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Ses obligations
La salle d’attente est un lieu privé ouvert au public, de fait c’est un espace de liberté pour le praticien qui peut l’aménager comme il le souhaite. Mais il se doit de respecter quelques contraintes réglementaires. Notamment, il se voit dans l’obligation de payer la redevance SACEM en cas de diffusion musicale. Les aménagements d’accessibilité aux personnes handicapées doivent être retrouvés dans toutes les pièces qui composent la maison de santé. Enfin il doit respecter un affichage obligatoire, comprenant : l’interdiction de fumer, les tarifs pratiqués, l’appartenance à une association de gestion agréée, le statut vis-à-vis de la convention médicale, l’information aux patients quant à l’utilisation de fichiers informatiques, les numéros d’urgences pour assurer la permanence des soins. (5)
Sa représentation
En 2016, un groupe de médecins généralistes suisses s’est penché sur le profil de la salle d’attente idéale. (6) Il en ressort qu’elle doit être calme, lumineuse, aérée, décorée avec goût, permettant aux gens d’attendre, de se détendre et de s’informer dans une ambiance confortable et chaleureuse. La salle d’attente doit être fermée, sa propreté irréprochable avec désinfection régulière des divers éléments qui la compose. En période d’épidémie, du matériel de protection et de désinfection ainsi qu’une poubelle doivent être mis à disposition.
Une majorité des médecins généralistes se représentent la salle d’attente comme un lieu favorable à l’éducation sanitaire. 80% d’entre eux jugent qu’elle est un lieu approprié à la diffusion de messages d’éducation sanitaire. (7) Mais l’attente a une symbolique qui peut être chargée d’angoisse et c’est pourquoi l’autre partie des médecins généralistes préfèrent faire de leur salle d’attente un lieu vierge de matériel à vocation médicale pour favoriser la relaxation en vue de la consultation. (8)
L’affichage
Son intérêt
L’affichage est un des vecteurs de communication privilégié entre le médecin et son patient en salle d’attente. Nous définissons l’affichage comme l’ensemble des affiches que le médecin traitant va décider d’accrocher aux murs de sa salle d’attente.
Toutes les affiches ne vont pas remplir les mêmes objectifs. Certaines seront à but préventif (promouvoir des dépistages, la vaccination, …), à but éducatif (gestes barrières, limites de consommation d’alcool, …), à but informatif (sur des associations, sur des recommandations HAS, des articles de revues scientifiques, affiches obligatoires (voir ci-dessus), …) ou tout simplement à but décoratif.
Dans ce travail de recherche, nous avons décidé de nous intéresser à tous les types d’affiches en dehors de celles qui sont purement décoratives, car il nous semble plus utile d’un point de vue médical d’étudier l’affichage qui véhicule des informations concrètes pour les patients.
Le cadre légal
Le médecin est responsable de ce qu’il propose dans sa salle d’attente, de fait s’il est libre de choisir les affiches qu’il entend exposer, il reste tenu de respecter le code de déontologie médicale, notamment en ce qui concerne :
– L’article 19 qui interdit la pratique commerciale de la médecine et « tout aménagement donnant aux locaux une apparence commerciale. » Cela implique l’exclusion des affiches et autres documents à caractère publicitaire ou commercial. (5)
– Les articles 13,14, 20 et 39 qui rappellent la responsabilité du médecin qui cautionnerait des informations fausses ou non vérifiées. (5) Cela ayant comme conséquence que les messages délivrés sur les affiches doivent être appuyés par des arguments reconnus par la communauté médicale et scientifique. (Exemple : un médecin ne peut pas promouvoir des affiches anti-vaccins, …)
– L’article 31 qui rappelle que le médecin « doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci. » (5) De fait il n’est pas autorisé à faire de la propagande politique, religieuse ou à imposer ses convictions morales à ses patients au travers de l’affichage. (Exemple : campagnes anti-IVG, …)
Sa provenance
Le médecin peut produire lui-même les affiches qu’il met dans sa salle d’attente, mais dans la majorité des cas elles sont réalisées par divers organismes intéressés par cet espace de diffusion qui va s’adresser à une très grande partie de la population. On distingue des organismes de santé publique (Les caisses d’assurance maladie, les services de protection sanitaire ou sociale, les comités pour l’éducation sanitaire), des associations caritatives de santé ou des associations de malades qui peuvent proposer des affiches au médecin, lui permettant alors de participer aux campagnes de santé publique et cela fait partie de ses missions (article 2 et 12 du code de déontologie médicale).
