Actuellement, l’usage de la médecine traditionnelle est très répandu et revêt une importance sanitaire et économique croissante. Dans les pays en voie de développement, l’usage de cette médecine est accessible et abordable particulièrement pour les patients les plus démunis, vu le coût élevé de certains médicaments ainsi que leur indisponibilité sur le marché. Les plantes soignent, parfois très rapidement, non seulement la fatigue, l’insomnie, les maux de tête, la grippe, la toux, les rhumatismes, mais aussi de très nombreuses maladies chroniques parmi lesquelles on cite le diabète, la leishmaniose,… [1]. Depuis quelques années, le monde des sciences biologiques et médicales est envahi par un nouveau concept, celui du « stress oxydant », c’est-à-dire d’une situation où la cellule ne contrôle plus la présence excessive des radicaux oxygénés toxiques. Actuellement, il est bien admis que même si un stress oxydant n’est pas une maladie en soi, il est potentiellement impliqué dans de nombreuses maladies comme facteur déclenchant ou associé à des complications lors de leur évolution comme dans le cas du diabète. En Algérie, le diabète, tous types confondus, touche 1,5 à 2 % de la population générale du pays. Le diabète de type 1 (qui atteint l’enfant et l’adolescent), représente 10 à 15 % de l’ensemble et a pour traitement l’insuline. Le diabète de type 2 (qui atteint l’adulte à partir de 35 ans) nécessite d’autres médicaments, un régime alimentaire et un suivi médical. Les leishmanioses représentent un problème de santé majeur en santé publique. Bien que des médicaments existent pour traiter ces maladies, ceux-ci ne sont pas toujours efficaces. Du fait de l’apparition de parasites résistants et de la toxicité des produits. De plus, l’administration des traitements disponibles contre les leishmanioses s’effectue essentiellement par voie générale, ce qui nécessite une hospitalisation des patients. La recherche de nouvelles molécules thérapeutiques s’avère par conséquent nécessaire. Une plante est dite médicinale lorsqu’au moins une partie d’elle possède des propriétés médicamenteuses, car elle renferme des principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies [2].
L’Algérie, de part sa position géographique, présente une large gamme d’étages bioclimatiques, induisant une biodiversité de plantes utilisées comme condiments, aliments naturels et pour des buts thérapeutiques [3]. La pharmacopée Algérienne est qualifiée de traditionnelle parce que, à la différence des pharmacopées occidentales officialisées en formulaires ou codex, elle n’est pas écrite et s’est perpétuée jusqu’a présent de génération en génération, chez les guérisseurs et les herboristes uniquement par la transmission orale des connaissances et la pratique de l’art médical. Aujourd’hui, le savoir des tradipraticiens est de moins en moins transmis et tend à disparaitre.
Identification botanique des espèces végétales étudiées
Ajuga iva L
Le genre Ajuga appartient à la famille des lamiacées avec plus de 300 espèces différentes. Cette plante est largement distribuée dans les régions arides d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Australie [4].
Description botanique
Ajuga iva est une petite plante vivace de 5 à 20 cm de long, à tiges vertes rampantes et velues, à feuilles vertes de 14 à 25 mm de longueur, linéaires, denses et couvertes de duvets. Les fleurs sont violettes, roses, ou jaunes, de 20 mm de longueur ; la lèvre supérieure de la corolle est réduite ou absente et la lèvre inférieure est divisée en trois lobes velus. Les lobes latéraux sont petits, alors que le lobe central est relativement plus large décoré dans sa base par un axe central jaunâtre [5].
Composition chimique
La plante est riche en composés polyphénoliques, qui sont les meilleurs antioxydants, flavonoïdes et tanins [6]. Elle contient aussi des anthocyanes, des acides phénoliques et d’autres substances en particulier l’ajugarine [7]. Les études phytochimiques ont montrés que l’ivette contient aussi des ecdystéroides, des diterpénoides, des iridoïdes et des saponosides acides [8].
Utilisations de la plante
En médecine traditionnelle, Ajuga iva est utilisé pour traiter le diabète et l’hypertension [9], ainsi que les troubles gastro-intestinales et l’ulcère de l’estomac [10]. L’ivette est efficace contre la fièvre, la diarrhée, les gaz, les maux de tête et les maux de dents. En usage externe, elle est souvent employée en applications locales contre les rhumatismes, comme antiseptique et cicatrisante sur les plaies [11]. La richesse de l’ivette lui donne plusieurs propriétés prouvées scientifiquement. C’est un agent antioxydant [12], antidiabétique et hypolipidémique [13], vasodilatateur et donc anti hypertensif [14], antibactérien et antifongique [4].
