Définition d’une banque
En général, sont appelées banques « les entreprises ou établissements qui font profession habituelle de recevoir du public sous forme de dépôt ou autrement, des fonds qu’ils emploient pour leur propre compte, en opération d’escompte, en opération de crédit ou en opération financière ». Les banques utilisent donc les fonds collectés auprès des agents, non seulement pour accorder des prêts et différentes opérations financières, mais aussi pour le bon fonctionnement de leur propre compte. Compte tenu de ces actions, la majorité des banques sont toutes liquides. Par ailleurs, selon Gurley & Shaw (1960), « la banque est un intermédiaire financier dont l’activité principale est l’intermédiation entre les agents à excédents de ressources et les agents à déficit de financement, recevant ainsi des premiers les dépôts moyennant rémunération et octroi aux seconds des crédits rémunérés »9. A travers cette définition, on peut déduire que l’intérêt du capital joue un rôle important au niveau de la relation entre banque et privé. D’une part, le capital emprunté par les débiteurs (la partie en besoin de financement) doit être remboursé à une certaine échéance et payé chaque année avec le prix du service rendu qui est l’intérêt calculé à la base d’un taux d’intérêt débiteur. D’autre part, les créanciers bénéficient, en surplus de leur capital placé, un intérêt calculé à la base d’un taux d’intérêt créditeur. Et c’est la différence entre ces deux types d’intérêts qui constitue le profit de banque. Généralement, le taux d’intérêt débiteur excède toujours le taux d’intérêt créditeur.
Lien entre secteur financier et croissance économique : selon SOLOW
Dans le modèle de SOLOW (1956), le secteur financier n’a qu’un rôle passif dans l’accroissement de l’économie. La sphère productive peut transférer l’épargne des agents excédentaires vers les agents en besoin de financement pour que ces derniers puissent investir. Ce transfert a donc une influence sur l’intermédiation financière, mais non sur la croissance. Pour Solow, le seul élément explicatif de la croissance économique est le progrès technique qui est exogène. Cette théorie qui ignore le rôle des intermédiaires financiers a été très critiquée par les théoriciens qui adoptent la libéralisation financière tels que Shaw et Mackinnon, ainsi que par les théoriciens de la croissance endogène tels que Pagano ou encore Schumpeter.
Les critiques de la libéralisation financière
Plusieurs auteurs contredisent la théorie de la libéralisation financière tracée par Mackinnon et Shaw. D’abord, cette libéralisation financière est contre la théorie qu’a imposée Keynes en 1936. Selon cet auteur, le taux d’intérêt a un rôle crucial dans la décision d’investissement des agents économiques. Mais cette décision est indépendante du taux d’épargne. En effet, contrairement à Mackinnon et Shaw, il affirma que le taux d’intérêt n’a pas d’influence sur la décision d’épargne du fait que cette dernière dépend uniquement du revenu Y et de la consommation C. En fait, l’épargne S désigne un complément de la fonction revenu où Y = C+S. Ainsi, c indique la propension marginale à consommer qui mesure le rapport entre la consommation additionnelle ∆C et le revenu additionnel ∆Y et s indique la propension marginale à épargner qui mesure le rapport entre l’épargne additionnelle ∆S et le revenu additionnel ∆Y. Alors, nous avons : 𝑐 = ∆𝐶/∆𝑌 𝑒𝑡 𝑠 = ∆𝑆/∆𝑌 𝑜ù 𝑐 + 𝑠 = 1 Ainsi, Mackinnon et Shaw ne prenaient pas en compte l’effet « revenu ». Or, ce dernier peut engendrer une influence négative sur le taux d’épargne. En effet, les ménages anticipent qu’à travers une hausse de taux d’intérêt réel, le revenu futur de leurs placements financiers seront en hausse, c’est pourquoi, ils diminuent leur épargne et augmentent leur consommation. En outre, les neostructuralistes rejettent l’idée que la structure financière serait la cause du sous développement des pays du Sud. Selon eux, c’est la finance informelle17 qui détermine le taux d’intérêt nominal à travers l’équilibre entre offre et demande de crédit. Ainsi, cette finance informelle est considérée comme source de croissance économique dans les PED. De ce fait, la libéralisation financière a un effet défavorable sur le financement de leur économie. Le secteur financier informel englobe l’ensemble des transactions financières qui s’effectuent en dehors des réglementations imposées à l’activité du secteur financier formel en matière de taux d’intérêt et d’allocation du crédit, de réserves obligatoires et d’autres mesures analogues. La finance informelle s’opère donc entre les prêteurs privés, entre amis ou familles, considérée comme le début de la microfinance dans les PED. Enfin, le marché n’est pas toujours parfait, comme stipulaient Stiglitz et Weiss. Ils ont remis en cause l’hypothèse de Mackinnon et Shaw en affirmant que le déséquilibre structurel des marchés financiers est causé par l’asymétrie d’information.
