Facteurs de risques amenant à la violence
Il semble tout aussi intéressant qu’important de se pencher sur les causes de la maltraitance, d’en comprendre les raisons. Plusieurs facteurs ont été mis en avant: ils peuvent tenir à l’enfant lui-même, au parent ou à la personne en charge de l’enfant, à une cause relationnelle ou encore sociétaire. Le site internet de l’OMS nous aide à faire le point sur ces facteurs.
❖ Facteur tenant à l’enfant: en premier lieu, il est absolument nécessaire de rappeler qu’en aucun cas, l’enfant est responsable des traitements qui lui sont infligés. Il reste la victime, quelle que soit la situation. Il est cependant plus enclin à subir des violences lorsque:
➤ Il est âgé de moins de 4 ans ou est adolescent
➤Il n’était pas désiré
➤ Il ne répond pas aux attentes de ses parents
➤ Il nécessite une attention particulière, a une anomalie physique ou mentale
➤ Il pleure sans arrêt. (OMS 2016) .
❖ Facteurs tenant à la personne en charge de l’enfant: un parent ou la personne en charge de l’enfant peut plus facilement recourir à la violence dans les cas suivants:
➤ Lien avec le nouveau-né difficile à établir,
➤ Difficulté à accorder de l’attention à l’enfant,
➤ Expérience de maltraitances au cours de sa propre enfance,
➤ Avoir des attentes irréalistes et ignorance des différentes étapes de développement de l’enfant,
➤ Activités criminelles, consommation de drogues,
➤ Abus d’alcool,
➤ Difficultés financières. (OMS 2016).
❖ Facteurs relationnels: les relations que les différents membres d’une même famille entretiennent entre eux, avec leurs amis peuvent aussi influer sur les comportements violents et mener à la maltraitance d’un enfant. Voici certains facteurs retenus:
➤ Trouble psychiques ou physiques d’un membre de la famille,
➤ Violence envers un autre membre de la famille,
➤ Isolement de la famille: absence de soutien en tout genre. (OMS 2016).
❖ Facteurs communautaires et sociétaux: La violence peut également se manifester plus facilement pour les raisons ci-dessous:
➤ Taux de chômage élevé, pauvreté,
➤ Facilité à se procurer des drogues ou de l’alcool,
➤ Pornographie infantile, prostitution, travail des enfants,
➤ Normes sociales mettant en valeur les relations de violence envers autrui ou de supériorité d’un être par rapport à un autre,
➤ Politiques du pays ne permettant pas d’améliorer la précarité socioéconomique. (OMS 2016) .
Conséquences de la maltraitance
Tout type de violence laisse d’importantes séquelles sur les enfants, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Celles-ci peuvent se manifester à différentes étapes de la vie et peuvent s’ajouter les unes aux autres. C’est ce que l’association Action Enfance nous dévoile dans son article « Où commence la maltraitance » ? (Action Enfance, 2016) Un enfant maltraité peut tout d’abord être sujet à des problèmes de développement et d’apprentissage. En effet, la jeune victime a souvent des difficultés à l’école et a un niveau plus faible que la moyenne des autres enfants. Il peut également rencontrer des difficultés dans des domaines fondamentaux comme par exemple la parole ou le langage. La santé mentale peut être altérée et des problèmes comportementaux tels que l’isolement, des tentatives de suicide, des dépendances diverses ainsi que des désordres alimentaires peuvent se manifester. L’enfant peut également adopter des comportements hyperactifs, agressifs ou encore criminels. Ceux victimes de violences peuvent aussi connaître des situations sociales précaires. En effet, ils sont plus enclins à connaître le chômage et les problèmes de logement et les filles sont plus souvent confrontées à des grossesses précoces et aux maladies sexuellement transmissibles (MST). (Action Enfance, 2016) L’état de santé général des enfants violentés peut être endommagé. L’obésité, les infections sexuellement transmissibles comme mentionné plus haut, les pathologies cardiaques, ou encore le cancer sont favorisés. Enfin, la maltraitance a un coût économique pour les personnes concernées, puisqu’elle entraîne des dépenses pour hospitalisations ou autres dépenses de santé. (OMS 2016) .
D’hier à aujourd’hui
Chiffres représentatifs
Les chiffres sont alarmants: en France, chaque jour, deux enfants perdent la vie sous les coups répétés de leurs parents. Entre 600 et 700 décès en une année. Sans parler des quelques 100 000 autres enfants vivant dans de très mauvaises conditions dont environ 20 000 sont réellement considérés comme étant maltraités. C’est ce que nous révèle l’article du Figaro intitulé « Maltraitance: 100.000 enfants en danger ». (Bassette 2013) Un second article issu du magazine La Parisienne – « Les chiffres chocs de la maltraitance des enfants » (2015) – nous dévoile quant à lui d’autres informations inquiétantes: 14% de la population française déclare avoir déjà été victime de maltraitance dans sa jeunesse, ce qui correspond à un Français sur dix. Parmi eux, 60% ont gardé ces épisodes douloureux pour eux, ce qui démontre que ce fléau reste tabou et qu’un changement des mentalités doit absolument s’imposer. 61% des Français estiment qu’une solution à ce problème doit être trouvée et ce, de façon impérative, et 88% évaluent que ce fléau n’est pas réservé à une seule catégorie de gens, mais touche au contraire tous les milieux. 45% de la population a d’ailleurs déjà suspecté un cas de maltraitance dans leur cercle familial, amical ou dans le voisinage. (La Parisienne 2015) De l’autre côté de la frontière, en Suède, selon les chiffres de l’OMS, on estime à 4 le nombre d’homicides par maltraitance et ce, de 1976 à 2000. La maltraitance est un mal ayant largement reculé depuis le vote de la loi pour l’interdiction des châtiments corporels. La Suède est l’un des pays ayant le plus bas taux de maltraitance à l’échelle mondiale. (Durrant 2003) .
