FACTEURS FAVORISANTS L’INTEGRATION DES PERSONNES MIGRANTES

FACTEURS FAVORISANTS L’INTEGRATION DES PERSONNES MIGRANTES

Buts et objectifs des SEL

Un SEL, littéralement un Système d’Echange Local, se définit comme un réseau d’échange de services, de compétences et de biens, dans une région donnée. Ces échanges peuvent être comptabilisés de différentes façons selon la politique du SEL de la région concernée. Soit par une monnaie sociale, soit par du temps, selon le concept des banques du temps, ou alors encore d’autres sortes. Dans ce genre de système, nous retrouvons un-e offreur-euse, la personne qui souhaite mettre ses savoirs en circulation et un-e demandeur-euse, celuicelle qui souhaite apprendre (Héber-Suffrin, 2003, p.75). Et « chacun peut à la fois s’appuyer sur le social dans lequel il est pour apprendre, et alimenter ce même social pour que d’autres puissent apprendre. » (Héber- Suffrin, 2003, p.75) Un des principes essentiels est : « que toute heure est égale à une heure quel que soit le travail effectué et le statut de la personne. Deux idées sont constitutives de ce principe : d’une part l’égalité entre les personnes et d’autre part la reconnaissance de toutes les compétences et savoir-faire, même ceux qui sont habituellement non comptabilisés dans l’économie conventionnelle (par exemple les activités domestiques). » (Blanc, Fare, 2012, p.78)

Concernant le but principal des SEL, Laacher Smaïn1 mentionne que : « Les SEL se constituent dans leur écrasante majorité sous forme d’association (…). Leur article 2, dans la plupart des cas, précise ainsi le but de l’association : « promouvoir les solidarités dans le cadre du développement local, grâce à des échanges multilatéraux de savoirs, de biens et de prestations de services de voisinage ». (Laacher, 2003, p.40) Le but principal des créateur-trice-s d’un SEL est donc de créer de la solidarité en apportant une alternative au système capitaliste actuel. Du côté des participant-e-s, selon une étude « la vocation première attribuée au SEL, est, pour 59,1% des groupes interrogés, de « créer des liens entre les personnes » (Laacher, 2003, p.74). Plus récemment, une étude sur l’Accorderie – un système d’échange de service créé au Québec – renforce cette dimension en mentionnant que pour 94,8% des personnes interrogées : « le développement de la solidarité représente le premier motif d’adhésion. » (Fare, 2012, p.57)

En effet, « la coordination qu’ils organisent se fonde sur une critique des usages de la monnaie : devenue un instrument de domination du faible par le fort, la monnaie devrait être repensée comme instrument de solidarité » (Suppiot, 1999, p.8) Nous remarquons donc que les SEL répondent à un besoin de la communauté citoyenne et font l’objet d’attentes spécifiques. Le désir de développer une entraide se trouve être le premier élément de base au développement et à la création d’un SEL. Dans une société où la solidarité, qu’elle soit familiale ou locale, a peu à peu disparu pour laisser place à l’individualisme, nous pouvons bien comprendre l’importance et la pertinence du but recherché. D’autre part, « l’instauration d’un espace au sein duquel l’économique serait au service de valeurs alternatives comme l’égalité entre les savoirs- faire intellectuels et manuels, la réciprocité par le don ou la démocratie locale » (Blanc, 2003, p.91) est également un élément revendiqué par les créateur-trice-s des SEL.

En effet, créer un réseau socio-économique solidaire afin de favoriser l’équité sociale fait partie d’un des objectifs de ces réseaux d’échanges. Comme nous le précise Laacher : « L’enjeu est ici la construction pratique d’une forme d’équité sociale. Conjointement, la constitution d’une communauté d’adhérents qui favorise les rencontres sociales et les échanges de biens, permet de susciter ou de ressusciter des réseaux de sociabilité non seulement au sein de la communauté elle-même, mais plus largement dans les localités où existe ce type d’échange. La volonté clairement affirmée ici est de construire collectivement un sens de l’appartenance et comme une sorte de fierté locale. » (Laacher, 2003, p.141) Pour synthétiser, nous pouvons relever que les principaux buts de ces systèmes sont de créer du lien entre les personnes, de favoriser la solidarité locale et l’égalité, et de créer un sentiment d’appartenance.

Bien que tous ces systèmes ne soient pas identiques et présentent de nombreuses différences que je n’estime pas nécessaire de relever, « c’est dans la construction de réponses locales à des besoins sociaux locaux, et donc dans des formes d’innovation sociale, que ces monnaies trouvent un socle commun. » (Blanc, Fare, 2012, p.68). En somme, les SEL privilégient « la personne sur le groupe, le local sur le national, les affinités culturelles sur les contraintes idéologiques, la liberté de parole et l’autonomie des choix et des décisions sur la délégation et la représentation. » (Laacher, 2003, p.73)

Initiative citoyenne et militante

Un SEL naît le plus souvent d’initiatives citoyennes. Ce que confirme Jérôme Blanc, Docteur en Science économique, en parlant des LETS (Local exchange trading system) : « Les LETS s’inscrivent enfin dans une démarche citoyenne, (…) le développement de nouvelles formes d’échanges s’apparente alors à des actions collectives dont la revendication politique première est de restituer aux membres des LETS des moyens leur permettant de participer et de contribuer à l’intérêt public, ici par la création de zones de sociabilité et d’autonomie localisées. » (Blanc, 2003, p.95) En effet, actuellement les citoyen-ne-s adoptent de plus en plus une attitude proactive et multiplient les initiatives pour répondre aux problèmes sociaux les concernant, directement ou indirectement. Le but étant de couvrir des aspects non pris en charge par les services publics ou privés mis en place. Le fruit de cette mobilisation débouche sur des collectifs et des associations. Au coeur de ces dernières, des valeurs très fortes colorent toutes leurs actions. Dans le cas des SEL, nous pouvons retrouver la tolérance, le respect, la confiance, l’équité des échanges, l’entraide, … Ces principes sonnent comme une sorte de rappel à l’ordre d’une philosophie commune (Laacher, 2003, p.61). Il est primordial que les membres d’un système d’échanges soient en accord avec les principes du SEL qu’ils souhaitent intégrer, car « les valeurs sont ainsi au fondement de l’innovation sociale » (Blanc, Fare, 2012, p.77).

Prenons par exemple : « l’importance que revêtent les notions de responsabilité et de confiance pour constituer et assurer dans le temps la continuité des échanges. Se retirer des échanges ou adhérer sans jamais échanger, demander sans offrir, tricher ou instrumentaliser le groupe, c’est introduire le doute sur l’authenticité des sentiments et des intentions de quelques-uns et, à terme, enclencher un processus de désengagement collectif. » (Laacher, 2003, p.59) Ainsi, ne pas adhérer aux valeurs et principes de base peut remettre en cause le système et avoir une influence négative sur toute la dynamique du groupe et les impacts attendus au travers de la mise en place du SEL. Cet aspect prend d’autant plus d’importance pour Troc de Compétences car il s’agit d’échanges interculturels, ce qui implique donc d’accepter de s’ouvrir à l’Autre.

De plus, les membres d’un SEL, « par leurs engagements, militent en faveur de transformations dans les rapports sociaux concernant l’individuel et le collectif, le local et le global, le communautaire et l’Etat (Servet (dir.), 1999, p.314) » (Blanc, 2003, p.98). Ne pas adhérer n’est en conséquent pas compatible avec cette position engagée et militante, qui est au coeur de la création d’un SEL comme le confirment Jérôme Blanc et Marie Fare2 : « Avant la phase collective de mise en oeuvre d’une innovation sociale telle que les monnaies sociales, le processus de mobilisation des acteurs résulte généralement d’un fondateur militant. La notion de militance est ici importante. Créer un dispositif de monnaie sociale est en effet un acte de militance, au minimum dans son sens de militance associative. » (Blanc, Fare, 2012, p.75)

