EXTRAIT D’ORGANES DE PLANTE CHEZ DES SUJETS DREPANOCYTAIRES

La maladie avant 1910

       Les premiers chapitres de la préhistoire humaine s’écrivent en Afrique tropicale, dans un environnement pathologique rude vu la variété des vecteurs de maladies. La réponse génétique aux infections paludéennes constitue le premier chapitre de l’expérience humaine avec une maladie infectieuse. La péninsule arabique, de l’Asie à l’Afrique, est supposée à l’origine de la mutation qui a conduit au gène responsable de la drépanocytose. L’analyse de la structure des chromosomes semble établie qu’il y a eu au moins quatre mutations indépendantes : trois en Afrique, une quatrième en Arabie Saoudite ou en Inde centrale. Ces événements, indépendants, se seraient produits il y a environ 70 000-150 000 ans (3 000 à 6 000 générations). La première évidence physique humaine d’anémie drépanocytaire est trouvée dans l’ADN de trois momies égyptiennes du quatrième millénaire B.C.E. Les ghanéens auraient reconnu la maladie comme un syndrome héréditaire dangereux. Les tribus affectées la désignent sous des vocables spécifiques, faits de syllabes répétées évoquant les crises douloureuses récurrentes. Certaines appellations imitent les cris et les gémissements des malades ou comportent des mots tels « mâcher, mordre ». La littérature médicale africaine nigériane fait état dans les années 1870 des « ogbanjes » enfants qui meurent très jeunes (qui ne font que passer), esprits malins qui tentent d’infiltrer la famille. De leur religion traditionnelle les Igbos ont retenu la possibilité de « réincarnation », qui s’explique si l’enfant souffre de drépanocytose. Ils tentent d’identifier l’ancêtre au moyen de marques physiques, de déclarations de l’enfant dès qu’il parle, de ressemblances de comportement avec le décédé. Le haut taux de natalité et la prédisposition familiale étaient presque la garantie d’une autre naissance d’un enfant SS. Une amélioration de la santé publique et des normes socio-économiques ont permis une augmentation de l’espérance de vie des enfants SS et, de là, l’extinction presque totale de la conviction en une possible réincarnation [35]. Si la maladie est surtout fréquente en Afrique, ce n’est que vers les années 1870 qu’elle y est évoquée. Ce que Horton (1874) décrit sur le « rhumatisme chronique » est vraisemblablement la drépanocytose, hémoglobinopathie fréquente en Afrique de l’Ouest. Il détaille la variété idiopathique de splénomégalie tropicale fréquente dans les pays où la malaria est endémique et où, longtemps avant Herrick, il aurait reconnu la maladie comme un syndrome héréditaire dangereux. C’est à Horton que revient probablement le crédit des premières descriptions de la maladie [12].

Définition de la maladie (1927 – 1944)

