Agriculture familiale
L’agriculture familiale désigne une des formes d’organisation de la production agricole regroupant des exploitations caractérisées par des liens organiques entre la famille et l’unité de production et par la mobilisation du travail familial excluant le salariat permanent. Ces liens se matérialisent par l’inclusion du capital productif dans le patrimoine familial et par la combinaison de logiques domestiques et d’exploitation , marchandes et non marchandes, dans les processus d’allocation du travail familial et de sa rémunération, ainsi que dans les choix de répartition des produits entre consommations finales, consommations intermédiaires, investissements et accumulation (Belières, et al., 2013). D’après Faure G. et al. en 2004, l’agriculture familiale se caractérise par le lien particulier qu’elle établit entre les activités économiques et l’ensemble des membres de la famille. Elle se caractérise par des objectifs multiples au niveau de l’exploitation (production pour l’autosuffisance alimentaire et génération de revenus, satisfaction des besoins familiaux, etc.). Elle repose sur la mobilisation de la main-d’œuvre familiale, qui doit rester dominante par rapport à celle salariée, et par un attachement particulier à la terre généralement héritée des parents. Cette relation influe sur le choix des activités, l’organisation du travail et la priorité accordée à la constitution d’un patrimoine familial (Faure, et al., 2004). Dans l’une ou l’autre définition, la prédominance de la main d’œuvre familiale par rapport aux autres types de main d’œuvre caractérise l’exploitation familiale.
Ménage agricole et exploitation agricole
Les « ménages agricoles », au sens large, sont constitués de ménages qui ont pratiqué l’agriculture en tant qu’activité principale, ou à titre secondaire. Cette pratique peut être effectuée par le chef du ménage, ou par d’autres membres du ménage (INSTAT, 2013). L’exploitation est une unité technico-économique de production agricole comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre entièrement utilisée ou en partie et qui, soumise à une direction unique est exploitée par une personne seule ou accompagnée d’autres personnes, indépendamment du titre de possession, du statut juridique, de la taille et de l’emplacement (MAEP, 2005).
Performance agricoles
Toute exploitation cherchant à survivre dans un environnement avec de contraintes multiples doit être performante. McConnel et Dillon (1997) ont proposé, dans le cas de l’analyse de performance d’une exploitation agricole familiale, de prendre en compte les critères tels que : la productivité de facteurs de production, la rentabilité, la stabilité, la dispersion et la pérennité. Certains de ces critères sont plus pertinents que d’autres dans une exploitation agricole familiale donnée (McConnell & Dillon, 1997). D’une vision plus opérationnelle, la notion de performance peut être complétée par les concepts d’efficacité et d’efficience. Une exploitation agricole est dite efficace lorsqu’elle réalise les objectifs qu’elle s’est fixée. Une exploitation agricole efficiente cherche à obtenir le maximum de résultats avec un minimum de moyens, les ressources sont gérées au moindre coût. L’exploitation agricole est performante si elle est simultanément efficace et efficiente, c’est-à-dire qu’elle réalise ses objectifs tout en minimisant l’emploi de ses moyens de production, notamment les charges relatives à l’utilisation des moyens de production (McConnell & Dillon, 1997). Dans le cadre de cette étude, les critères de productivité et de rentabilité sont ceux qui sont les mieux adaptés pour analyser les performances des exploitations agricoles concernées
Diversité des exploitations agricoles familiales
Les EAFs, pour la parcelle enquêtée, peuvent utiliser de la main d’œuvre familiale, des salariés temporaires et des salariés permanents et peuvent avoir recours à l’entraide. Dans les données ROR, la main d’œuvre familiale, les entraides, les salariés permanents et les salariés temporaires sont quantifiés différemment, la main d’œuvre familiale et les salariés permanents sont mesurés en nombre d’actifs et de salariés tandis que les entraides et les salariés temporaires en nombre de journées de travail (hommes/jours) pour chaque type d’opération culturale. En conséquence, les unités de la main d’œuvre présentent des limites dans les calculs de la quantité de main d’œuvre mobilisé par chaque EAF. La typologie définie met en évidence la prédominance de la main d’œuvre familiale et de l’entraide dans les exploitations agricoles. En cas d’insuffisance de celles-ci, les exploitants ont souvent recours à la main d’œuvre salariée extérieure. Dans la Zone du Lac Alaotra, la main d’œuvre salariée extérieure intervient surtout aux stades du repiquage et de la récolte car plus de 100 exploitations y ont recours. Le repiquage s’étale sur une plus longue période et constitue une phase chargée des travaux agricoles. En effet, la phase de repiquage coïncide souvent avec les phases de moisson d’autres cultures (tomate, haricot vert, courgette), d’où la nécessité des mains d’œuvres supplémentaires. La prépondérance des EAFs de Type 1 qui sont en majorité des vendeurs nets implique l’importance des excédents de riz dans la zone d’étude. Ce qui confirme le statut de grenier à riz de la zone, l’excédent est dû à la surface rizicole importante. Pour les types 2 et 3 qui ne possèdent que de petites surfaces : le revenu est orienté respectivement vers le salariat agricole et les autres services. Cette stratégie orientée vers le salariat agricole nécessite la disponibilité de main d’œuvre familiale nombreuse. Ainsi, malgré que la surface rizicole exploitée reste le même pour les 2 types, le Type 3 présente un déficit d’aliments de base plus important dû au nombre d’actifs plus élevé par EAF.
Production et rendement
Suivant la typologie définie, ce sont les exploitants du Type 1 qui ont une production et un rendement en riz les plus élevés parmi les trois types définis. L’utilisation de la main d’œuvre salariée en plus de la main d’œuvre familiale est une des caractéristiques importantes de ce type, contrairement aux deux autres types qui ont une dépense négligeable en main d’œuvre extérieure. Cette situation explique que le recours à la main d’œuvre extérieure contribue à l’augmentation du rendement, grâce à une force de travail suffisante pour une meilleure mise en valeur du potentiel de la terre cultivée. En plus, les exploitants du Type 1 présentent des conditions plus favorables concernant les techniques innovantes telles que l’irrigation et l’utilisation d’intrants, de machines agricoles et de produits phytosanitaires. Ces techniques contribuent à un rendement élevé du Type 1 par rapport aux autres types. D’après Kadekoy-Tigague en 2010, en agriculture familiale, l’exploitant recherche en permanence un équilibre entre le travail et la consommation (satisfaction des besoins de sa famille), et non la recherche de profit maximal. L’objectif est donc de trouver un équilibre entre la satisfaction des besoins et la pénibilité nécessaire à cette satisfaction. Cet équilibre est étroitement lié à la composition familiale c’est à dire au rapport entre le nombre de consommateurs et le nombre des actifs. C’est donc une différence fondamentale avec l’entreprise capitaliste dont la production est à priori illimitée. La main d’œuvre est donc un facteur limitant de la production (Kadekoy-Tigague, 2010).La production d’une exploitation explique la participation ou non de celle-ci au marché.Lorsque leurs productions suffisent largement à recouvrir leur besoins alimentaires annuelles, alors ils peuvent se permettre de vendre sur le marché les excédents de production pour améliorer leur revenu. C’est le cas des vendeurs nets. Et lorsque leurs productions s’avèrent insuffisantes, ils sont obligés de s’approvisionner sur le marché. D’une manière générale, ce sont les types d’EAFs regroupées dans les Types 2 et 3 qui sont des acheteurs nets. Ces derniers optent pour l’intensification maximum de la productivité comme stratégie de survie. Dans ce contexte de productivité, Rosset précise que : « Même si la notion de « petite » ou de « grande » exploitation peut varier d’un pays à l’autre, dans tous les cas, la productivité des petites exploitations dépasse très largement celle des grandes exploitations » (Rosset, 1999).
Modèle d’Exploitation Agricole Familiale performante
Les résultats d’analyse ont permis de mettre en exergue les caractéristiques d’un modèle d’EAF performant. Ce modèle est en premier lieu caractérisé par une production et un rendement élevés, comme c’est le cas pour le Type 1. De cette importance de la production découle un revenu agricole nettement supérieur au revenu issu des autres services non agricoles. Mais la performance peut également être appréciée par la capacité des EAF à maximiser la productivité des facteurs de production. Cette maximisation peut se faire de deux manière : soit par l’optimisation des activités agricoles, soit par la pratique d’activité hors agricole. Dans cette perspective, les Types 1 et 2 remplissent tous deux les critères de performance. Puisque l’objectif est d’identifier un modèle d’EAF, non seulement performant, mais qui peut également être dupliqué, le Type 1 est celui qui s’approche plus de ce modèle. En effet,bien que ce modèle ne soit pas l’idéal, il remplit les conditions de performance. Par ailleurs, comme ce modèle existe déjà, il est évident que sa reproduction pourra être envisagé, à condition de savoir les facteurs qui influencent cette performance.
