CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
On estime que chaque année, ce sont plus de 500.000 femmes soit environ une femme toutes les minutes qui meurent des suites de complications liées à la grossesse ou pendant l’accouchement. Environ 99% des décès maternels, surviennent dans les pays en développement dont plus de 90% en Afrique et en Asie. En 2000, les deux tiers des décès maternels se sont produits dans les 13 pays les plus pauvres du monde. Une femme d’Afrique subsaharienne sur 16 mourra des suites d’une grossesse ou en couche contre 1 sur 4000 dans les pays industrialisés.
Au niveau de l’Afrique de l’Ouest et du centre, le problème de la mortalité maternelle se pose avec acuité. Entre 500 et plus de 1000 décès pour 100.000 naissances vivantes sont enregistrés dans les 23 pays de la région. Les complications liées à la grossesse ou à l’accouchement sont la première cause mondiale de décès et d’infirmité chez les femmes en âge de procréer. Si les femmes de tous les pays et de toutes les conditions sociales, peuvent présenter des complications, celles des pays en développement ont moins de chance de recevoir rapidement des soins adéquats. La mortalité maternelle est un fléau qui cause de lourdes pertes au niveau de nos pays. Au Sénégal, l’Etat à travers les programmes sanitaires ne cesse d’entreprendre des stratégies de lutte contre ce phénomène. Ainsi, pour améliorer les problèmes en ce qui concerne la santé maternelle, le gouvernement en collaboration avec l’OMS, n’a cessé de construire de nouveaux hôpitaux, de réhabiliter ceux qui existaient et de renforcer les plateaux techniques des structures sanitaires.
Cependant, nous pouvons noter que malgré les nombreuses stratégies mises en œuvre par le gouvernement pour lutter contre la mortalité maternelle, cette dernière reste élevée : 410 décès pour 100.000 naissances vivantes (EDS IV). La prise en charge des femmes au moment de l’accouchement dans les services sanitaires, fait appel à différents facteurs dont l’explication peut différer selon les contextes. Pour comprendre donc les mécanismes et les conditions dans lesquelles s’effectue cette prise en charge, il nous a semblé nécessaire de faire une étude scientifique sur ce phénomène.
Cette étude a pour but de déceler les facteurs autres que les facteurs médicaux qui peuvent intervenir dans la prise en charge des parturientes. De même, elle s’est aussi intéressée à l’organisation interne afin de voir si cette dernière n’a pas d’impact sur les conditions de travail du personnel soignant. A cet effet, l’hôpital « El Hadj Amadou Sakhir Ndiéguène », qui est une structure de second niveau autrement dit un service de référence au niveau de la région de Thiès, a été choisie comme cadre d’étude. Cette structure qui a connu la réforme hospitalière et de nombreuses réhabilitations au niveau de ses infrastructures dans le but de mieux répondre aux exigences de la prise en charge adéquate des patientes et l’amélioration des conditions de travail des agents, est un cadre idéal pour étudier la prise en charge.
Etant donné que notre thème de recherche porte sur la prise en charge des parturientes, notre enquête s’est déroulée au niveau du Service de la Maternité de l‘hôpital. Le travail est constitué de trois (03) parties : dans la première partie, nous allons élaborer le cadre théorique et méthodologique, dans la deuxième, la présentation du milieu d’étude et dans la troisième partie, nous aurons l’analyse et l’interprétation des données.
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CADRE THEORIQUE
PROBLEMATIQUE
Plus que tout autre problème sanitaire, la grossesse, l’accouchement et leurs conséquences demeurent les principales causes de décès, de maladie et d’incapacité chez les femmes en âge de procréer dans les pays en développement. En effet, dans les pays en voie de développement, plus de 300 millions de femmes souffrent actuellement d’affections chroniques ou de courtes durées consécutives à la grossesse et à l’accouchement. 529000 d’entre elles décèdent chaque année laissant derrière elles des enfants que leur disparition voue encore d’avantage à la mort. Aujourd’hui, comme on peut s’y attendre, la plupart des décès maternels, sont enregistrés dans les pays les plus pauvres. L’écart entre le risque de décès des femmes en âge de procréer est de 1 sur 16 dans les pays en développement contre 2 sur 2800 dans les pays développés.
Au moment où le problème de la mortalité maternelle est presque circonscrit en Occident ; en Afrique celui-ci devient un vrai handicap. La plupart des complications auxquelles les femmes enceintes des pays sous-développés sont confrontées, apparaissent le jour de l’accouchement. Au Sénégal, 1 femme sur 11 peut s’attendre à mourir suite aux complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Ce phénomène qui sévit dans le pays pose d’énormes difficultés quant à la santé de la mère mais aussi de l’enfant. Ainsi, la prise en charge inadéquate de la grossesse ou de l’accouchement, entraîne des complications dont les conséquences sont néfastes. Chaque grossesse présente un risque d’issue défavorable pour la mère et pour l’enfant. Ces risques varient d’un continent à un autre, d’un pays à un autre, d’une couche sociale à une autre et d’une femme à une autre. Par exemple, le nombre de décès lié à une complication de grossesse ou d’accouchement est de 1 sur 60 dans les pays en développement et de 1 sur 4100 dans les pays industrialisés selon les estimations de l’OMS, l’UNICEF et le FNUAP. Ces complications sont directement liées à des hémorragies, des infections ou des blocages au cours de l’accouchement (travail dystocique), accidents dus le plus souvent à une hypertension artérielle (CEFOREP). Cependant, nous pouvons noter qu’avec les programmes sanitaires tels que le PNDS, le PANAF, les politiques gouvernementales et de l’OMS, il y a eu des signes d’amélioration en matière de santé maternelle. A travers l’EDS IV, les taux de mortalité maternelle ont baissé au Sénégal, passant de 510 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes (EDS III de 1997) à 410 pour la période 2005.
Cependant, les problèmes des hôpitaux publics des pays en voie de développement et plus particulièrement ceux du Sénégal ne datent pas d’aujourd’hui. Les difficultés auxquelles étaient confrontés les hôpitaux publics, avaient fait l’objet d’un programme initié par l’Etat. Ce programme avait pour but d’engager une réforme dans ce secteur afin de répondre aux exigences d’une politique orientée vers la santé pour tous et à celles de la société moderne qui demande une médecine de plus en plus efficace. Dans ce cadre, l’Etat et les collectivités locales ont eu à apporter aux hôpitaux les dotations qui leur permettent de remplir leurs missions, en particulier de traiter les urgences et de maintenir les tarifs à un niveau acceptable. Mais, malgré ce programme et les changements perpétuels dans le domaine de la santé, le constat est que les problèmes persistent au niveau des hôpitaux publics. Certes, on note une apparente baisse de la mortalité maternelle, mais elle reste toutefois élevée comme dans le reste des pays de la région avec des taux se situant dans leur majorité entre 500 et 1000 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes (EDS IV).
Ce taux élevé de mortalité s’explique souvent par des facteurs internes, d’ordre social pour certains et d’ordre technique pour la plupart. Les premiers sont non négligeables mais diffus, car comme le notent certains auteurs, dans les services de santé publique, on a tendance à négliger le facteur d’hospitalité. Ce facteur qui se manifeste par la forme d’accueil des personnels de santé à l’égard des patientes peut avoir un impact sur leur accouchement. A cet effet, Abdou Salam Fall , montre que les structures sanitaires se sont souvent présentées comme des cadres organisationnels à part, alors que les modes d’action qui s’y jouent, demeurent le prolongement des interactions sociales et les enjeux de l’espace temps.
Les seconds facteurs sont les plus récurrents, Tiemtore Mariam souligne d’ailleurs que cet état de fait résulte de l’insuffisance de la prise en charge des parturientes. Selon elle, ce phénomène est à attribuer d’une part au fait que les parturientes se présentent très tardivement en consultation, généralement au 2ème trimestre, et d’autre part à l’incompétence de certains personnels soignants. Dans cette même optique, Some (D) et Al trouvent que le personnel soignant adopte des manœuvres et comportements inappropriés pendant l’accouchement, préjudiciables à la vie de la mère et de l’enfant.
Ces comportements se traduisent par :
• une absence du personnel pendant que la femme est sur la table d’accouchement
• un examen de la parturiente qui se limite au toucher vaginal
• l’utilisation systématique de l’ocytocine pour accélérer l’accouchement. Maymouna Bâ quant à elle, montre que le déficit de la prise en charge des femmes enceintes est lié à l’insuffisance du plateau technique, au déficit en matière d’assistance qualifiée, à l’ignorance des risques liés à la grossesse et à l’accouchement.
Ainsi, si les causes des décès maternels sont purement médicales, les facteurs qui en favorisent la survenue sont parfois d’ordre socioculturel, économique et démographique, renvoyant d’une manière générale, au niveau du développement des pays concernés. La région de Thiès a connu une certaine évolution depuis 2001 grâce aux constructions effectuées par l’Etat et ses partenaires notamment la Banque Mondiale . A cet effet, l’hôpital régional de Thiès est devenu un Centre Hospitalier Régional sous la tutelle de la région médicale. Cet hôpital a aussi eu un financement pour la réhabilitation de ses infrastructures avec la coopération japonaise en 1999 et en 2000. A cela, s’ajoute l’ouverture de deux autres maternités dans la commune de Thiès destinées à réduire la charge de travail de la maternité régionale. Cependant, malgré la réforme hospitalière, l’ouverture de ces maternités et les améliorations apportées à la prise en charge des patients, nous notons que cet hôpital rencontre beaucoup de difficultés.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET MODELE THEORIQUE
CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE
DEUXIEME PARTIE : DESCRIPTION DE LA ZONE ETUDIEE
CHAPITRE IV : PRESENTATION DE LA REGION DE THIES
CHAPITRE V : LA SITUATION DES INFRASTRUCTURES DE LA REGION
CHAPITREVI : DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DU CHRT
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE VII : LES FACTEURS DE PRISE EN CHARGE
CHAPITRE VIII : RAISONS ET CRITERES DU CHOIX DE LA STRUCTURE
CHAPITRE IX : RELATIONS SOIGNANTS-SOIGNES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES