La forêt est un écosystème complexe qui fournit des biens et services à l’Homme. Cette ressource donne à la fois des produits forestiers ligneux (PFL) et des produits forestiers non ligneux (PFNL). Les PFNL créent une valeur économique élevée et des emplois, que ce soit au niveau régional, national et même à grande échelle au niveau international (Abdon et al. 2013). La valeur de l’activité pollinisatrice des abeilles est évaluée à 153 milliards d’euros pour les principales cultures dont l’humanité se nourrit, soit 9,5 % de la valeur de la production agricole mondiale (Chambre d’Agriculture, 2015). Les abeilles sont importantes, non seulement pour leur production de miel, mais aussi pour la pollinisation des cultures (Ghoulson et al. 2015 ; Gil-Lebrero et al. 2017). L’apiculture est un secteur important de l’économie agricole, tant par le rôle joué par les populations d’abeilles dans la pollinisation, que dans la production de miel (PDDA, 2013). Or, la biodiversité et la population des insectes pollinisateurs sont en déclin partout dans Le Monde (Potts et al. 2010a ; Bommarco et al. 2012 ; Brittain, Kremen & Klein, 2013 ; Zoccali et al. 2017). En effet, à cause des pratiques agricoles, l’importation des races d’abeilles et les pressions anthropiques sur les ressources naturelles, l’avenir de la production du miel est remis en question (Philipps, 2014). Au cours de la période 2010-2015, les exportations nettes mondiales ont augmenté, à un taux de 26,61 tonnes (t) /an (Bruneau, 2016). Le total des exportations nettes de 345 565 t en 2010 a augmenté à plus de 478 801 t en 2015. L’UE qui est la principale importatrice de miel avec les Etats – Unis, a augmenté leur importation de miel en moyenne à 10,54 t/an (Bruneau, 2016).
Problématique
La filière apiculture suscite une attention particulière dans le domaine de la foresterie, car elle est un élément parmi d’autres dans la réussite de la gestion durable des ressources naturelles. En effet, c’est une activité génératrice de revenue (AGR), une activité économique complémentaire communautaire sans défricher, et qui permet de limiter les pressions sur la forêt. L’appui au développement de la filière apiculture est cohérent au renforcement des secteurs porteurs, à forte valeur ajoutée et pérenne dans le programme du PND 2015. En plus, il répond au deuxième objectif de l’ODD 2015, qui consiste à éliminer la faim et l’insécurité alimentaire. Madagascar fait partie des pays producteurs de miel. La filière fait vivre plus d’un million de personnes (Fanjanarivo, 2017). Or, de manière générale, les consommateurs locaux et importateurs internationaux sont attirés par les miels d’origines biologiques, et qui sont issues des forêts naturelles. Les consommateurs sont de plus en plus en quête d’authenticité en produits apicoles (miel). En effet, ils sont prêts à payer un prix plus élevé pour des produits de terroir (Andriamanalina, 2017). Ces derniers peuvent être protégés, vendus sur le marché et enregistrés sous les labels (Vandecandelaere et al. 2009). En 2016, dans le cadre du projet Interreg Qual’Innov, une approche nationale et régionale a permis d’identifier les potentiels de développement concernant plusieurs produits territorialisés, dont le miel. C’est pourquoi le QualiREG à travers de ce projet envisage la faisabilité d’une démarche collective, pour une valorisation conjointe des miels de qualité de Madagascar et de l’Océan Indien. Toutefois, d’un point de vue global, il est remarqué que les stratégies de soutien pour la relance de la filière, avec les opportunités commerciales qui se présentent à l’échelle nationale et régionale, sont insuffisantes. De plus, les données actuelles sur les quantités de miel produites, les acteurs, leurs motivations et contraintes sont aussi insuffisantes (Lagarde et al. 2004).
C’est pourquoi cette étude se propose de comprendre les différents facteurs qui influencent dans la promotion de la filière miel du territoire. En effet, ces facteurs peuvent constituer des obstacles ou des opportunités à la valorisation de l’apiculture. Le nord de Madagascar est choisi comme zone d’étude, étant donné la potentialité en essence mellifère (Rabeharifara, 2011). Les lacunes des connaissances concernant les acteurs de la filière constituent un handicap au lancement de la filière. L’organisation des acteurs et les motivations des apiculteurs concernant l’apiculture sont à examiner davantage.
Méthodes
Phase préparatoire
Des études bibliographiques ont été réalisées dans le but de choisir le thème de l’étude. Le plan de recherche a été élaboré. Les questionnaires sont réalisés en tenant compte des objectifs spécifiques dans le but de vérifier les hypothèses de recherche . Lors de cette phase, des entretiens individuels ont été réalisés auprès des personnes ressources, dans le but d’identifier les zones qui présentent une potentialité mellifère à Madagascar. Cette phase a facilité le choix des zones d’études. Les intervenants dans le secteur apicole, qui sont constitués par les projets de soutien à la filière apiculture, les exportateurs et les commerçants de miel au niveau régional ont été interviewés. Des critères ont été pris en compte dans le choix des zones d’études :
– La potentialité en essences mellifères a été considérée (Benoît & Schneider 2007; Rabeharifara, 2011). En effet, 50 % de la production totale en cueillette et collecte provienne de la région nord-ouest
– La région SOFIA a été choisie du fait que l’apiculture est une activité en plein essor. En plus, la région possède une grande potentialité économique en apiculture et possède toute une gamme de plantes mellifères (Dimisy, 2010) .
– Concernant la région DIANA, Ambanja est le site pilote de la région en apiculture. Une coopérative des apiculteurs déjà opérationnelle est mise en place, même si les ruches traditionnelles sont encore très utilisées (MEEF, 2016).
Phase de collecte de données
Lors de cette phase, les démarches méthodologiques suivantes ont été adoptées, et sont synthétisées .
Etude cartographique
Dans la réalisation de cette étude, la cartographie a été conduite dans le but de présenter spatialement les zones d’études (Région DIANA, SOFIA). Pour la localisation des sites d’intervention, les coordonnées géographiques ont été relevées sur terrain à l’aide d’un GPS. Ensuite, elles ont été conciliées avec la base de données BD 500 et la base de données des communes de Madagascar, qui ont été élaborées par la FTM. Le logiciel ArcMap 10 a été utilisé.
Observation directe
Observer est en effet une pratique sociale avant d’être une méthode scientifique (Arborio & Fournier 2015). Cette méthode consistait à comprendre les relations au sein des acteurs de la filière, et pouvait aider à instaurer la confiance et de bons rapports avec la population locale. Les objectifs de cette méthode étaient :
❥ Déterminer les différentes modes de production de miel auprès des apiculteurs,
❥ Connaître la méthode de collecte de l’essaim,
❥ Analyser les modalités de la transaction comme : les modalités de l’échange, le rapport entre les acteurs.
Enquête socio-économique
Une enquête vise à recueillir des informations auprès des personnes physiques mouvantes et non sur un matériel végétal physiquement inerte (Ramamonjisoa, 1996). L’objectif était d’analyser l’organisation des acteurs dans la filière apiculture. Les outils de collecte de données ont été les fiches d’enquête, le guide d’entretien, un dictaphone, des emballages et des marqueurs pour le Focus Group ou FG. Mais avant cela, l’accord des personnes enquêtées pour l’enregistrement sur dictaphone a été prouvé par une lettre écrite.
Phase de traitement des données
Le traitement des données obtenues est axé sur la vérification des hypothèses. Les résultats qualitatifs obtenus à partir des enquêtes socio-économiques sont combinés avec les observations directes réalisées sur terrain, pour obtenir plus d’informations sur les acteurs et le fonctionnement de la filière. En effet, dans le traitement des données, les résultats qualitatifs permettent de comprendre les fonctionnements des types d’opérateurs (Duteurtre et al, 2000 ; Hellin & Meijer 2006 ; GTZ, 2007 ; Muiruri, 2015 ; Mehari, 2015). Quant aux résultats quantitatifs, ils ont été analysés avec les statistiques descriptives (Muiruri, 2015 ; Mehari, 2015). Les logiciels XLStat 2015 et Microsoft EXCEL ont été utilisés, afin de présenter les statistiques descriptives dans cette recherche.
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Table des matières
I. Introduction
II. Problématique et hypothèses
II.1. Problématique
II.2. Hypothèses et objectifs
II.2.1. Hypothèses
II.2.2. Objectifs
III. Matériels et Méthodes
III.1. Matériels d’étude
III.2. Méthodes
III.2.1. Phase préparatoire
III.2.2. Phase de collecte de données
III.2.3. Phase de traitement des données
III.2.4. Démarches spécifiques à la vérification des hypothèses
III.2.5. Limites de l’étude
III.2.6. Cadre opératoire
IV. Résultats
IV.1. Analyse des acteurs dans la filière apiculture
IV.1.1. Apiculteurs traditionnels
IV.1.2. Apiculteurs semi-modernes ou améliorés
IV.1.3. Apiculteurs modernes
IV.1.4. Comparaison de la situation actuelle du miel par rapport aux variables requises à l’exportation
IV.1.5. Conclusion partielle
IV.2. Appuis économiques de la filière apiculture
IV.2.1. Système de production
IV.2.2. Etude des bénéfices économiques de l’activité apiculture
IV.2.3. Modélisation économique
IV.2.4. Conclusion partielle
V. Discussions
V.1. Discussions sur la méthodologie
V.1.1. Choix des zones d’études
V.1.2. Approche méthodologique
V.2. Discussions sur les résultats
V.2.1. Discussions sur l’organisation des acteurs dans la filière apiculture
V.2.2. Discussions sur la part des appuis financiers dans la filière apiculture
V.2.3. Discussions sur les techniques de production
V.2.4. Vérification des hypothèses
VI. Recommandations
VI.1. Quelques recommandations au niveau de l’organisation des acteurs de la filière
VI.2. Quelques recommandations sur les appuis techniques et financiers à la filière
VI.3. Quelques recommandations sur la gestion des ressources naturelles
VI.4. Quelques recommandations additionnelles
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes