Exposition à la violence interparentale

Exposition à la violence interparentale

Attitudes d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses

Si l’exposition à la violence interparentale semble liée au vécu de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence, cela pourrait être en partie attribuable au développement d’attitudes d’acceptation de la violence survenant dans les relations amoureuses. En effet, la présence d’attitudes favorables à un comportement, quel qu’il soit, est liée à l’occurrence de celui-ci (Kraus, 1995). Plus précisément, la relation entre l’attitude d’une personne envers un comportement et l’exercice du comportement lui-même sera plus forte selon le nombre d’expériences directes vécues par la personne en lien avec l’attitude, son degré de certitude envers le comportement ou concept mesuré par l’attitude, ainsi que la précision de la définition de l’attitude mesurée (Fazio & Zanna, 1978). Ajzen et Fishben (Ajzen, 1991; Fishbein & Ajzen, 2010) ont d’ailleurs inclus une composante d’attitude à leur théorie du comportement planifié, soulignant l’importance de ce facteur dans le choix de la mise en place d’un comportement. Ainsi, la présence d’attitudes d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses serait liée au vécu de ces comportements de violence survenant dans le couple. D’ailleurs, le changement d’attitude est une composante intégrante de plusieurs programmes de prévention de la violence dans les relations amoureuses (Foshee et al., 1998; Lavoie, Boivin, Trotta, & Perron, 2011). Une évaluation du programme de Foshee et al. (1998) a exposé que le changement d’attitude menait à la diminution du vécu de violence chez les adolescents. Ainsi, une attitude d’acceptation envers la violence semble liée à la victimisation et à la perpétration de violence, et ce, de différentes façons. Les attitudes d’acceptation de la violence peuvent provenir de normes culturelles, de violence vécue dans une relation amoureuse actuelle ou antérieure ou d’expériences remontant à l’enfance (Bartholomew & Cobb, 2010). Il est possible de postuler que l’exposition à la violence interparentale pourrait mener au développement d’attitudes d’acception qui auraient un rôle sur le vécu de violence dans les relations amoureuses, ce qui consisterait en un effet indirect de la violence interparentale. Les attitudes d’acceptation de la violence pourraient également avoir un effet direct sur la victimisation et perpétration de ce type de violence.
Le lien entre les attitudes d’acceptation de la violence, l’exposition à la violence interparentale et le vécu de violence. En lien avec la théorie de l’apprentissage social de Bandura, la présence d’attitudes d’acceptation de la violence pourrait avoir un impact sur la relation entre l’exposition à la violence interparentale et le vécu de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence. Effectivement, la perpétration (Clarey, Hokoda, & Ulloa, 2010; Foshee et al., 1999; Gage, 2016; Kinsfogel & Grych, 2004; Lichter & McCloskey, 2004; Temple, Shorey, Tortolero, Wolfe, & Stuart, 2013) et la victimisation (Malik et al., 1997) de violence dans les relations amoureuses ont été documentées comme étant liées à l’exposition à la violence interparentale ainsi qu’à la présence d’attitudes d’acceptation de la violence. Par contre, quelques études n’ont pas trouvé ce lien entre l’exposition à la violence pendant l’enfance, les attitudes, la perpétration (Brendgen, Vitaro, Tremblay, & Wanner, 2002) et la victimisation (Lichter & McCloskey, 2004) de violence à l’adolescence. Cela suggère la présence d’autres variables qui modèreraient la relation entre ces variables.
Le lien entre l’exposition à la violence interparentale, les attitudes d’acceptation de la violence et le vécu de violence à l’adolescence semble entre autres varier en fonction du genre de l’adolescent. En effet, des études ont montré que l’exposition à la violence interparentale était liée à la présence d’attitudes d’acceptation de la violence chez les garçons seulement, et que ces attitudes menaient à la perpétration de violence dans les relations amoureuses (Kinsfogel & Grych, 2004; Wolfe et al., 2004). Plus précisément, une étude transversale menée auprès de 391 adolescents de 14 à 18 ans avait trouvé cette relation significative pour les garçons uniquement, puisque, chez les filles, la violence interparentale n’était pas liée à leur perpétration de violence ni à leurs attitudes (Kinsfogel & Grych, 2004). Par contre, une étude transversale comprenant 345 étudiants universitaires en est venue à la conclusion que le lien entre la violence interparentale, les attitudes et la perpétration de violence n’était significatif que chez les filles (Riggs & O’Leary, 1996). Les divergences au niveau du genre pourraient être attribuables aux différentes méthodes de mesure des variables, ou encore à la présence d’autres variables ayant un effet modérateur ou médiateur sur cette relation.