Les banques commerciales
Selon la Commission de Supervision Bancaire et Financière, Madagascar dispose actuellement 11 banques territoriales qui sont tous des Banques commerciales. En 2008 où les banques commerciales n’étaient qu’au nombre de huit, la majorité de ces banques sont toutes contrôlées par des capitaux étrangers dont ceux des français sont les plus importants, et partageaient presque 62% du marché bancaire23. A part leurs activités ordinaires, ces banques ont le pouvoir de créer de la monnaie mais sous la surveillance de la CSBF. Et c’est cette dernière qui leur donne leur agreement. Ainsi, l’image du secteur bancaire à Madagascar s’est modifiée en 2014. D’abord, la Banque Industrielle et Commerciale de Madagascar (BICM) a cessé ses activités, ensuite la structure actionnaire de la BNI-Madagascar a été changée et elle a accueilli un nouvel actionnaire principal qui est le consortium Indian Ocean Financial Holdings Limited (IOFHL), et enfin la Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar (SIPEM Banque) a obtenu son agrément en tant que banque territoriale le 16 décembre 2014 par la CSBF.
Evolution du taux de croissance économique du pays
La crise politique que le pays subit depuis l’an 2009 ralentisse la performance de l’économie malgache. Ce ralentissement est observé généralement par la médiocrité du produit intérieur brut du pays qui reste faible par rapport à ceux de ses pays voisins. A titre d’exemple, si l’on compare les PIB par tête en 2013, la richesse produite par tête à Madagascar était de 462,97 dollars contre 9 202,52 dollars observée à l’Ile Maurice et 814,96 dollars aux Comores. En dépit de cette crise en 2009, on constate que le PIB malgache (mesuré en terme réel et nominal) a connu une hausse. Si le PIB réel était de 623, 6 milliards d’Ariary en 2008, il s’est évalué à 642,5 milliards d’Ariary en 2013. Toutefois, son taux de croissance (sa variation par rapport à l’année qui la précède) s’avère très faible. Ce taux tombait jusqu’à -4,18% en 2009 alors qu’il était presque à +7% en 2008. C’est à partir de 2010 que l’économie malgache commence à se relancer mais avec un taux de croissance très minime. Pendant l’année 2012, le taux de croissance économique était de 3,0%, il a été fortement influencé par la croissance galopante de l’industrie extractive du pays notamment les grandes entreprises d’investissement direct telles que le QIT Madagascar Minerals à Taolagnaro et le projet d’Ambatovy. Quant au taux de croissance des branches d’activités du pays, le taux de croissance du secteur primaire était de 2,9% en 2008 contre -6,1% en 2013. Selon les données de l’INSTAT dans le tableau de bord n°22 en janvier 2016, le secteur primaire à Madagascar connait une évolution en dent de scie alors que la majeure partie des aides extérieures est utilisée dans ce secteur. Concernant le secteur secondaire, son taux de croissance chutait jusqu’à -7,8% en 2009 pour atteindre un niveau de 9,3% en 2013. La principale cause de sa médiocrité en 2009 réside encore dans la crise politique qui avait eu une grande répercussion sur les activités des entreprises, tel est le cas des industries textiles et des zones franches. Par contre, quelques branches ont affiché une évolution spectaculaire. A titre d’illustration, le taux de croissance des industries de papier en 2009 était de 24,3% contre -19% en 2008. Enfin, le secteur tertiaire figure parmi l’un des secteurs le plus sensible à l’instabilité de l’environnement des affaires dans le pays. En 2009, son taux de croissance était de -7, 3%, ceci montre bien sa fragilité. Malgré ce recul, seuls le secteur bancaire et le secteur de télécommunication arrivaient à maintenir une évolution positive. Et jusqu’à maintenant, comme on trouve dans le rapport annuel de la banque centrale de Madagascar, ce secteur bancaire devance d’autres branches du secteur tertiaire comme la branche de transport de marchandise dans laquelle le développement est lié à l’expansion des industries minières.
Types de crédits octroyés par les IMF
La plupart des crédits des IMF sont destinées d’une part aux micros, petites et moyennes entreprises exclues du système bancaire, et d’autre part, aux particuliers tels que les salariés. En général, 65% des encours de crédits des IMF sont en vue de financer les besoins de trésorerie de leurs clients. Et seulement 15% et 10% du total des crédits sont destinés respectivement pour les équipements et pour l’habitat. Tout compte fait, la majorité des crédits des IMF sont des crédits à court terme. Mais ce secteur accorde aussi des crédits à moyen et à long terme, même si ces derniers sont à faible quantité. En effet, les IMF se sont améliorées, non seulement qu’elles ont pu étendre leur réseau, mais en plus de cela, elles affichent un accroissement de leur portefeuillecrédit. Ainsi, le tableau n°10 ci-dessous nous apporte un éclaircissement sur cette progression des IMF notamment sur leur capacité à vendre plus de crédits. Ce tableau nous indique qu’entre les années 2008 et 2013, les dépôts de la clientèle en proportion du produit intérieur brut, détenus par les IMF, ont connu une variation positive par rapport à chaque année qui la précède. Ce qui traduit une croissance continue des IMF malgré la crise en 2009. En 2008, ces dépôts de la microfinance constituaient 0,3% du PIB, tandis que en 2013, ce ratio s’élevait jusqu’à 0,8%. De même que pour les créances brutes, si on compare leur pourcentage par rapport au PIB, elles s’améliorent. Ayant connaissance de ces pourcentages, on peut dire que, le secteur de la microfinance constitue l’un des premiers concurrents du secteur bancaire en offrant des crédits à court, à moyen et à long terme. Pourtant, ces deux institutions sont parmi les éléments indispensables pour que l’économie puisse produire des richesses. La sous-section suivante sera donc consacrée à analyser si la variation des activités des IF contribue à l’accroissement du PIB.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
LEXIQUE
SIGLES ET ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ANNEXES
LISTE DES ENCADRES
INTRODUCTION
PARTIE I- INTERMEDIATION FINANCIERE AU SERVICE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE I- REVUE DE LITTERATURE SUR LES INTERMEDIAIRES FINANCIERS
Section 1- Les intermédiaires financiers et leurs fonctions spécifiques
I- L’intermédiation financière dans la macroéconomie financière
II- Les acteurs de la finance intermédiée
II-1- Les banques
II-1-1- Définition d’une banque
II-1-2- Catégories des banques
II-1-3 L’intermédiation bancaire à la base de la création monétaire
II-2- Les institutions de microfinance
II-2-1- Définition des IMF
III- Le rôle des banques et des IMF dans l’économie
Section 2- Complémentarité entre banques et IMF
I- La technologie bancaire
II- Limites de la technologie bancaire dans le financement des populations à faible revenus
III- La microfinance : pour la résolution des problèmes de sélection adverse et un moyen permettant d’accroître le taux de bancarisation
Section 3- Les soubassements théoriques du lien entre l’intermédiation financière et la croissance économique
I- Lien entre secteur financier et croissance économique : selon SOLOW
II- La libéralisation financière : selon l’approche de MacKinnon et Shaw
Les critiques de la libéralisation financière
III- Les intermédiaires financiers et croissance : selon la théorie de la croissance endogène
III-1- Les canaux de transmission entre sphère financière et croissance économique
III-2- La vision schumpetérienne
CHAPITRE II- L’INTERMEDIATION FINANCIERE A MADAGASCAR
Section 1- Historicité du secteur financier malgache
Section 2- Les composants du secteur financier à Madagascar, une place dominée par les intermédiaires financiers
I- La Banque Centrale
II- Les banques commerciales
III- Les Institutions de la Microfinance
Classification des IMF à Madagascar
IV- Les autres institutions non bancaires
Section 3- Le fonctionnement des intermédiaires financiers à Madagascar
I- Le taux d’intérêt
II- Les dépôts
III- Les crédits
IV- Le financement – refinancement des intermédiaires financiers
CHAPITRE III- PRESENTATION DE LA DEMARCHE DE RECHERCHE
Section 1- Approche de recherche et technique de collecte de données
Section 2- Les indicateurs utilisés dans les études empiriques
I- L’indicateur de structure de distribution
II- Taux d’intérêt débiteur et évolution de l’investissement privé
III- La mesure de la croissance économique
PARTIE 2- ANALYSE DU FINANCEMENT DE L’ECONOMIE A TRAVERS LES BANQUES ET LES IMF
CHAPITRE IV- SITUATION MACROECONOMIQUE DE MADAGASCAR
Section 1- Evolution du taux de croissance économique du pays
Section 2- Evolution de la part d’investissement et d’épargne interne dans le PIB
CHAPITRE V- LA CONTRIBUTION DES IF DANS LA CROISSANCE DU PAYS
Section 1- Analyse de l’évolution des bilans des IF
I- Vue d’ensemble du bilan bancaire
II- Analyse bilancielle des IMF
Bilan consolidé des institutions de la microfinance
Section 2- Analyse des créances à l’économie
I- Une faible transformation de dépôts en crédits dans le secteur bancaire
I-1- Evolution du poste de crédits et des dépôts à la clientèle des banques
I-2- Ratio entre dépôts et crédits à l’économie
II- Evolution du ratio entre dépôts/prêts (hors prêts interbancaires) des IMF
III- Evolution des créances à l’économie
III-1- Répartition des types d’emprunteurs auprès du secteur bancaire
III-2- Types de crédits octroyés par les IMF
III-3- Variation des créances à l’économie et du PIB
Section 3- La garantie d’un accroissement d’investissement via le taux d’intérêt débiteur
I- L’influence de la politique monétaire sur les activités des IF à Madagascar
II- Ventilation des types de crédits à l’économie
III- Evolution de l’investissement privé à Madagascar
CHAPITRE VI- LES FACTEURS DE BLOCAGE LIES AU FINANCEMENT DE L’ECONOMIE
Section 1- Les risques crédits : une limite pour le développement des IF à Madagascar
Section 2- Les obstacles liés au financement des investissements à Madagascar
I- Les droits légaux des emprunteurs et des prêteurs
II- Lacune sur le dispositif d’information
III- Indice de fiabilité de garantie
IV- Autres obstacles
IV-1- L’instabilité politique
IV-2- L’insécurité
IV-3- La corruption
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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