Expression de la passion dans MADAME BOVARY de GUSTAVE FLAUBERT

Lโ€™argent

ย  ย Madame Bovary est une des ล“uvres modรจles du roman rรฉaliste, la plus remarquable dโ€™ailleurs comme lโ€™รฉtait son auteur, qui lui aussi รฉtait un des รฉcrivains les plus rรฉalistes de son รฉpoque. Ainsi, Flaubert met-il en exergue la sociรฉtรฉ du XIXe siรจcle, et dรฉveloppe en quelque sorte des sujets qui portent sur les mล“urs dโ€™une sociรฉtรฉ qui, comme lโ€™a montrรฉ Jacques Bony, change notablement et : ยซ La nouvelle aventure [โ€ฆ] cโ€™est la conquรชte dโ€™une position sociale, lโ€™initiation ร  un monde qui nโ€™est pas seulement celui des adultes, mais un monde nouveau et inconnu ยป. En effet, une tendance matรฉrialiste se manifeste dans tous les domaines. Ainsi, se trouve-t-il mise en scรจne, un monde matรฉrialiste qui dans son ensemble, se prรฉoccupe ร  la recherche dโ€™un intรฉrรชt financier. Cela sโ€™explique par le dรฉveloppement de lโ€™industrie et lโ€™enrichissement des classes moyennes qui accentuent cette tendance ร  la recherche exclusive des avantages pรฉcuniaires. Dโ€™ailleurs, toutes les particules de la sociรฉtรฉ allant de la bourgeoisie ร  la paysannerie ont une vocation commune : celle de la recherche active de la richesse. Maintenant, cโ€™est le monde matรฉrialiste qui dicte sa loi, et la passion de lโ€™รชtre humain abrite ce domaine. Cela est selon lโ€™idรฉologie de Barthes le signe dโ€™une rรฉalitรฉ, ainsi affirme-t-il que: ยซ [โ€ฆ] lโ€™argent : cโ€™est un indice, il livrait sรปrement un fait, une cause, une nature [โ€ฆ] ยป. Ce qui est une remarque gรฉnรฉrale dans le roman. En partant de lโ€™auteur, bien que nโ€™ayant pas des soucis financiers, car รฉtant ressorti dโ€™une famille aisรฉe, Flaubert marque sa diffรฉrence en prรชtant ร  ses personnages les caractรฉristiques de cette sociรฉtรฉ contemporaine dans laquelle il a vรฉcu. Cette derniรจre est motivรฉe par la recherche du gain ; ce qui fait quโ€™elle se prรฉcipite dans des activitรฉs รฉconomiques qui auront pour elle une fin rentable. En effet, nous constatons tout au dรฉbut de lโ€™ล“uvre des scรจnes qui soulรจvent des questions dโ€™ordre financiรจre, qui continuent tout au long du roman et emplissent les pages du texte. Ainsi, se nouent-elles des relations dโ€™intรฉrรชts matรฉriels entre lโ€™homme et la femme. Cโ€™est lโ€™exemple des dots que fondent toutes les relations de mariages des diffรฉrents couples. Il y a celle du pรจre de Charles qui, aprรจs son mariage, a vรฉcu : ยซ deux ร  trois ans sur la fortune de sa femmeย  ยป, la fille dโ€™un marchand bonnetier ; tout comme cette relation de Charles luimรชme avec : ยซ la veuve dโ€™un huissier de Dieppe, qui avait quarante-cinq ans et douze cents livres de renteย  ยป. Ce qui dรฉjร  explique des relations amoureuses consolidรฉes par une autre dโ€™ordre matรฉriel. Cet attachement considรฉrable ร  la recherche de la fortune pousse mรชme ร  la mรจre de Charles ร  souhaiter la mort de son prochain ; il sโ€™agit du mรฉdecin de Toste dont : ยซ depuis longtemps Madame Bovary guettait sa mort ยป dans une sorte de rivalitรฉ pour lโ€™intรฉrรชt de son fils qui doit lui aussi exercer cette profession de mรฉdecin. Ainsi commencent les rivalitรฉs dans le domaine socio-professionnel. Cela constitue alors la pire hypocrisie que de vouloir la mort ร  quelquโ€™un dans un seul intรฉrรชt de voir rรฉussir son propre fils; cela consiste donc ร  pousser son inhumanisme ร  son dernier degrรฉ. La maman trouve une gรชne dans la vie du mรฉdecin pour la construction financiรจre de son fils. Malgrรฉ les stratรฉgies de la maman, les soucis dโ€™argent continuent ร  faire leurs ravages chez Charles qui se trouve financiรจrement insatisfait. Cette insuffisance รฉconomique explique cet envi immorale de la sociรฉtรฉ ร  la fortune. Alors, nul nโ€™est รฉpargnรฉ selon le rang quโ€™il occupe ou la profession quโ€™il exerce. Voici M. Homais, le pharmacien qui sโ€™implique dans des exercices mรฉdicaux non appropriรฉs pour en gagner quelques recettes, alors quโ€™il a รฉchappรฉ belle ร  la prison ร  cause de ces mรชmes activitรฉs quโ€™il exerรงait clandestinement dans son cabinet particulier. Dรจs lors, aprรจs sโ€™en รชtre sorti une premiรจre fois, il met en place tous les moyens nรฉcessaires pour se couvrir contre tout danger de condamnation pouvant lui arrivรฉ de ses consultations mรฉdicales. Ainsi, dรจs lโ€™arrivรฉe du mรฉdecin Charles ร  Yonville, Homais se prรฉcipite pour dรฉfendre sa cause. Il installe une amitiรฉ considรฉrable entre lui et les รฉpoux Bovary, pour fermer la bouche au mรฉdecin qui lui laisserait tranquillement faire ses travaux clandestins, sans aucun risque de dรฉnonciation. Mais cette stratรฉgie ne constitue pas la seule mise au point par cet homme avare. Pour des intรฉrรชts quโ€™il pourrait rรฉcolter de la cรฉlรฉbritรฉ du mรฉdecin Charles, il lui influence dans une opรฉration du pied-bot de ce garรงon du Lion dโ€™or, Hippolyte qui ferait, prรฉtend-il, la fortune du mรฉdecin par sa cรฉlรฉbritรฉ.

Lโ€™amour

ย  ย Lโ€™amour est un thรจme assez frรฉquent dans la littรฉrature, surtout en cette รฉpoque oรน les รฉcrivains le considรฉraient comme un champ abondant qui fournissait ร  la fiction littรฉraire le maximum dโ€™imagination. Ainsi, selon Jacques Bony, en cette pรฉriode : ยซ Lโ€™amour, en effet, fait partie dโ€™un domaine รฉtranger aux valeurs sociales [โ€ฆ] ยป. Ce qui provoque souvent des transgressions, car les lois qui rรฉgissent les bases de la sociรฉtรฉ opposent des barriรจres trรจs contraignantes aux droits infinis du cล“ur. Malgrรฉ tout, depuis les prรฉdรฉcesseurs de Flaubert, cette vague rรฉalitรฉ aussi abstraite nโ€™a cessรฉ dโ€™alimenter les ล“uvres littรฉraires. Nous pouvons citer des exemples trรจs prรฉcis comme : Tristan et Iseut, qui est lโ€™รฉpopรฉe par excellence de lโ€™adultรจre depuis la pรฉriode Mรฉdiรฉvale, et qui selon Gustave Cohen : ยซ [โ€ฆ] contient comme un coffret prรฉcieux toute lโ€™essence de lโ€™amour humain, sa fatalitรฉ et son abime des dรฉlices et de souffrance ยป. Il y a aussi La princesse de Clรจves , de mรชme quโ€™Andromaqueย  qui renferment toute la gamme des passions, qui datent tous deux de la pรฉriode classique, et traitent des scรจnes dโ€™intrigues amoureuses. En effet, on peut souligner que ce nโ€™est pas le sujet qui fait une innovation, mais il sโ€™agit plutรดt de la faรงon dont il est traitรฉ dans le roman qui rรฉvรจle une nouveautรฉ. Cette forte รฉmotion caractรฉrisant la plus part des hรฉros flaubertiens, reprรฉsente une particularitรฉ du public auquel il sโ€™adresse. Devant cette situation, son motif est donc en particulier de dรฉmasquer les dangers auxquels cette sociรฉtรฉ sโ€™expose, et qui dโ€™ailleurs rรฉsulte dโ€™une รฉducation non appropriรฉe au milieu dans lequel on doit vivre. Dรจs lors, nous pouvons nous concentrer dโ€™abord sur Madame Bovary, personnage รฉponyme du roman, en suite sur son mari Charles, et en fin sur les autres protagonistes qui sont tous victimes dโ€™un amour illรฉgitime. Aspirant vers un monde et une sociรฉtรฉ pour laquelle elle nโ€™รฉtait pas faite, Emma est la principale figure centrale vers laquelle tous les sentiments convergent ; elle est donc le centre de gravitรฉ de toutes les intrigues amoureuses, qui crรฉent des dรฉpendances physiques illusoires. Malheureuse de la condition modeste dans laquelle le sort lui a placรฉ, elle oublie dโ€™abord ses devoirs de mรจre, manque ensuite ร  ses devoirs dโ€™รฉpouse, en introduisant successivement dans sa maison lโ€™adultรจre et la ruine ; elle finit misรฉrablement par le suicide. Pourtant avant dโ€™en arriver lร , elle est passรฉe par tous les degrรฉs de la dรฉgradation la plus complรจte. Cette passion amoureuse comme mouvement contraire ร  la nature, conduit ร  lโ€™รฉgarement liรฉ ร  la crainte et ร  lโ€™abattement que crรฉe la douleur dans le transport violent en direction de biens absents, ou dโ€™un dรฉsir non accompli. La destruction est lโ€™effet fantasmรฉ de la passion ; ce que va vivre Emma sans aucune possibilitรฉ dโ€™apaisement. Ecoutant les raison de son cล“ur, la femme nโ€™a pas รฉchappรฉ aux contraintes de cette passion amoureuse dans laquelle la sociรฉtรฉ sโ€™est laissรฉ enfoncer. Tout a commencรฉ chez Emma ร  partir dโ€™une invitation ร  une cรฉrรฉmonie au chรขteau de la Vaubyessard par le marquis dโ€™Andervilliers. Cette fรชte a rรฉveillรฉ en elle autant de choses passionnelles, comme ce fragment du texte le dรฉmontre : ยซ Son voyage ร  la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, ร  la maniรจre de ces grandes crevasses quโ€™un orage, en une seule nuit, creuse quelques fois dans les montagnes ยป. Maintenant, cโ€™est une question dโ€™histoire sentimentale qui prend naissance ร  partir de sa rencontre avec le Vicomte qui se rรฉvรจle comme un coup de foudre dans la vie dโ€™Emma. Cette nouvelle situation laisse apparaรฎtre les traits dโ€™une faiblesse manifeste chez Emma. Ainsi, est-elle condamnรฉe par ses dรฉsirs et sโ€™engage dans un amour dรฉgradant. Dรจs lors, des attitudes nouvelles sโ€™affichent dans sa vie, et par de lร , se multiplient ses envies de jouissances quโ€™elle a poussรฉs jusquโ€™ร  leur extrรชme ; ce qui lโ€™ont fait accรฉder progressivement ร  lโ€™adultรจre, ร  la souffrance puis ร  la mort misรฉrable. Si on remonte ร  son jeune รขge, on remarque quโ€™Emma a cultivรฉ ces sentiments passionnels en elle-mรชme depuis ses lectures au couvent. Elle sโ€™est inspirรฉe des hรฉros des livres quโ€™elles utilisaient en cachettes lui et ses camarades de couvent. Ainsi, dรจs quโ€™elle a rencontrรฉe Charles au Berteaux pour la premiรจre fois, leur ยซ flamme ยป sโ€™est allumรฉe, et ils sโ€™aiment dโ€™une maniรจre rรฉciproque. Cependant, par vice ou par mal chance, cet amour nโ€™a pas demeurรฉ assez longtemps, puisquโ€™Emma est restรฉe insatisfaite de son mari. Par consรฉquent, elle rรชve dโ€™une relation conjugale meilleure que celle dans laquelle elle sโ€™est engagรฉe.