|
Table des matières
REMERCIEMENTS
RESUME
ABSTRACT
ABREVIATIONS
ACRONYMES
GLOSSAIRE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION
1. MATERIELS ET METHODES
Matériels
1.1.1 Choix du thème
1.1.2 Présentation de la zone d’étude
1.1.2.1 Acticités agricoles existantes
1.1.2.2 Richesses de l’écosystème naturel
1.1.3 Présentation des données mobilisées
1.1.4 Différents concepts
1.1.4.1 Agriculture familiale
1.1.4.2 Ménage agricole et exploitation agricole
1.1.4.3 Performance agricoles
1.1.5 Théorie mobilisée : L’approche des moyens d’existence durables ou Livelihood
1.1.6 Méthodes et outils de traitement de données
Méthodologie
1.2.1 Démarche globale
1.2.1.1 Recherches bibliographiques et webographiques
1.2.1.2 Collecte des données
a. Enquête auprès des personnes ressources
b. Descente sur terrain
1.2.1.3 La constitution d’un panel cylindré
1.2.1.4 Passage du concept de ménage à l’exploitant agricole
1.2.2 Démarche de démonstration spécifique à chaque hypothèse
1.2.2.1 Démarche 1 : Etude de la diversité et de la performance des Exploitations Agricoles Familiales
a. Typologie des Exploitations Agricoles Familiales
Regroupement des Exploitations Agricoles Familiales par la Classification Ascendante hiérarchique
Terre
Diversification culturale
Pratique de la pluriactivité
Recours à la main d’œuvre extérieure
Capacité d’innovation
Elevage
Orientation vers le marché
Caractérisation des types d’Exploitations
Caractérisation par Analyse Factorielle Discriminante
Caractérisation par l’Analyse en Composante Principale
Caractérisation par la Régression Logistique
b. Evaluation de la performance des Exploitations Agricoles Familiales selon chaque catégorie définie
Détermination de la performance par l’analyse du résultat économique global des activités de l’exploitation
Valeur ajoutée des systèmes d’activités
Revenu agricole généré par les systèmes d’activités
Revenu familial total des exploitations agricoles
Evaluation de l’efficience des systèmes d’activités pratiqués par les exploitations agricoles
1.2.2.2 Démarche 2 : Détermination de la tendance de la performance des Exploitations Agricoles Familiales
a. Détermination de l’évolution de la performance
b. Recherche des facteurs qui influent l’évolution de la performance agricole
Détermination des variables des cinq capitaux influençant la performance agricole
Détermination des chocs naturels qui ont frappé la zone d’étude depuis 2007 à 2011
1.2.3 Limites de l’étude
1.2.4 Chronogramme des activités
2. RESULTATS
Diversité et performance des EAF
1.3.1 Typologie des EAF
1.3.1.1 Type 1 : Vendeurs nets de riz
1.3.1.2 Type 2 : Exploitants multi-actifs
1.3.1.3 Type 3 : Salariés agricoles
1.3.2 Niveau de performance de chaque type d’Exploitations Agricoles Familiales
1.3.2.1 Résultat économique global des activités des Exploitations Agricoles Familiales
a. Production et rendement
b. Valeur ajoutée et revenu total
c. Revenu agricole et revenu hors agricole
1.3.2.2 Evaluation de l’efficience des systèmes d’activités pratiqués par les exploitations agricoles
1.3.2.3 Sécurité alimentaire et pauvreté
1.4.1 Evolution de la performance des différents types d’Exploitations Agricoles Familiales entre 2007 et 2011
1.4.1.1 Evolution de la production et du rendement
1.4.1.2 Evolution de la vente de riz par type d’Exploitation Agricole Familiale
1.4.1.3 Evolution des indicateurs de performance
1.4.1.4 Evolution de la productivité des facteurs de production
1.4.2 Facteurs influençant la performance des EAFs
1.4.2.1 Variables des cinq capitaux
1.4.2.2 Evolution du prix du riz
1.4.2.3 Risques et catastrophes naturels
3. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Discussions
1.5.1 Diversité des exploitations agricoles familiales
1.5.2 Performance des EAFs
1.5.2.1 Production et rendement
1.5.2.2 Revenus agricoles et hors agricoles
1.5.2.3 Productivité des facteurs
1.5.2.4 Sécurité alimentaire
1.5.2.5 Modèle d’Exploitation Agricole Familiale performante
1.5.3 Evolution et facteurs influençant de la performance des EAFs
1.5.3.1 Production de riz
1.5.3.2 Orientation du marché de riz
1.5.3.3 Revenu des EAFs
1.5.3.4 Cinq capitaux
1.5.3.5 Prix du riz
1.5.3.6 Pluviométrie et choc naturel
1.5.3.7 Facteurs déterminant la performance
Recommandations
1.6.1 Diversité des exploitations agricoles
1.6.2 Production et rendement
1.6.2.1 Des pratiques innovantes
1.6.2.2 Un conseil aux ménages pour un développement agricole
1.6.3 Revenu et productivité des exploitations agricoles
1.6.4 Condition de réussite du modèle d’agriculture familiale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Télécharger le rapport complet