Paludisme à Madagascar
Historique Le paludisme est communément connu sous l’appellation « tazo » ou « tazomoka » à Madagascar. Cette maladie (tazo) est le synonyme de fièvre, frisson, myalgie et bouche amère. Le mot « tazomoka » sous-entend l’implication des moustiques dans la survenue de cette maladie. Le paludisme fait partie des problèmes de santé publique. Trois épidémies meurtrières ont été révélées, essentiellement dans les zones des Hautes Terres Centrales, des années 1878, 1895 puis 1986. Cette dernière épidémie a été considérée comme nouvelle maladie, appelée « bemangovitra » ou maladie des grandes frissons. La généralisation de la riziculture, l’introduction massive de travailleurs immigrés venus d’Afrique (Aubry 2003), la construction de la ligne ferroviaire liant les Hautes Terres Centrales et la côte (Gallieni, 1905), puis le relâchement de la pulvérisation intradomiciliaire de DDT sont les causes de ces trois épidémies meurtrières.
Stratégies de lutte contre le paludisme Nombreux organismes gouvernementaux et/ou non gouvernementaux, nationaux et/ou internationaux contribuent à la lutte contre le paludisme à Madagascar. Parmi eux, on peut citer : MINSAN, IPM, OMS, DLMT, UNICEF, PSI, USAID, Roll Back Malaria, etc. La vulgarisation de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide fait partie des stratégies nationales de la lutte contre le paludisme. L’objectif fixé d’ici fin 2005 est de faire en sorte que « 60 % des groupes vulnérables dorment sous moustiquaires imprégnées ». Les femmes enceintes et les enfants moins de cinq ans constituent les groupes vulnérables du paludisme.
Traitement Le paludisme est traditionnellement traité par la population malagasy, surtout en milieu rural, par l’utilisation de certaines plantes amères contenant des alcaloïdes doués d’activité antipaludique, et des plantes aromatiques insectifuges pour lutter contre les moustiques. Les plantes sont généralement préparées sous forme de décoction ou d’infusion. Le bain chaud ou le bain de vapeur sont également les formes de traitement usuelles. Pour les produits pharmaceutiques, la chloroquine (CQ), la quinine (QU) et le Fansidar ou Paludar (association de deux molécules pyriméthamine-sulfadoxine) sont les médicaments antipaludiques recommandés pour Madagascar. La chloroquine est utilisée pour le traitement des accès palustres simples et aussi pour la prévention du paludisme chez les sujets à risque (enfants et femmes enceintes). La chloroquine occupe la première ligne antipaludique selon la politique nationale de lutte contre le paludisme. La quinine est recommandée pour traiter les formes sévères d’accès palustres à Madagascar.
Immunité anti-parasitaire
Chez les enfants vivant en zones hyperendémiques, des infections plasmodiales répétées à des densités parasitaires importantes sont supposées maintenir un titre élevé d’anticorps dirigés contre les exo-toxines, neutralisant ainsi la surproduction de TNF-α. Chez les adultes, l’immunité anti-parasitaire est développée. Le niveau de tolérance à la densité parasitaire est inférieur à celui des enfants (Smith, T., et al. 1994). Ceci peut être expliqué par un taux faible d’anticorps entretenu par des densités parasitaires faibles qui réduit le seuil de pyrogènicité. Ainsi, chez un sujet non-immun, les signes cliniques apparaissent alors que la densité parasitaire est encore très faible car, en l’absence d’anticorps antitoxines, une faible quantité de GPI est capable d’induire la production de TNF-α, et donc de provoquer la fièvre. Le polymorphisme de la région promotrice du gène du TNF-α de l’hôte est également impliqué dans la sévérité (McGuire et al. 1998).
Accès cérébral
Il s’agit d’une complication caractéristique dans les zones de faible endémicité donc à faible taux de transmission. Les enfants à bas âge et les adultes non immuns sont les plus touchés (Miller et al. 1994). P. falciparum est la seule espèce responsable du neuropaludisme. L’accès cérébral est caractérisé par l’obstruction des capillaires et des veinules par les hématies parasitées. L’expression d’adhésines, telles que les knobs à la surface des hématies infectées, permet aux parasites d’adhérer à l’endothélium et aux hématies non infectées, formant ainsi des rosettes. C’est une stratégie développée par le parasite pour échapper à la clairance. Pour engendrer un accès cérébral, les knobs doivent s’accompagner, chez l’homme, de la surexpression de molécules de liaison, telle l’ICAM-1 (inter cellular adhesion molecule 1) par l ‘endothélium des vaisseaux sanguins. La sur-expression est induite notamment par le TNF-α (Miller et al. 1994). Il faut également ajouter la virulence du parasite, puisque seules certaines souches semblent être capables de cytoadhérer (Ringwald et al. 1993). L’emballement de la réponse immunitaire est à l’origine des complications neurologiques du paludisme et des troubles physiopathologiques (Ambroise-Thomas et al. 1992).