Lโ€™art

ย  ย Cโ€™est une activitรฉ humaine, une pratique abondante composรฉe de diverses branches, qui chacune renvoie ร  un domaine particulier. En effet, pour รชtre beaucoup plus explicite, nous pouvons รฉnumรฉrer la littรฉrature, la musique, la danse et le spectacle qui sont les formes dโ€™art que lโ€™on retrouve dans le roman. Dรจs lors, nous constatons que cette pratique artistique a beaucoup enthousiasmรฉ les personnages, qui dโ€™ailleurs sโ€™en ont profitรฉ diffรฉremment, ร  lโ€™image de lโ€™auteur lui-mรชme. Si nous nous intรฉressons dโ€™abord ร  Flaubert, nous constatons quโ€™il reprรฉsente une figure emblรฉmatique dans lโ€™univers artistique, et fut depuis sa jeunesse trรจs passionnรฉ par lโ€™art. Il rรชvait de projets littรฉraires extravagants, auxquels il nโ€™a mรชme pas rรฉussis ร  combler avant sa mort. Ce qui a fait de lui un homme de lettre, cโ€™est cette inspiration que lui ont inculquรฉ ses lectures dรจs son bas รขge; ainsi quโ€™il est parvenu durant sa majoritรฉ ร  crรฉer une ล“uvre dโ€™illusion rรฉaliste grรขce ร  son pouvoir dโ€™รฉvocation, en recrรฉant avec des moyens artistiques les sensations et les รฉmotions. Dans Madame Bovary, on remarque que la plupart des personnages sont aussi dโ€™une sensualitรฉ รฉtonnante en matiรจre dโ€™art ร  lโ€™image de lโ€™auteur lui-mรชme. Cette sensualitรฉ est basรฉe sur le mode de la nostalgie, qui engendre des effets dโ€™รฉmotion dans la vie de lโ€™individu. Flaubert a passรฉ sa jeunesse ร  la compagnie dโ€™artistes avec qui il se lie dโ€™amitiรฉs; cette situation explique alors une influence rรฉcurrente sur son avenir. A partir de lร , on note une transposition de son affection ร  la littรฉrature dans la peinture de la nature de ses personnages. Cโ€™est dans ce cadre que sโ€™inscrit ces mots dโ€™Alain Vaillant qui affirme que: ยซ Flaubert nโ€™invente donc plus rien, passรฉ cette jeunesse; mais il consacre son temps ร  rรฉaliser une ล“uvre qui soit ร  la fois le ressassement artistique et le tombeau de ses illusions perduesยป. A la faรงon dont lโ€™homme a toujours conรงu lโ€™art, qui serait un moyen de transposition dโ€™une existence vitale pour lโ€™artiste, Flaubert sโ€™en est servi pour crรฉer un univers par lequel il retrouve des satisfactions pour les besoins de son รชtre intรฉrieur. Cet univers imaginaire quโ€™il se fabrique, reprรฉsente pour lui un lieu de sรฉjour pour son esprit, qui lui dรฉtourne de ce monde rรฉel dans lequel il est contraint par les besoins. Il est parvenu ainsi ร  faire par lโ€™รฉcriture ses รฉvasions et ses conquรชtes. Cette opportunitรฉ est par ailleurs la premiรจre selon la vision de tout artiste. Cependant, cette derniรจre nโ€™est pas la seule et unique vocation de lโ€™art ; il se trouve dโ€™autres qui restent encore assez importantes et parfois sโ€™รฉrigent au premier rang. En se basant sur la situation des personnages, nous pouvons noter autant de comportements qui renvoient directement ร  des excitations รฉmotionnelles par lโ€™art. Emma Rouault est la premiรจre qui se montre comme une aventuriรจre, trรจs sensible ร  la lecture, ร  la musique tout comme au spectacle. Elle est รฉmue dรจs son jeune รขge par les livres quโ€™elle lisait au couvent : ยซ Pendant six mois, ร  quinze ans, Emma se graissa donc les mains ร  cette poussiรจre des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle sโ€™รฉprit de choses historiques, rรชva bahuts, salle des grandes et mรฉnestrels.ยป Cโ€™est ainsi quโ€™elle sโ€™est embellie une vie imaginaire dont elle se croit รชtre capable dโ€™accรฉder, tout comme ses compagnons de couvent, qui eux aussi sont trรจs dรฉpendantes de la poรฉsie. Emma nโ€™est pas comparable ร  lโ€™artiste qui crรฉe son ล“uvre ร  son propre grรฉ, mais par le degrรฉ dโ€™attirance des ouvrages dont elle sโ€™est inspirรฉe, et qui lui ont poussรฉs ร  se comparer aux personnages, naisse une nouvelle nature chez elle, qui prend les allures dโ€™une destinรฉe irrรฉmรฉdiable. En effet, il lui arrive comme par intuition des idรฉes qui lโ€™influencent et qui seront ร  la limite la cause de ses futurs comportements. Ici, cโ€™est lโ€™illusion entant que premiรจre objectif de lโ€™art qui prend le relai. Emma est de par ses lectures, comme le lecteur idรฉal dont Flaubert se cherche, et qui doit par la belle phrase qui allie la soliditรฉ et la composition, la sensualitรฉ de la sonoritรฉ et la prรฉcision de la pensรฉe, รชtre enlevรฉ et รฉlevรฉ ; dans la mesure oรน elle sโ€™est entiรจrement soumise ร  la lecture, et sโ€™en sert comme une science qui lui enseigne un mode de vie. A partir de lโ€™affection des personnages envers les ล“uvres รฉcrites, nous pouvons affirmer que cette thรฉorie flaubertienne du lecteur vis-ร -vis de lโ€™ล“uvre trouve son explication dans le roman. Ainsi, Emma et Lรฉon approuvent en mรชme temps ce bonheur qui leur vient de la lecture, et Lรฉon affirme que : ยซ [โ€ฆ] ces ouvrages ne touchant pas au cล“ur, sโ€™รฉcartent, il me semble du vrai but de lโ€™art ยป. En somme, ils รฉprouvent les mรชmes effets, et sont tous deux du mรชme avis sur la vocation de lโ€™art, qui reste ร  crรฉer des รฉmotions et ร  rรฉveiller des sentiments. Cette vision commune consiste dโ€™ailleurs ร  trouver ร  lโ€™art une fin abstraite qui nโ€™est rien dโ€™autre que lโ€™inspiration des sentiments รฉmotionnels. La sensualitรฉ et une caractรฉristique commune trรจs remarquable de ce public. Mรชme Homais qui se rรฉvรจle comme scientiste en a fait preuve. Il dispose dโ€™une bibliothรจque composรฉe de plusieurs auteurs. En dehors de lโ€™art littรฉraire, qui provoque tant dโ€™affections, la sociรฉtรฉ est aussi contrainte ร  dโ€™autres types dโ€™arts. La music, qui serait homologue ร  la poรฉsie par sa douceur et sa capacitรฉ dโ€™exciter, a fait naรฎtre des comportements encore plus rigoureux chez les personnages de lโ€™ล“uvre. En effet, dโ€™une maniรจre fantastique, les protagonistes se laissent bercer par les mรฉlodies ou les rythmes musicaux, qui donnent une sorte de gaietรฉ รฉtrange qui les entraรฎne et dont ils ne peuvent pas rรฉsister. Toutefois, le thรจme musical a une trรจs grande signification chez Flaubert. Dans la majeure partie de ses ล“uvres, il le traite dโ€™une maniรจre particuliรจre et lโ€™accorde beaucoup dโ€™importance. Le piano, assez symbolique pour lโ€™image de la bourgeoisie, est qualifiรฉ dans lโ€™ล“uvre comme un instrument nรฉcessaire pour lโ€™รฉpanouissement et le bonheur de lโ€™hรฉroรฏne qui sโ€™en attache absolument. Mais par consรฉquent, lโ€™รฉloigne de ses devoirs de femme mariรฉe ; car : ยซ [il] servira ironiquement ร  en bafouer la morale ยป, puisque le prรฉtexte de leรงons de piano permettra ร  Emma de retrouver Lรฉon ร  Rouen. Cette attitude de la sociรฉtรฉ vis-ร -vis de lโ€™art musical est gรฉnรฉrale. Emma et Rodolphe en sont victimes au moment de leur promenade ร  cheval. Alors aux sons dโ€™une musique qui leur venait dโ€™assez loin des montagnes, Emma sโ€™est distraite et sโ€™est laissรฉe ร  la merci de lโ€™amant qui cherchait ร  conquรฉrir son cล“ur ; ce qui rรฉvรจle un acte de transgression comme lโ€™a expliquรฉ Philippe Dufour pour qui : ยซ Lโ€™univers de la musique, signifiant sans signifiรฉ et sans rรฉfรฉrent, nous place hors de la sociรฉtรฉ. Le sens nโ€™est plus contrรดlรฉ, rรฉgulรฉ. De fait, la musique se lie chez Flaubert ร  lโ€™idรฉe de transgressionยป. Ce mรชme constat est fait sur le public au bal ร  la Vaubyessard, tout comme aux spectacles du thรฉรขtre ร  Rouen, qui sont aussi de parfaites illustrations ; ce qui donne la preuve dโ€™une sociรฉtรฉ trรจs sensible ร  la musique, et dont elle ne peut pas sโ€™abstenir. En outre, on retrouve un public qui danse et qui vibre au moindre coup dโ€™un violon, dโ€™un piano ou mรชme dโ€™une simple reprรฉsentation thรฉรขtrale. Cโ€™est par ailleurs un public charmรฉ par les reprรฉsentations artistiques ; un public pour qui : ยซ Le thรฉรขtre [โ€ฆ] servait ร  fonder les prรฉjugรฉs, et, sous le masque du plaisir, enseignait la vertu ยป. Cette activitรฉ thรฉรขtrale, bien que bannie par les coutumes religieuses, est qualifiรฉe par ce public comme une pratique de bon usage, pour une รฉducation morale de lโ€™รชtre humain. Malgrรฉ les critiques de lโ€™ecclรฉsiastique Bournisien envers ces manifestations, Homais affirme dโ€™avoir vu des hommes religieux qui sโ€™habillent en bourgeois pour aller voir gigoter des danseuses. Ce nโ€™est plus seulement la population ordinaire qui est atteinte de cette passion de lโ€™art ; il est ร  signalรฉ dรจs lors, cette couche religieuse qui est elle aussi affectรฉe par cette mรชme passion. Cette sociรฉtรฉ cible sโ€™est en gรฉnรฉral beaucoup intรฉressรฉe aux pratiques, tout comme aux reprรฉsentations artistiques. Ainsi, on remarque dโ€™une part des acteurs, comme au thรฉรขtre de Lucie de Lammermoor, mais aussi, des spectateurs comme cette foule รฉnorme au thรฉรขtre de Rouen, qui sont tout ร  fait enivrรฉs par leur passion des inventions artistiques. Madame Bovary est certes une ล“uvre dans laquelle, lโ€™art est reprรฉsentรฉ comme une activitรฉ essentielle par laquelle lโ€™homme se trouve des vocations qui lui imprรจgnent une source de vie. Dโ€™ailleurs, la population est en รฉtroite relation avec les pratiques artistiques, qui sont en parfaite รฉvolution dans les prรฉoccupations humaines depuis leur invention. Cโ€™est ainsi que lโ€™art est devenu jusquโ€™aujourdโ€™hui une des plus remarquables sources dโ€™inspirations que lโ€™homme sโ€™approprie pour lโ€™รฉpanouissement de son รชtre. Par ce fait, on constate que lโ€™art dans ses dimassions, sโ€™affirme de plus en plus comme une discipline autonome et indispensable ร  lโ€™รฉpanouissement de la sociรฉtรฉ. Par consรฉquent, par la platitude de cette conscience humaine, lโ€™art ne manque pas de dresser des bassesses par ses effets ; ร  plus forte raison quโ€™il soit en parfaite harmonie avec toutes les natures que la passion rรฉveille chez lโ€™รชtre humain. Nโ€™oublions pas de signaler que lโ€™art et les passions sont dans la mรชme continuitรฉ, car lโ€™art rรฉveille des passions et la passion motive ร  la pratique artistique.