Un peu d’histoire française
La maltraitance (envers enfant ou autre) est un phénomène ayant toujours existé. Le site de l’association Ni Claques Ni Fessées nous propose de revenir sur l’histoire et les grandes dates de cette violence sous la rubrique « Histoire des punitions corporelles ». C’est en 1889 que la première loi pour la « déchéance paternelle en cas de trop mauvais traitements » est votée. Il y avait bien eu une loi ayant précédé celle-ci, contre les comportements violents sur autrui, mais cette-dernière ne concernait en aucun cas les violences des parents sur les enfants: ceci était un droit, « le Droit de correction paternel ». À cette époque, il était possible de faire interner sa progéniture dans des « maisons de correction », équivalentes à de réelles prisons pour mineurs, sans même avoir à se justifier. C’est à cette période-là que Victor Hugo rédige son oeuvre Les misérables (paru en 1862), mettant en scène le personnage de Cosette, délaissée à l’âge de 3 ans par sa mère et subissant les sévices de la famille l’ayant accueillie durant 5 longues années. Ce roman connut un réel succès et eut beaucoup d’influence sur la société d’antan: la première association se préoccupant de la cause des enfants fut créée dans la capitale française et peu de temps après, la loi de 1889, que nous avons mentionnée plus haut, fut adoptée. (Ni Claques Ni Fessées, 2016) Mais en 1941, un « Manuel du Père de Famille » explique qu’il ne faut en aucun cas « céder au moindre caprice » de sa progéniture, puis, en 1943, une seconde publication intitulée « Art de punir » regrettait l’interdiction de frapper à l’école et rappelait même l’importance que cela avait pour redresser le moindre comportement jugé déviant: « certaines punitions physiques sont interdites par les règlements scolaires, c’est à tort… bourrade ou taloche… raclée… nous ne voyons pas d’autre moyen de guérir les enfants sensuels ou vicieux ». (Ni Claques Ni Fessées, 2016) Malgré un « adoucissement » d’après guerre puis presque un « laisser aller » dans les années 1968, les châtiments corporels persistent au coeur des familles. C’est ce qu’une enquête effectuée par la SOFRES en 1999 confirme: seuls 16% des sondés déclarent ne jamais lever la main sur leurs enfants, alors que 33% le font rarement et 51% plus souvent. Ceux ayant subi le plus de violences dans leur propre enfance sont les plus âgés et les moins diplômés des personnes interrogées et ce sont également eux qui semblent répéter le plus ce scénario. En effet, plus la population est diplômée, moins elle frappe: 45% des sans diplômes pratiquent la fessée sur leurs enfants régulièrement, contre 40% de ceux ayant en poche leur certificat d’étude, 28% des CAP ou BEP, 24% des bacheliers et 19% des post-BAC. (Ni Claques Ni Fessées, 2016) .
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Objectif
1.2 Méthode
1.3 Questions de recherche
1.4 Disposition du travail
2 Études antérieures
2.1 Études sur la maltraitance
2.2 Définitions
2.2.1 Différents types de maltraitance
2.2.2 Facteurs de risques amenant à la violence
2.2.3 Conséquences de la maltraitance
2.3 D’hier à aujourd’hui
2.3.1 Chiffres représentatifs
2.3.2 Un peu d’histoire française
2.3.3 L’évolution de la législation française
2.3.4 Histoire et lois suédoises
2.4 Châtiments corporels: mentalités actuelles
2.4.1 Nouvelle loi française: une population en désaccord
2.4.2 La violence, solution inimaginable en Suède
3 Analyse de l’enquête
3.1 Violence et réaction des citoyens
3.2 Châtiments corporels
3.3 Les citoyens dans leurs actes
3.4 Point de vue
4 Discussion
4.1 Le problème des signalements en France
4.1.1 Trop peu de signalements
4.1.2 Problème de définition du terme de maltraitance
4.1.3 Mauvais traitement des dossiers
4.1.4 Les professionnels font face à des difficultés
4.1.5 Les juges trop sollicités
4.2 La Suède: un système sans failles ?
4.2.1 Un bon système de signalement
4.2.2 Un combat inachevé
4.3 Projets pour une amélioration des droits des enfants
4.3.1 Prévention à la violence
4.3.2 Révision nécessaire du système français
4.3.3 Point de vue suédois
5 Conclusion
Bibliographie
Annexes