Lโargent
ย ย Madame Bovary est une des ลuvres modรจles du roman rรฉaliste, la plus remarquable dโailleurs comme lโรฉtait son auteur, qui lui aussi รฉtait un des รฉcrivains les plus rรฉalistes de son รฉpoque. Ainsi, Flaubert met-il en exergue la sociรฉtรฉ du XIXe siรจcle, et dรฉveloppe en quelque sorte des sujets qui portent sur les mลurs dโune sociรฉtรฉ qui, comme lโa montrรฉ Jacques Bony, change notablement et : ยซ La nouvelle aventure [โฆ] cโest la conquรชte dโune position sociale, lโinitiation ร un monde qui nโest pas seulement celui des adultes, mais un monde nouveau et inconnu ยป. En effet, une tendance matรฉrialiste se manifeste dans tous les domaines. Ainsi, se trouve-t-il mise en scรจne, un monde matรฉrialiste qui dans son ensemble, se prรฉoccupe ร la recherche dโun intรฉrรชt financier. Cela sโexplique par le dรฉveloppement de lโindustrie et lโenrichissement des classes moyennes qui accentuent cette tendance ร la recherche exclusive des avantages pรฉcuniaires. Dโailleurs, toutes les particules de la sociรฉtรฉ allant de la bourgeoisie ร la paysannerie ont une vocation commune : celle de la recherche active de la richesse. Maintenant, cโest le monde matรฉrialiste qui dicte sa loi, et la passion de lโรชtre humain abrite ce domaine. Cela est selon lโidรฉologie de Barthes le signe dโune rรฉalitรฉ, ainsi affirme-t-il que: ยซ [โฆ] lโargent : cโest un indice, il livrait sรปrement un fait, une cause, une nature [โฆ] ยป. Ce qui est une remarque gรฉnรฉrale dans le roman. En partant de lโauteur, bien que nโayant pas des soucis financiers, car รฉtant ressorti dโune famille aisรฉe, Flaubert marque sa diffรฉrence en prรชtant ร ses personnages les caractรฉristiques de cette sociรฉtรฉ contemporaine dans laquelle il a vรฉcu. Cette derniรจre est motivรฉe par la recherche du gain ; ce qui fait quโelle se prรฉcipite dans des activitรฉs รฉconomiques qui auront pour elle une fin rentable. En effet, nous constatons tout au dรฉbut de lโลuvre des scรจnes qui soulรจvent des questions dโordre financiรจre, qui continuent tout au long du roman et emplissent les pages du texte. Ainsi, se nouent-elles des relations dโintรฉrรชts matรฉriels entre lโhomme et la femme. Cโest lโexemple des dots que fondent toutes les relations de mariages des diffรฉrents couples. Il y a celle du pรจre de Charles qui, aprรจs son mariage, a vรฉcu : ยซ deux ร trois ans sur la fortune de sa femmeย ยป, la fille dโun marchand bonnetier ; tout comme cette relation de Charles luimรชme avec : ยซ la veuve dโun huissier de Dieppe, qui avait quarante-cinq ans et douze cents livres de renteย ยป. Ce qui dรฉjร explique des relations amoureuses consolidรฉes par une autre dโordre matรฉriel. Cet attachement considรฉrable ร la recherche de la fortune pousse mรชme ร la mรจre de Charles ร souhaiter la mort de son prochain ; il sโagit du mรฉdecin de Toste dont : ยซ depuis longtemps Madame Bovary guettait sa mort ยป dans une sorte de rivalitรฉ pour lโintรฉrรชt de son fils qui doit lui aussi exercer cette profession de mรฉdecin. Ainsi commencent les rivalitรฉs dans le domaine socio-professionnel. Cela constitue alors la pire hypocrisie que de vouloir la mort ร quelquโun dans un seul intรฉrรชt de voir rรฉussir son propre fils; cela consiste donc ร pousser son inhumanisme ร son dernier degrรฉ. La maman trouve une gรชne dans la vie du mรฉdecin pour la construction financiรจre de son fils. Malgrรฉ les stratรฉgies de la maman, les soucis dโargent continuent ร faire leurs ravages chez Charles qui se trouve financiรจrement insatisfait. Cette insuffisance รฉconomique explique cet envi immorale de la sociรฉtรฉ ร la fortune. Alors, nul nโest รฉpargnรฉ selon le rang quโil occupe ou la profession quโil exerce. Voici M. Homais, le pharmacien qui sโimplique dans des exercices mรฉdicaux non appropriรฉs pour en gagner quelques recettes, alors quโil a รฉchappรฉ belle ร la prison ร cause de ces mรชmes activitรฉs quโil exerรงait clandestinement dans son cabinet particulier. Dรจs lors, aprรจs sโen รชtre sorti une premiรจre fois, il met en place tous les moyens nรฉcessaires pour se couvrir contre tout danger de condamnation pouvant lui arrivรฉ de ses consultations mรฉdicales. Ainsi, dรจs lโarrivรฉe du mรฉdecin Charles ร Yonville, Homais se prรฉcipite pour dรฉfendre sa cause. Il installe une amitiรฉ considรฉrable entre lui et les รฉpoux Bovary, pour fermer la bouche au mรฉdecin qui lui laisserait tranquillement faire ses travaux clandestins, sans aucun risque de dรฉnonciation. Mais cette stratรฉgie ne constitue pas la seule mise au point par cet homme avare. Pour des intรฉrรชts quโil pourrait rรฉcolter de la cรฉlรฉbritรฉ du mรฉdecin Charles, il lui influence dans une opรฉration du pied-bot de ce garรงon du Lion dโor, Hippolyte qui ferait, prรฉtend-il, la fortune du mรฉdecin par sa cรฉlรฉbritรฉ.
Lโamour
ย ย Lโamour est un thรจme assez frรฉquent dans la littรฉrature, surtout en cette รฉpoque oรน les รฉcrivains le considรฉraient comme un champ abondant qui fournissait ร la fiction littรฉraire le maximum dโimagination. Ainsi, selon Jacques Bony, en cette pรฉriode : ยซ Lโamour, en effet, fait partie dโun domaine รฉtranger aux valeurs sociales [โฆ] ยป. Ce qui provoque souvent des transgressions, car les lois qui rรฉgissent les bases de la sociรฉtรฉ opposent des barriรจres trรจs contraignantes aux droits infinis du cลur. Malgrรฉ tout, depuis les prรฉdรฉcesseurs de Flaubert, cette vague rรฉalitรฉ aussi abstraite nโa cessรฉ dโalimenter les ลuvres littรฉraires. Nous pouvons citer des exemples trรจs prรฉcis comme : Tristan et Iseut, qui est lโรฉpopรฉe par excellence de lโadultรจre depuis la pรฉriode Mรฉdiรฉvale, et qui selon Gustave Cohen : ยซ [โฆ] contient comme un coffret prรฉcieux toute lโessence de lโamour humain, sa fatalitรฉ et son abime des dรฉlices et de souffrance ยป. Il y a aussi La princesse de Clรจves , de mรชme quโAndromaqueย qui renferment toute la gamme des passions, qui datent tous deux de la pรฉriode classique, et traitent des scรจnes dโintrigues amoureuses. En effet, on peut souligner que ce nโest pas le sujet qui fait une innovation, mais il sโagit plutรดt de la faรงon dont il est traitรฉ dans le roman qui rรฉvรจle une nouveautรฉ. Cette forte รฉmotion caractรฉrisant la plus part des hรฉros flaubertiens, reprรฉsente une particularitรฉ du public auquel il sโadresse. Devant cette situation, son motif est donc en particulier de dรฉmasquer les dangers auxquels cette sociรฉtรฉ sโexpose, et qui dโailleurs rรฉsulte dโune รฉducation non appropriรฉe au milieu dans lequel on doit vivre. Dรจs lors, nous pouvons nous concentrer dโabord sur Madame Bovary, personnage รฉponyme du roman, en suite sur son mari Charles, et en fin sur les autres protagonistes qui sont tous victimes dโun amour illรฉgitime. Aspirant vers un monde et une sociรฉtรฉ pour laquelle elle nโรฉtait pas faite, Emma est la principale figure centrale vers laquelle tous les sentiments convergent ; elle est donc le centre de gravitรฉ de toutes les intrigues amoureuses, qui crรฉent des dรฉpendances physiques illusoires. Malheureuse de la condition modeste dans laquelle le sort lui a placรฉ, elle oublie dโabord ses devoirs de mรจre, manque ensuite ร ses devoirs dโรฉpouse, en introduisant successivement dans sa maison lโadultรจre et la ruine ; elle finit misรฉrablement par le suicide. Pourtant avant dโen arriver lร , elle est passรฉe par tous les degrรฉs de la dรฉgradation la plus complรจte. Cette passion amoureuse comme mouvement contraire ร la nature, conduit ร lโรฉgarement liรฉ ร la crainte et ร lโabattement que crรฉe la douleur dans le transport violent en direction de biens absents, ou dโun dรฉsir non accompli. La destruction est lโeffet fantasmรฉ de la passion ; ce que va vivre Emma sans aucune possibilitรฉ dโapaisement. Ecoutant les raison de son cลur, la femme nโa pas รฉchappรฉ aux contraintes de cette passion amoureuse dans laquelle la sociรฉtรฉ sโest laissรฉ enfoncer. Tout a commencรฉ chez Emma ร partir dโune invitation ร une cรฉrรฉmonie au chรขteau de la Vaubyessard par le marquis dโAndervilliers. Cette fรชte a rรฉveillรฉ en elle autant de choses passionnelles, comme ce fragment du texte le dรฉmontre : ยซ Son voyage ร la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, ร la maniรจre de ces grandes crevasses quโun orage, en une seule nuit, creuse quelques fois dans les montagnes ยป. Maintenant, cโest une question dโhistoire sentimentale qui prend naissance ร partir de sa rencontre avec le Vicomte qui se rรฉvรจle comme un coup de foudre dans la vie dโEmma. Cette nouvelle situation laisse apparaรฎtre les traits dโune faiblesse manifeste chez Emma. Ainsi, est-elle condamnรฉe par ses dรฉsirs et sโengage dans un amour dรฉgradant. Dรจs lors, des attitudes nouvelles sโaffichent dans sa vie, et par de lร , se multiplient ses envies de jouissances quโelle a poussรฉs jusquโร leur extrรชme ; ce qui lโont fait accรฉder progressivement ร lโadultรจre, ร la souffrance puis ร la mort misรฉrable. Si on remonte ร son jeune รขge, on remarque quโEmma a cultivรฉ ces sentiments passionnels en elle-mรชme depuis ses lectures au couvent. Elle sโest inspirรฉe des hรฉros des livres quโelles utilisaient en cachettes lui et ses camarades de couvent. Ainsi, dรจs quโelle a rencontrรฉe Charles au Berteaux pour la premiรจre fois, leur ยซ flamme ยป sโest allumรฉe, et ils sโaiment dโune maniรจre rรฉciproque. Cependant, par vice ou par mal chance, cet amour nโa pas demeurรฉ assez longtemps, puisquโEmma est restรฉe insatisfaite de son mari. Par consรฉquent, elle rรชve dโune relation conjugale meilleure que celle dans laquelle elle sโest engagรฉe.
Lโart
ย ย Cโest une activitรฉ humaine, une pratique abondante composรฉe de diverses branches, qui chacune renvoie ร un domaine particulier. En effet, pour รชtre beaucoup plus explicite, nous pouvons รฉnumรฉrer la littรฉrature, la musique, la danse et le spectacle qui sont les formes dโart que lโon retrouve dans le roman. Dรจs lors, nous constatons que cette pratique artistique a beaucoup enthousiasmรฉ les personnages, qui dโailleurs sโen ont profitรฉ diffรฉremment, ร lโimage de lโauteur lui-mรชme. Si nous nous intรฉressons dโabord ร Flaubert, nous constatons quโil reprรฉsente une figure emblรฉmatique dans lโunivers artistique, et fut depuis sa jeunesse trรจs passionnรฉ par lโart. Il rรชvait de projets littรฉraires extravagants, auxquels il nโa mรชme pas rรฉussis ร combler avant sa mort. Ce qui a fait de lui un homme de lettre, cโest cette inspiration que lui ont inculquรฉ ses lectures dรจs son bas รขge; ainsi quโil est parvenu durant sa majoritรฉ ร crรฉer une ลuvre dโillusion rรฉaliste grรขce ร son pouvoir dโรฉvocation, en recrรฉant avec des moyens artistiques les sensations et les รฉmotions. Dans Madame Bovary, on remarque que la plupart des personnages sont aussi dโune sensualitรฉ รฉtonnante en matiรจre dโart ร lโimage de lโauteur lui-mรชme. Cette sensualitรฉ est basรฉe sur le mode de la nostalgie, qui engendre des effets dโรฉmotion dans la vie de lโindividu. Flaubert a passรฉ sa jeunesse ร la compagnie dโartistes avec qui il se lie dโamitiรฉs; cette situation explique alors une influence rรฉcurrente sur son avenir. A partir de lร , on note une transposition de son affection ร la littรฉrature dans la peinture de la nature de ses personnages. Cโest dans ce cadre que sโinscrit ces mots dโAlain Vaillant qui affirme que: ยซ Flaubert nโinvente donc plus rien, passรฉ cette jeunesse; mais il consacre son temps ร rรฉaliser une ลuvre qui soit ร la fois le ressassement artistique et le tombeau de ses illusions perduesยป. A la faรงon dont lโhomme a toujours conรงu lโart, qui serait un moyen de transposition dโune existence vitale pour lโartiste, Flaubert sโen est servi pour crรฉer un univers par lequel il retrouve des satisfactions pour les besoins de son รชtre intรฉrieur. Cet univers imaginaire quโil se fabrique, reprรฉsente pour lui un lieu de sรฉjour pour son esprit, qui lui dรฉtourne de ce monde rรฉel dans lequel il est contraint par les besoins. Il est parvenu ainsi ร faire par lโรฉcriture ses รฉvasions et ses conquรชtes. Cette opportunitรฉ est par ailleurs la premiรจre selon la vision de tout artiste. Cependant, cette derniรจre nโest pas la seule et unique vocation de lโart ; il se trouve dโautres qui restent encore assez importantes et parfois sโรฉrigent au premier rang. En se basant sur la situation des personnages, nous pouvons noter autant de comportements qui renvoient directement ร des excitations รฉmotionnelles par lโart. Emma Rouault est la premiรจre qui se montre comme une aventuriรจre, trรจs sensible ร la lecture, ร la musique tout comme au spectacle. Elle est รฉmue dรจs son jeune รขge par les livres quโelle lisait au couvent : ยซ Pendant six mois, ร quinze ans, Emma se graissa donc les mains ร cette poussiรจre des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle sโรฉprit de choses historiques, rรชva bahuts, salle des grandes et mรฉnestrels.ยป Cโest ainsi quโelle sโest embellie une vie imaginaire dont elle se croit รชtre capable dโaccรฉder, tout comme ses compagnons de couvent, qui eux aussi sont trรจs dรฉpendantes de la poรฉsie. Emma nโest pas comparable ร lโartiste qui crรฉe son ลuvre ร son propre grรฉ, mais par le degrรฉ dโattirance des ouvrages dont elle sโest inspirรฉe, et qui lui ont poussรฉs ร se comparer aux personnages, naisse une nouvelle nature chez elle, qui prend les allures dโune destinรฉe irrรฉmรฉdiable. En effet, il lui arrive comme par intuition des idรฉes qui lโinfluencent et qui seront ร la limite la cause de ses futurs comportements. Ici, cโest lโillusion entant que premiรจre objectif de lโart qui prend le relai. Emma est de par ses lectures, comme le lecteur idรฉal dont Flaubert se cherche, et qui doit par la belle phrase qui allie la soliditรฉ et la composition, la sensualitรฉ de la sonoritรฉ et la prรฉcision de la pensรฉe, รชtre enlevรฉ et รฉlevรฉ ; dans la mesure oรน elle sโest entiรจrement soumise ร la lecture, et sโen sert comme une science qui lui enseigne un mode de vie. A partir de lโaffection des personnages envers les ลuvres รฉcrites, nous pouvons affirmer que cette thรฉorie flaubertienne du lecteur vis-ร -vis de lโลuvre trouve son explication dans le roman. Ainsi, Emma et Lรฉon approuvent en mรชme temps ce bonheur qui leur vient de la lecture, et Lรฉon affirme que : ยซ [โฆ] ces ouvrages ne touchant pas au cลur, sโรฉcartent, il me semble du vrai but de lโart ยป. En somme, ils รฉprouvent les mรชmes effets, et sont tous deux du mรชme avis sur la vocation de lโart, qui reste ร crรฉer des รฉmotions et ร rรฉveiller des sentiments. Cette vision commune consiste dโailleurs ร trouver ร lโart une fin abstraite qui nโest rien dโautre que lโinspiration des sentiments รฉmotionnels. La sensualitรฉ et une caractรฉristique commune trรจs remarquable de ce public. Mรชme Homais qui se rรฉvรจle comme scientiste en a fait preuve. Il dispose dโune bibliothรจque composรฉe de plusieurs auteurs. En dehors de lโart littรฉraire, qui provoque tant dโaffections, la sociรฉtรฉ est aussi contrainte ร dโautres types dโarts. La music, qui serait homologue ร la poรฉsie par sa douceur et sa capacitรฉ dโexciter, a fait naรฎtre des comportements encore plus rigoureux chez les personnages de lโลuvre. En effet, dโune maniรจre fantastique, les protagonistes se laissent bercer par les mรฉlodies ou les rythmes musicaux, qui donnent une sorte de gaietรฉ รฉtrange qui les entraรฎne et dont ils ne peuvent pas rรฉsister. Toutefois, le thรจme musical a une trรจs grande signification chez Flaubert. Dans la majeure partie de ses ลuvres, il le traite dโune maniรจre particuliรจre et lโaccorde beaucoup dโimportance. Le piano, assez symbolique pour lโimage de la bourgeoisie, est qualifiรฉ dans lโลuvre comme un instrument nรฉcessaire pour lโรฉpanouissement et le bonheur de lโhรฉroรฏne qui sโen attache absolument. Mais par consรฉquent, lโรฉloigne de ses devoirs de femme mariรฉe ; car : ยซ [il] servira ironiquement ร en bafouer la morale ยป, puisque le prรฉtexte de leรงons de piano permettra ร Emma de retrouver Lรฉon ร Rouen. Cette attitude de la sociรฉtรฉ vis-ร -vis de lโart musical est gรฉnรฉrale. Emma et Rodolphe en sont victimes au moment de leur promenade ร cheval. Alors aux sons dโune musique qui leur venait dโassez loin des montagnes, Emma sโest distraite et sโest laissรฉe ร la merci de lโamant qui cherchait ร conquรฉrir son cลur ; ce qui rรฉvรจle un acte de transgression comme lโa expliquรฉ Philippe Dufour pour qui : ยซ Lโunivers de la musique, signifiant sans signifiรฉ et sans rรฉfรฉrent, nous place hors de la sociรฉtรฉ. Le sens nโest plus contrรดlรฉ, rรฉgulรฉ. De fait, la