Le poids à la naissance a un fort impact sur les chances de survie et de développement du nouveau-né à court et à long terme [1].Ainsi, un faible poids de naissance défini par l’OMS comme étant un poids de naissance moins de 2500g indépendamment de l’âge gestationnel [2] constitue un risque majeur de mortalité et de morbidité périnatale et infantile [1,3]. Si ces nouveau-nés de faible poids survivent, après la période néonatale, ils sont exposés aux maladies infectieuses lors de la petite enfance et l’enfance. Leur développement cognitif, moteur et comportemental peut s’en trouver compromis. Ils présentent un risque accru de développer à l’âge adulte, un syndrome métabolique [4, 5,6]. Les causes de l’insuffisance pondérale à la naissance sont attribuées à la prématurité qui est une naissance avant la 37èmesemaine d’aménorrhée [7] et /ou au retard de croissance intra-utérin défini comme un poids de naissance inférieur au 10èmepercentile sur la courbe de Leroy et Lefort [8,9].
Ces nouveau-nés de faible poids constituent pourtant une population importante dans les pays défavorisés tel que le nôtre [1]. Selon l’UNICEF, en 2004, la prévalence mondiale de l’insuffisance pondérale à la naissance est de 15,5%, ce qui représente environ 20 millions de nourrissons et 96,5% d’entre eux naissent dans les pays en développement [10].
En Afrique, d’après les données fournies par l’OMS en 2000, le pourcentage des nouveau-nés de faible poids de naissance est approximativement le double de celui des pays développés, soit 7% pour ces derniers alors que ce pourcentage est de l’ordre de 16% au Bénin, 14% au Gabon, 12% au Congo et enfin 11% au Cameroun [10]. Dans le monde,sur les 130 millions de naissance annuelles, 4millions de nouveau-nés meurent dans les 4 premières semaines de leur vie : 99% ont lieu dans les pays défavorisés contre 1% dans les pays riches [11, 12,13]. Soixante à quatre vingt pourcent de l’ensemble de ces décès néonatals touchent cesnouveau-nés de faible poids de naissance [14]. En 2010, le taux de mortalité néonatale mondial a été évalué à 23‰naissances vivantes et les taux les plus élevés étaient rencontrés en Asie du Sud (33 ‰ naissances vivantes) et en Afrique Sub-saharienne (37‰ naissances vivantes)[15] où l’incidence des nouveau-nés de faible poids de naissance est la plus forte. En Asie du Sud, cette incidence des nouveau-nés de faible poids de naissance est estimée à 31% et en Afrique Subsaharienne 14% [16,17]. En ce qui concerne Madagascar, selon l’EDS Madagascar 2008, l’incidence des nouveau-nés de faible poids de naissance est évaluée à13% parmi les nouveau nés dont on connait le poids, soit 40% [18]. Elle est supérieure à la norme fixée par l’OMS, qui doit être inférieure à 10% [19]. Concernant l’issue de ces nouveau-nés de faible poids de naissance, nous n’avons pas assez de données mais une étude menée sur l’aspect épidémio-clinique des nouveau-nés de faible poids de naissance réalisée à la maternité de Befelatanana en 2011 a montré un taux de létalité élevé, évalué à 49,04% [20]. Le taux de mortalité au niveau national est estimé à 24‰ naissances vivantes [21]. Au vu de ces faits, il nous paraît important de réaliser la présente étude dont l’objectif principal est d’identifier les facteurs de risque de mortalité des nouveau-nés de faible poids de naissance dans un centre hospitalier universitaire en vue de la mise en place d’un système de prévention.
METHODES
Le cadre d’étude
L’étude a été menée au Service de réanimation néonatale de la maternité de Befelatanana au sein de l’HUGOB, maternité de référence. L’HUGOB est la plus grande Maternité de Madagascar avec ses différentes unités étagées et dix milles accouchements par an. L’unité de néonatologie située au 2ème étage de l’HUGOB comprend deux sous-unités : la sous- unité néonatale et kangourou. La sous-unité néonatale comporte trois salles: une salle de réanimation néonatale, une salle des prématurés, une salle d’isolement et de photothérapie. La sous-unité Kangourou se compose d’une salle d’adaptation Kangourou et d’une autre salle située au 3ème étage, destinée au suivi post-hospitalier et pour l’éducation des parents. L’unité dispose de 33 berceaux, de 9 couveuses, de 2 appareils de photothérapie et de 2 tables de réanimation néonatale. En moyenne, elle accueille 1600 nouveau-nés par an. Ce sont des bébés nés dans l’enceinte même de l’hôpital et qui sont transférés dans l’unité à cause de leur maladie. L’unité dispose d’un personnel propre composé de 3 médecins spécialistes, de 10 médecins généralistes, de 10 personnels paramédicaux et de 2 personnels d’appui.
Le type d’étude
Il s’agit d’une étudeobservationnelle et analytique de type cas-témoins.
La période d’étude
L’étude s’est déroulée du 01 décembre 2013 au 31 avril 2014, soit une durée de 5mois.
La population d’étude
Critères d’inclusion
– Tous les nouveaux-nés de moins de 28jours, pesant moins de 2500g, nés dans le centre ont été inclus.
– Les cas correspondaient aux nouveaux-nés décédés ayant un poids de naissance inférieur à 2500 g.
– Les témoins étaient tous nouveaux- nés répondant aux critères d’inclusion, sortis de l’hôpital vivants.
– Les critères d’appariement pour cette étude étaient le même âge gestationnel plus ou moins une semaine et le même sexe. Chaque cas a été apparié à deux témoins.
Critères de non inclusion
N’étaient pas inclus :
– les nouveaux-nés de moins de 28SA
– les nouveaux-nés sortis contre avis médical et les nouveaux-nés transférés.
– les nouveaux-nés nés en dehors de la maternité de Befelatanana.
Le mode d’échantillonnage
Le mode de recrutement estexhaustif. Tous les nouveaux-nés répondants à nos critères d’inclusion pendant la durée de l’étude ont fait l’objet de notre étude.
Les facteurs de risque étudiés:
Du coté de la mère :
– L’âge
– La profession
– Le nombre de CPN
– Les maladies au cours de la grossesse
– La présence de critères de risque infectieux materno-foetals.
Du coté du nouveau-né
– Le genre
– L’âge gestationnel
– Le terme
– Le poids de naissance
– La trophicité
– Le score d’Apgar à la 5eme minute
– Le mode d’accouchement
– Le nombre du fœtus
– La présence ou non de malformation associée
Les variables étudiées
De ces facteurs de risque, les variables étudiées sont subdivisées en deux catégories :
– les variables liées à la mère et à la grossesse
– les variables liées aux nouveau-nés
Les variables liées à la mère et à la grossesse
L’âge
L’âge a été regroupé en trois tranches :
– moins de 18 ans
– entre 18 et 35 ans
– plus de 35 ans
La profession
La profession des mères comprend les catégories suivantes : les ménagères, les cultivatrices,les bureaucrates, les commerçantes, lesétudiantes et autres.
La parité
Elle est classée comme suit : primipare, paucipare(2 à 3 enfants), et la multipare (plus de 4 enfants).
Le nombre de consultations prénatales
Nous rejoignons la définition de l’OMS sur la consultation prénatale, ainsinous avons considéré comme normal le nombre de CPN supérieur à 4, et faible quand il est inférieur à 4.
Les pathologies au cours de la grossesse
– L’hypertension artérielle inclut l’HTA gravidique, apparaissant après la vingtième semaine d’aménorrhée connue sous le nom de toxémie gravidique et l’ HTA chronique ou permanente, connue avant la grossesse [22].
– La pré-éclampsie qui est une complication de l’HTA gravidique, se définit par l’association d’une HTA gravidique (TA systolique> 140 mmHg et/ ou TA diastolique > 90mmHg) et d’une protéinurie > 0,3g/24 heures [22].
– L’éclampsie se définit comme la survenue chez une femme enceinte de pré éclampsie, de convulsion et/ou de troubles de conscience ne pouvant être rattachés à une cause neurologique [22].
– Le diabète, inclut le diabète connu avant la grossesse et le diabète gestationnel apparu après la deuxième partie de la grossesse [23].
– La menace d’accouchement prématuré se définit par la survenue avant 37 SA de signes annonciateurs d’un début de travail : contractions utérines anormales par leur intensité et leur répétition, ouverture anormale du col, rupture prématurée des membranes [23].
– Les métrorragies du troisième trimestre de la grossesse, liées à une MAP, ou au placenta prævia, ou à l’HRP, ou à la rupture utérine [24].
– Les maladies infectieuses maternelles :relevées à partir les données de l’interrogatoire qui renseigne sur la présence ou non d’une notion d’infection durant la grossesse notamment d’une infection urinaire ou d’une infection génitale, ou par la présence d’une fièvre maternelle pendant la grossesse notamment durant le troisième trimestre de grossesse ou durant le travail, ou devant un tableau de chorioamniotite ou à partir des données du résultat des examens complémentaires effectués par la mère tels que les résultats de la sérologie syphilitique, VIH, ainsi que celle de l’hépatite B, du toxoplasmose et de la rubéole pour celles qui ont pu les faire.
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Table des matières
INTRODUCTION
METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1. Le cadre d’étude
I.2. Le type d’étude
I.3. La période d’étude
I.4. La population d’étude
I.4.1. Critères d’inclusion
I.4.2. Critères de non inclusion
I.5. Le mode d’échantillonnage
I.6. Les variables étudiées
I.6.1. Les variables liées à la mère et à la grossesse
I.6.2. Les variables liées au nouveau-né
I.7. Le mode de collecte des données
I.8. Le mode de saisie et d’analyse des données
I.9. Les limites de l’étude
I.10. Les considérations éthiques
II. RESULTATS
II.1. Le taux de mortalité
II.2. Les caractéristiques des nouveaux-nés décédés
II.2.1. Répartition des décès selon le genre
II.2.2. Répartition des décès selon l’âge gestationnel
II.2.3. Répartition des décès selon le poids de naissance
II.2.4. Répartition des décès selon la cause du faible poids de naissance
II.2.5. Répartition des décès selon la trophicité
II.2.6. Répartition des décès selon le score d’Apgar à la cinquième minute
II.2.7. Répartition des décès selon le mode d’accouchement
II.2.8. Répartition des décès suivant le nombre de fœtus
II.2.9. Répartition des décès selon la présence ou non de malformation
II.3. Caractéristiques des mères des nouveaux-nés décédés
II.3.1. Répartition des nouveaux-nés décédés selon l’âge des mères
II.3.2. Répartition des nouveaux-nés décédés selon la parité
II.3.3. Répartition des nouveaux-nés décédés selon la profession de leur mère
II.3.4. Répartition des nouveaux-nés décédés suivant le nombre de consultations prénatales
II.3.5. Répartition des nouveaux-nés décédés selon la pathologie au cours de la grossesse
II.3.6. Répartition des nouveaux-nés décédés selon les critères de risque infectieux materno-fœtal
II.4. Les causes de décès
II.4.1. Répartition des causes de décès selon leur période de survenue
II.4.2. Répartition des causes de décès selon le terme
II.4.3. Répartition des causes de décès selon la trophicité
II.5. Facteurs de risque de décès néonatals
II.5.1. Relation entre le décès et les facteurs de risque néonatals
II.5.2. Relation entre le décès et les facteurs de risque maternels
III. DISCUSSION
III.1. Le taux de létalité
III.2. Les facteurs de risque de décès néonatals
III.2.1. Les facteurs de risque liés aux nouveaux-nés
III.2.2. Les facteurs de risque liés à la mère
III.2.3. Les causes de décès
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES