Facteurs de dégradation ou de restauration de la forêt

Facteurs de dégradation ou de restauration de la forêt

Diverses fonctions rétablies par la régénération naturelle

La recherche de solutions pour restaurer les fonctions dégradées de la forêt ne doit pas laisser de côté les capacités naturelles de régénération de l’écosystème forestier. Pour la régénération des espèces forestières, le recours au reboisement conduit souvent à oublier les potentialités de régénération naturelle. Concernant la régénération des jachères, tant que le système fonctionne, ces capacités naturelles ont tendance à être oubliées. Pourtant, le maintien d’un système en équilibre en dépend. Les jachères peuvent assurer leurs fonctions de régénération des sols grâce à un ensemble de facteurs favorables. Ces facteurs doivent être favorisés afin de faciliter cette régénération.

 Favoriser le reboisement naturel

La régénération naturelle des essences forestière peut être favorisée en protégeant les jeunes plants. Cette protection nécessite un marquage de ces jeunes plants pour éviter de les abîmer lors des passages en forêt. Les paysans intéressés par l’exploitation de ces espèces pourraient être intéressés par cette pratique. Ce travail pourrait être effectué au cours des récoltes de bois. Cependant, cette stratégie doit être proposée aux paysans pour être validée. De plus, des études devraient être menées pour valider l’intérêt de cette stratégie. Quelles sont les conditions favorables à une bonne régénération des espèces forestières précieuses? Ces études pourraient conduire à envisager d’autres stratégies.

Favoriser la régénération des jachères

La régénération des jachères est optimisée par trois facteurs : des temps de jachère longs et des phases de cultures courtes, des conditions écologiques favorables et certaines pratiques culturales. Le premier facteur, la vitesse des cycles de rotation, est difficilement maîtrisable par des moyens directs car il répond à l’action simultanée d’un ensemble de contraintes. Néanmoins, elle peut être régulée par des stratégies indirectes. Le recours à d’autres systèmes de cultures afin de diminuer la pression sur les jachères en perte de fertilité peut être généralisé. D’une part il peut s’étendre aux systèmes de culture sur tavy qui sont encore en équilibre. D’autre part un recours à d’autres activités de façon générale peut permettre de diminuer la pression sur les jachères par l’apport de sources de revenus et par la division des investissements dans diverses activités. Dans le cas des systèmes de culture sur tavy en équilibre, une diversification des activités de façon générale semble plus adaptée qu’une diversification des systèmes de culture du riz. En effet, le recours à d’autres systèmes de cultures correspond à un contexte bien précis. Il est motivé par la dégradation de la fertilité des sols sur les tanety et nécessite la présence de bas fonds à proximité. Le rôle de la diversification des activités et de l’apport de sources de revenus dans la diminution des pressions sur les tanety a pu être relevé à Raboana. Chez certains paysans, les cultures vivrières sur tanety sont limitées par l’activité de bûcheron. L’impact de cette diversification et de l’apport de revenu dans le cadre des cultures sur tavy doit être vérifié. Le second facteur concerne les conditions écologiques. Parmi celles favorisant la régénération, la proximité de la forêt et la présence de structures verticales (piliers, arbres morts, îlots de forêt…) jouent un rôle majeur (Carrière, 2003). La proximité de la forêt peut difficilement être remodelée à court terme. Par contre, s’il s’avère que les structures verticales jouent un rôle déterminant dans la dispersion des graines dans les forêts de la façade orientale malgache – comme cela a pu être vérifié dans d’autres pays – il serait intéressant de favoriser ces structures verticales. Dans les parcelles de tavy, ce rôle de structure verticale est souvent joué par les troncs brûlés des arbres non abattus lors du défrichement. Cette méthode pourrait être encouragée si elle ne nuit pas au développement des cultures. Le dernier facteur concerne les pratiques culturales. Certaines d’entre elles peuvent favoriser la régénération de la végétation dans les jachères. Dans les parcelles récemment cultivées, des rejets de souche d’arbres forestiers (notamment Albizia gummifera, « Volomborona ») ont été observés. Le brûlis n’affecte pas ces souches et elles ne sont pas déracinées. L’arbre se régénère plus rapidement. Cette pratique doit être maintenue. De plus, afin de favoriser le recrû de la végétation, les paysans pourraient effectuer un sarclage sélectif dans les parcelles cultivées. Le sarclage – visant à éliminer les végétaux en compétition avec le riz – pourrait favoriser les espèces fertilisantes des jachères. Cette proposition doit être testée dans les villages étudiés. Une étude menée dans la région de Beforona (zone où les paysans pratiquent le tavy à l’est de la zone étudiée) a montré un avis favorable des paysans a cette pratique (Pfund, 2000).
Le suivi de la régénération des jachères, y compris dans le cadre d’un système équilibré, assure la pérennité du système. De plus, ces formations assurent un rôle écologique d’autant plus proche de celui de la forêt qu’elles se régénèrent bien. Dans le site de Betsingita, dès 4 ans de mise en jachère, des formations secondaires caractérisées par des arbres de grande taille (4-5 mètres de haut et diamètres de 5 à 10 centimètres) et des essences forestières s’installent. La régénération rapide et efficace des jachères permet d’assurer les fonctions de fertilité des sols et des fonctions écologiques. Les paramètres favorisant cette régénération (ceux cités ci-dessus et d’autres à développer) doivent être appuyés. Parmi ces paramètres, la diversification des activités a été relevée comme facteur de régénération des jachères. Dans une perspective plus large, cette diversification peut favoriser la restauration de la forêt.

Diversifier les activités

L’analyse de l’ensemble des activités de chaque site (agricoles et annexes à l’agriculture) a permis d’évaluer l’implication que peuvent avoir ces activités dans la dynamique de dégradation ou de restauration. De façon générale, il semblerait qu’une diversification de ces activités dans les villages étudiés puisse favoriser la restauration de la forêt. D’une part, certaines d’entre elles assurent une source de revenu permettant de diminuer la dépendance à l’activité agricole. D’autre part, la diversification des activités a pour conséquence une démultiplication des impacts sur l’écosystème forestier. Ce ne sont pas toujours les mêmes sites ni les mêmes formations forestières qui sont touchés. De plus, chaque activité agit à des niveaux différents.

Diversifier les activités agricoles

Parmi les activités agricoles, la diversification passe par l’usage de différents systèmes de culture du riz. La culture d’arbres fruitiers – autour des habitations ou en bordure des parcelles de culture – peut assurer une source de revenu et alimentaire supplémentaire. De plus, bien que cette pratique soit considérée comme de l’agriculture par les paysans, elle participe au reboisement. Les plantations de fruitiers assurent une fonction économique et une fonction écologique au même titre que les autres reboisements. La diversification des cultures dans son ensemble (cultures de rente) peut permettre d’assurer des sources de revenu.

Diversifier les activités annexes

Les paysans de chaque village ont recours à des activités annexes à l’agriculture. Les activités recensées sont : la cueillette, la chasse, la pêche, l’activité de bûcheron, la vannerie et le tissage du raphia. Les produits issus de ces activités12 sont destinés à la vente ou à l’approvisionnement domestique. Les produits alimentaires issus de la cueillette et de la chasse sont surtout destinés à la consommation personnelle et dans une moindre mesure à la vente. Le développement de la commercialisation de ces produits peut conduire à une intensification des récoltes et des captures. L’usage actuel des espèces permet de maintenir un équilibre et l’intensification de cette activité pourrait conduire à une surexploitation. L’activité de bûcheron est développée dans certains villages. Elle assure une source de revenu complémentaire à l’agriculture. Bien que le système d’exploitation forestière mérite d’être révisé pour aboutir à une gestion durable des forêts, cette activité doit être maintenue pour éviter une extension de l’agriculture. Enfin, la vannerie et le tissage du raphia sont limités par le manque de débouchés de ces produits. Le développement de ces activités pourrait d’une part assurer une autre source de revenu et d’autre part encourager les reboisements de raphia et de pandanus (« Vakona ») utilisés comme matière première. Les raphias sont actuellement plantés dans certains villages mais un accès au marché pourrait accroître les plantations. Les pandanus quant à eux ne sont pas plantés et dans les trois villages, des femmes notent la raréfaction de cette matière première. Une étude sur les possibilités de plantation de cette espèce devrait être menée. Si elle peut représenter une source de revenu notable, il est probable que les femmes soient intéressées par leur plantation.

Collaborer avec les paysans pour déterminer ces activités

Les activités à développer doivent être discutées avec les paysans. En effet, le bûcheronnage intéresse les paysans de Raboana qui pratiquent cette activité depuis leur arrivée mais il n’intéresse pas les paysans des autres villages. Les plantations d’arbres fruitiers intéressent quelques paysans dans chacun des villages. Cette activité peut être encouragée par un accès au marché. Le tissage du Raphia est pratiqué seulement à Bevanana. Il pourrait intéresser des femmes d’autres villages mais nécessite un apprentissage. La vannerie est développée partout et il existe une demande dans les trois villages pour la recherche de débouchés. Cette activité pourrait se développer en présence d’un marché. Chaque système d’activité doit être développé en collaboration avec les paysans. Les activités familières sont plus faciles à développer.

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Table des matières

Introduction
I. un projet de restauration des forêts
A. Un contexte mondial
B. Foreaim : un projet de développement durable
C. Madagascar : hot spot de biodiversité
D. Le corridor forestier de Zahamena-Mantadia
II. Dégradation et restauration
A. La dégradation des forêts à Madagascar : un constat ancien et récurent
1. Des évaluations de la surface forestière contradictoires
2. Diabolisation du « tavy » et des feux
3. L’inefficacité des politiques de lutte contre la dégradation : un débat récurrent
B. Des voies de restauration pour différentes fonctions de la forêt
1. Une forêt plurielle
2. Pluralité de la forêt et stratégies de restauration
C. A l’écoute des parties prenantes
III. Une méthode pluridisciplinaire
A. Des hypothèses à vérifier
B. La recherche d’une diversité pour éviter de généraliser des cas isolés
1. Des sites représentatifs de la diversité des représentations
2. Situation géographique et administrative
C. Deux approches complémentaires
1. Les enquêtes socio-économiques
2. La cartographie
3. Les inventaires forestiers
4. Les restitutions
IV. Des représentations multiples pour un même espace
A. Catégories d’acteurs
B. Bipolarité des représentations de la forêt
1. Production et protection pour le gouvernement et les ONGs
2. Production domestique pour les paysans des trois sites
3. Production pour les paysans de Raboana
4. « Grenier à riz » pour les paysans de Betsingita
5. Un sol pour les paysans de Bevanana
C. Trois contextes pour diverses dégradations
V. Facteurs de dégradation ou de restauration de la forêt
A. Des dégradations déterminantes
1. La culture sur abattis brûlis sensible à la dégradation de la fertilité
2. Des dégradations motrices de restauration de la forêt à Bevanana
B. Choix stratégiques des pratiques indépendamment de la forêt
1. Choix du système de riziculture : conjonction de plusieurs facteurs
2. Application des lois: un respect adapté au contexte
C. La restauration : externalité positive de pratiques paysanne
1. Externalités des pratiques agricoles
2. Externalités des autres activités
3. Le détournement des projets
VI. Construire la restauration
A. De « la » restauration à « des » restaurations
1. Fonder les restaurations sur les représentations de la forêt
2. Fonder les restaurations sur les potentialités du milieu naturel
B. Propositions de stratégies de restauration pour faire face aux dégradations
1. Rétablir la fonction de production par les reboisements artificiels
2. Les différentes voies de restauration des sols
3. Diverses fonctions rétablies par la régénération naturelle
4. Diversifier les activités
C. Structurer et adapter les voies de restauration
1. Structurer les voies de restauration dans l’espace et dans le temps
2. Adapter les réponses au contexte local
D. Limites de l’étude et perspectives de recherche
1. Limites de l’étude
2. Perspectives de recherche
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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