L‟exploitation des huiles essentielles était l‟apanage des colons depuis la fin du XVIIIème siècle jusqu‟à la période postcoloniale c‟est-à-dire dans les années 70. Toutefois, l‟inventaire des plantes aromatiques commence dès la fin du 18ème siècle.
On entend par HE la substance odorante volatile contenue dans les plantes. La plupart des végétaux renferment des HE mais à des quantités très infimes, seules les plantes dites aromatiques en produisent en quantité suffisante [2]. Ces plantes appartiennent le plus souvent aux Plantes Aromatiques Médicinales (PAM). Les PAM ont une infinie diversité d‟emplois, à signaler le domaine thérapeutique, alimentaire, cosmétique, industriel, etc. [3]. Par ailleurs, l‟exploitation et le commerce des PAM pourraient représenter, pour plusieurs familles dans la campagne et en ville, une source de revenue non négligeable, pour s‟en apercevoir, il suffit de constater l‟épanouissement du marché des PAM et la multiplication des vendeurs des PAM et/ou des produits cosmétiques à base des plantes. Et vu le développement rapide de la population, les besoins en produits aromatiques d‟origine végétale, que ce soit simplement un matériel végétal ou les produits de transformation, ont augmenté d‟une façon considérable [4]. Certaines familles se caractérisent par le grand nombre d‟espèces à essences qu‟elles groupent et en particulier les Labiés (Thym, menthe, lavande, origan, sauge, etc.), les Ombellifères (Anis, fenouil, angélique, cumin, coriandre, persil, etc.), les Myrtacées (Myrthe, eucalyptus), les Lauracées (camphrier, laurier-sauce, cannelle) [5].
A l‟instar de nombreux pays et contrées, l‟Algérie et la Corse qui possèdent une flore abondante, riche et variée dans laquelle il a été dénombré de nombreuses espèces aromatiques susceptibles de fournir des huiles essentielles. De même, les hydrolats, sous-produits de L‟hydro distillation des végétaux sont devenus une valeur montante du marché des Plantes à Parfums Aromatiques et Médicinales (PPAM) vue leur importance notamment en aromathérapie [6].
Depuis quelques années, la valorisation des huiles essentielles est devenue un facteur de développement économique. De nombreux pays émergents, tentent de pénétrer ce secteur. Dans ce contexte, la tendance actuelle du marché international des huiles essentielles va dans le sens d‟une production dont la qualité est constante et contrôlée [7]. Les HE sont des mélanges complexes, constituées de plusieurs dizaines voire centaines de composés, principalement terpéniques. Les terpènes, molécules construites à partir d‟entités isoprèniques, constituent une famille très diversifiée tant au niveau structural qu‟au niveau fonctionnel. Dans les HE, on rencontre généralement des dérivés terpéniques (mono et sesquiterpènes possédant respectivement 10 et 15 atomes de carbones) ainsi que des composés linéaires non terpéniques et des phénylpropanoïdes. Beaucoup d‟HE recèlent un constituant chimique majeur sorte de « race chimique » appelé chémotype dont l‟action est influencée et complétée par des molécules secondaires.
La nature du sol, l‟altitude, les conditions climatiques, l‟ensoleillement et les populations végétales avoisinantes, entraînent des variations dans la composition biochimique de l‟essence qui déterminent ces différents chémotypes [8]. Les HE sont obtenues soit par extraction soit par distillation soit par expression à froid entrainement avec des solvants soit par enfleurage, CO2 supercritique etc… Les huiles essentielles trouvent des emplois dans des secteurs assez divers, principalement en parfumerie, en cosmétique et font aussi l‟objet d‟une consommation importante de la part des industries agroalimentaires où elles sont appréciées pour leurs propriétés organoleptiques [9]. Dans cette perspective nous nous intéressons à l‟étude d‟une plante aromatique de la famille des annonaceae Xylopia aethiopica une espèce très connue dont les fruits en mélange avec Coffea robusta sont très consommés au Sénégal sous forme de boisson.
RAPPELS SUR LES HUILES ESSENTIELLES ET GENERALITES SUR Xylopia aethiopica
RAPPELS SUR LES HUILES ESSENTIELLES
Les HE se vendent aujourd‟hui un peu partout : en pharmacie, en parfumerie, dans les magasins « bio », mais aussi dans les boutiques de cadeaux et sur les foires. Les fabricants sont nombreux et les différences de prix souvent considérables pour une même HE. L‟utilisation d‟HE à des fins thérapeutiques doit cependant respecter certaines règles .