      Les caractéristiques de la maladie s’affinent mais sa compréhension est de plus en plus complexe. La falciformation, considérée comme phénotype, ne distingue pas trait et anémie. Hahn et al. (1927) forgent le terme « drepanocytemia » pour remplacer « latent sickle cells anémia », après avoir identifié un groupe d’individus dont les globules sont susceptibles de falciformation in vitro, sans pour autant présenter les symptômes de la maladie. Cette redéfinition réfute la notion d’uniformisation, sans préciser la signification de « drepanocytemia », terme vague, non corrélé à une connaissance génétique sous-jacente. Le terme « sickle cell anémia » est utilisé pour désigner deux conditions:
– une prédisposition héréditaire à l’anémie propre à la race noire, caractérisée par des globules rouges en forme de croissant, dans certaines conditions ;
– une anémie chronique, sévère affectant seulement des noirs, caractérisée par les rémissions et les aggravations, ictère hémolytique, épisodes de douleurs abdominales, ostéo-articulaires sans inflammation, tendance à l’ulcère de la jambe. Ces conditions résument le regroupement historique de l’anémie et du trait drépanocytaire, montrant les aspects diagnostiques opposés de symptômes cliniques et l’évidence héréditaire: « il est extrêmement désirable de distinguer formellement la prédisposition héréditaire de la falciformation et de la « sicklémie ». Hahn et al. (1927), les premiers, démontrent le lien entre désoxygénation de l’hémoglobine et falciformation (plus de vingt ans avant que Pauling ne l’ait abordé au niveau moléculaire). Ils revoient la littérature concernant 11 cas et démontrent que les globules des patients atteints se déforment en situation d’asphyxie (pression partielle d’oxygène inférieure à 45 mm/Hg). L’oxygénation de la préparation résous la situation de sicklémie en 4 minutes. Dans une suspension de globules rouges, les cellules déformées sédimentent au fond de l’éprouvette; ils en déduisent que la basse concentration d’oxygène y régnant induit la déformation. Ils corroborent leurs résultats en utilisant une chambre à gaz et déterminent que la falciformation est réversible par oxygénation de l’hémoglobine [17].
L’observation que les globules fantômes (cellules sans hémoglobine) ne se déforment pas, soutient l’hypothèse. Sherman (1940) propose l’hypothèse d’une hémoglobine anormale à partir de l’observation de la biréfringence des hématies utilisant des méthodes basées sur la tension d’oxygène nécessaire au « sickling », il distingue le trait falciforme et l’anémie falciforme. Hahn et al. (1927), Sherman et al. (1940) sont les premiers à suggérer le rôle de l’hémoglobine dans cette anémie, qu’ils considèrent comme héréditaire. Smith (1934) détaille l’effet de la falciformation sur les organes, étendant la caractérisation clinique de la maladie. Simultanément Diggs et al. (1934), comparant les tissus de patients affectés du trait et des victimes de l’anémie, explicitent le phénomène cellulaire à la symptomatologie observée: « une explication possible de l’engorgement capillaire est que les cellules allongées et pointues s’emboîtent et passent plus difficilement les obstacles que les cellules normales ». C’est la première hypothèse explicative de la relation entre cellules déformées et manifestations cliniques. Ils suggèrent un rapport causal entre « sickling » et obstruction vasculaire, responsable des signes cliniques et symptomatologie [35].

