Extraction des données et évaluation des biais

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Critères d’inclusion

Les études incluses devaient porter en partie ou en totalité sur la relation entre les adolescents, féminins ou masculins, et les médecins généralistes dans le cadre de l’éducation à la santé sexuelle (incluant la contraception et les Infections Sexuellement Transmissibles [IST]).
Les critères d’éligibilité étaient l’adolescence et le médecin généraliste, auxquels devaient nécessairement s’ajouter au moins un critère parmi les suivants : la sexualité, la contraception, les IST ou la possibilité d’un intérêt à vérifier sur document entier.
Les études sans résumé disponible étaient exclues d’emblée.
Outre les adolescents et les médecins eux-mêmes, les populations étudiées devaient être en lien avec les adolescents, notamment l’entourage familial, les jeunes adultes récemment sortis de l’adolescence, les personnels de l’Éducation nationale ou les professionnels de santé.
Les articles originaux, travaux universitaires, publications institutionnelles, livres ou chapitres de livres étaient éligibles.
Constituant un avis d’expert, les lettres à l’éditeur étaient incluses pour en extraire les données bibliographiques mais n’étaient pas retenues pour l’analyse finale.
Étaient éligibles toutes les études originales, notamment les synthèses de la littérature, les études qualitatives et quantitatives, en particulier les études épidémiologiques descriptives, analytiques ou évaluatives.
Il n’y avait pas de limite de date ou de pays d’étude.
Les documents sélectionnés devaient être rédigés en français, en anglais ou en espagnol.

Sources d’information

Dix bases de données ont été analysées.
PUBMED, la Cochrane Library et POPLINE ont été utilisés pour la littérature internationale.
La BDSP (Banque de Données en Santé Publique), la base SantéPsy, le CISMeF (Catalogue et Index des Sites Médicaux de langue Française), la BDBfr (Base de Données Bibliographiques en français) et la BMF (Bibliothèque Médicale Française) ont été utilisés pour la littérature francophone.
Le SUDOC (Système Universitaire de Documentation) et Google Scholar ont été utilisés pour les littératures universitaire et grise.
Une veille documentaire a été mise en place avec actualisation des documents.

Équations de recherche

Les équations de recherches, établies par les deux lecteurs/chercheurs, ont été vérifiées par un troisième chercheur et par un bibliothécaire spécialisé de la Bibliothèque Universitaire en santé de Caen. (Figure 1) (Annexe I) (« adolescent »[MeSH Terms] OR « adolescent »[All Fields] OR « teenager »[All Fields] OR « youth »[All Fields])

Sélection des études

Deux lecteurs indépendants, Anne-Lise RALLU et l’auteur, internes en médecine générale, ont procédé à une sélection en deux étapes en double aveugle de l’ensemble des documents : initialement par triage sur titres et résumés, puis par analyse de l’éligibilité sur document entier. (Annexe II)
Les doublons et récurrences étaient systématiquement cherchés.
Une synthèse commune a été effectuée à l’issue de chaque étape par recherche de consensus. Si le consensus était impossible, un troisième chercheur, intervenait dans la prise de décision.

Extraction des données et évaluation des biais

Un formulaire de synthèse a été pré établi par l’auteur pour l’extraction des données sur la base des critères STROBE (Strengthening the Reporting of Observational studies in Epidemiology) (4) et COREQ (Consolidated criteria for Reporting Qualitative research) (5). (Annexe III)
Pour chaque étude, les références bibliographiques, les méthodes utilisées et les principaux résultats étaient extraits de façon systématique.
Toutes les données extraites des études étaient recalculées et vérifiées par l’auteur sur la base des documents, notamment les populations et sous-populations étudiées.
Si l’âge médian n’était pas explicité et si la distribution de la population n’autorisait pas l’utilisation de la loi Normale, il était calculé sur la base des documents disponibles.
La qualité de chaque étude a été évaluée sur ses biais méthodologiques. La validité externe de l’étude n’était pas prise en compte, seul le respect de sa congruence interne importait. En cas de biais méthodologique important, l’étude était exclue de l’analyse finale.

Logiciels utilisés

Le logiciel Epi Info® version 7.1.3.3 a été couplé au logiciel Microsoft Office Excel® 2016 pour l’extraction et l’analyse des données. Les logiciels Zotero® version 5.0.35.1 et Microsoft Office Word® 2016 ont été utilisés pour organiser la bibliographie.

Méthode de synthèse des données

Les résultats des études prises en compte ont été regroupés par analyse combinatoire et triangulation afin de réaliser une synthèse narrative qualitative d’une part et une synthèse narrative semi-quantitative d’autre part.

Résultats

Recherche bibliographique : obtention et sélection des documents

Parmi les 2496 études identifiées initialement, 85 ont été incluses pour la France. (Figure 2) (Annexe IV)
La dernière recherche d’actualisation a eu lieu le 30 novembre 2017.
Sur les 216 documents éligibles, seul le document non autorisé à la publication était manquant. Il s’agissait d’une thèse d’exercice en médecine. La directrice de thèse a indiqué lorsqu’elle a été contactée que la faiblesse méthodologique du travail aurait empêché son inclusion.
Parmi les 215 documents éligibles restants, 106 articles originaux et publications institutionnelles ont été recueillis par le biais des bouquets numériques spécialisés de la Bibliothèque Universitaire de Caen (ScienceDirect, SpringerLink, British Medical Journal revues et Wiley Online Library). Treize documents ont été obtenus par prêts entre bibliothèques ; deux documents l’ont été par sollicitation directe de leur auteur.
Concernant les 94 documents éligibles restants (thèses et mémoires), 40 étaient disponibles en ligne. Les 54 autres études ont été obtenues par envoi de leur auteur et/ou leur directeur de thèse au format numérique, par envoi de leur auteur au format papier ou par prêts entre bibliothèques. Tous les documents inclus étaient écrits en langues française et anglaise.
La première sélection des documents a été faite par consensus entre les deux lecteurs. Le troisième lecteur a été sollicité pour la deuxième étape de sélection sur document entier.
Pour l’analyse finale sur la place du médecin généraliste parmi les différentes sources d’information des adolescents, 38 études aux résultats complémentaires et représentant une variabilité maximale des points de vue envisagés ont été retenues constituant 15 études qualitatives (6–20) et 23 études quantitatives (21–43). (Annexe V)

Place du médecin généraliste parmi les sources d’information sur la santé sexuelle des adolescents

Résultats des études qualitatives

Les sources d’information des adolescents sur la sexualité, la contraception et les IST étaient abordées par huit études qualitatives constituant une population mixte d’adolescents filles et garçons. (6–13)
Les sources d’information des adolescentes filles étaient abordées plus spécifiquement concernant la sexualité par deux études (16,19) et concernant la contraception par six études (14–19).
Les adolescents garçons et leurs sources d’information sur la sexualité étaient analysés par une étude (20).

Sources d’information et personnes ressources

Au sujet de la sexualité, les sources d’information mentionnées par les adolescents filles et garçons étaient Internet avec les sites et les forums, les médias avec la télévision, la radio et la presse magazine, les établissements scolaires avec les séances d’éducation à la sexualité au collège et les cours de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), les livres éducatifs, les brochures, les campagnes publicitaires et campagnes de prévention, les films pornographiques et les centres spécialisés. (6–20)
Les personnes ressources identifiées par les adolescents filles et garçons sur la sexualité étaient les ami(e)s et les pairs, la famille avec la fratrie et les parents, en particulier les mères, le ou la petit(e) ami(e) et les adultes du collège ou du lycée notamment les IDE scolaires et les professeurs. Les mentions des professionnels de santé en dehors des établissements scolaires correspondaient aux médecins généralistes, aux gynécologues, aux personnels des CPEF, aux pharmaciens et aux assistants sociaux. (6–20)
Sur la contraception, les adolescents filles et garçons ajoutaient la pharmacie spécifiquement pour la contraception d’urgence (13) et le pédiatre (9). Les autres sources évoquées étaient identiques à celles se rapportant à la sexualité. (6,8,9)
Les études s’intéressant uniquement aux adolescentes filles ne faisaient pas apparaitre de nouvelles sources ou ressources d’information sur la sexualité. (14– 19) Concernant la contraception, en plus des ressources déjà citées ci-dessus, les adolescentes filles ajoutaient les numéros de téléphone dédiés et la sage-femme. (14,15,17–19)
L’étude qualitative portant spécifiquement sur les adolescents garçons n’identifiait aucune nouvelle source non encore évoquée. (20)

Détail des sources et des personnes ressources

L’entourage

Pour les adolescents, les pairs et amis choisis étaient ceux de confiance et crédibles, en particulier les plus âgés avec un début d’expérience. Les conversations sur la sexualité étaient considérées comme assez rares entre les plus jeunes. Certains adolescents considéraient que le groupe pouvait représenter une pression et pousser à se vanter ou à fabuler. Certains adolescents garçons disaient se confier préférentiellement aux pairs du même sexe ; d’autres abordaient le sujet avec leurs amis quel que soit leur genre. Les adolescents disaient utiliser l’humour pour dédramatiser le sujet. (10,11,13,20)
Le rôle du ou de la petit(e) ami(e) était cité mais peu développé. (7,15,20)
Les adolescents estimaient que la famille (hors parents) leur permettrait une parole libre et sans jugement idéale pour évoquer la vie privée, en particulier la fratrie. Les grands-parents, parrains et marraines étaient aussi évoqués en fonction de l’histoire familiale de chacun. (7,10–13,15–17) Concernant les parents, ils étaient perçus comme disponibles ou réticents sur le sujet. La mère était citée préférentiellement, surtout par les filles et aussi par certains garçons, tout comme le parent du même genre. La discussion était décrite comme moins naturelle qu’avec les pairs et pouvait s’initier à leur demande ou à celle des parents.
Les adolescents disaient s’en tenir aux généralités comme l’anatomie et la physiologie, sauf en cas de problème ou de sensation de gravité d’un élément. Certains adolescents n’envisageaient pas de discuter de sexualité avec leurs parents par peur d’un discours moralisateur ou inquisiteur, certains ne l’envisageraient que d’une façon indirecte et l’ouverture exprimée antérieurement sur le sujet favoriserait l’abord de ces sujets. Certains adolescents ressentaient et exprimaient parfois des interdits familiaux sur la sexualité. (7,10–13,15–17)

