Facteurs intervenant dans la genèse des cancers

Facteurs intervenant dans la genèse des cancers

Il y a deux types de facteurs intervenant dans la genèse des cancers, les facteurs de risques : les facteurs de risque « externes » comme le soleil ou le tabac et lesfacteurs de risques « internes » comme la prédisposition génétique ou le sexe. Nous nous concentrerons sur les facteurs sur lesquels nous pouvons avoir un impact, c’est-à-dire les facteurs « externes » .

Tabac

Généralités

La France compte près de 16 millions de fumeurs, avec un tiers de fumeurs occasionnels (correspondant aux personnes ayant déclaré fumer quelquefois dans l’année), un tiers de fumeurs réguliers (il s’agit des personnes déclarant fumer tous les jours, ou qui ont déclaré un nombre de cigarettes par jour). La prévalence maximale de tabagisme se situe entre 20 et 34 ans, avec 32,3 % de fumeurs, chiffre en baisse car ils étaient 45 % dans les années 60. En revanche, le nombre de fumeuses est passé de 10 % (années 60) à 24,3%, et tend à se rapprocher des chiffres des hommes. Or, chaque année, le tabac est responsable de 78000 décès, dont 47000 par cancer (plus de 80% des cas sont des cancers du poumon). Mais la cigarette n’est pas la seule responsable, en effet, il semble important de signaler que la consommation de tabac sous une forme différente que la cigarette classique (pipe, cigare, narguilé, tabac à chiquer, à priser…) ne diminue pas le risque de cancer, la composition du tabac restant la même, le risque n’est pas diminué, il est juste différent. Fumer un cigare ne va pas diminuer le risque d’avoir un cancer des poumons, mais celui des voies aéro-digestives supérieures (VADS) va être accru, de même que fumer le narguilé va induire plus facilement un cancer des bronchioles et des alvéoles, zone que la fumée de cigarette classique atteint beaucoup plus difficilement (la fumée allant plus en profondeur lorsque l’on utilise un narguilé…). [Guignard R et al., 2015]/[25]/[55]/[62]

Composition du tabac 

Une cigarette contient du tabac, des agents de saveur et de texture. Mais la combustion de la cigarette va libérer une multitude de composés toxiques qui sont :

– La nicotine : substance naturelle présente dans la feuille de tabac, et responsable de la dépendance physique et psychologique.
– L’acétone, l’acide cyanhydrique et l’ammoniac : ce sont des irritants des tissus de l’appareil respiratoire qui vont favoriser l’inflammation et le développement d’affections pulmonaires (asthme, bronchite chronique).
– Le monoxyde de carbone : il s’agit d’un gaz qui entre en concurrence avec l’oxygène pour être transporté par les érythrocytes, entraînant ainsi une diminution de l’oxygénation du sang, ce qui a pour conséquence d’augmenter la fréquence cardiaque et la pression artérielle, et sur du long terme, de développer des maladies cardiovasculaires.
– Les goudrons et les hydrocarbures : on y retrouve l’acétaldéhyde, l’acroléine, le méthanol, le toluène, la diméthylnitrosamine, le naphtalène, le phénol, le butane, le styrène et le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), qui sont irritants pour les voies respiratoires, mais qui possèdent également un pouvoir cancérigène.
– Les métaux lourds : nous avons l’arsenic, le cadmium, le polonium 210, le plomb et le mercure. Ils sont tous nocifs, voire même cancérigènes pour certains (le cadmium et le polonium 210).

Enfin, il semble important de signaler que le risque de cancer, de quelque type que ce soit, est proportionnel à la quantité de tabac consommée et à la durée du tabagisme. Plus elles sont importantes, plus le risque est grand. Et il n’existe pas de seuil en dessous duquel le tabac n’est pas cancérigène.

Implication

Cancer du poumon

Chaque année en France, on compte 37000 nouveaux cas de cancer du poumon (73 % d’hommes et 27 % de femmes). Ce cancer est responsable de 28700 décès par an (73 % d’hommes et 27 % de femmes), ce qui en fait la première cause de décès par cancer chez l’homme, et la seconde chez la femme. Cependant, depuis les quelques années, la mortalité est en baisse chez les hommes, notamment grâce aux campagnes anti-tabac. En revanche, la mortalité chez la femme a triplé ces vingt dernières années, conséquence d’une augmentation du tabagisme chez ces dernières qui sont presque aussi nombreuses à fumer que les hommes. En effet, avec plus de 80 % des cas de cancer, ainsi que 92 % des décès chez l’homme et 71 % des décès chez la femme, causés par le tabac, le poumon est l’organe le plus touché par le tabagisme. On estime, pour un fumeur régulier, que le risque d’avoir un cancer du poumon est multiplié par 10. Mais le tabagisme actif n’est pas le seul responsable, en effet, le tabagisme passif joue également un rôle, puisque ce dernier augmente le risque de développer un cancer des poumons de 26 %, ce qui entraine 150 décès par cancer du poumon chaque année.