DESCRIPTION DE LA MALADIE

  La drépanocytose, également appelée anémie falciforme, sicklémie ou maladie de Herrick est une maladie hémolytique chronique, touchant les globules rouges du sang. Elle induit la formation d’une protéine d’hémoglobine anormale (hémoglobine S, notée HbS) qui détruit les globules rouges [17]. Elle entraîne des crises douloureuses et des troubles vaso-occlusifs. C’est une maladie héréditaire qui s’exprime sous une forme Homozygote SS mais peut aussi se manifester sous une forme double hétérozygote si l’individu possède une autre Hémoglobinopathie, comme l’hémoglobine SC ou S bêta thalassémies. La cause de cette maladie est génétique ; elle s’explique par la substitution d’un acide glutamique par la valine dans la chaîne protéique. Cette altération de la protéine provoque une déformation du globule rouge en forme de faucille. La drépanocytose est une maladie génétique qui touche les globules rouges et héréditaire puisqu’elle est transmise par les parents. Un enfant a des risques d’être drépanocytaire (donc malade) lorsque chacun des parents est un porteur du gène de la maladie. Ce gène entraine la présence dans le sang d’une hémoglobine anormale (l’hémoglobine permet le transport de l’oxygène dans le sang). Cette hémoglobine S entraîne la déformation des globules rouges en forme de faucille et cette déformation est à l’origine de nombreux maux : crises douloureuses dans les os, anémie chronique (manque d’hémoglobine), infections fréquentes, atteintes des os et des organes [5]. La drépanocytose est la première maladie génétique avec 50 millions de personnes atteintes dans le monde selon l’OMS. C’est une maladie propre présente dans les pays d’émigration africaine massive comme les États-Unis (environ 7% de l’Afrique où près de 20% de la population est porteuse des hémoglobines S et C. La drépanocytose est une maladie de la Communauté noire au Brésil et dans les Antilles. D’autres hémoglobinopathies associées ou parentes de la drépanocytose se retrouvent en Asie du Sud Est avec l’hémoglobine E et dans le Bassin méditerranéen avec la thalassémie et l’hémoglobine S. En France, la drépanocytose est la première maladie génétique. Elle représente plus de 300 naissances par an et on estime que plus de 15 000 personnes vivraient avec cette maladie dans le pays. Première maladie génétique dans le monde ; et en France 300.000 enfants drépanocytaires naissent de cette maladie chaque année 20 à 30 ans d’espérance de vie amputée 50 à 150 millions de personnes sont concernés dans le monde. 1/3 des enfants n’atteint pas l’âge de 5 ans en Afrique [5].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR LA DREPANOCYTOSE
I- DECOUVERTE ET HISTORIQUE DE LA DREPANOCYTOSE
I-1-Introduction
I-2-La maladie avant 1910
I-3-Identification du syndrome (1910 – 1925)
I-4-Définition de la maladie (1927 – 1944)
I-5-Concept de maladie moléculaire (1945 – 1960)
II- TRANSMISSION HEREDITAIRE DE LA DREPANOCYTOSE
III-DESCRIPTION DE LA MALADIE
IV-PHYSIOPATHOLOGIE
V- ÉPIDEMIOLOGIE DE LA DREPANOCYTOSE
VI-SYMPTOMES DE LA MALADIE
VI-1-Les crises vaso-occlusives
VI-2- Syndrome thoracique aigu
VI-3- Susceptibilité accrue aux infections
VI-4- L’anémie
VI-5- Les complications aigues de la drépanocytose
VI-5-1-Aggravation de l’anémie
VI-5-1-1- Séquestration splénique
VI-5-1-2- Les crises aplasiques
VI-5-2-Le syndrome pied-main ou dactylite
VI-5-3-Complications chroniques
VI-5-3-1- Atteinte des os et des articulations
VI-5-3-2- Atteinte pulmonaire
VI-5-3-3- Atteinte cardiaque
VI-5-3-4- Atteinte rénale
VI-5-3-5- Atteinte oculaire
VI-5-4- Complications ostéo-articulaires
VI-5-5- Ulcère des jambes
VI-5-6- Au niveau biliaire
VI-5-6-1- Calculs dans la vésicule biliaire
VI-5-6-2- Dysfonctionnement du foie
VI-5-7- Retard de croissance
VI-5-8- Infarctus silencieux
VII- DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
VII-1-Techniques de détection de l’Hémoglobine
VII-1-1- Le test de falciformation ou test d’Emmel
VII-1-2- Le test de solubilité réduite ou test d’Itano
VII-1-3- Méthodes électrophorétiques
VII-1-4- Électrophorèse à pH alcalin
VIII- TRAITEMENT DE LA DREPANOCYTOSE
DEUXIEME PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE DES PLANTES
CHAPITRE I : GENERALITE SUR LES PLANTES ZANTHOXYLUM ZANTHOXYLOIDES
I-CASSIFICATION
II-CARACTERES BOTANIQUES [38]
II-1-Le port
II-2-Les feuilles
II-3-Les tiges
II-4-Racines
II-5-Fruits
II-6-Ecologie
III- ETUDE CHIMIQUE
III-1- Les dérivés d’acides phénoliques
III-1-1-Les dérivés de l’acide benzoïque
III-1-2-Les dérivés de l’acide cinnamique
III-2- Les flavonoïdes
III-3- Les amides aromatiques
IV- MECANISMES D’ACTION DE LA RACINE DE ZANTHOXYLUM ZANTHOXYLOIDES
IV-1- Action anti-inflammatoire
IV-1-1-Inhibition de la migration leucocytaire
IV-1-2- Inhibition de la synthèse des prostaglandines
IV-2- Action analgésique
IV-3- Action anti-oxydante
IV-4- Action sur la déshydratation des drépanocytes
CHAPITRE II : ACTIVITE EXPERIMENTALE DE LA RACINE DE Z. ZANTHYLOIDES
I-DES SOURIS TRANSGENIQUES EXISTANTS
I-1-Souris SAD
I-2-Souris BERK
I-3-Autres souris transgeniques
I-3-1-Les NY1DD OU anciennement αHβSβMDD
I-3-2-Les souris(S+S-Antilles)
I-4-Animaux utilisés
I-5-Modes opératoires
I-5-1-Etude toxicologique
I-5-2-Extraction
I-5-3-Les résultats toxicologiques
CHAPITRE III : ETUDE DU PHYTOMEDICAMENT FACA® DANS L’ACTIVITE ANTI-DREPANOCYTAIRE
I-DEFINITION
II-COMPOSITION
IV- ETUDE DE PHARMACOLOGIE CLINIQUE
IV-1- Etude du FACA® en traitement curatif
IV-2- Etude du FACA® en traitement prophylactique
CHAPITRE IV:RESULTATS DE L’ETUDE EXPERIMENTALE DE LA PHARMACOLOGIE DU PHYTOMEDICAMENT FACA®
CHAPITRE V: DISCUSSION
I-ETUDE PHARMACOLOGIQUE EXPERIMENTALE
II-ETUDE PHARMACOLOGIQUE CLINIQUE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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