Phase asexuée érythrocytaire
Les érythrocytes sont infectés par les mérozoïtes libérés. Ils se transforment en trophozoïtes érythrocytaires ou «ring forme». Cette transformation dure environ 24 heures. Chaque trophozoïte entame une série de mitoses jusqu’à la formation d’un schizonte mature (rosace). Au niveau de ce schizonte, l’ADN est tout synthétisé. Ce schizonte mature peut contenir 8 à 32 mérozoïtes qui sont libérés à leur tour lors de la rupture de la membrane des globules rouges. Ces mérozoïtes érythrocytaires peuvent ensuite envahir d’autres érythrocytes pour effectuer à nouveau un cycle érythrocytaire asexué. Certains parasites quittent le cycle asexué et évoluent en gamétocytes. C’est le début du cycle sexué qui sera terminé dans l’estomac de la moustique.
GLURP (Glutamate-Rich Protein)
Cet antigène est exprimé au stade schizonte mature. Les régions répétées et non répétées de cet antigène sont constitués par cinq peptides, classés selon le nombre d’acides aminés constitutifs. Le peptide GL8 comprend 36 à 57 résidus d’aminoacides, le peptide GL6 :309 à 327 d’aminoacides, le peptide GL9 : 732 à 760 d’aminoacides, le peptide GL5 : 835 à 881, le peptide GL7 : 1215 à 1232 d’aminoacides (Theisen et al. 1998 ; Oeuvray et al. 2000).
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Table des matières
Introduction
I GENERALITES
I.1 Paludisme à Madagascar
I.1.1 Historique
I.1.2 Stratégies de lutte contre le paludisme
I.1.3 Traitement
I.1.4 Vecteurs du paludisme
I.2 Pathogenèse du paludisme
I.2.1 Immunité clinique ou immunité anti-maladie
I.2.1.1 Densité parasitaire
I.2.1.2 Seuil de pyrogènicité
I.2.2 Immunité anti-parasitaire
I.2.3 Accès sévère
I.2.3.1 Anémie sévère
I.2.3.2 Accès cérébral
I.3 Cycle de Plasmodium falciparum
I.3.1 Phase de développement asexué ou schizogonie chez l’homme
I.3.1.1 Phase asexuée pré-érythrocytaire
I.3.1.2 Phase asexuée érythrocytaire
I.3.2 Sporogonie chez l’anophèle
I.4 Réponse immunitaire dirigée contre le Plasmodium
I.5 Antigènes
I.5.1 Circumsporozoïte protein (CS protéine)
I.5.2 RESA (Ring infected Erythrocyte Stade Antigen)
I.5.3 MSA-1 (Merozoite Surface Antigen-1)
I.5.4 MSA-2 (Mérozoïte Surface Antigen-2)
I.5.5 PfEMP1 (Plasmodium falciparum Erythrocyte Membrane Protein1)
I.5.6 GLURP (Glutamate-Rich Protein)
II MATERIELS ET METHODES
II.1 Culture cellulaire de Plasmodium falciparum
a- But
b- Principe
II.1.1 Souches cultivées et leurs caractéristiques
II.1.1.1 Origines et caractéristiques
II.1.2 Etapes préliminaires
II.1.2.1 Lavage et déleucocytage des globules rouges sains humains
II.1.2.2 Décomplémentation de sérum humain
II.1.2.3 Préparation des milieux de culture
II.1.3 Technique de culture des parasites
II.1.3.1 Décongélation
II.1.3.2 Mise en culture et suivi quotidien
II.1.3.3 Synchronisation
II.1.3.4 Congélation
II.1.3.5 Culture cellulaire de Plasmodium falciparum
II.2 Purification et extraction de schizontes
II.2.1 Purification
a- But
b- Principe et méthode
II.2.1.1 Purification de parasite en milieu RPSH
II.2.1.2 Purification de parasite en milieu RPMI-A
II.2.2 Extraction
a- But
b- Principe et méthode
III Résultats
III.1 Effets des milieux de culture sur la croissance parasitaire
III.1.1 Etats des parasites
III.1.1.1 En milieu RPSH
III.1.1.2 En milieu RPMI-A
III.1.2 Index de croissance des parasites
III.1.2.1 Comparaison des moyennes (± écart type) de l’index de croissance des trois parasites (3D7, 99734, 98534) sur milieu RPSH
III.2 Evaluation de la purification des schizontes
III.2.1 Evaluation qualitative des schizontes purifiés sur gradient de Percoll
a- Phases des cultures obtenues sur milieu RPSH
b- Phases des cultures obtenues sur milieu RPMI-A
III.2.2 Evaluation quantitative de la purification
III.2.2.1 Pourcentage des stades de parasites des différentes phases des cultures en milieu RPSH sur gradient de Percoll
III.2.2.2 Pourcentage des stades de parasites des différentes phases des cultures en milieu RPMI-A sur gradient de Percoll
III.2.3 Teneur en protéines des antigènes
III.2.3.1 En milieu RPSH
III.2.3.2 En milieu RPMI-A
IV DISCUSSION
V CONCLUSION ET PERSPECTIVE
BIBLIOGRAPHIE
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