Filière Huile essentielle : de la production à l’exportation

Théorie des avantages absolus

                   Le principe des avantages comparatifs est une de plus grandes lois de la science économique. Il indique comment et pourquoi les individus, les groupes et les nations peuvent trouver un intérêt mutuel dans les échanges. C’est A dam Smith qui est à l’origine du concept d’avantage absolu. Pour lui, le commerce entre deux pays est basé sur ce principe. Le mécanisme de l’avantage absolu est le suivant : « lorsqu’un pays est plus efficace dans la production d’un premier bien par rapport à celle de son partenaire, mais moins efficace que ce dernier dans la fabrication d’un second bien, alors chaque nation a un avantage absolu dans un des deux produits ». Donc, ces pays ont intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel ils ont un avantage absolu et à échanger avec leur partenaire. Ce processus de spécialisation permet aux ressources économiques de chaque nation d’être utilisées plus efficacement qu’auparavant et d’augmenter la production des deux biens. Ainsi, l’échange est générateur de gain, mesuré par cette augmentation de production qui se répartit entre les deux pays. A. Smith a montré que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans le bien pour lequel ils disposent d’un avantage absolu sur son partenaire. Cependant, le modèle de Smith présente deux limites principales. D’abord, il ne s’attache qu’aux conditions de l’offre. Smith n’explicite pas les déterminants de la répartition du gain entre les partenaires. Si les deux pays gagnent à l’échange, cela ne signifie pas pour autant qu’ils retirent un gain identique. Ensuite, la spécialisation n’est possible que si un pays dispose d’un avantage absolu. En effet, pour échanger, les pays doivent avoir des avantages absolus dans au moins un produit sinon, ils ne peuvent pas participer au commerce international. C’est pour lever ces limites que Ricardo a développé un modèle en termes d’avantages comparatifs.

Limites et contraintes du modèle de Ricardo

                 Afin de maximiser les gains tirés des échanges, notre modèle suggère une spécialisation très poussée voire extrême de la part de chaque pays. Une telle spécialisation n’est évidemment pas envisageable dans la réalité à cause de l’existence de plusieurs facteurs de blocage, dont les trois principaux sont « l’existence de plusieurs facteurs de production diminue la tendance à la spécialisation, les pays protègent parfois leurs industries contre la concurrence étrangère, il est couteux de transporter les biens et services et dans certains cas, le coût de transport est suffisamment élevé pour conduire les pays à l’autosuffisance dans certains secteurs ». La première raison de la remise en question du modèle de Ricardo concerne la considération d’un seul facteur de production. En reconsidérant cette hypothèse, c’est-àdire en introduisant plusieurs facteurs de production, les conclusions ne seront plus les mêmes. En effet, dans sa théorie, Ricardo, en considérant les bénéfices que peut tirer un pays du commerce international dans son ensemble, néglige les effets de redistribution de revenu provoqués par le commerce international. La deuxième raison concerne le fait que l’ouverture au commerce international n’offre pas que des avantages aux pays concernés, l’ouverture aux marchés extérieurs peut engendrer des risques sérieux et des conséquences indésirables pour les pays. C’est pour cette raison que certains pays vont appliquer des politiques de restriction de leur marché afin de se protéger contre ces effets indésirables, en limitant leur ouverture aux échanges avec l’extérieur. Enfin, les avantages comparatifs ne sont plus pertinents lorsque les coûts de transport des biens à échanger sont très élevés. En effet, si les coûts de transport peuvent atteindre des niveaux tels que les avantages relatifs dans la production d’un bien donné viennent à disparaître. Il ne serait donc plus rentable pour le pays de s’engager dans les échanges car malgré une productivité élevé dans un secteur, il ne serait plus à même d’importer à meilleur prix afin que l’autre pays accepte lui aussi de se spécialiser ou d’exporter à son tour. En résumé, malgré le fait que certaines remises en question puissent rendre le modèle des avantages comparatifs totalement pertinente, les tests empiriques effectués sur le modèle tendent à corroborer ses deux déductions principales – à savoir que les différences de productivités jouent un rôle important dans le commerce international et que c’est l’avantage comparatif plutôt qu’absolu qui le structure.

