Facteurs de risque des MNT chez les militaires

Présentation des Forces Armées

Héritières d’une longue tradition de fidélité et de bravoure dont les origines remontent à l’époque précoloniale, les Forces Armées sénégalaises ont été créées en 1960 à la suite de l’éclatement de la Fédération du Mali. Elles sont un instrument privilégié de souveraineté nationale et de crédibilité internationale. Au cours de ce demi-siècle, les Forces Armées ont connu des mutations profondes dans leurs structures et au niveau de leurs capacités. Portées par des valeurs d’engagement et d’abnégation, elles sont aujourd’hui profondément ancrées dans le pacte social républicain dont l’un des principes de base est la légalité et l’équité.

Mission des Forces Armées 

Les Forces Armées du Sénégal sont composées des Armées et de la Gendarmerie nationale.
Les Armées, sous les ordres du Chef d’État-major général des Armées, ont pour missions, notamment, de garantir l’intégrité du territoire national et d’assurer la libre circulation des personnes et des biens.
La Gendarmerie, sous l’autorité du Haut Commandant de la Gendarmerie, est chargée de veiller à la sécurité publique, au maintien de l’ordre et à l’exécution des lois et règlements sur l’étendue du territoire national. Elle exerce ainsi des missions de police judiciaire, administrative et militaire [20].
Historiquement, l’engagement des Forces Armées, vis-à-vis de l’État et de la population Sénégalaise ne se limite pas à leur protection contre les menaces. Les Forces Armées ont très tôt œuvré pour le renforcement de la sécurité humaine des populations sous le concept Armée-Nation [20]. Une mission, vécue depuis le lendemain des indépendances comme un sacerdoce, participe activement à la consolidation de la Nation sénégalaise, au soutien du développement dans les domaines de l’infrastructure, de l’agriculture, de la santé….
Sur les théâtres des opérations extérieures, les Forces Armées participent aux opérations de paix dans le cadre international ou régional.
Jusqu’en 1984, la responsabilité de la défense militaire reposait exclusivement sur la frange masculine de la population comme en atteste l’article 19, de la loi 70-23 du 06 juin 1970 portant Organisation de la Défense Nationale qui stipulait que «le service national ne concerne que les citoyens de sexe masculin possédant la capacité physique nécessaire» [20]. L’année 1984 a marqué le début de l’admission des élèves officiers féminins à l’École Militaire de Santé. Plus tard, à partir de 2008, d’autres secteurs des armées ont progressivement intégré des militaires féminins dans leurs effectifs.

Organisation générale

Le Chef de l’État est le Chef Suprême des Forces Armées, le Ministre des Forces Armées en assure la tutelle hiérarchique.

Responsabilités institutionnelles

Le Président de la République, Chef Suprême des Forces Armées, prend avec le gouvernement, dans le cadre de leurs attributions constitutionnelles respectives, les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de défense.
Sous l’autorité du Président de la République, le Ministre chargé des Forces Armées participe à l’exécution de la politique de défense. Il est responsable de la politique militaire et, en particulier de l’organisation, de la gestion, de la mise en condition d’emploi et de la mobilisation de l’ensemble des Forces.

Les Armées

Les Armées sont commandées par le Chef d’État-major Général des Armées qui assiste le Ministre des Forces Armées dans ses attributions concernant l’organisation général des Armées, la mise en condition des forces, la coordination interarmées et la mobilisation. Les armées reposent sur quatre entités principales : l’armée de terre, l’armée de l’air, la marine et les écoles [20].
Plusieurs Services sont rattachés au Chef d’État-major Général des Armées pour assurer le soutien des unités et des formations [20]. Il s’agit de :
– la Direction de la Santé des Armées ;
– la Direction de l’Intendance des Armées ;
– la Direction du Génie et de l’Infrastructure Militaire ;
– la Direction du Matériel des Armées ;
– la Direction des Transmissions et de l’informatique des Armées ;
– la Direction de la Prévention et de la Sécurité des Armées ;
– la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées ;
– la Direction de l’Action Sociale.
Pour remplir leurs missions, les Armées sont organisées autour d’une chaîne de commandement et une articulation territoriale qui comprend sept zones militaires[20].
L’organigramme des Armées est ci-dessous schématisé.