Des laboratoires pharmaceutiques distribuent aussi des affiches aux médecins, elles peuvent délivrer des messages de santé publique (exemple : rappels de règles hygiéno- diététiques dans les maladies cardio-vasculaires, promotion de certains dépistages, …). Mais le conseil national de l’ordre des médecins encourage les praticiens à rester prudents avec certaines affiches émises par ces laboratoires qui peuvent s’apparenter à de la publicité cachée illégale en salle d’attente. De plus, elles attirent la méfiance des patients qui peuvent être amenés à suspecter une connivence entre le laboratoire et le praticien.
Enfin, des associations culturelles ou sportives locales peuvent aussi proposer des affiches pour des événements plus ou moins en lien avec la santé. Il appartient au médecin de décider de la pertinence de diffuser ces informations en cabinet médical.
Visibilité / Réception / Impact
L’objectif d’un affichage est de délivrer une information au patient et qu’elle soit comprise et acceptée par celui-ci. De même toute campagne de prévention a pour but l’adhésion du patient sur le sujet concerné pour la sauvegarde de sa santé.
Dans cette thèse nous allons distinguer 3 notions :
– La visibilité : Pour qu’il y ait adhésion du patient au message, il faut tout d’abord que l’affiche soit bien visible. Cela va dépendre de facteurs liés à la salle d’attente, à l’affiche elle-même et à sa disposition (Facteurs extrinsèques : voir ci-dessous) pour bien mettre en valeur le message.
– La réception : Une fois que l’affichage est visible en salle d’attente il faut que le patient y porte un intérêt. Qu’il prenne le temps de le lire, de comprendre et d’assimiler son ou ses messages, c’est ce que l’on va appeler la réception.
– L’impact : C’est l’effet que le message va avoir sur le patient. Une fois que celui-ci a reçu le message de l’affiche, il va prendre le temps de réfléchir à sa propre position par rapport au sujet exposé. Dans le cadre d’un message informatif, il va assimiler la donnée et s’en souvenir. Dans le cadre d’un message préventif, il va opérer un changement de mode de vie ou poursuivre sa conduite si elle va dans le bon sens.
Pour que l’affichage ait un impact sur le patient il faut, dès le départ, qu’il y ait une bonne visibilité des affiches pour assurer une bonne réception. Dans cette thèse, il nous a semblé important de faire la distinction entre ces 3 termes pour recentrer notre propos uniquement sur l’étude de la réception d’un affichage.
Revue de la littérature scientifique
A propos de l’affichage
L’affichage en salle d’attente est pratiqué par une grande majorité de médecins généralistes. Une étude de 2012 réalisée en Picardie (9) retrouve que 78% d’entre eux ont recours aux affiches pour diffuser des messages à leur patientèle. Ce médium est très utilisé par les médecins généralistes car il est considéré́comme un vecteur d’information simple, peu coûteux, ne nécessitant pas d’entretien et pour lequel il y a peu de dégradations (8). Vont plutôt y avoir recours les praticiens en cabinet de groupe, ayant le statut de maître de stage ou de SASPAS, dont le nombre d’actes quotidiens est élevé avec un temps de présence au cabinet important. (10)
Si l’on considère les outils de communication de la salle d’attente, il a été́démontré que les affiches sont plus lues que les plaquettes et les prospectus. (9,11)
Le type d’affiche qui est le plus retrouvé sur les murs des généralistes concerne le fonctionnement du cabinet et les informations pratiques (ce qui est logique puisque dans cette catégorie nous retrouvons les affiches obligatoires dont nous avons parlé précédemment), ensuite nous allons avoir les affiches de prévention (10) dont les thèmes les plus abordés semblent être la vaccination suivie de l’addiction au tabac et la nutrition. (9,10)
De nombreux médecins apprécient l’affichage en salle d’attente car ils trouvent qu’il peut être pratique pour évoquer certains sujets avec le patient en consultation. (9) De fait, les patients aussi semblent satisfaits d’avoir accès à de l’information médicale durant l’attente et le reconnaissent à l’issue de la consultation. (9,12,13,14) Cependant ils attendent une implication du médecin, qu’il valide l’information et qu’elle soit renouvelée sur des sujets d’actualité. (12,14)
Un certain nombre d’études se sont intéressées au caractère anxiogène des affiches. Notamment une étude réalisée en 2004 (15) dans un centre pour le cancer du sein où environ 40 % de patientes se déclaraient plus anxieuses après avoir vu les affiches. Mais ce pourcentage assez élevé pouvait être lié au lieu de l’étude qui en lui-même était déjà très stressant pour les patientes. Une étude réalisée dans l’Orne en 2019 (16) dans un cabinet de médecine général retrouvait que 82,1% des patients affirmaient ne pas ressentir d’anxiété́suite à la lecture des affiches. De fait les contenus se doivent d’être adaptés pour prévenir l’anxiété́de certains patients. Sauf quand cet effet anxiogène voire choquant est justement recherché par l’affiche pour « imprimer » le message dans l’esprit des patients, il se révèle nécessaire pour l’impact de certaines campagnes d’affichage. (14)
A propos de l’impact d’un affichage
Il est intéressant d’étudier l’impact de l’affichage pour se rendre compte de l’efficacité d’une campagne de prévention. On sait que parfois le motif de la consultation peut résulter de l’affichage, cela a notamment était constaté au sujet de la démence, des troubles de la mémoire et de la vaccination contre le HPV. (17)
Dans une étude datant de 1994, (11) 22% des patients étaient capables de se remémorer un message disposé sur un tableau d’affichage. Ce chiffre n’est pas très conséquent mais il montre tout de même qu’une partie de la patientèle va assimiler et retenir les messages des affiches.
Ce qu’il faut bien voir c’est que l’affichage en salle d’attente s’inscrit dans une démarche globale d’éducation thérapeutique. La plupart des études montrent que l’impact d’une affiche seule, simplement placardée en salle d’attente (sans discussion associée avec le médecin traitant, sans campagne publicitaire, sans autre matériel associé, …) est souvent éphémère voire nul. (17,18,19) Plusieurs études ont tiré cette même conclusion. Nous pouvons citer par exemple une étude canadienne publiée en 2007 (20), qui n’a pas retrouvé de différence significative dans la prévention des accidents domestiques en pédiatrie après une campagne d’affichage. Ou encore une thèse réalisée en France en 2016 (21) qui ne retrouvait aucune efficacité prouvée d’une campagne de vaccination antigrippale monothématique (affiche et prospectus) en salle d’attente des cabinets de médecine générale. Nous constatons donc au travers de la littérature scientifique que l’impact d’une campagne d’affichage seule est assez limité. Mais l’utilisation d’affiches de prévention dans un processus d’éducation thérapeutique plus élaboré est bénéfique. Comme en atteste une étude publiée en 2010 (22) qui a validé l’efficacité d’une campagne de communication multi-support (incluant des affiches) sur la reconnaissance des signes d’AVC et la conduite à tenir immédiate pour prévenir la survenue d’un AVC. Les auteurs constataient aussi que les patients exposés à ces informations en parlaient autour d’eux, ce qui augmentait la portée de la campagne.
En matière de prévention, la parole du médecin reste ce qui influence le plus les patients pour les amener à adopter un mode de vie qui préserve au mieux leur santé. Quand celui-ci appuie le message des affiches lors de la consultation on constate que son impact est plus grand. (12)
Les affiches présentes en salle d’attente peuvent aussi avoir un impact sur les prescriptions du médecin. Cela se comprend aisément car le praticien va appliquer les recommandations qu’il expose à ses patients. (23)
Précédemment, nous avons expliqué que l’impact d’une affiche dépend à l’origine de sa visibilité en salle d’attente. L’affichage d’une affiche unique (visibilité optimale pour l’affiche) au lieu de multiples affiches augmente l’impact du message auprès des patients. (24) Et on sait qu’un trop grand nombre d’affiches, de sujets et de supports en salle d’attente a tendance à minimiser leur impact. (11,25)
Un tri dans les affiches est nécessaire ainsi qu’un renouvellement régulier. 66% des médecins généralistes déclarent ainsi modifier régulièrement leur affichage en salle d’attente. (9,10)
L’autre vecteur capital de la visibilité d’une affiche en salle d’attente est le design de celle-ci. La qualité d’une affiche a été étudiée par de nombreux auteurs, elle réside avant tout dans l’équilibre entre une image qui attire le regard, un slogan bref et un texte assez peu développé pour ne pas atténuer l’efficacité du dessin ou de la photo. (26,27) On doit choisir une image à la valeur symbolique forte, adhérant le mieux possible au thème de la campagne. (26,27) Le fait d’utiliser des images choquantes n’apporterait pas forcément un bénéfice sur l’impact des campagnes d’affichage. (27)
La clarté du message doit être bien évaluée par les concepteurs d’affiches et les médecins car certains patients trouvent que les affiches soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses. (15)
A propos de la réception d’un affichage
Les études au sujet de la réception de l’affichage sont contradictoires, on retrouve dans la littérature des disparités importantes sur le pourcentage de patients qui vont lire les affiches en salle d’attente. Certains auteurs nous expliquent qu’un nombre important de patients lisent l’affichage en salle d’attente, tandis que d’autres nous disent que l’affichage est un outil peu intéressant car peu de personnes le lisent.
Dans une étude anglaise de 1994 (13) , on retrouve que 82% des 319 patients interrogés regardent les affiches et que dans ce groupe 95% d’entre eux les lisent. En 1999 (28), Une étude réalisée dans le Cher avance le chiffre de 26% de patients qui lisent les affiches médicales. En 2004 (15), une étude iranienne (dont nous avons déjà parlé) réalisée dans un centre pour le cancer du sein, montre que sur 777 femmes, 80% d’entre-elles déclarent avoir lu les affiches en salle d’attente. En 2011 (29), une étude se penche sur la salle d’attente d’un cabinet dentaire et retrouve que sur 1161 patients interrogés environs 40% ont lu les affiches présentes. Enfin nous pouvons citer une dernière étude réalisée autour de Lyon en 2015 (24), où l’analyse des données sur 270 patients nous dit que 60% des patients venant consulter lisent les affiches. On retrouve donc un véritable désaccord sur ce chiffre de la réception de l’affichage dans la littérature et un des objectifs de notre étude est d’apporter une réponse quant au pourcentage de patients qui vont s’intéresser aux affiches en salle d’attente.
Mais ce n’est pas la seule question qui fait débat dans les études. L’effet du temps d’attente dans la réception de l’affichage est une donnée incertaine. Pour certains auteurs cela n’influence pas l’intérêt que peut porter le patient aux affiches même s’il y est exposé plus longtemps en cas d’attente longue. (11,24) mais d’autres avancent que la réception est moins bonne si l’attente est jugée trop longue car le patient va adopter une attitude d’attente anxieuse peu propice à s’informer. (12)
Facteurs intrinsèques au patient / Facteurs extrinsèques au patient
Notre objectif au travers de ce travail est de rechercher et d’analyser l’implication de divers facteurs liés au patient lui-même qui vont entraver la réception de l’affichage en salle d’attente. Nous allons utiliser le terme de facteur intrinsèque (car intrinsèque au patient) qui pourrait jouer un rôle sur le fait que le patient va porter un intérêt ou non aux affiches. A l’issue d’une réflexion et d’un travail de recherche dans la littérature scientifique, nous avons isolé un certain nombre de facteurs intrinsèques qui nous semblent cohérents et dont on suspecte qu’ils pourraient diminuer l’attention du patient envers les affiches en salle d’attente :
– L’âge du patient : Il semblerait que les personnes de plus de 50 ans soient plus susceptibles de lire les affiches. (13)
– Le sexe : Il ressort de quelques études que les hommes et les femmes liraient tout autant les affiches. (13,24) Nous voulons confirmer cette donnée.
– L’accompagnement : Il nous a semblé logique d’évaluer ce critère. Le fait de venir accompagné en salle d’attente détourne-t-il l’attention du patient envers les affiches ?
– La relation médecin-patient : En 2017 (12), une étude qualitative stéphanoise a réalisé des entretiens semi-dirigés sur 13 sujets. L’auteur a fourni des informations intéressantes sur la vision que les patients portent sur l’affichage en salle d’attente. Une des conclusions est que la réception en salle d’attente semble améliorée par une relation médecin-patient jugée satisfaisante.
– Le stress : Dans cette même étude stéphanoise (12), on nous dit que la réception de l’affichage est améliorée si le motif de consultation semble bénin. Nous voulions vérifier si la gravité du motif de consultation a une influence sur la réception. Mais pour des soucis de méthode (l’auto-évaluation de la gravité du motif de consultation est trop subjective d’un patient à l’autre et ne reflèterait pas forcément la réalité clinique), il nous a semblé plus cohérent d’évaluer le niveau de stress / d’inquiétude que va ressentir le sujet avant sa consultation qui est plus facilement évaluable.
– L’humeur : Par soucis de clarté envers les patients nous allons parler de moral et de tristesse. Nous avons sélectionné ce critère en pensant qu’il est possible que les patients au moral bas voire dépressifs soient moins réceptifs aux affiches en salle d’attente.
– La douleur : Il nous paraît raisonnable de penser que les patients les plus douloureux vont être moins sensibles à l’affichage en salle d’attente. Pour évaluer ce facteur nous avons pensé utiliser l’échelle EVA car très utilisée dans la pratique courante. Mais nous ne sommes pas certains que cette échelle numérique soit très bien comprise par tous les patients. De fait nous avons préféré proposer des items par soucis de clarté.
– L’utilisation du téléphone portable : Le téléphone portable est devenu un outil indispensable du quotidien, certaines sources (30) avancent que 59% des français utilisent leur smartphone en attendant une consultation. Partant de ce constat, nous pouvons envisager que son utilisation entrave la réception de l’affichage, le patient étant plus occupé à pianoter sur son smartphone qu’à regarder les affiches aux murs.
Par opposition aux facteurs intrinsèques nous pouvons évoquer des facteurs extrinsèques aux patients qui sont aussi très importants et qui peuvent diminuer la réception de l’affichage.
Il y a des facteurs extrinsèques qui vont influencer la visibilité de l’affiche (L’agencement de la salle d’attente, la surcharge d’affiches au mur, le design de l’affiche, …) et des facteurs extrinsèques qui vont détourner l’attention des patients en salle d’attente (Un nombre important de personnes dans la salle d’attente, la présence de magazines, …).
Dans ce sujet de thèse nous avons décidé de nous intéresser uniquement aux facteurs liés au patients.
Nous distinguons la distraction apportée par les magazines présents en salle d’attente (facteur extrinsèque) et la distraction provoquée par le téléphone portable (facteur intrinsèque). Car dans le cas de ce dernier, c’est le patient qui l’introduit en salle d’attente, sa présence est liée au patient, tandis que les magazines sont des éléments initialement présents dans la salle d’attente.
Le temps d’attente en salle d’attente
Il faut bien considérer l’attente comme nécessaire dans notre étude car c’est la période durant laquelle le patient va regarder les affiches, s’arrêter sur les différents sujets, analyser et retenir les messages. Cependant il ne faut pas que l’attente soit trop longue. Trente minutes d’attente est le seuil à partir duquel la satisfaction des patients chute et à partir duquel apparait un vécu négatif avec sentiment d’ennui, de stress, de colère, d’agacement ou d’anxiété́. (31,32) Même si paradoxalement l’attente en salle d’attente est un gage de qualité́du médecin aux yeux des patients. (31)
Dans notre étude nous avons demandé aux patients de déclarer leur temps d’attente avant la consultation, mais nous n’avons pas étudié cette donnée comme un facteur susceptible de diminuer la réception de l’affichage. Tout d’abord parce que selon nos définitions, le temps d’attente apparaît comme un facteur extrinsèque au patient (il dépend de l’organisation du médecin). Ensuite parce qu’il nous paraît plus adapté de le considérer comme un facteur d’exclusion de notre étude. Nous n’allons pas compter dans nos résultats les patients ayant patienté moins de 5 minutes car c’est une durée trop courte pour prendre connaissance des affiches et éventuellement les assimiler. De même, nous allons exclure les patients ayant patienté plus de 30 minutes pour les raisons évoquées ci-dessus. Nous craignons que les sujets répondent au questionnaire de façon peut-être plus précipitée et qu’ils soient moins enclins à l’objectivité. Enfin une attente trop longue est génératrice de stress, et nous craignons de retrouver dans nos résultats une proportion de gens stressés qui soit trop importante par rapport à la réalité et que cela fausse notre recueil de donné sur la question du stress comme facteur de mauvaise réception de l’affichage.
Intérêt de cette thèse
Le sujet de la réception d’un affichage est retrouvé dans un certain nombre d’études, avec cette question simple : Quel pourcentage de patients regarde et lit les affiches en salle d’attente ?
Comme nous l’avons déjà dit, les études se contredisent sur ce chiffre et un des objectifs de notre thèse est d’évaluer en 2020 la proportion de patients attentifs aux affiches en salle s’attente. Dans la littérature scientifique, La plupart des auteurs évaluent l’intérêt que vont porter les patients à l’affichage en fonction d’un critère propre à l’affiche ou propre à la salle d’attente (facteurs extrinsèques). Leur but est de comprendre ce qui peut être modifier ou améliorer d’un point de vue matériel afin d’attirer l’attention du patient sur les messages de prévention. Mais peu d’études se sont penchées sur les facteurs propres au patient qui vont détourner son attention des affiches.
Dans notre étude, nous tentons de retrouver ces facteurs intrinsèques significatifs qui vont influencer l’intérêt des patients pour les affiches en salle d’attente. En fonction des résultats nous allons réfléchir aux moyens de rendre les patients (et quel type de patients ?) plus sensibles à l’affichage. Car une meilleure réception veut dire aussi et surtout un impact majoré et c’est le but de toute campagne d’affichage.
Matériels et méthodes
Matériels
Le recueil de données
Nous avons réalisé une étude quantitative observationnelle reposant sur des questionnaires complétés par les patients. Notre étude s’est déroulée sur une période allant du 29 juin 2020 au 7 août 2020 dans 2 cabinets à activité semi-rurale. L’un est situé à Ducey dans la Manche et l’autre est situé à Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine en Ille-et-Vilaine. Dans le cabinet de Ducey, 3 médecins ont distribué les questionnaires à leurs patients qui devaient aller les remplir au secrétariat où une urne les attendait. Dans le cabinet de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine, 1 seul médecin a distribué les questionnaires à la patientèle en fin de consultation. Les patients devaient le remplir au bureau du médecin à l’abris du regard de celui-ci (par soucis d’objectivité) et déposer le papier dans une urne à la sortie.
Recrutement des salles d’attente
La sélection de la salle d’attente devait remplir un critère qui nous semblait indispensable : Elle devait comporter au moins 6 affiches à caractère informatif et/ou préventif. Nous avons fixé cette limite minimum de 6 affiches à partir de données de la littérature car il semblerait qu’une salle d’attente comporte en moyenne 5,98 affiches. (10) Les affiches devaient être bien visibles et lisibles. Nous n’avons pas fixé de nombre maximum d’affiches et peu importe si la salle d’attente comportait des affiches décoratives supplémentaires aux affiches validées pour notre travail. Les 3 salles d’attentes de Ducey appartenaient aux 3 médecins investigateurs et la salle d’attente de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine était collective à tous les praticiens qui y exerce. Elles remplissaient toutes les 4 les critères de sélection.
Population de l’étude
Pour être inclus dans notre étude le patient devait être majeur (avoir atteint l’âge de 18 ans). Certes il peut être intéressant d’étudier la réception de l’affichage chez l’enfant et l’adolescent mais par soucis de clarté et pour ne pas trop complexifier cette thèse nous avons préféré travailler uniquement sur la population adulte.
Nous avons exclu assez logiquement les patients présentant un illettrisme, ainsi que ceux atteints de cécité. De même, les patients présentant dans leurs antécédents des troubles cognitifs ou un retard mental ne se sont pas vus remettre de questionnaire.
Pour des raisons éthiques évidentes, nous n’avons pas proposé non plus le questionnaire aux patients orientés vers les urgences en fin de consultation pour ne pas retarder leur prise en charge.
Enfin, comme expliqué précédemment dans cette thèse nous avons choisi d’exclure de nos analyses les personnes ayant rempli leur questionnaire en mentionnant qu’ils avaient patienté en salle d’attente moins de 5 minutes et ceux ayant patienté plus de 30 minutes. Nous n’avons pas dit aux patients que ce critère de l’attente était un critère d’exclusion potentiel afin d’obtenir les réponses les plus honnêtes possibles.
De fait, les médecins investigateurs ont essayé de donner au mieux les questionnaires aux personnes dont le temps de présence en salle d’attente se situé entre 5 et 30 minutes.
Le questionnaire (annexe – 1)
Le questionnaire comportait un message d’information destiné à expliquer la démarche de l’auteur de cette thèse aux patients afin d’obtenir leur participation.
Le sujet de l’affichage en salle d’attente n’a pas été mis au premier plan volontairement. Nous avons préféré parler sur le document de « préoccupations avant la consultation » L’auteur ne voulant pas focaliser l’attention sur le sujet de l’affichage et obtenir des réponses « complaisantes » de la part des patients qui par sympathie auraient tendance à répondre par l’affirmatif au fait qu’ils ont bien lu les affiches.
Le questionnaire comportait 12 questions : 2 questions ouvertes (Age et nature des accompagnants) et 10 questions à choix multiples. Sur ces 10 questions, 1 analysait le temps d’attente, 7 analysaient les facteurs intrinsèques au patient dont nous avons parlé précédemment (sexe, nombre d’accompagnants, stress, moral, douleur, relation médecin-malade, temps d’utilisation du téléphone portable) et 2 représentaient nos critères de jugements pour cette étude.
Pour la décision de notre critère de jugement principal, nous avons réfléchi à la tournure de la question qui semblait être la plus adaptée au sujet. Nous avons choisi le fait d’avoir lu ou non les affiches en salle d’attente. Car avoir lu les affiches implique forcément qu’elles aient été vues et analysées un minimum, donc que le patient y ait porté une attention.
Enfin, pour les patients ayant lu les affiches en salle d’attente nous leur avons demandé en critère de jugement secondaire s’ils étaient capables de se souvenir de certaines affiches et de combien d’entre elles ? le but est de voir s’il reste des souvenirs de l’affichage dans l’esprit des patients à la fin de la consultation.
Méthode
Les données du questionnaire ont été́retranscrites dans un fichier Excel et ont été analysées statistiquement à l’aide du site BiostaTGV.
Les variables quantitatives ont été représentées par leur moyenne et leur variance et les variables qualitatives par leur répartition.
Pour comparer deux moyennes, la table de Z (loi normale) a été utilisée avec un risque de première espèce défini à 5%. Les comparaisons de répartitions ont été effectuées grâce au test du Khi2 au seuil de 5%. Une différence a été considérée comme statistiquement significative quand le degré́de signification (p) était inferieur à 0.05. Une correction de Yates a été appliquée quand les variables qualitatives ne présentaient que 2 modalités.
Éthique
Pour cette étude nous n’avons pas demandé d’avis auprès du Comité́de Protection des Personnes car il s’agit d’une étude observationnelle et qu’aucune modification thérapeutique n’y est conduite. Aucune donnée nominative n’ayant été recueillie auprès des patients, nous n’avons pas fait non plus de demande auprès du Comité́National de l’Information et des Libertés.
Résultats
Résultats généraux
Au cours de notre étude nous avons recueilli 318 questionnaires au total. 5 ont été écartés car seul le recto avait été complété, 50 ont été exclus car les patients ont déclaré avoir attendu moins de 5 minutes ou plus de 30 minutes.
Nous avons donc réalisé nos analyses sur les 263 questionnaires restants qui étaient bien remplis. Nos résultats montrent que 199 patients ont reconnu avoir lu l’affichage avant la consultation et 64 ne l’ont pas lu. Ce qui donne un pourcentage de 75,66% de patients qui affirment lire les affiches en salle d’attente (groupe lecteur).
Le nombre minimum moyen d’affiches que vont retenir les patients lecteurs en fin de consultation est de 1,85 affiche.
Nous avons condensé tous nos résultats dans le tableau ci-dessous (Tableau – 1)
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Table des matières
I) Introduction
A) La salle s’attente
1) Ses rôles
2) Ses obligations
3) Sa représentation
B) L’affichage
1) Son intérêt
2) Le cadre légal
3) Sa provenance
C) Visibilité / Réception / Impact
D) Revue de la Littérature scientifique
1) A propos de l’affichage
2) A propos de l’impact d’un affichage
3) A propos de la réception d’un affichage
E) Facteurs intrinsèques au patient / Facteurs extrinsèques au patient
F) Le temps d’attente en salle d’attente
G) Intérêt de cette thèse
II) Matériels et méthode
A) Matériels
1) Le recueil de données
2) Recrutement des salles d’attente
3) Population de l’étude
4) Le questionnaire
B) Méthode
C) Éthique
III) Résultats
A) Résultats généraux (Tableau – 1)
B) Influence du sexe dans la réception d’un affichage
C) Influence de l’âge dans la réception d’un affichage (Tableau – 2)
D) Influence de l’accompagnement dans la réception d’un affichage
E) Influence du stress dans la réception d’un affichage (Tableau – 4)
F) Influence de l’humeur dans la réception d’un affichage
G) Influence de la douleur dans la réception d’un affichage (Tableau – 5 ; Tableau – 6)
H) Influence de la relation médecin-malade dans la réception d’un affichage
I) Influence de l’utilisation du téléphone portable dans la réception d’un affichage
IV) Discussion
A) Nos résultats
1) Réception des affiches par les patients
2) Influence du sexe et de l’âge
3) Influence de l’accompagnement
4) Influence du stress
5) Influence de l’humeur
6) Influence de la douleur
7) Influence de la relation médecin-malade
8) Influence de de l’utilisation du téléphone portable
B) Forces de l’étude
C) Faiblesses de l’étude
Bibliographie
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