INTRODUCTION
Le district d’Ambohimahasoa fait partie de la région de la Haute Matsiatra. Elle comprend 18 communes [1]. C’est une région à forte potentialité car ses caractéristiques physiques comme le sol et le climat sont favorables à l’agriculture et à l’élevage [2]. L’homme, devenu éleveur a d’abord dû lutter contre les maladies qui tuaient le bétail [3].Il y est pratiquement parvenu grâce surtout à l’utilisation de vaccins qui permettent de protéger les animaux contre les maladies mortelles souvent dues aux bactéries et aux virus. Les parasites, connus depuis la plus haute antiquité, n’ont été étudies que bien plus tard. L’élevage intéresse cependant 72% des ménages ruraux malgaches que ce soit de bassecour ou de gros bétail (INSTAT, 1999), et il constitue la principale source de revenu pour une bonne partie de la population rurale [4]. Depuis plus d’un demi-siècle, le recensement officiel donne un effectif de 10 millions de têtes de zébus (bovin à bosse) [5]. En outre, le zébu regroupe plus de 95% de l’effectif bovins présentes à Madagascar où il est omniprésent et la statistique révèle que près de trois-quarts des troupeaux sont constitués de zébus d’élevage extensif avec pâturage naturel. Ce chiffre ne correspond plus au fameux concept « un habitant= un bovin » Les causes de cette régression sont nombreuses mais les causes pathologiques sont les plus importantes dont la fasciolose qui est une maladie parasitaire réputée cosmopolite. Elle est due à un trématode du genre Fasciola. Cette maladie est de nos jours, une maladie d’allure enzootique et affecte surtout le foie. Les conditions d’élevage extensif à Madagascar facilitent l’atteinte de cet organe par la fasciolose :la disette alimentaire pendant la saison sèche qui abaisse l’état de résistance de l’animal, l’absence de gestion de parcours et l’obligation de faire pâturer les animaux dans les bas-fonds humides et au bord des cours d’eaux favorisent l’infestation et la ré infestation de la maladie[6]. De même, les mesures prophylactiques contre cette maladie restent pour l’instant très aléatoires. Pour assurer un certain équilibre entre l’animal et le parasites, le seul moyen utilisé actuellement et accessible aux éleveurs reste le traitement .Toutefois, le cout de traitement préventif et curatif de la fasciolose est élevé [3]. Sur le plan économique, Madagascar était mondialement reconnu pour son potentiel en bovin à viande. Car 80% des Malgaches sont des paysans [2]. Les Malgaches considèrent les bovins comme faisant partie de leur vie sociale et économique. Les cérémonies rituelles des Malgaches sont toujours marquées par l’abattage des bovins et économique par le fait que les bovins constituent un signe de richesse et de prestige [5]. Les pertes occasionnées par cette maladie se manifestent aussi bien sur l’animal vivant que sur la qualité bouchère de la viande. Cette maladie est une antropozoonose (maladie se transmettant à l’homme ainsi qu’à l’animal) [2]. Les cas de fasciolose bovine ont donc des influences sur la pathologie des hommes, car ce sont les ruminants qui souillent les terrains en bordure des cressonnières et des cultures maraîchères où les larves infestant peuvent être ingérées par l’homme à travers les cressons. De cette importance économique et de la politique de promouvoir la santé humaine à travers la santé animale découle l’idée de procéder à cette recherche, afin d’avoir ou de connaitre la persistance actuelle de cette maladie à Ambohimahasoa, et de proposer des stratégies de lutte contre la fasciolose bovine. Ce travail comprend trois parties dont la première rappelle les connaissances bibliographiques suivies par les méthodes et les résultats, la dernière partie est réservée à la discussion et à la conclusion
Diminution de la production laitière
Elle diminue essentiellement dans les élevages améliorés utilisant des vaches fortement productrices [2,15].La fasciolose affecte tant sur la quantité que sur la qualité du lait .Ainsi, une vache saine produit 6% plus de lait qu’une vache infestée puis traitée, et 8% plus de lait qu’une vache faiblement infestée. La perte s’élève à 20% si la vache est fortement infestée. De plus, la fasciolose entraine des pertes tant au point de vue qualité que quantité du lait. Une vache saine produit 6% plus de lait qu’une vache infestée puis traitée et 8% plus de lait qu’une vache faiblement infestée (100% douves adultes au maximum dans le foie).La perte s’élève à 20% si la vache est fortement infestée (plus de 500 douves adultes) [14].
Modalités d’évolution des différents stades
Œufs Les œufs sont éliminés dans le milieu extérieur de façon irrégulière. En fonction du rythme des vidanges biliaires (3000 à 4000 œufs) peuvent être éliminés quotidiennement par un adulte [25]. Il est ovoïde, operculé et a une coquille transparente de couleur brun jaunâtre .Il contient un ovule, entouré par un grand nombre de cellules nourricières. A l’extérieur, les œufs subissent une incubation de durée variable en rapport avec la température du milieu. Elle est ainsi de 14 jours en moyenne pour Fasciola hepatica et de 16-18 jours pour Fasciola gigantica à 26° C [26].
Miracidium Le développement larvaire débute si l’œuf est dans une eau peu profonde et suffisamment oxygénée [27]. Dans ce milieu aquatique, ces œufs s’embryonnent, éclosent et laissent sortir un embryon cilié très mobile appelé Miracidium (de forme triangulaire et mesurant 130μm de long) au bout d’un laps de temps très variable entre 3 à 6 semaines. Les Miracidiums nagent dans l’eau, et vont pénétrer dans d’hôte intermédiaire Limneanatalensis hovarum qui est un mollusque basommatophore pulmoné d’eau douce (hôte intermédiaire obligatoire des Fasciola gigantica [28].
Sporocystes Le miracidium ayant rencontré la limnée, adhère à sa surface et immédiatement secrète un enzyme digestif puissant qui ramollit les tissus du gastéropode. Il pénètre alors dans la cavité respiratoire du mollusque et son aspect va changer. Il perd ses cils et se transforme en une petite masse globulaire et irrégulière appelée sporocyste [29].
Rédies Les rédies envahissent l’hépatopancréas du mollusque, s’y développent pour atteindre une taille de 1.3 à 1.6 mm de long [10,30]. Chaque rédie effectue 2 phases de reproduction asexuée. Une phase marquée par les bourgeonnements de la paroi interne de la rédie qui se transforme en « rédies filles ». Un processus analogue peut encore conduire à la multiplication de « rédies petites filles » lesquelles donnent chacune plusieurs cercaires [6]. Cette évolution se déroule surtout en hiver ou [quand la température est basse ; à la température optimale, elle dure 2 mois et demi dans le cas de Fasciola hépatica et plus de 4 mois dans le cas de Fasciola gigantica [31]. Au cours de cette phase d’évolution, la polyembryonie est telle qu’un seul miracidium donne naissance à 2000 cercaires par mois [32].
Cercaires Les cercaires sont des organismes dotés d’un tube digestif, de deux ventouses et d’une queue [27]. Ce sont des formes infectieuses à aspect de têtard, dont le corps mesure 300 μm muni d’une queue de 700 μm [31]. Les cercaires, munies d’un flagelle, quittent le mollusque au niveau du pneumostome lorsque le milieu extérieur est particulièrement humide [2,6].L’expulsion des cercaires hors de l’hôte intermédiaire n’a lieu qu’à une température comprise entre 10°C et 26°C [33]. Les cercaires perdent leur queue très rapidement (après une dizaine de minutes), s’enkystent sur des brins d’herbe semi immergés et se transforment en métacercaires [2].
Métacercaires Ils ont une forme sphérique, blanche nacrée de la taille d’une tête d’épingle (200μm) et c’est l’élément infestant de l’hôte définitive. Cependant la métacercaire pour être infestant, subissent en quelques jours certaines transformations ; un kyste interne vient doubler l’enveloppe externe qui constitue un écran protecteur contre le froid, la chaleur et la sécheresse [30]. En attendant l’ingestion par l’hôte définitif, sa durée de vie moyenne est de 6 mois à 1 an variant en fonction des conditions climatiques et notamment la température et l’humidité [24].
Jeunes douves Les kystes ainsi ingérés sont dissous dans l’intestin et libèrent des douves immatures qui migrent de l’intestin vers le parenchyme hépatique (en moins d’une semaine) en passant par la cavité péritonéale. Les jeunes douves histophages (oudouvelles) migrent au travers du parenchyme hépatique en augmentant de taille et gagnent les canaux biliaires en 7 à 8 semaines. En quelques semaines ces jeunes douves deviennent adultes et acquièrent leur maturité sexuelle [34].
Benzimidazoles
L’albendazoleà une action sur les formes adultes à condition d’être utilisé à des doses élevées [38].Le triclabendazoleest active contre les jeunes douves et les douves adultes. Les benzimidazoles agissent comme inhibiteur de la polymérisation des tubulines, protéines intracellulaires, indispensables à la réalisation des mitoses [28].L’oxyclozanide appartient à cette famille de molécules. Elle administre par la bouche à la dose de 15mg/kg.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE :RAPPELS
Etude bibliographique de la maladie
I- Généralités sur la maladie
I-1-Definition
I-2 -Synonymie
I-3 Historique de la fasciolose à Madagascar
I-4 Répartition dans l’espace
I-4-1 Répartition dans le monde
I-4-2 Répartition de la fasciolose en Afrique
I-4-3 Répartition géographique de la fasciolose à Madagascar
I-5 Importance
1-5-1 Maladie cosmopolite
1-5-2 Importances économique
I-5-2-1 les pertes de l’animal sur l’animal
I-5-2-3 Les pertes après l’abattage
I-5-2-4 La diminution de la production laitière
II- Biologie du parasite
II-1 Le parasite
II-1-1 systématique
II-1-2 Morphologie de Fasciola : (morphologie externe)
II-1-2-1Fasciola gigantica
II-1-2-2 Fasciola hepatica
II-2 Anatomie de fasciola
II-2-1 Système digestive
II-2-2 Le système nerveux
II-2-3 L’appareil génital mâle
II-2-4 L’appareil génital femelle
II-4 Cycle biologique de la douve
II-5 Modalités d’évolution des différents stades
II-5-1 Les œufs
II-5-2 Miracidium
II-5-3 Les sporocystes
II-5-4 Les rédies
II-5-5 Les cercaires
II-5-6 Les métacercaires
II-5-7 Les jeunes douves
III- Le Lymneae natalensis: hôte intermédiaire
III-1 Biologie et morphologie
III-1-1 Systématique de la lymnée natalensis
III-1-2 Morphologie descriptive
IV- Epidémiologie
IV-1 Epidémiologie analytique
V-Pathogénie
V-1 Migration des douves
V-2 Actions induites chez l’hôte définitif par la migration des jeunes douves
V-2-1 Action mécanique des jeunes douves
V-2-2 Action antigénique
V-2-3 Action inflammatoire
V-2-4 Induction d’abcès
V-3 Actions induites chez l’hôte définitif par la présence des douves adultes dans les canaux biliaires
VI- Etude clinique de la fasciolose
VI-1 Symptômes du aux migrations des douves immatures
VI-1-1 Forme aigue
VI-1-2 Forme atténuée ou chronique
VI-2 Symptôme dus aux développements des vers dans les canaux biliaires
VI-2-1 Phase d’anémie
VI-2-2 Phase de diarrhée
VI-2-3 Phase d’œdème
VII- Les lésions anatomo-pathologiques
VII-1 Lésions de la forme aigue
VII-2 Les lésions de la forme chronique
VIII- Diagnostic
VIII-1 Diagnostic clinique
VIII-2 Diagnostics de laboratoire ou diagnostics biologiques
VIII-2-1 Numération sanguine
VIII-2-1 Les réactions sérologiques : trois méthodes
VIII-2-2 Les méthodes coprologiques