Le rapport de stage ou le pfe est un document dโ€™analyse, de synthรจse et dโ€™รฉvaluation de votre apprentissage, cโ€™est pour cela chatpfe.com propose le tรฉlรฉchargement des modรจles complet de projet de fin dโ€™รฉtude, rapport de stage, mรฉmoire, pfe, thรจse, pour connaรฎtre la mรฉthodologie ร  avoir et savoir comment construire les parties dโ€™un projet de fin dโ€™รฉtude.

Table des matiรจres

Introduction
Premiรจre partie : Etude thรฉmatique : lโ€™image de la sociรฉtรฉ
Chapitre I : Une sociรฉtรฉ matรฉrialiste
1- Lโ€™argent
2- Le luxe
Chapitre II : Une sociรฉtรฉ รฉmotionnelle
1- Lโ€™amour
2- Lโ€™art
Deuxiรจme partie : Les causes et les consรฉquences
Chapitre I : Les causes
Aยฐ) Les causes surnaturelles ou prรฉdestination humaine
1- Le destin
2- Le dรฉterminisme
Bยฐ) Les causes naturelles
1- Lโ€™acquis personnel
2- Lโ€™influence du milieu
Chapitre II : Les consรฉquences
Aยฐ) Les consรฉquences sociales
1- De lโ€™รฉchec ร  la mort
2- Lโ€™instabilitรฉ sociale
Bยฐ) Les consรฉquences religieuses
1- Le manque de foi
2- La dรฉgradation des valeurs religieuses
Conclusion

Tรฉlรฉcharger le rapport complet

Tรฉlรฉcharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiรฉe. Les champs obligatoires sont indiquรฉs avec *