Justification de l’étude

Au cours des trois derniers siècles, les maladies infectieuses, surtout celles à potentiel endémo-épidémique, ont occupé la première place de la morbidité mondiale [22]. Des initiatives de santé publique ont permis la diminution des taux bruts de mortalité d’un peu plus de 40 pour mille à moins de 10 pour mille [22,23]. Ces efforts consentis ont conduit à une régression significative de l’incidence de la morbidité, particulièrement dans les pays industrialisés. Dans les pays à faible revenu, la baisse de la morbidité attribuable aux maladies transmissibles est plus marquée chez les enfants, et a favorisé l’amélioration de l’espérance de vie [7,24].
Dans ce contexte de victoire de la médecine préventive et d’espoir d’une meilleure santé de la population, apparaissaient insidieusement les maladies non transmissibles [22]. Elles constituent la première cause de mortalité dans les pays industrialisés ; 88% des décès leur sont imputables, et environ 40% dans les pays en développement [7,25]. Dans ces derniers, des progrès considérables sont notés dans la lutte contre les maladies transmissibles, mais elles demeurent encore un problème de santé publique [15]. En Afrique, des épidémies sporadiques sont toujours observées avec leurs lots de décès et d’incapacité [22].
Au Sénégal, comme dans plusieurs autres pays en développement, pendant la période coloniale et néocoloniale, des interventions spécifiques avaient été mises en œuvre pour endiguer le fardeau épidémiologique des maladies transmissibles, qui ont un impact social, économique et même sécuritaire. Les programmes de prévention et surtout ceux de vaccination mis en place bien avant les indépendances, ont connu un succès éclatant, conduisant aujourd’hui à un recul important des pathologies infectieuses. Les programmes élargis de vaccination ont permis de contrôler plusieurs maladies infantiles, jadis meurtrières et/ ou invalidantes.
Parallèlement à la victoire enregistrée face aux maladies infectieuses, le renforcement du système de santé a contribué à l’amélioration de la qualité de la prise en charge, une meilleure prise en charge des déterminants liés à la mortalité maternelle avec comme corollaire une amélioration de l’espérance de vie [4].
Cette période est également marquée par les changements des habitudes de vie : l’urbanisation galopante, l’avènement de l’industrialisation, le développement du secteur agro-alimentaire et le changement des habitudes alimentaires [22].
Le concept de transition, décrit par Omran pour la première fois, est pris comme modèle de transition contemporaine [7, 9, 28]. Il s’agit de la substitution progressive des maladies chroniques dégénératives aux maladies infectieuses comme principale cause de décès, de la substitution des problèmes de surcharge pondérale et d’obésité aux carences nutritionnelles [7, 26, 27]. Le tableau I portant sur les caractéristiques de la transition épidémiologique et nutritionnelle dans les pays industrialisés illustre quelques similitudes avec la situation observée présentement dans les pays en développement [7, 28]. Cependant, la persistance des maladies infectieuses telles que le paludisme, le VIH, la tuberculose milite en faveur d’un double fardeau épidémiologique dans les pays en développement [2].
L’urbanisation s’accroit à un rythme galopant. Au Sénégal, l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) estimait le taux d’urbanisation à 47,7% en 2011 ; alors qu’il était de 23% en 1960 ; 39,9% en 1988 et 40,8% en 2002. La région de Dakar concentre presque la moitié de cette population urbaine sur moins 0,3% de la superficie du territoire national [17]. Cette situation entraine des répercussions sur l’environnement avec l’accentuation de la pollution qui est un facteur de risque des MNT.
Une diminution progressive de la fécondité et de la mortalité infanto-juvénile ainsi que l’allongement de l’espérance de vie sont constatés dans la plupart des pays en développement [7]. Ce constat aura pour conséquence à l’horizon 2025 une modification de la structure des âges surtout dans les pays en développement. En effet, la population âgée entre 45 et 59 ans va augmenter de 160% d’ici 2020. La proportion de sujets âgés de plus 60 ans dans le monde va passer de 11% en 1999 à 15% en 2025, et environ 70% d’entre eux vivront dans les pays en développement.

Procédure de collecte des données

A la phase préparatoire

L’enquête a été autorisée par le chef d’État-major général des Armées sur proposition du directeur de la santé. Une équipe de cinq personnes a été formée sur la méthodologie de l’enquête et sur l’instrument de collecte pendant trois (03) jours. Le pré test et l’enquête pilote ont permis le réajustement de certaines questions.

A la phase de collecte

Au niveau de chaque zone, un planning a été élaboré en collaboration avec les autorités militaires. Au niveau de chaque unité de formation, un tirage aléatoire a été effectué à partir de la liste des personnels. Au préalable, une séance d’information aété organisée à l’intention des participants potentiels. Le caractère volontaire, les objectifs de l’étude et les résultats attendus ont été présentés à chaque fois.
La collecte des données a démarré par les informations sociodémographiques.
Puis, les informations sur la consommation du tabac et de l’alcool, l’hygiène alimentaire et la pratique de l’activité physique (STEP1) ont été recueillies. Les cartes proposées par l’OMS ont été utilisées pour la collecte des données comportementales. Aussi, les antécédents de diabète et d’hypertension artérielle ont été recherchés.
Au cours du STEP 2, les mesures anthropométriques et celles de la tension artérielle ont été effectuées. Une toise murale a été utilisée pour la taille, une balance type mobile, pour le poids et un ruban souple pour le tour de taille.
A l’aide d’un tensiomètre électronique, la tension artérielle au repos a été prise trois fois pour chaque enquêté. La moyenne des valeurs obtenues au cours des deuxdernières mesures a permis de déterminer respectivement la pression artérielle systolique (PAS) et la pression artérielle diastolique (PAD).
Les STEPS 1 et 2 ont été réalisés le premier jour et le STEP 3, les jours suivants. Les explorations biologiques ont été exécutées en fonction des capacités des laboratoires sur le terrain. Elles étaient effectuées en priorité au niveau des garnisons militaires, parfois au niveau des hôpitaux tels que HPD, HMO ou les hôpitaux régionaux.
Ainsi, pour chaque participant, 5 ml de sang veineux ont été prélevés sur un tube sec au niveau du pli du coude. Après centrifugation, les sérums étaient décantés et conservés jusqu’à +4°C si l’analyse n’ét ait pas réalisée dans les 4 heures.
Dans un premier temps, la détection de l’antigène HBs a été faite à l’aide de la trousse DETERMINE HBsAg (Alere) ® et ARCHITECT HBsAg QUANTITATIVE II (Abbott Diagnostic)® [123,124]. Dans un second temps, le dosage des transaminases (ASAT et ALAT) a été réalisé avec l’automate de Biochimie Cobas 400 ® des laboratoires de Roche Diagnostic et du Spectrophotomètre CY PRESS diagnostic ® [123,124]. Les résultats biochimiques ont été ensuite reportés sur le questionnaire.
Les résultats étaient reportés sur les formulaires de recueil de données. Enfin, ceux qui avaient des problèmes de santé ont été référés à leur médecin de formation ou à un spécialiste pour leur assurer une prise en charge.
L’étude s’était déroulée sur une période de dix mois. Au total, 1224 militaires y ont participé. La sensibilisation avant le début de l’enquête a permis de mobiliser les individus sélectionnés. Aucun cas de refus n’a été mentionné.
Cependant, quelques contraintes ont été mentionnées. Il s’agissait d’abord de l’absence de financement propre à l’étude. L’équipe de recherche a saisi l’opportunité de la visite systématique annuelle pour faciliter la collecte des données. Certains
Centres Médicaux de Garnison (CMG) ont bénéficié d’un appui en réactifs pour la réalisation des examens biochimiques. L’insuffisance des moyens financiers a eu pour conséquence la prolongation de la durée de la collecte.
La mobilité des militaires constitue l’autre contrainte majeure. En effet, certains militaires s’étaient engagés dans des missions de longue durée au cours de l’enquête.
Ceci a eu pour effet, une réduction de l’effectif initialement prévu: 1224 inclus au lieu de 1296 attendus.
Enfin, la gratuité des explorations biologiques rendait l’accès difficile au niveau de certains hôpitaux régionaux qui exigeaient un recouvrement rapide de leurs prestations.

Considérations éthiques

L’enquête était autorisée par le chef d’État-major général des Armées sur proposition du Directeur de la santé. Les responsables de formation étaient informés sur les objectifs de l’étude et le caractère volontaire de la participation à l’étude. Une note d’information était diffusée au sein de chaque formation sélectionnée pour sensibiliser les militaires sur le caractère officiel et leur libre participation.
Ensuite, des séances d’information organisées avant le début de la collecte permettaient d’expliquer directement à la cible les objectifs de l’enquête, la participation sur la base du volontariat, l’absence de sanction en cas de refus, la gestion confidentielle des informations collectées et le circuit de prise en charge des cas détectés.
Une lettre de consentement était signée par chaque participant au début de l’entretien. Aussi, chaque participant a été informé sur son profil médical à la fin de la collecte et des conseils appropriés ont été donnés, une prise en charge assurée en fonction des problèmes de santé identifiés.
A la fin de l’étude, les indicateurs clés, accompagnés de recommandations vont être présentés aux autorités militaires.

Facteurs de risque biochimiques

Diabète

La glycémie à jeun moyenne était de 0,96 ±0,19 g/dl. La prévalence du diabète, estimée sur la base de l’hyperglycémie et la prise d’antidiabétiques, était de 3,03%.

Hypercholestérolémie

La moyenne du cholestérol total était de 1,92±0,42 mg/dl, celle du cholestérol HDL 0,52±0,16 mg/dl et celle des triglycérides 0,81±0,43 mg/dl.
Le tableau VII présente la distribution des enquêtés en fonction des facteurs de risque liés aux mesures biochimiques et de l’âge. Au total 37,51% [34,7-40,3] des participants présentaient une hypercholestérolémie totale. Cette situation était plus fréquente chez les 35-60 ans comparés aux 25-34 ans (p<0,001). De même, 11,77% des enquêtés présentaient une hypocholestérolémie HDL, qui comme précédemment, a tendance à augmenter avec l’âge. Aussi, 4,21% avaient un taux de triglycérides élevé ; une distribution similaire en fonction de l’âge était toujours constatée.
Ainsi, l’hyperlipidémie touchait 44% des enquêtés. Elle était plus marquée chez les 35-44 ans (49%) et 45- 60 ans (54%) que chez les 25-34ans (27%).

Séroprévalence de l’antigène HBs

Sur les 1224 participants, 1195 ont fait l’objet de la recherche de l’antigène HBs.
La prévalence du portage de l’antigène HBs était estimée à 10,8% avec un IC95% : [9,1-12,7]. Elle variait significativement entre les différentes catégories d’âge (p<0,001). Elle était respectivement de 9,6%, IC95%[6,8-13,1], 16,9%, IC95% : [13,4-20,8] et 5,6, IC95% : [3,6-8,3] chez les 25-34 ans, les 35-44 ans et les 45-60 ans. Le tableau IX présente le portage de l’antigène HBs en fonction des caractéristiques sociodémographiques et de la maladie rénale chronique.

Estimation du risque de MNT

Les résultats de la régression logistique sont présentés au tableau N°X.
A l’analyse bi-variée, l’âge en catégorie, l’IMC≥25kg/m² et l’hypercholestérolémie constituent des facteurs de risque pour l’HTA. Les variables tabac, tour de taille et activité physique n’avaient pas une relation significative avec l’HTA, le test de vraisemblance était supérieur à 0,05. A la régression multiple, en contrôlant l’effet de la surcharge pondérale et de l’hyperlipidémie, le risque d’HTA n’était pas significativement différent entre les catégories d’âge. Par contre, la présence d’un IMC supérieur ou égal à 25kg/m² et d’une hypercholestérolémie multipliaient respectivement par 1,5 et par 2 le risque d’être hypertendu.
A la régression simple, l’activité physique, la consommation de fruits et légumes et la consommation d’alcool n’étaient pas significativement associées à l’hyperlipidémie.
Il a été constaté également que le risque d’hyperlipidémie augmentait avec l’âge et avec un tour de taille supérieur à 94 cm. En effet, comparé aux 25-34 ans, le risque d’hyperlipidémie était 2,42 [1,79-3,28] et 2,86[1,1-3,87] fois plus important chez les 35-44 ans et 45-60. Aussi, le tour de taille supérieur à la normale multipliait par 1,93 [1,38-2,71] le risque d’hypercholestérolémie.

DISCUSSION

Malgré les recommandations de l’OMS relatives à la réalisation d’enquête STEPS dans les pays en développement [12], peu d’études sur les déterminants des maladies non transmissibles ont été menées en Afrique au sud du Sahara [4]. A l’échelle nationale, des études parcellaires sur des groupes spécifiques ont été publiées.
Pour les armées, aucun travail sur les MNT n’était encore réalisé auparavant, l’accent de la recherche était mis jusqu’alors sur les pathologies de guerre et les maladies infectieuses, particulièrement le VIH sida. Ainsi, les programmes mis en place étaient chargés de la lutte contre les VIH/sida, le paludisme, et les traumatismes psychologiques de guerre.
D’une manière générale, les militaires sont considérés comme un groupe à moindre risque par rapport aux MNT. Ils sont sélectionnés à l’âge de 18-22 ans sur la base de critères cliniques et biologiques rigoureux. En effet, la loi sur le recrutement dans les armées stipule, qu’aucun porteur d’affection chronique ne peut être admisdans l’armée. En plus, durant leur carrière, ils bénéficient d’un suivi régulier et leur prise en charge garantie en cas de maladie. Paradoxalement, cette présente étude a permis de constater l’importance des facteurs de risque des MNT chez les militaires.

Facteurs de risque des MNT chez les militaires

L’importance des facteurs de risque comportementaux mentionnés montrent le besoin d’orienter la politique de promotion de la santé. En effet, la prévalence du tabagisme actif actuel, 17,2%, est plus importante que celle observée dans les études de Seck (7,5%) et Mbaye (5,8%) [54,125]. A l’analyse, la première exposition au tabac était antérieure à l’entrée dans l’armée ou juste à l’entame de la carrière militaire.
Cependant, aucune intervention n’avait été menée pour susciter l’abandon de cette pratique nocive pour la santé. En plus, certains auteurs ont montré que l’armée constitue un espace de liberté par rapport à certaines restrictions sociales.
Par contre, la fréquence de la consommation d’alcool observée (11,5%) était légèrement plus élevée dans l’étude de Seck (18% chez les hommes) [54]. D’une manière générale, cette consommation était irrégulière. Elle était observée surtout à l’occasion des fêtes.
La consommation de fruits et légumes en quantité suffisante n’était pas une pratique fréquente chez les militaires, seulement 4% consommaient en moyenne plus de cinq portions par jour. Dans les armées, l’élaboration de l’instruction portant sur la ration alimentaire journalière du combattant remontait à 1986. Elle était fondée sur un apport suffisant et équilibré en protéines, en glucides et en lipides. Les autres composantes nutritives occupaient une faible place. De même, dans la population générale, la consommation de fruits et légumes selon les normes ne sont pas courantes. Les populations dans les pays en développement consomment ce qui est disponible et à bon marché [7, 30,128]. L’industrie agro-alimentaire tend à mettre sur le marché des produits énergétiquement denses, pauvres sur le plan nutritionnel mais à bon prix [7]. La forte dyslipidémie observée dans notre étude est en corrélation aveccette thèse. En effet, la prévalence de l’hyperlipidémie était importante (44%) en rapport avec l’hypercholestérolémie totale (37%), l’hypo-HDL cholestérolémie (10,8%) et hypertriglycéridémie (4,2%). On constate ici que l’hyperlipidémie était essentiellement attribuable au cholestérol total. En effet, la forte teneur d’acide gras saturé dans les aliments pourrait expliquer le rôle du cholestérol total dans la dyslipidémie observée dans notre étude.
Comparée à notre étude, Mbaye et collaborateurs avaient observé une hyperlipidémie plus élevée (64,6%), une cholestérolémie totale identique (36,3%), une hypo-HDL cholestérol plus fréquente (41,9%) et une hypertriglycéridémie également faible (1,2%). Cependant contrairement à notre étude, le cholestérol HDL était souvent responsable de la dyslipidémie dans l’enquête de Mbaye et al. réalisée à Saint-Louis.
La pratique de l’activité physique est un élément très important dans les armées.
D’ailleurs, pour les concours et les stages militaires, un coefficient élevé est affecté à l’activité physique. Ainsi, dans le calendrier de travail, deux séances de sport sont prévues chaque semaine. Cette instruction est en corrélation avec la médiane de la pratique de l’activité physique intense constatée dans cette étude. La prise en compte de l’activité au travail a permis d’obtenir une médiane de 4 séances intenses ou modérées par semaine. Cependant, 38% étaient en dessous de la norme fixée à 5 séances intenses ou modérées par semaine. Une fréquence identique a été mentionnée par Seck et collaborateurs [54]. Cette pratique insuffisante était liée à un problème d’organisation et surtout d’information. En général, la pratique d’activités sportives le weekend ou les jours fériés était exceptionnelle, car les militaires interrogés ne connaissaient pas le nombre de séances recommandées chaque semaine, ni leur durée. Ils avaient tendance à effectuer des séances de sport de plus deux heures.
L’importance de la surcharge pondérale ou de l’obésité qui touche 3 militaires sur 10 atteste la faible pratique d’exercice physique chez certains personnels des armées.
Elle intéresse surtout les plus de 34 ans. Cette situation est en adéquation avec la pratique de l’activité physique qui n’est pas obligatoire pour les cadres et les anciens, qui ont moins de contraintes de stages. L’effet combiné de la mauvaise alimentation riche en acide gras saturé et de l’activité physique insuffisante pourrait être à l’origine de cette situation. Cependant, les études de Seck et Mbaye ont trouvés une prévalence deux fois importante, de l’ordre de 66% [54,125].
L’hypertension artérielle est à la fois un facteur de risque des MNT (cardiopathies, MRC) et également une MNT. La prévalence estimée à 26,9% chez les militaires est identique à celle trouvée dans une autre étude sénégalaise [54]. D’autres auteurs avaient mentionné des proportions plus élevées, probablement en rapport avec la population étudiée [125,126]. Ce constat est en corrélation avec les résultats de l’analyse multi-variée qui incriminent la surcharge pondérale, moins fréquente chez les militaires, comme déterminant de l’HTA.
Une étude réalisée auprès des militaires au sud tunisien avait mentionné une prévalence de l’HTA moins élevée (15,6%) [129]. La différence par rapport à la prévalence observée dans notre étude pourrait s’expliquer par la consommation importante de sel au Sénégal, renforcée par l’usage massif des bouillons alimentaires.
En effet, le rapport FRAT [30] réalisé au Sénégal a montré l’intrusion de bouillon alimentaire, réputée très salée, dans les habitudes culinaires, même dans les coins les plus reculés ; et ceci grâce à la publicité très agressive de certains industriels agroalimentaires.
La prévalence de l’hyperglycémie était estimée à 3% dans cette étude, trois fois moins élevée que la valeur mentionnée (10,4%) dans une autre étude sénégalaise [125]. Dans cette dernière, la population était plus âgée, avec un âge moyen de 58 ans. En plus, la sédentarité et la surcharge pondérale y étaient plus fréquentes. Une étude récente réalisée au Nord du Sénégal corrobore le travail de Mbaye et collaborateurs en mentionnant une prévalence du diabète de 12,7% [54]. Par contre, une étude chez les militaires tunisiens avait trouvé une prévalence (5,6%) presque identique à celle trouvée dans notre étude.

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Table des matières

INTRODUCTION
I – CONTEXTE ET JUSTIFICATION
I-1 : Contexte
I-1.1 : Sénégal
I-1.2 : Présentation des Forces Armées
I-13 : Direction de la santé des Armées
I-2 Justification de l’étude
II- REVUE DE LA LITTERATURE
III- QUESTIONS DE RECHERCHE
IV- OBJECTIFS DE RECHERCHE
IV-1 Objectif général
IV-2 Objectifs spécifiques
V- DEFINITION DE TERMES
VI- METHODOLOGIE
VI-1 Type d’étude
VI-2 Population cible
VI-3 Échantillonnage
VI-3.1 Base de sondage
VI-3.2 Taille de l’échantillon
VI-3.3 Procédure de l’échantillonnage
VI-4 Collecte des données
VI-4.1 Outil de collecte des données
VI-4.2 Procédure de collecte des données
VI-5 Saisie et analyse des données
VI-6 Considérations éthiques
VII- PRESENTATION DES RESULTATS
VII-1 Caractéristiques sociodémographiques et économiques des enquêtés
VII-2 Facteurs de risque comportementaux
VII-2.1 Consommation du tabac
VII-2.2 Consommation d’alcool
VII-2.3 Consommation de fruits et légumes
VII-2.4 Pratique de l’activité physique
VII-3 Facteurs de risque physiques
VII-3.1 Indice de Masse Corporelle (IMC en kg/m²) et tour de taille
VII-3.2 Pression Artérielle
VII-4 Facteurs de risque biochimiques
VII-4.1 Diabète
VII-4.2 Hypercholestérolémie
VII-4.3 Séroprévalence de l’antigène HBs
VII-5 Estimation du risque de MNT
VIII- DISCUSSION
IX- RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES 
ANNEXE 1 : CARTE DU SÉNÉGAL
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE ENQUETE STEPS
Annexe 3 : LETTRE DE CONSENTEMENT INFORMÉ

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