Artemisia herba alba (Asso)
Le genre Artemisia appartient à la famille des Astéracées (Composites), avec plus de 350 espèces différentes qui se trouvent principalement dans les zones arides et semi arides d’Europe, d’Amérique, d’Afrique du Nord et d’Asie. Les espèces d’Artemisia sont largement utilisées comme plantes médicinales en médecine traditionnelle [15].
Description botanique
L’armoise blanche est une plante des climats arides et semi-arides qui pousse dans les hautes plaines steppiques, les déserts du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. C’est une plante herbacée à tiges ligneuses, ramifiées et tomenteuses de 30 à 50 cm de long. Les feuilles sont courtes, sessiles, pubescentes et argentées. Les capitules sont groupés en pannicules de petite taille de 1,5 à 3 mm allongés et étroits contenant de 3 à 6 des fleurs jaunâtres. Les bractées externes de l’involucre sont orbiculaires et pubescentes [16].
Composition chimique
Plusieurs métabolites secondaires ont été isolés et identifiés de l’Artemisia herba alba dont les plus importants sont les sesquiterpènes lactones tels que les eudesmanolides et les germacranolides [17]. Les flavonoïdes détectés dans l’armoise montrent aussi une diversité structurale allant des flavonoïdes communs (flavones glycosides et flavonols) jusqu’aux flavonoïdes méthylés qui sont très inhabituel. Les flavonoïdes glycosides comprennent les O-glycosides tels que quercitine-3-glucoside et des flavones C-glycosides qui sont rares dans le genre Artemisia, ainsi que dans l’ensemble des Astéracée [18,19]. En plus des sesquiterpènes lactones et des flavonoïdes l’analyse phytochimique a montré que la composition des huiles essentielles de l’Artemisia herba alba Asso est riche en monoterpènes, triterpènes pentacycliques, santonines, coumarines et tanins [20].
Utilisations de la plante
L’Artemisia herba alba est très utilisé en médecine traditionnelle lors d’un désordre gastrique tel que la diarrhée et les douleurs abdominales. Elle est aussi utilisée en tant que remède de l’inflammation du tractus gastro-intestinal [21]. Plusieurs études scientifiques ont également prouvées l’efficacité de l’armoise blanche en tant qu’agent antidiabétique [22], leshmanicide [23], antiparasitaire, antibactérien, antiviral, antioxydant, antimalarien, antipyrétique, antispasmodique et antihémorragique [24].
Marrubium vulgare
Le genre Marrubium appartient à la famille des lamiacées, comprenant plus de 30 espèces différentes largement distribués dans les régions d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie .
Description botanique
Le marrube est une plante herbacée, couverte d’un duvet blanc, à tiges dressées, portant souvent de nombreuses pousses courtes et stériles, de 40 à 60 cm de long. Les feuilles sont ovales, arrondies, souvent un peu cordées à la base, feutrées à la face intérieure. Il possède de petites fleurs blanches de 12 à 15 mm de long, une corolle à deux lèvres dont l’inférieure est trilobée et la supérieure dilobés ainsi qu’un calice à 10 dents courtes et crochues .
Composition chimique
La partie aérienne du marrube blanc contient plusieurs métabolites secondaires tels que les diterpenes dont la marrubine responsable de la majorité des propriétés biologiques du Marrubium vulgare [26], les flavonoïdes (apigénine et lutéoline) [27], ainsi que plusieurs phenylpropanoides esters tels que les verbascosides .