Internet

Internet était vu par les adolescents comme la source illimitée et immédiate avec une liberté d’expression anonyme, la machine enlevant d’après leurs dires la gêne ou la peur du jugement ; Internet était vu comme une source d’information initiale et un outil de vérification pour lequel certains adolescents exprimaient leurs doutes quant à sa fiabilité variable. Certains adolescents affirmaient que l’anonymat pouvait être source de non fiabilité ; ils vérifiaient avec Internet les informations reçues dans le quotidien et/ou recoupaient les sites Internet entre eux. Des sites Internet et des forums étaient utilisés. Internet était aussi vu par quelques adolescents comme un outil de séduction avec les réseaux sociaux et un moyen d’exhiber son corps. (7,8,10–13,16,17,20)
Certains adolescents, filles et garçons, avaient été confrontés à la pornographie en particulier via Internet. Elle constituait une source d’échange social par le conseil et le partage d’adresses de sites Internet. Les garçons disaient la voir comme une source de plaisir sexuel ; les filles exprimaient une sensation de honte et d’incompréhension. Au sujet la pornographie, certains adolescents disaient plus ou moins explicitement avoir conscience de la distance entre la mise en scène fictive et la réalité des relations sexuelles. (12,13)

Les médias

La télévision était évoquée mais considérée comme peu intéressante sur le sujet. Elle était parfois considérée comme une source d’information sur les violences sexuelles avec les journaux télévisés. Les campagnes de prévention, notamment sur les préservatifs, pouvaient être considérées comme embarrassantes voire jugées omniprésentes. (12)
La radio n’était pas considérée comme une source importante par les adolescents car la sexualité y était ressentie comme peu évoquée ou tard le soir. (12)
Les livres étaient évoqués qu’ils soient pornographiques ou non. L’exemple du Kâma-Sûtra était cité en particulier. (12)
La presse écrite était évoquée principalement au travers des revues pornographiques. Les magazines et la presse écrite n’étaient pas spontanément évoqués dans les études qualitatives. (12)

Les établissements scolaires

Le collège et le lycée étaient perçus par certains adolescents comme le lieu où les bases communes des connaissances sur la sexualité leur étaient enseignées. Ils le définissaient comme un lieu d’information, d’échanges entre pairs et de premier recours avec les IDE scolaires. (20) Les séances d’éducation à la santé sexuelle reçues au collège étaient décrites par les adolescents comme permettant d’exprimer leurs questionnements et utiles pour savoir quoi faire en cas de problème ; des adolescents pointaient l’âge de l’intervenant parfois trop éloigné du leur, la présence du professeur et celle des autres élèves qui pouvaient freiner leur expression dans sa forme ou son contenu. En outre, l’absence de répétition de ces séances dans le temps favoriserait d’après certains adolescents un oubli progressif des informations reçues. (10–12)
Les professeurs étaient en général envisagés pour une conversation individuelle après que les séances d’éducation à la santé sexuelle aient eu lieu. (10,11)
Les IDE scolaires étaient décrites comme crédibles bien que peu disponibles et sollicitées principalement en cas de problème (prévention secondaire). Leur rôle de délivrance de la contraception d’urgence était évoqué par quelques adolescents. (11–13)

Les structures institutionnelles

Les CPEF étaient évoqués comme une référence pour les informations d’un accès facile et adapté en cas de difficulté ou de problème sur la sexualité. La confidentialité y était possible pour évoquer les sujets intimes ; leur existence ne semblait pas connue de tous les adolescents. La rapidité de la prise des rendez-vous et la gratuité de ceux-ci étaient appréciées par certaines adolescentes filles. Les CPEF pouvaient cependant être considérés comme des lieux pour « filles à problèmes » (14). La connaissance de leur existence était parfois décrite comme étant amenée par les pairs pour la contraception en général et pour la contraception d’urgence dans une moindre mesure. (6,11,13,14,17)
Les numéros de téléphone dédiés étaient cités par les adolescentes filles pour leurs questions sur la contraception. (17,19)

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Table des matières

I. Introduction
II. Matériel et méthode
1. Critères d’inclusion
2. Sources d’information
3. Équations de recherche
4. Sélection des études
5. Extraction des données et évaluation des biais
6. Logiciels utilisés
7. Méthode de synthèse des données
III. Résultats
1. Recherche bibliographique : obtention et sélection des documents
2. Place du médecin généraliste parmi les sources d’information sur la santé sexuelle des adolescents
2.1. Résultats des études qualitatives
2.2. Résultats des études quantitatives
IV. Discussion
1. Discussion des résultats
2. Points forts de l’étude
3. Limites et biais de l’étude
4. Perspectives
V. Conclusion
VI. Bibliographie
VII. Annexes

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