Un premier essai : les plans de travail
Pour permettre à mes élèves de devenir plus autonomes, j’ai d’abord essayé de mettre en place des plans d’autonomie. Ce dispositif consiste à leur préparer des petits fichiers dans lesquels étaient disposés des exercices de réinvestissement ou des exercices plus ludiques tels que des jeux ou des mots croisés. Les élèves savaient qu’une fois le travail obligatoire terminé, ils pouvaient prendre leur fichier d’autonomie, le temps que les autres élèves terminent leurs exercices. J’ai testé ces plans d’autonomie sur les périodes deux et trois de l’année. Cependant, les résultats ne me convenaient pas. En effet, pour les élèves les plus efficaces, les plus rapides, les plans d’autonomie consistent en un travail pertinent. Par contre, pour les élèves les plus fragiles, ces plans d’autonomie ne sont jamais utilisés ou très peu réinvestis. Du coup, l’objectif n’était que partiellement atteint et cette mise en place ne me convenait pas.
Pourquoi rendre les élèves autonomes ?
Nous pouvons alors nous demander quel est l’intérêt de rendre nos élèves autonomes. La première réponse à cette question est inscrite dans les programmes officiels. D’après le socle commun de connaissances, de compétences et de culture8 , et plus précisément dans les domaines 2 et 3, l’autonomie fait partie des objectifs de l’école. Le domaine 2 « Les méthodes et outils pour apprendre » précise qu’il faut apprendre aux élèves à organiser leur travail. Dans toutes les disciplines, les élèves apprennent à devenir autonomes. Ils apprennent à apprendre une leçon, à relire un texte ou une consigne, à utiliser des outils de référence, à fréquenter des bibliothèques, à coopérer, à réaliser des projets… Le domaine 3 « La formation de la personne et du citoyen » permet à l’élève d’acquérir la capacité à émettre un point de vue. Il est sensibilisé au jugement moral, il accède à une réflexion critique, justifie ses arguments… Les élèves commencent à acquérir une conscience citoyenne. Cet enseignement alimente l’acquisition progressive de l’autonomie. L’objectif premier de l’école est alors de rendre l’élève autonome, de le préparer à sa vie de futur citoyen. Permettre aux élèves de devenir autonomes, oui mais comment ?
Les questions ouvertes
Définition de l’autonomie : Pour une majorité des élèves, la définition de l’autonomie revient à dire « qu’on est seuls ». Ils ont à priori bien compris qu’être autonome correspondait à travailler sans l’aide de l’adulte. Ils sont aussi plusieurs à noter qu’être autonome c’est aussi travailler « ensemble ». En effet, dans l’organisation mise en place, les élèves savent qu’ils sont libres de travailler avec un camarade s’ils en ressentent le besoin. Un travail en ateliers, pour faire quoi ? J’ai également interrogé les élèves sur l’utilité du travail en ateliers. Je voulais m’assurer que le principe de cette modalité était compris par les élèves. Une partie d’entre eux est consciente que l’on travaille en ateliers pour apprendre à travailler seul. Ils réalisent également qu’ils travaillent mieux, qu’ils sont plus efficaces et plus rapides. Lors des ateliers, ils choisissent le travail qu’ils veulent faire et sont conscients que cette organisation leur permet de planifier leur travail. La notion de « liberté » revient aussi dans les réponses des élèves. Ils savent qu’ils sont libres de choisir le travail à effectuer et l’ordre dans lequel ils souhaitent travailler. De ce fait, ils font le travail quand ils l’ont décidé, ce qui amène une motivation supplémentaire. Dans les corrections que j’ai pu faire, il est évident que les performances des élèves sont meilleures. Leurs productions sont plus appliquées et le travail est fait avec soin. Ce que les élèves aiment ou n’aiment pas Il m’a semblé important de connaître aussi le ressenti des élèves. Certes, je discute beaucoup avec eux mais il me semblait essentiel dans ce questionnaire de récolter aussi leurs avis. Ils ont été nombreux à me dire qu’ils ne trouvaient rien de désagréable dans le travail en ateliers. Seule une élève a dit qu’elle n’aimait rien. Il serait alors intéressant de discuter avec elle pour lui demander d’argumenter, de préciser. Cela me permettrait de comprendre son ressenti et d’améliorer les modalités du travail en ateliers et de revoir mon organisation. Les élèves ont plutôt répondu à cette question en se basant sur ce qu’ils aimaient faire ou ne pas faire d’un point de vue général. Nous trouvons donc des réponses comme « les maths », « les angles droits », « la leçon de lecture » … Je pense que ma question était trop ouverte, ce qui ne me permet pas de cibler les réponses sur le travail en ateliers.