Dimension sociale et intégrative

La dimension sociale de ce genre de projet est non négligeable et mérite qu’on s’y attarde quelque peu afin de faire un parallèle avec TdC, qui se trouve être un projet social. Tout d’abord, Laacher Smaïn, sociologue préalablement cité, précise tout de même que « les SEL n’ont pas pour vocation ou pour ambition de dessiner des politiques intégratives » (Laacher, 2003, p.46). Toutefois, les études montrent bien que les impacts des SEL et les attentes les concernant se situent réellement à un niveau que l’on pourrait assimiler à l’intégration, ou tout du moins à une forte dimension sociale. En effet : « un grand nombre de personnes qui ont répondu aux enquêtes sur les LETS avaient déménagé loin de leur ancienne localité, affaiblissant ainsi considérablement l’aide qu’elles pouvaient mobiliser au sein de leurs réseaux familiaux et sociaux. Les LETS, dans ce cas de figure, sont venus symboliquement se substituer aux amis et aux parents. On peut penser que cette structure de substitution perdurera tant que les anciens cadres sociaux n’auront pas retrouvé leur densité et leur efficacité initiale. » (Laacher, 2003, p.145) Cette donnée est on ne peut plus pertinente pour le projet Troc de Compétences. Les migrant-e-s se retrouvent typiquement dans ce cas-ci. Le fait qu’un système d’échange puisse être vu comme une sorte de, je cite « structure de substitution », est primordial et fait partie du but recherché. La plateforme se voulant être une sorte d’appui, de passage facilitateur à intégration.

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Table des matières

1. INTRODUCTION GENERALE
1.1 CHOIX DE LA THEMATIQUE ET PRESENTATION DU THEME
1.1.1 TROC DE COMPETENCES
1.1.2 IMPACTS ATTENDUS
2. PROBLEMATIQUE
2.1 QUESTION DE RECHERCHE
2.2 OBJECTIFS DE RECHERCHE
2.3 HYPOTHESES DE RECHERCHE
3. CONCEPTS THEORIQUES
3.1 LES SYSTEMES D’ECHANGES LOCAUX
3.1.1 BUTS ET OBJECTIFS DES SEL
3.1.2 INITIATIVE CITOYENNE ET MILITANTE
3.1.3 DIMENSION SOCIALE ET INTEGRATIVE
3.1.4 IMPACTS ET PERTINENCE DE CES SYSTEMES
3.1.5 SIMILITUDES ET DIFFERENCES AVEC TROC DE COMPETENCES
3.1.6 IMPACTS ATTENDUS DE TROC DE COMPETENCES A LA LUMIERE DES ETUDES SUR LES SEL
3.1.7 SYNTHESE
3.2 INTEGRATION
3.2.1 CONCEPT DE L’INTEGRATION
3.2.2 POLITIQUE SUISSE EN MATIERE D’INTEGRATION
3.2.3 FACTEURS FAISANT ENTRAVE A L’INTEGRATION DES PERSONNES MIGRANTES
3.2.4 FACTEURS FAVORISANTS L’INTEGRATION DES PERSONNES MIGRANTES
3.2.5 SYNTHESE
3.3 INCLUSION
3.4 CONCLUSION
4. PRESENTATION DE LA METHODOLOGIE
4.1 PRESENTATION DE LA METHODE UTILISEE
4.1.1 TECHNIQUE D’ANALYSE
4.2 PRESENTATION DU TERRAIN D’ENQUETE
4.2.1 CRITERES DE CHOIX ET PROFILS DES PARTICIPANT-E-S
4.2.2 DEROULEMENT DES ENTRETIENS
4.3 ANALYSE DES DONNEES
4.3.1 TDC ET APPRENTISSAGE DE LA LANGUE
4.3.2 TDC ET LA CREATION DE LIENS
4.3.3 CREATION DE LIENS ET INTEGRATION
4.3.4 MESURES D’INTEGRATION : LA CLE DE LA REUSSITE
4.3.5 TDC ET INTEGRATION / INCLUSION
4.3.6 SYNTHESE DES RESULTATS
5. REPONSES A MES POSTULATS DE DEPART
5.1 REPONSE AUX HYPOTHESES DE RECHERCHE
5.2 REPONSE A LA QUESTION DE RECHERCHE
6. CONCLUSION
7. BIBLIOGRAPHIE
7.1 OUVRAGES
7.2 ARTICLES
7.3 DOCUMENTS DE COURS
7.4 MEMOIRES DE FIN D’ETUDE
7.5 SITES INTERNET
8. ANNEXES
8.1 CANEVAS DES ENTRETIENS AVEC LES PROFESSIONNEL-LE-S DE L’INTEGRATION
8.2 CANEVAS DES ENTRETIENS AVEC LES MIGRANT-E-S
8.3 VISUEL DE LA PLATEFORME « TROC DE COMPETENCES »

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