Focus du feedback
Comme nous venons de le voir, le feedback peut avoir comme référence le résultat de l’action de l’apprenant, ou le mouvement de ce dernier – le processus – qui permet d’acquérir la gestuelle adéquate. Tous deux se complètent et ont leurs avantages en fonction du sport de l’apprenti et aux types de mouvements.
Le premier d’entre eux, focalisé sur le résultat, est plus efficace lorsque le résultat est visible par l’apprenant ; ainsi, un joueur de basketball, de football, …etc. peuvent facilement observer l’aboutissement de leur gestuelle de tir respectivement au panier ou au goal. C’est d’ailleurs la conclusion de l’étude menée par ROTHSTEIN et ARNOLD (1976).
Le feedback centré sur le processus de l’apprenant serait quant à lui bien plus efficace pour des sports dans lesquels les athlètes ne peuvent appréhender le résultat de leur gestuelle facilement comme, par exemple, la gymnastique. La même étude de ROTHSTEIN et ARNOLD (1976)3 ainsi que celle de Buekers (1995)4 nous amènent effectivement à cette conclusion.
Feedbacks intrinsèque et extrinsèque
La différence de ces deux feedbacks réside dans la manière, pour l’apprenant, de recevoir le feedback. En effet, et comme le montre l’utilisation de ces deux termes spécifiques, le feedback intrinsèque va être reçu par l’apprenant de lui-même ; il s’agit de : « la conscience personnelle de l’influence de ses actions et pensées sur le résultat ou sur le déroulement d’une action ». Ce sont donc majoritairement nos sens qui sont utilisés pour se représenter l’action que nous venons d’accomplir, ce qui diffère avec le deuxième type de feedback. Celui-ci provient d’informations émises par des auxiliaires extérieurs : entraineurs, tierce personne, vidéo, …etc. ; bref, tout ce qui ne provient pas de l’apprenant lui-même, d’où l’appellation « focus extrinsèque ». On peut d’ailleurs parler de feedback « augmenté ». Le feedback virtuel que nous donnons aux apprenants lors de cette étude correspond donc à ce genre de feedback
Feedback online et offline
Le feedback peut être reçu par l’apprenant à différent moment de son entrainement: pendant la gestuelle (feedback online ou simultané) et après celle-ci (feedback offline ou différé).
Ces deux temps différent sur ce qu’ils apportent à l’athlète ; le feedback simultané serait bénéfique pour la coordination segmentaire comme le montre l’étude de Swinnen, Lee, Verschueren, Serrien & Bogaerds (1997)6 Les études de Austermann Hula, Robin, Ballard, & Schmidt (2008)7 et Ranganathan & Newell (2009) , quant à elles, montrent que le feedback différé est utile pour laisser l’apprenant acquérir le mouvement de manière intrinsèque .
Le feedback vidéo virtuel interactif (FVVI)
Voici ce que cette appellation désigne : « Nous estimons que le FVVI pourrait se résumer de la sorte : retour d’information (par projection sur un écran) d’une performance réelle d’un sujet sous forme d’un Avatar digitale trois dimensions (3D) qui reproduit cette même performance dans le même laps de temps mais dans une scène virtuelle où nous lui juxtaposons un expert virtuel, ou ghost, (modèle de performance digital 3D) qui effectue le mouvement en simultané ».
Dans notre étude, le sujet doit suivre les mouvements de l’expert virtuel, aussi appelé « VEM » pour « virtual expert modeling », autant que possible pour se familiariser avec la technique du lancer. L’apprenant a différentes manières de recevoir le feedback : online, c’est-à-dire pendant la performance, et offline, après cette dernière .
On a pu constater que ces deux timings de feedback sont utiles pour le sujet, mais la grande différence réside dans l’attention qu’il leur porte. En effet, le feedback online n’est pas évident à analyser puisque le sujet doit se concentrer non seulement sur ce qu’il voit à l’écran, mais aussi sur le mouvement qu’on lui demande de réaliser, ce qui peut parfois diminuer l’attention du sujet sur le feedback instantané ; d’où l’utilisation de feedback différé, qui lui est donné après la réalisation de la gestuelle et permet donc une focalisation complète de l’apprenant sur sa propre performance passée ; il pourra donc plus facilement repérer et corriger ce qu’il estime être faux en comparant son mouvement à celui de référence. Il parait donc nécessaire d’allier feedback online et offline pour garantir un meilleur apprentissage.
L’apprentissage classique de la passe au football américain
Ce dernier se réalise par l’assemblage des quatre phases ci-dessous :
« Early cocking » correspond au premier geste d’armement du bras : pied d’appui en arrière, rotation du bassin, visualisation de la cible.
« Late cocking » se réfère au dernier mouvement d’armement du bras : coude remonté au niveau de l’épaule, toujours avec le bassin en tension et visualisation de la cible avec le pied avant qui la suit.
« Acceleration » coïncide à la phase de tir à proprement parler : le bassin en tension se relâche avec dynamisme, en y ajoutant le mouvement du bras, pour donner de la vitesse à la balle.
« Follow Through » : le mouvement du corps continue même après avoir lâcher le ballon, un peu comme après un tir au panier en basket avec le mouvement de « fouetté » du poignet. Cela permet une bonne rotation de la balle sur elle-même et une meilleure précision du lancer.
Ces quatre phases présentées ci-dessus sont constamment observées chez les quarterbacks appartenant à la NFL, la ligue professionnelle de football américain aux Etats-Unis, et forment donc le mouvement final de la passe.
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Table des matières
1. Résumé
2. Introduction
3. Le feedback
3.1 Définition
3.2 Focus du feedback
3.3 Feedbacks intrinsèque et extrinsèque
3.4 Feedback online et offline
3.5 Le feedback vidéo
3.6 Le feedback vidéo virtuel interactif (FVVI)
3.7 Etudes sur le sujet du FVVI
3.8 L’apprentissage classique de la passe au football américain
4. Expérience
4.1 But du travail
4.2 Méthode
4.3 Hypothèses de recherche
5. Les résultats
5.1 Résumé des méthodes d’analyse
5.2 Résultats des comparaisons de mouvement 2.b
5.3 Résultats du lancer contre cible 2.c
6. Discussion
6.1 Points forts et limites du travail
6.2 Portée de l’étude et perspectives futures
6.3 Comparaisons des résultats avec d’autres travaux
7. Conclusion
8. Bibliographie
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