DEFINITIONS
Huiles Essentielles
Une HE est une substance odorante et volatile, non grasse, extraite d‟un végétal sous forme liquide. Elle provient d‟une sécrétion élaborée par certains végétaux et contenue dans des structures spécialisées (poils, poches et canaux sécréteurs). Selon l‟HE, la totalité de la plante aromatique, voire plus spécifiquement certains de ses organes (racine, écorce, feuille, fleur, fruit, graine…) seront sélectionnés pour en extraire les composés aromatiques [11]. Les HE sont fabriquées à partir des sucres issus de la photosynthèse, par des cellules spécialisées (ou sécrétrices) situées le plus souvent dans les fleurs et les Feuilles. Mais il est aussi possible d‟utiliser le fruit, le bois ou encore la racine du végétal considéré. L‟huile essentielle est un extrait pur et naturel de la partie odoriférante des plantes aromatiques .
Aromathérapie
L‟aromathérapie se définit littéralement [13, 14] comme la partie de la phytothérapie qui utilise les huiles essentielles. Dans le domaine médical, l‟aromathérapie se définit [15] comme une thérapeutique utilisant les huiles essentielles végétales par voie interne ou externe. Au terme « aromathérapie » est donc le plus souvent associée la notion d‟huiles essentielles. Cependant, certains auteurs [14-17] souhaitent respecter à la lettre l‟étymologie du mot «aromathérapie » (du latin aroma pour arôme, et du grec thérapia pour traitement). On peut définir cette thérapie comme le traitement des maladies par les arômes. D‟une manière générale, l‟aromathérapie peut se définir comme une thérapeutique naturelle utilisant les extraits de plantes aromatiques pour soigner ou prévenir les maladies. Elle s‟intègre dans le cadre de la phytothérapie qui, elle, fait appel à toutes les plantes dotées de vertus médicinales. L‟aromathérapie est préventive et curative .
HISTORIQUE
Les vertus curatives des HE étaient connues des civilisations anciennes disparues (Égypte ancienne, Chine ancienne, Grèce antique…) ou toujours actuelles (Inde, Australie). Ainsi, à titre d‟exemple, les aborigènes d‟Australie utilisent depuis plus de 30 000 ans les vertus de bonnes feuilles, notamment issues de mélaleuques, pour se soigner. Des alambics datant de plus de 5 000 ans avant Jésus-Christ ont été découverts en Asie. Enfin, en Inde, les eaux aromatiques récupérées en sortie d‟alambic après distillation par entraînement à la vapeur d‟eau de plantes aromatiques sont utilisées depuis plus de 7 000 ans et consignées par écrit depuis 3000 ans. Dès l‟Égypte antique, elles servaient à embaumer les morts grâce aux propriétés antiseptiques de plantes comme le cèdre du Liban, le nard de l‟Himalaya, la cannelle, le ciste ou encore des produits de sécrétion aromatique comme l‟encens ou la myrrhe. Des résines d‟encens, toujours odorantes, ont en effet été découvertes dans le tombeau de Toutankhamon environ 3 250 ans après son inhumation. En Grèce antique, le soldat ne partait jamais sans emporter une fiole de myrrhe pour être paré en cas de blessures .
Ce n‟est que bien plus tard que les remarquables propriétés antiseptiques et antiinflammatoires de la myrrhe ont été démontrées, justifiant son usage pour favoriser la cicatrisation de plaies. Lors des grandes épidémies de peste, Hippocrate lui-même ordonnait des fumigations aromatiques de différentes Lamiacées dans les rues : le romarin, l‟hysope, la sarriette et la lavande. La première HE, celle de rose, aurait été extraite par le plus grand médecin arabe du Moyen Âge, Avicenne, qui fut le premier à mettre au point le fonctionnement de l‟alambic suite à des enseignements perses. Ce sont en effet les arabes qui sont considérés comme les vrais fondateurs de l‟aromathérapie. Peuple voyageur, ils ramenaient des plantes aromatiques venues d‟Asie pour les cultiver eux-mêmes sur tout le pourtour du bassin méditerranéen. Ce sont eux qui ont élaboré la fameuse formule du laudanum ou teinture d‟opium safrané, une ancienne préparation à base de poudre d‟opium et de safran, additionnée d‟HE de cannelle et de girofle, disponible sous forme de gouttes et servant au traitement symptomatique des diarrhées aiguës et chroniques. C‟est au XVIe siècle que le médecin suisse Paracelse (1493-1541) le nomma laudanum, du latin laudare signifiant “louer” ou de labdanum désignant plus simplement un extrait de plante. Les croisades du Moyen Âge permirent de diffuser l‟art de la distillation en Occident. L‟aromathérapie devint alors la première source de médicaments en pharmacie. Les pharmaciens du Moyen Âge étaient d‟ailleurs surnommés les aromatherii. La pharmacie et la parfumerie utilisèrent dès le XVIe siècle le bigaradier, ou oranger amer, originaire de Chine mais introduit en Europe par les Arabes. La distillation permettait, à partir de ses feuilles, l‟obtention de l‟HE de petit grain figurant en bonne place dans la composition de l‟eau de Cologne, avec les essences de bergamote, de lime et de citron. L‟écorce du fruit fournissait de son côté l‟essence de bigarade utilisée en parfumerie et dans la fabrication de liqueurs de type curaçao. Enfin, la distillation des fleurs produisait l‟HE de néroli, du nom d‟une célèbre duchesse qui en fit son parfum au XVIIe siècle. Les premières analyses des HE furent réalisées vers 1 830. Puis, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, des recherches poussées mirent en évidence leurs propriétés antiseptiques. En 1 910, William Martindale classa les HE en fonction de leur pouvoir antiseptique par rapport au phénol. L‟essence de citron fut également expérimentée avec succès pour tuer le pneumocoque en 3 à 12 heures et le bacille d‟Eberth (un des agents de la typhoïde) en 1 à 3 heures. En 1922, Morel et Rochaix confirmèrent que le thymol et l‟eugénol sont efficaces pour éradiquer les bacilles de Koch, d‟Eberth, ainsi que le staphylocoque doré et le Proteus vulgaris. C‟est René-Maurice Gatte Fossé (1881-1950), pharmacien et chimiste français, qui est à l‟origine du terme “aromathérapie”. En 1 930, il se brûla les mains et le front dans son laboratoire lors d‟une explosion. Il utilisa alors un remède vanté par les lavandières qui lui procuraient des HE de lavande officinale, de lavande aspic et de lavandins. Il fut très rapidement soulagé et cicatrisa sans aucune infection. Il édita ensuite de nombreux livres, dont un dans lequel il prédit un avenir extraordinaire à l‟aromathérapie moderne. En 1 929, un pharmacien lyonnais, Sévelinge, élargit le spectre d‟action des HE à l‟usage vétérinaire et ce, avec grand succès. L‟arrivée massive en France, dans les années 1930, de médicaments de synthèse (notamment les pénicillines), moins chers, de composition et qualité parfaitement reproductibles, contribua à ralentir considérablement l‟intérêt pour l‟aromathérapie. Néanmoins, grâce au travail acharné de certains médecins, chercheurs et autres pharmaciens, une aromathérapie scientifique continua à s‟y développer. Dans les années 1 960-1 970, le docteur Jean Valnet, médecin militaire français, utilisa avec grand succès les HE sur les champs de bataille lors de la guerre d‟Indochine.
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Table des matières
INTRODUCTION
I-DEFINITIONS
I-1-Huiles essentielles
I-2-Aromathérapie
II-HISTORIQUE
III-PROPRIETES PHYSICO CHIMIQUES
IV-METHODES D’OBTENTION DES HUILES ESSENTIELLES
IV-1-Distillation
IV. 1.1-Entraînement à la vapeur d‟eau
IV.1.2-Hydrodistillation
IV.2-Entrainement par solvant
IV. 3-Expression à froid
IV. 4-Extraction par enfleurage
IV. 5-Extraction par CO2 supercritique
IV. 6-Extraction par micro-onde
V-COMPOSTION CHIMIQUE DES HUILES ESSENTIELLES
V. 1-Composés terpéniques
V. 2- Composés aromatiques dérivés du phénylpropanes
VI-CLASSIFICATION DES HUILES ESSENTIELLES
VII-CARACTERISATION DES HUILES ESSENTIELLES
VII.1-CPG (Chromatographie en Couche Gazeuse)
VII.2-CPG/SM (Chromatographie en Couche Gazeuse) Coulé Spectromètre de Masse
VII.3-RMN (Résonance Magnétique Nucléaire)
VII. 4-Densité
VII.5-Indice de réfraction
VII.6-Pouvoir rotatoire
VIII- FACTEURS QUI DETERMINENT LA QUALITE DE L’HUILE
IX-UTILISATION DES HUILES ESSENTIELLES
IX.1-Parfumerie
IX.1-1Essence d‟ylang ylang
IX.1-2Essence de patchouly
IX.2-Cosmétologie
IX.3-Industrie alimentaire
IX.4-Thérapeutique
IX.4-1 Les huiles essentielles dans la formulation galénique
IX.4-1-1 Les médicaments à action sur les voies respiratoires
IX.4-1-2 Les médicaments à action sur le système cardio-respiratoire
IX. 4-1-3 Les médicaments antirhumatismaux
IX.4-1-4 Les produits dentaires
IX.4-2 Quelques exemples d‟indications des huiles essentielles
X-TOXICITE ET PRECAUTION D’EMPLOI
X-1 Toxicité des HE
X-2 Précaution d‟emploi
CONCLUSION