Autres cancers

Mis à part les poumons, de nombreux autres organes sont victimes du tabac. Tout d’abord nous avons les Voies Aéro-Digestives Supérieures ou VADS (le larynx, le pharynx, la cavité buccale), dont le risque de cancer est notamment accru en cas de consommation simultanée d’alcool et de tabac, de tabac à chiquer, ou en cas d’utilisation de pipe ou de cigare. Puis, dans une moindre mesure, la consommation de tabac est corrélée avec des atteintes du système urinaire (cancer de la vessie, de l’uretère et du rein), mais aussi des atteintes du système digestif, au niveau de l’estomac, du colon et du rectum, ainsi que des atteintes du pancréas et du foie. Chez la femme, on retrouvera des corrélations avec des cancers du sein, de l’ovaire et du col de l’utérus, et enfin, nous avons les atteintes de la lignée sanguine, avec la leucémie myéloïde aigue (LMA) et leucémie myéloïde chronique (LMC). De plus, le tabagisme augmente le risque de développer un second cancer primitif (SCP). Enfin, toutes ces atteintes concernent le tabagisme actif. Dans le cas d’un tabagisme dit passif, on retrouve des cas de cancers des VADS, mais aussi d’hépatoblastome et de leucémie chez des enfants, causés par le tabagisme des parents.

Rôle du pharmacien

De par son accessibilité, le pharmacien va avoir un rôle important dans la prévention, en luttant contre le tabagisme, et ce, par différents moyens, que sont la diffusion d’information, l’aide au sevrage et la réorientation.

L’information

Une officine est l’endroit idéal pour la diffusion d’information, d’où l’intérêt pour le pharmacien d’y afficher des messages de prévention et d’information sur les dangers du tabac. Pour cela il pourra s’aider des campagnes de l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé ou INPES (notamment au moment du 31 mai, journée mondiale contre le tabac), en exposant les affiches de ces campagnes et en mettant à disposition des brochures d’information (annexe 2), afin d’ouvrir le dialogue avec les patients autour de ce sujet, et de répondre à leurs éventuelles questions. Ceci permet la diffusion d’une bonne information en rétablissant la vérité sur certaines idées reçues (les cigarettes « légères » sont aussi dangereuses que les normales, le risque de cancer n’est pas dû à la nicotine, …), pouvant amorcer l’idée d’un sevrage tabagique. De plus, cela permet d’informer du risque particulièrement important du tabagisme dans certaines situations (post-infarctus, femme enceinte, association tabac et contraceptif œstro progestatif, …), l’ouverture du dialogue à ce sujet pouvant amener la personne à envisager l’arrêt du tabac, ou pas. Dans tous les cas, il est important d’informer le patient des risques encourus et des solutions à sa disposition, car rien ne l’empêche de changer d’avis et de décider d’en reparler plus tard. [71]/[72] A cela s’ajoutent les mesures prises par l’Etat, notamment l’augmentation du prix du paquet de cigarette, l’affichage du slogan « fumer tue » sur les paquets, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, et pour finir, une présentation commune pour tous les paquets de cigarette : le paquet neutre (depuis le 1 er janvier 2017, tous les paquets sont des paquets neutres). Ces mesures prises par l’Etat, dans le but d’inciter les fumeurs à stopper leur consommation de tabac, sont autant d’arguments mis à la disposition du pharmacien dans l’ouverture du dialogue avec les fumeurs.

Le sevrage

Le principe du sevrage se base sur la substitution nicotinique, qui est basée sur le remplacement du tabac par la nicotine seule (molécule responsable de l’addiction au tabac) couplé à une diminution progressive de ces doses de nicotine, afin de déshabituer l’organisme à sa présence.

Il existe trois types de sevrages qui sont :
– L’arrêt total : le fumeur arrête totalement par sa volonté sa consommation de cigarette.
– La réduction progressive : le fumeur continue de fumer des cigarettes, mais de manière dégressive. En effet, au lieu de stopper toute consommation d’un seul coup, cette dernière va diminuer progressivement en remplaçant certaines cigarettes par des gommes (par exemple) jusqu’à un arrêt total.
– L’abstinence temporaire : il ne s’agit pas d’un sevrage à proprement parler, mais d’une stratégie visant à arrêter temporairement sa consommation de cigarette. Elle est destinée aux personnes souhaitant gérer des situations où elles ne peuvent fumer (avion, lieux de travail, hospitalisation, …). [Le Maitre B, Hirsch A, 2007] .