VIII-2-4 Autres méthodes de diagnostic
IX- Traitements
IX-1 Les familles de fasciolicides et leur mode d’action
IX-1-1 Les phénols halogénés
IX-1-2 Les benzimidazoles
IX-1-3 La famille des sulfonamides
IX-1-4 Les salicylanilides
IX-2 Les traitements symptomatiques
IX-2-1 Thérapeutique hépato protectrice
IX-2-2 Traitement hygiénique
IX-2-3 Traitement martial
IX-2-4 Traitement de tonus général
X- Prophylaxie
X-1 Mesure offensives ou prophylaxie générale
X-1-1 Chez l’hôte définitive : chez les ruminants (ovin, bovin, caprin,)
X-1-2 Chez l’hôte intermédiaire : (limnée natalensis)
X-2 Mesures défensives
DEUXIEME PARTIE :METHODES ET RESULTATS
I-METHODES
I-1 Présentation de la zone d’étude
I-2 Le cadre d’étude et choix des villages d’intervention
I-3 Type d’étude et durée d’étude
I-4 Population d’étude
I-5Critères d’inclusion et exclusion
I-6 Taille d’échantillonnage et échantillonnage
I-7 Echantillonnage et taille d’échantillonnage
I-8 Considération éthiques et limites
I-9 Méthodes d’inspection de foies à l’abattoir
I-10 Méthodes de prélèvement
I-11 Méthodes de transport et de conservation
I-12 Méthodes d’analyse de laboratoire
II- Aspect qualitatif
II-1 Méthode
III- Résultats
III- 1 Résultats des analyses coproscopiques
III-2 Fasciolose par catégorie d’animaux
III-3 Taux d’infestation pour chaque espèce de parasite
III-4 Distribution géographique d’infestation de douve
IV- Résultats des enquêtes
IV-1 Statistique
IV-2 Types d’élevage et races des animaux élevés
IV-3 Composition du troupeau des éleveurs enquêtés
IV-4 Alimentation et eau d’abreuvement
IV-5 Situation sanitaire des animaux
IV-6 Origine suspecte de l’infestation des bovins
IV-7 Origines de l’infestation des bas-fonds
V- Présentation du milieu d’étude
V-1Situation géographique
V-1-1 Délimitation
V-1-2 Superficie
V-1-3 Divisions administratives
V-2 Milieu physique
V-2-1 Relief et altitude
V-2-2 Climat
V-2-3 Sol
V-2-4 Végétation
VI- Milieu humain et social
VI-1Population
VI-2 Ethnie, us et coutume
VI-3 Répartition urbaine et rurale
VI-4 Mode de vie et activités de la population
VI-5 Santé publique
VI-6 Sécurité publique
VI-7 Secteur économique agricole
V-4 L’élevage bovin
VI-4-1 Type et mode d’élevage
VI-4-2 Alimentation
VI-4-3 Abreuvement
VI-4-4 Habitat et hygiène
VI-4-5 Santé
VI-4-6 Reproduction
VI-4-7 Destination des bovins
VII- Matériels et méthodes
VII-1- Matériels
VII-1-1 Pour l’enquête
VII-1-2 Matériels utilisés pour l’inspection de foie à l’abattoir
VII-1-3 Matériels de prélèvement de fèces
VII-1-4 Matériels de conservation et de transport
VII-1-5 Matériel d’enregistrement
VII-1-6 Matériels d’analyse de laboratoire
TROISIEME PARTIE
I- DISCUSSION
I-1 Interprétation des résultats de la coproscopie
I-2 – Interprétation des résultats des enquêtes
I-2-1- La fasciolose dans la zone d’étude comparée aux autres études antérieures à Madagascar et dans les autres pays
I-2-2 Difficultés rencontrées dans la lutte contre la fasciolose
I-2-3 Les impacts de la fasciolose dans la production
I-2-4 Propositions de stratégie de traitement dans la lutte contre la fasciolose
II-SUGGESTIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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