musique se lie chez Flaubert ร lโidรฉe de transgressionยป. Ce mรชme constat est fait sur le public au bal ร la Vaubyessard, tout comme aux spectacles du thรฉรขtre ร Rouen, qui sont aussi de parfaites illustrations ; ce qui donne la preuve dโune sociรฉtรฉ trรจs sensible ร la musique, et dont elle ne peut pas sโabstenir. En outre, on retrouve un public qui danse et qui vibre au moindre coup dโun violon, dโun piano ou mรชme dโune simple reprรฉsentation thรฉรขtrale. Cโest par ailleurs un public charmรฉ par les reprรฉsentations artistiques ; un public pour qui : ยซ Le thรฉรขtre [โฆ] servait ร fonder les prรฉjugรฉs, et, sous le masque du plaisir, enseignait la vertu ยป. Cette activitรฉ thรฉรขtrale, bien que bannie par les coutumes religieuses, est qualifiรฉe par ce public comme une pratique de bon usage, pour une รฉducation morale de lโรชtre humain. Malgrรฉ les critiques de lโecclรฉsiastique Bournisien envers ces manifestations, Homais affirme dโavoir vu des hommes religieux qui sโhabillent en bourgeois pour aller voir gigoter des danseuses. Ce nโest plus seulement la population ordinaire qui est atteinte de cette passion de lโart ; il est ร signalรฉ dรจs lors, cette couche religieuse qui est elle aussi affectรฉe par cette mรชme passion. Cette sociรฉtรฉ cible sโest en gรฉnรฉral beaucoup intรฉressรฉe aux pratiques, tout comme aux reprรฉsentations artistiques. Ainsi, on remarque dโune part des acteurs, comme au thรฉรขtre de Lucie de Lammermoor, mais aussi, des spectateurs comme cette foule รฉnorme au thรฉรขtre de Rouen, qui sont tout ร fait enivrรฉs par leur passion des inventions artistiques. Madame Bovary est certes une ลuvre dans laquelle, lโart est reprรฉsentรฉ comme une activitรฉ essentielle par laquelle lโhomme se trouve des vocations qui lui imprรจgnent une source de vie. Dโailleurs, la population est en รฉtroite relation avec les pratiques artistiques, qui sont en parfaite รฉvolution dans les prรฉoccupations humaines depuis leur invention. Cโest ainsi que lโart est devenu jusquโaujourdโhui une des plus remarquables sources dโinspirations que lโhomme sโapproprie pour lโรฉpanouissement de son รชtre. Par ce fait, on constate que lโart dans ses dimassions, sโaffirme de plus en plus comme une discipline autonome et indispensable ร lโรฉpanouissement de la sociรฉtรฉ. Par consรฉquent, par la platitude de cette conscience humaine, lโart ne manque pas de dresser des bassesses par ses effets ; ร plus forte raison quโil soit en parfaite harmonie avec toutes les natures que la passion rรฉveille chez lโรชtre humain. Nโoublions pas de signaler que lโart et les passions sont dans la mรชme continuitรฉ, car lโart rรฉveille des passions et la passion motive ร la pratique artistique.
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Table des matiรจres
Introduction
Premiรจre partie : Etude thรฉmatique : lโimage de la sociรฉtรฉ
Chapitre I : Une sociรฉtรฉ matรฉrialiste
1- Lโargent
2- Le luxe
Chapitre II : Une sociรฉtรฉ รฉmotionnelle
1- Lโamour
2- Lโart
Deuxiรจme partie : Les causes et les consรฉquences
Chapitre I : Les causes
Aยฐ) Les causes surnaturelles ou prรฉdestination humaine
1- Le destin
2- Le dรฉterminisme
Bยฐ) Les causes naturelles
1- Lโacquis personnel
2- Lโinfluence du milieu
Chapitre II : Les consรฉquences
Aยฐ) Les consรฉquences sociales
1- De lโรฉchec ร la mort
2- Lโinstabilitรฉ sociale
Bยฐ) Les consรฉquences religieuses
1- Le manque de foi
2- La dรฉgradation des valeurs religieuses
Conclusion
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