’émancipation des pauvres, tant sur le plan économique que social. Cette émancipation leur permettrait de mieux s’intégrer dans l’économie de leur pays et, surtout, de participer à son développement et avoir une garantie face aux chocs économiques. L’appui à des initiatives et à des institutions de microfinance isolées vers la constitution du secteur financier, accessible à tous, est l’un de facteurs permettant aux gens pauvres et à faible revenu d’améliorer leur niveau de vie. L’ouverture d’un système fonctionne sur la base des avantages comparatifs, favorables aux micros, petites et moyennes entreprises et, surtout, à la population la plus démunie. Sa préoccupation est de faire face à une large exclusion financière existante dans les pays en développement. Ceci sous-entend que le secteur financier a toujours exclu la majeure partie de la population. La considération des besoins des services financiers est axée sur toute la population. Force est de constater l’émergence de nouveaux acteurs, comme les agriculteurs, les petits opérateurs et les personnes issues des couches les plus vulnérables. La conception, l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie tenant répondent aux besoins des bénéficiaires. En d’autres termes, il s’agit de la mise en place et/ou la concrétisation de l’offre de services financiers, adéquats, destinés à satisfaire des nombreuses demandes. A cet effet, il y a lieu de considérer les acteurs potentiels, capables d’assurer convenablement leur rôle dans l’offre de service financier. Et enfin, il est impératif d’assurer l’accompagnement des structures ciblées et jugées aptes à répondre à la demande. En outre, vu le contexte, qui prévaut aujourd’hui à Madagascar, après cette longue période de crise l’application des orientations doit se faire d’une manière prudence et progressive. En effet, cette situation est la source du retard et des diverses difficultés pour amorcer le décollage économique. D’ailleurs face à un certain nombre de promesses, qui existe encore, la notion de finance inclusive, basée sur une stratégie nationale devra être considérée dans le cadre d’une étape transitoire. Ce dernier a pour objectif d’aboutir à la structuration du secteur de l’offre sans minimiser les acquis, mais plutôt les préserver.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I. CONCEPT RELATIF AU SYSTEME FINANCIER
I. LES BASES POUR LA MISE EN PLACE DE SECTEURS FINANCIERS ACCESSIBLES A TOUS
I.1. Construire des secteurs financiers accessibles à tous
I.2. Les variétés des prestataires de service
I.3. L’idée d’un système financier accessible à tous
II. LES FACTEURS LIMITANT L’ACCES AUX SERVICES FINANCIERS FORMELS
II.1. L’identité et la situation géographique
II.2. La manière de gagner la vie
II.3. La perte de confiance dans les institutions financières
CHAPITRE II. LE SYSTEME DE FINANCE DECENTRALISEE
I. LA MICROFINANCE
I.1. Définitions
I.1.1. Définition selon quelques auteurs
I.1.2. Définition selon la Banque Mondiale
I.1.3. Définition selon le cadre juridique malgache
I.1.4. Les produits et les services offerts par la microfinance
I.2. Quelques éléments historiques
I.2.1. Pendant les années 80
I.2.2. La microfinance à Madagascar
I.2.3. Les objectifs et la nécessite des IMF sur le développement socio-économique
I.3. La micro-finance à Madagascar
I.3.1. Les types d’IMF
I.3.2. Classification des IMF
II. LA FINANCE INCLUSIVE
II.1. Définition
II.1.1. Les différents paramètres, bases de la finance inclusive
II.1.2. Les problématiques de la finance inclusive à Madagascar
CHAPITRE III. LE FONCTIONNEMENT ET LE DYSFONCTIONNEMENT DE FINANCE INCLUSIVE
I. LE FONCTIONNEMENT DE LA FINANCE INCLUSIVE
I.1. Situation actuelle de la finance inclusive à Madagascar
I.2. Environnement socio-politique et économique
I.2.1. Contexte socio-politique
I.2.2. Contexte socio-économique
I.3. Cadre d’étude
I.3.1. Cadre institutionnel, légal et réglementaire
I.4. L’offre en finance inclusive
I.4.1. Evolution des activités des IMF et des banques de microfinance
I.4.2. Situation des IMF sur le marché
I.5. La demande en finance inclusive
I.5.1. Demande de services et de produits d’épargne
I.5.2. Demande de crédit
I.5.3. Demande d’autres services et produits
II. LE DYSFONCTIONNEMENT DE LA FINANCE INCLUSIVE
II.1. Dysfonctionnement au niveau de la SNMFI et autre PTF
II.1.1. La faible mobilisation des ressources pour le financement de la SNMFI
II.1.2. L’absence du mécanisme de suivi-évaluation par les CNMF, la CSBF et l’APIMF
II.1.3. L’insuffisance des ressources de la CNMF, de la CSBF et de l’APIMF
II.1.4. La faible coordination des interventions des PTF
II.1.5. Les difficultés de financement de certaines IMF qui en ont besoin
II.1.6. Le non financement des IMF par la Banque Centrale
II.1.7. Le manque d’initiative pour l’extension des IMF dans les zones rurales
II.2. Dysfonctionnement au niveau des Institutions de la Microfinance
CHAPITRE IV. ANALYSE DES INDICATEURS DE PERFORMANCE DE FINANCE INCLUSIVE
I. ANALYSE DES PERFORMANCES
I.1. Les différentes évaluations
I.1.1. Evaluation de pertinence
I.1.2. L’évaluation de l’efficacité
I.1.3. L’évaluation de l’efficience
I.1.4. L’évaluation de la viabilité de la microfinance
I.1.5. L’évaluation de l’impact
I.1.6. L’évaluation de la durabilité
I.2. Indicateurs de portefeuille
I.2.1. Effet du crédit sur le revenu
I.2.2. Impact du crédit sur les dépenses familiales
I.2.3. Analyse liée à l’évaluation des résultats des comptes des IMFs à Madagascar
II. QUELQUES PERSPECTIVES D’ORIENTATION
II.1. Au niveau des Institutions de Micro-finance
II.1.1. Faire une campagne pour remédier au manque de pouvoir de dépôt
II.2. Au niveau de l’Etat
II.3. Au niveau de la SNMF et autres PTF
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ANNEXES
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