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Facteurs intervenant dans la genèse des cancers
1.Tabac
1.1.Généralités
1.1.1.Composition du tabac
1.1.2.Implication
1.1.2.1.Cancer du poumon
1.1.2.2.Autres cancers
1.1.3.Rôle du pharmacien
1.1.3.1.L’information
1.1.3.2.Le sevrage
1.1.3.2.1.Conseils
1.1.3.2.2.Traitements substitutifs de la nicotine
1.1.3.2.2.1.Patch
1.1.3.2.2.2.Forme orale
1.1.3.2.2.3.Divers
1.1.3.2.2.4.Prise en charge par la sécurité sociale
1.1.3.2.3.Cigarette électronique
1.1.3.2.4.Traitement non nicotinique
1.1.3.2.4.1.BupropionDCI
1.1.3.2.4.2.VaréniclineDCI
1.1.3.3.La réorientation
1.1.4.Bénéfices
1.1.4.1.Du sevrage
1.1.4.2.De la prévention
1.2.Alcool
1.2.1.Généralités
1.2.2.Implications
1.2.2.1.Cancers des VADS : lèvres, bouche, pharynx
1.2.2.2.Autres cancers
1.2.3.Rôle du pharmacien
1.2.3.1.Prévention
1.2.3.2.Réorientation
1.2.3.3.Sevrage à l’officine
1.2.3.3.1.Conseils
1.2.3.3.2.Traitements
1.2.3.3.2.1.Aotal®
1.2.3.3.2.2.Revia®
1.2.3.3.2.3.Selincro®
1.2.3.3.2.4.Esperal®
1.2.3.3.2.5.Lioresal®
1.2.4.Bénéfices
1.2.4.1.Du sevrage
1.2.4.2.De la prévention
1.3.Soleil et rayons U.V
1.3.1.Généralités
1.3.2.Cancers de la peau
1.3.3.Rôle du pharmacien
1.3.3.1.Information
1.3.3.2.Conseils
1.3.4.Bénéfice de la prévention
1.4.Surpoids et obésité
1.4.1.Généralités
1.4.2.Implications
1.4.2.1.Cancer colorectal
1.4.2.2.Autres cancers
1.4.3.Rôle du pharmacien
1.4.3.1.Information
1.4.3.2.Conseils
1.4.4.Bénéfice de la prévention
1.5.Cannabis
1.5.1.Généralités
1.5.2.Composition
1.5.3.Implications
1.5.3.1.Cancer du poumon
1.5.3.2.Autres cancers
1.5.4.Rôle du pharmacien
1.5.4.1.Information
1.5.4.2.Sevrage et réorientation
1.5.5.Bénéfice du sevrage
Partie 2 : Mesure de prévention
1.Vaccination
1.1.Le papillomavirus
1.1.1.Généralités
1.1.2.Cancers du col de l’utérus
1.1.3.Vaccins
1.1.4.Rôle du pharmacien
1.1.5.Conséquences
1.2.Hépatite B
1.2.1.Généralités
1.2.2.Cancer du foie
1.2.3.Vaccins
1.2.4.Rôle du pharmacien
1.2.5.Conséquence
2.Dépistage organisé
2.1.Cancer du sein
2.1.1.Généralités
2.1.2.Dépistage
2.1.3.Dépistage organisé
2.1.4.Rôle du pharmacien
2.1.5.Résultats
2.2.Cancer colorectal
2.2.1.Généralités
2.2.2.Dépistage
2.2.3.Dépistage organisé
2.2.4.Rôle du pharmacien
2.2.5.Résultats
3.Dépistage
3.1.Cancer du col de l’utérus
3.1.1.Généralités
3.1.2.Le dépistage
3.1.3.Futur dépistage organisé
3.1.4.Rôle du pharmacien
3.1.5.Résultats
3.2.Mélanome
3.2.1.Généralités
3.2.2.Dépistage
3.2.3.Rôle du pharmacien
3.2.4.Résultats
3.3.Cancer de la prostate
3.3.1.Généralités
3.3.2.Dépistage
3.3.3.Rôle du pharmacien
3.3.4.Résultats
3.4.Cancers lèvre-bouche-pharynx
3.4.1.Généralités
3.4.2.Dépistage
3.4.3.Rôle du pharmacien
3.4.4.Résultats
Conclusion
Annexes

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