Utilisations de la plante
Le marrube blanc est très utilisé en médecine traditionnelle comme expectorant, antispasmodique, antidiabétique, diurétique et en cas d’infections respiratoires. Il est aussi employé pour combattre la cellulite et l’obésité [29]. Plusieurs de ces utilisations traditionnelles ont été confirmés par des essais scientifiques [30] ; le marrube blanc est considéré comme antidiabétique.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. IDENTIFICATION BOTANIQUE DES ESPECES VEGETALES ETUDIEES
1.1. Ajuga iva L
1.1.1. Description botanique
1.1.2. Composition chimique
1.1.3. Utilisations de la plante
1. 2. Artemisia herba alba
1.2.1. Description botanique
1.2.2. Composition chimique
1.2.3. Utilisations de la plante
1.3. Marrubium vulgare
1.3.1. Description botanique
1.3.2. Composition chimique
1.3.3. Utilisations de la plante
MATERIEL ET METHODES
1. Présentation de la zone d’étude
1.1. Localisation géographique
1.2. Le sol
1.3. Climat de la région
3.1. Les précipitations
1.3.2. Les températures
1.3.3. Le couvert végétal
2. Enquête ethnobotanique
3. Etude phytochimique
3.1. Méthode d’extraction
3.2. Analyses qualitatives et quantitatives des extraits de plantes
3.2.1. Dosage des phénols totaux
3.2.2. Analyse HPLC/UV-vis-DAD/ESI-MS et HPLC/UV-vis/DAD
4. Evaluation des activités biologiques
4.1. Activité antidiabétique
4.1.1. Matériel végétal et préparation des extraits
4.1.2. Les animaux
4.1.3. Induction du diabète
4.1.4. Protocole expérimental
4.1.5. Suivi des animaux avant sacrifice
4.1.6. Dosages biochimiques sanguins après sacrifice
4.1.6.1. Dosage du glucose
4.1.6.2. Dosage du cholestérol
4.1.6.3. Dosage des triglycérides
4.1.6.4. Dosage des Lipides totaux
4.1.6.5. Dosage du HDL/LDL
4.1.6.6. Dosage des protéines totales
4.1.6.7. Dosage des transaminases TGO/TGP
4.1.6.8. Dosage de l’urée
4.1.6.9. Dosage de la créatinine
4.1.7. Analyse statistique des résultats
4.2. Activité antioxydante
4.2.1. Test au DPPH
4.3. Activité antileishmanienne
4.3.1. Milieux de culture
4.3.2. Culture des parasites
4.3.3. Protocole du test de viabilité sur les promastigotes
4.4. Activité antibactérienne et antifongique
4.4.1. Microorganismes utilisés
4.4.2. Technique en milieu solide (méthode de la diffusion sur disque)
RESULTATS ET DISCUSSION
1. Enquête ethnobotanique
1.1. Fréquence d’utilisation des plantes médicinales selon le profil des herboristes
1.1.1. Classes d’âge
1.1.2. Sexe
1.1.3. Niveau de scolarisation
1.2. Fréquence d’utilisation des plantes médicinales
1.2.1. Domaines d’indication thérapeutique
1.2.2. Parties utilisées
1.2.3. Mode de préparation
2. Etude phytochimique
2.1. Taux des phénols totaux
2.2. Analyse qualitatif et quantitatif des extraits aqueux et méthanoliques
2.2.1. Analyse qualitatif et quantitative de l’extrait aqueux et méthanolique du Marrubium vulgare
2.2.2. Analyse qualitatif et quantitative de l’extrait aqueux et méthanolique d’Artemisia herba alba
2.2.3. Analyse qualitatif et quantitative de l’extrait aqueux et méthanolique d’Ajuga iva
3. Activités biologiques
3.1. Activité antidiabétique
3.1.1. Activité antidiabétique du Marrubium vulgare
3.1.1.1. Effets de l’extrait aqueux sur la glycémie
3.1.1.2. Effets de l’extrait aqueux sur le poids corporel
3.1.1.3. Effet de l’extrait aqueux sur les différents paramètres biochimiques
3.1.2. Activité antidiabétique d’Artemisia herba alba
3.1.2.1. Effets de l’extrait aqueux sur la glycémie
3.1.2.2. Effets de l’extrait aqueux sur le poids corporel
3.1.2.3. Effet de l’extrait aqueux sur les différents paramètres biochimiques
3.1.3. Activité antidiabétique d’Ajuga iva
3.1.3.1. Effets de l’extrait aqueux sur la glycémie
3.1.3.2. Effets de l’extrait aqueux sur le poids corporel
3.1.3.3. Effet de l’extrait aqueux sur les différents paramètres biochimiques
3.2. Activité antioxydante
3.3. Activité antileishmanienne
3.4. Activité antimicrobienne
CONCLUSION