Plantes d’huiles essentielles

               Les huiles essentielles peuvent être extraites de différentes parties de la plante. Il peut s’agir de:
– L’écorce : citron, orange, cannelle
– Graines : clou de girofle, coriandre
– Racines : angélique, vétiver
– Feuilles : feuilles de girofle, eucalyptus, mélisse
– Bois : bois de cèdre, bois de rose, santal
La teneur des plantes en huiles essentielles est faible, voire infime. Pour obtenir un litre d’huile essentielle, il faut par exemple 10 kg de clous de girofle, de 4 à 10 tonnes de pétales de rose, 150 kg de fleurs de lavande, ou encore 10 Ares de surfaces cultivées de chanvre. La différence de rendement selon le végétal aura une influence sur le prix du flacon.

Caractéristiques générales de la filière

1. Les acteurs de la filière : La chaîne de valeur de la filière huile essentielle comprend les étapes ci-après : production (culture), collecte, extraction et la commercialisation. Les acteurs de la filière sont donc constitués par:
Les producteurs : Ils sont constitués par des cueilleurs individuels ou en groupe (cueillette effectuée en milieu forestier), des cultivateurs et des propriétaires de plantation, ils sont les fournisseurs de matières premières. La majorité des cueilleurs sont peu organisés, peu encadrés et peu spécialisés. La cueillette constitue une source de revenu secondaire, les paysans préfèrent cultiver le riz et vaquer à d’autres activités. Les prix d’achat des matières premières sont fixés par les collecteurs et ne sont pas négociables, le calcul des prix est basé sur la quantité fournie, le critère qualité n’est pas considéré. Les cultivateurs travaillent sur des petites parcelles de terre, ils peuvent obtenir des informations sur le prix des plantes au niveau des marchés locaux et sont plus aptes à négocier avec les collecteurs. Cependant ils ne maîtrisent pas les normes et techniques de production Les plantations fournissent une production stable et un meilleur contrôle de la qualité. Laproduction est organisée et tend vers le respect des normes de production internationales. Chaque acteur de la chaîne de valeur comprend son rôle. Les plantations requièrent cependant des investissements en gestion, formation, équipement, main d’œuvre. L’accès aux finances devient une contrainte. Les plantations sont plus susceptibles de certification biologique que les autres producteurs car elles contrôlent mieux leur production, fournissent de la traçabilité et disposent de capacité financière pour payer des services d’assistance technique.
Les collecteurs : Ce sont les intermédiaires entre la base productive et les distillateurs ou exportateurs. Ils sont bien implantés dans le tissu économique local et ont suffisamment de moyens pour l’achat et l’acheminement des matières premières. Ce sont des acteurs difficilement contournables dans les zones enclavées puisqu’ils sont l’unique lien entre les agriculteurs et les distillateurs. Il existe plusieurs niveaux de collecteurs : ceux qui sont en contact directement avec les sites de production ou de cueillette (ambulants) ; ceux qui collectent en grande quantité. Certains collecteurs collaborent entre eux pour fixer les prix d’achat des plantes.
Les distillateurs : Trois principaux procédés d’extraction sont utilisés : extraction par distillation, solvant ou expression. Le procédé d’extraction le plus pratiqué actuellement est la distillation, elle s’avère moins coûteuse en terme d’investissement. Cinq fractions d’huiles Essentielles peuvent être obtenues à l’issue du procédé de distillation : Extra Supérieur, Extra, Première, Deuxième et Troisième. Elles se distinguent par la densité de l’essence. Les fractions Extra Supérieur, Extra et Première sont destinées à la parfumerie de luxe, les Deuxième et Troisième sont destinées aux cosmétiques, savons et détergents. Des grandes unités de distillerie sont situées dans les grandes villes et une multitude de petites distillerie sont localisées dans de petites villes ou près des points de collecte. Les petites unités sont subdivisées en deux types :
• Les distilleries associées à de larges entreprises exportatrices par de contrats commerciaux. Elles sont équipées d’alambics modernes en acier inoxydable avec un contrôleur de chaleur intégré et maîtrisent les techniques modernes. Elles fournissent des huiles essentielles de bonne qualité et de fractions supérieures. Ces unités sont peu nombreuses.
• Les distilleries informelles équipées d’alambics artisanaux, les plantes y sont en contact direct avec la chaleur. Elles fournissent des huiles essentielles de mauvaise qualité et de fractions moyennes.
La distillation requiert plus de compétences techniques que les autres étapes de la production. L’énergie requise pour chauffer la distillerie est un important coût de facteurs, les techniques de distillation ne sont pas maîtrisées, il a été remarqué par exemple que l’eau est mal utilisée pour la condensation, les équipements ne sont testés avant utilisation.
Les distributeurs et exportateurs Ils sont le lien entre le marché et la production malgache. Ce sont des sociétés ou des opérateurs individuels qui assurent la commercialisation. Trois types de distributeurs existent :
• Les exportateurs sur le marché international,
• Les distributeurs sur le marché local,
• Les exportateurs ayant effectué une intégration verticale dans le milieu rural pour assurer leur approvisionnement en matières premières
Les entreprises exportatrices sont obligées de développer leurs aptitudes pour l’amélioration de leurs sources d’approvisionnement et des techniques agricoles pour répondre aux besoins du marché acheteur. Ces entreprises optent pour deux stratégies :
• La mise en place de leur propre plantation et unité de distillerie,
• La mise en place de petites unités de distillation dans les zones rurales à proximité des ressources, formation des producteurs pour atteindre des standards de qualité.
Les acteurs situés à la base de la filière (producteurs, collecteurs) sont peu structurés contrairement aux autres acteurs (distillateurs, exportateurs) qui sont plus organisés. Il y a très peu d’intégration verticale et presque aucune intégration horizontale. L’association professionnelle SYPEAM/PRONABIO formée par des entreprises exportatrices ne fonctionne pas de manière efficiente puisqu’elle manque de moyens financiers. Or, cette association est d’une importance capitale pour défendre les intérêts des entreprises exportatrices lors des travaux d’élaboration de stratégies de développement et de réformes touchant la filière.

Processus de production : Cas de la production du Ravintsara

La plantation : La plantation du Ravintsara se fait par la semence de ses grains. Cette semence se situe pendant la saison d’été car la floraison dépend du sol et des conditions climatiques de la région. La technique de plantation consiste en la méthode des semis protégés. Après un mois, on assiste à leur germination : ensuite, on effectue la transplantation des jeunes plants ; puis à terme de cette période, les jeunes plants acquièrent une certaine hauteur et commencent à élaborer l’embauche de l’inflorescence terminale. La transplantation des jeunes plants dans des pots de fleurs ou des sachets en plastique pendant une durée de deux à trois mois s’appelle repiquage des jeunes plants afin que l’inflorescence se forme et les bourgeons se développent. Pendant ce temps, on prépare le sol pour la pépinière de ces transplantations. La préparation consiste à fertiliser le sol par les engrais organiques dits « compost » et à l’entretenir en enlevant les herbes, labourant le sol, enfin les trous pour recevoir les racines des jeunes plants. Après la transformation lorsque les plantes arrivent à sa fructification, c’est-à dire à prendre des branches et de hauteur après trois ans, on passe à sa coupe. C’est une technique adoptée pour obtenir plus de feuilles car ce sont les feuilles dont nous avons le plus besoin pour servir de matières premières. La maturation se situe après un an de cette coupe. Et c’est à partir de ce moment que la collecte aura lieu. Toutes ces plantations exigent des conditions écologiques particulières à savoir des régions à climat chaud parce que les feuilles grêlent et la plante se meurt. Par contre, lorsqu’il y a forte température, on installe au dessus des semis des ombrages humides pour assurer son arrosage pour vu que le sol soit fertile et riche en matière organinque.
La récolte et le stockage des feuilles : Après quatre ans, quand les feuilles sont matures, on effectue la cueillette sauvage, les feuilles sont bios par nature, on les transporte à la distillerie pour l’extraction. Les feuilles sont tout de suite triées, nettoyées, pesées et séparées par des piquets en quantité de 190 kg de feuilles. Ce poids correspond à la capacité de l’alambic. Elles sont stockées sous un hangar tout près des matériels de distillation pour faciliter le chargement de l’alambic.
La fabrication de l’huile essentielle : L’huile essentielle de ravintsara est obtenue par une distillation exclusivement à la vapeur des feuilles de la plante de ravintsara. Après avoir collecté et préparé les feuilles (matières premières), on nettoie les matériels de distillation si on a déjà effectué une distillation d’huile essentielle autre que l’huile essentielle de ravintsara. Le nettoyage se fait par une distillation à blanc des matériels. Ces matériels sont :une chaudière branchée sur un alambic d’une capacité de 190 kg de matières premières, un condenseur pour le refroidissement de la vapeur, et enfin un col d’arrosoir en acier inoxydable servant d’essencier, permettant de séparer l’huile essentielle de l’eau. Le processus s’effectue tout d’abord par la mise en marche de la chaudière pour faire bouillir l’eau afin d’obtenir la vapeur. Ensuite charger l’alambic en tassant les feuilles. Après l’avoir chargé, on met le couvercle et on verse de l’eau sur la bordure du couvercle pour servir de joint. Cela pour s’assurer qu’aucune vapeur ne s’échappe du couvercle. Puis, la vapeur passe à la condensation où l’essence circule à travers le serpentin confronté à l’eau froide dans ce réfrigérateur en acier, d’où la chaleur de l’huile essentielle se condense. Enfin, un liquide sort de cet appareil de condensation et c’est le vase floral qui reçoit cette sortie. La différence de densité de l’huile comparée par rapport à l’eau, l’huile, par sa légèreté (densité inférieure à 1) remonte en surface. Ainsi on récupère la partie surnagée du vase floral, en bouchant la sortie de l’eau, par une burette graduée. Pour une extraction, la durée d’une distillation d’huile essentielle de ravintsara est de 2h30 à 3h après la première goutte. La première goutte est celle sortie de l’appareil de condensation. Pour une journée, on arrive à trois distillations pour l’huile essentielle de ravintsara.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1: ANALYSE DE LA FILIERE HUILE ESSENTIELLE 
Chapitre 1. CONCEPT SUR L’ANALYSE FILIERE 
I. Le modèle ricardien : Des avantages absolus aux avantages comparatifs
1.1 Théorie des avantages absolus
1.2 Théorie des avantages comparatifs
1.3 Limites et contraintes du modèle de Ricardo
II. Le modèle de Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS)
2.1 Présentation du modèle
2.2 Commerce international et modèle à facteurs spécifiques
2.3 Conclusion du modèle
2.4 Limites du modèle
III. Les nouvelles théories du commerce international
3.1 Economie d’échelle
3.2 La théorie de la concurrence imparfaite ou de la concurrence monopolistique
IV. La politique commerciale internationale
4.1 Qu’est ce qu’une politique commerciale ?
4.2 Les différents instruments de politique commerciale
Chapitre 2. Présentation de la filière 
I. Définition
II. Plantes d’huiles essentielles
III. Catégories d’huiles essentielles
IV. Utilisation et domaine d’application
V. Caractéristiques générales de la filière
VI. Analyse SWOT de la filière
PARTIE 2: ANALYSE DE LA PRODUCTION ET DE L’EXPORTATION 
I. Production
1. Principes de fabrication
2. Processus de production: Cas du Ravintsara
3. Principales zones de production
4. Période de production
II. Répartition des offres mondiales 
1. Offres pour les industries de parfumeries
2. Offres mondiales d’huiles essentielles pour les arômes
III. Offre malgache d’huile essentielle 
1. Les différentes catégories d’huiles essentielles offertes par Madagascar
2. les principaux pays de destination
IV. Evolution et facteurs explicatifs 
V. Politique de développement de la filière 
1. La filière
2. L’exportation
CONCLUSION
RESUME ANALYTIQUE

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