L’autonomie spatiale
Pour analyser l’autonomie spatiale acquise par les élèves, il est plus judicieux de se baser sur l’observation de ceux-ci lors de leur travail. Ils savent qu’ils peuvent se déplacer comme ils le souhaitent et s’installer à une place qui n’est pas obligatoirement la leur. Pour le calcul mental par exemple, ils savent aussi qu’ils peuvent s’installer dans le coin regroupement. Quand on les observe, on peut relever une certaine aisance de la part des élèves à profiter de l’espace et à l’utiliser à bon escient. On peut aussi les écouter et entendre certaines réflexions, qui montrent une certaine émulation, une certaine motivation. Souvent les élèves disent « Ah allez maintenant je vais là », « pour les maths, je vais m’asseoir ici » ou encore « Viens, on va se mettre là-bas ». Quand on observe l’extrait vidéo, on remarque également que les élèves se déplacent librement et qu’ils savent où se diriger pour aller chercher tel ou tel matériel. Une certaine autonomie spatiale est clairement acquise chez les élèves.
L’autonomie matérielle
Dans l’enquête, une question concernait l’utilisation du matériel. Je leur ai demandé s’ils savaient où aller le chercher. Dans notre organisation en ateliers, le matériel est disposé de deux façons. Celui des ateliers dits « fixes » est à disposition des élèves dans le meuble à ateliers (Annexe 2). On y trouve toutes les activités autonomes, les jeux libres et le calcul mental. En fonction des ateliers à réaliser, le matériel nécessaire aux ateliers du jour est placé sur les bancs du coin regroupement. Dans l’enquête réalisée, les élèves répondent à 83 % qu’ils savent où aller chercher le matériel. En les observant, je remarque également qu’ils sont très autonomes à ce sujet. En effet, ils sont très peu à venir me demander où trouver tel exercice ou tel manuel. Ils savent tous, aujourd’hui, après quasiment deux mois de travail en ateliers où ils doivent disposer leurs fiches ou leurs cahiers une fois le travail terminé. Certains élèves sont moins soignés que d’autres et ne respectent pas totalement les consignes en ce qui concerne les feuilles ou les exercices à coller mais je crois qu’il s’agit là d’un degré d’autonomie plus ou moins acquis en fonction des élèves. Petit à petit, ces élèves progressent et deviennent de plus en plus soignés et rigoureux dans leur travail.
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Table des matières
Introduction
I- Constat et questionnement
I.I- Quelques semaines après la rentrée
I.II- Questions émergentes et hypothèses
II- Essais et résultats
II.I- Un premier essai : les plans de travail
II.II- D’autres dispositifs
III- La théorie
III.I- Autonomie
III.I.I- Définition
III.I.II – Différents types d’autonomie
III.II- Pourquoi rendre les élèves autonomes ?
IV- Hypothèses et mises en oeuvre
IV.I- Les périodes 1 et 2
IV.II- Les périodes 3 et 4
V- Mise en place du dispositif et analyse du protocole
V.I- Protocole
V.II- Résultats/ Données
V.II.I – Les questions ouvertes
V.II.II – Les questions fermées
V.III- Bilan : interprétation des résultats
V.III.I- L’autonomie affective
V.III.II- L’autonomie spatiale
V.III.III- L’autonomie temporelle
V.III.IV- L’autonomie matérielle
V.III.V- L’autonomie intellectuelle
V.III.VI- L’autonomie physique
VI- Limites et progrès
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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