Lien direct entre les attitudes d’acceptation de la violence et le vécu de violence. Les attitudes pourraient avoir un effet sur la relation entre l’exposition à la violence interparentale et un vécu de violence. Cependant, l’acceptation de la violence dans les relations amoureuses semble également être liée à la victimisation et la perpétration de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence, et ce, sans égard aux expériences d’exposition à la violence interparentale. Plusieurs études indiquent que le fait d’avoir des attitudes d’acceptation de la violence est directement lié à la perpétration de violence physique chez les adolescents (Foshee et al., 2001; McDonell, Ott, & Mitchell, 2010; Mueller, Jouriles, McDonald, & Rosenfield, 2013; Morris, Mrug, & Windle, 2015; Reeves & Orpinas, 2012; Simon, Miller, Gorman-Smith, Orpinas, & Sullivan, 2010; Williams et al., 2008; Windle & Mrug, 2009) et les jeunes adultes (Dardis, Kelley, Edwards, & Gidycz, 2013; Riggs & O’Leary, 1996). Une étude prospective d’un an, menée auprès de 1,965 adolescents américains, permettant de mieux cerner la direction de la causalité, a conclu que pour les garçons seulement, la présence d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses prédisait la perpétration de violence physique, excluant la violence utilisée pour se défendre (Foshee et al., 2001). Dans cette étude, les questionnaires des adolescents ayant déjà infligé des gestes de violence physique avaient été exclus au premier temps de mesure pour voir la direction de la relation entre les attitudes et la perpétration.
Il semble donc que si le lien entre les attitudes et la perpétration de violence est appuyé par plusieurs études, cette relation ne soit pas la même selon le genre des adolescents. Des études chez les adolescents suggèrent que la relation entre la violence infligée dans le cadre de relations amoureuses et la présence d’attitudes d’acceptation ne serait significative que pour les garçons. En effet, l’ampleur des tailles d’effet rapportées pour cette relation était différente selon le genre, les coefficients rapportés n’étant pas significatifs chez les filles (Foshee et al., 2001; Windle & Mrug, 2009).
L’étude de Foshee et al. (2001) a rapporté des bêtas pour les filles de .39 (n.s.) et de .65 (p < .05) chez les garçons, alors que l’étude de Windle et Mrug (2009) montrait des coefficients standardisés de .10 (n.s.) pour les filles et de .22 (p < .05) pour les garçons. Par contre, d’autres études ont trouvé que les attitudes seraient liées à la perpétration de violence chez les deux genres (Dardis et al., 2013; McDonell et al., 2010; Mueller et al., 2013; Riggs & O’Leary, 1996; Simon et al., 2010; Williams et al., 2008). Cependant, quelques-unes de ces études ont été effectuées chez des étudiants universitaires (Dardis et al., 2013; Riggs & O’Leary, 1996) ou chez des populations à risque, par exemple auprès de jeunes inscrits dans le système judiciaire ou provenant de familles à faibles revenus (Mueller et al., 2013; McDonell et al., 2010). Il semble donc que les attitudes d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses ne seraient pas liées à la perpétration de violence des adolescents et des adolescentes de la même façon.
Les attitudes d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence seraient également associées à la victimisation dans les cas de violence physique (Foshee et al., 2004; McDonell et al., 2010; Reeves & Orpinas,2012; Simon et al., 2010; Torres et al., 2012; Windle & Mrug, 2009) dans le cadre d’une relation. Par exemple, l’étude de type transversal de McDonell et al. (2010) menée auprès de 351 adolescents a indiqué que l’acceptation d’attitudes envers la violence en général était liée au fait d’être victime de violence physique dans les relations amoureuses chez les filles et les garçons. Cependant, l’acceptation de l’énoncé précis que « la violence n’est jamais justifiée » était liée à un plus faible risque de victimisation chez les garçons uniquement (McDonell et al., 2010).
Comme pour la perpétration, il existe des différences de genre au niveau de l’effet des attitudes d’acceptation de la violence sur la victimisation de violence dans les relations amoureuses. Des études réalisées auprès d’adolescents (Foshee et al., 2004; Reeves & Orpinas, 2012) et d’étudiants universitaires (Torres et al., 2012) ont révélé que les attitudes d’acceptation de la violence était liées uniquement à la victimisation des garçons. Cependant, d’autres études ont indiqué qu’être victime de violence serait lié tant aux attitudes des adolescents qu’à celles des adolescentes (McDonell et al., 2010; Simon et al., 2010). Effectivement, l’étude de type transversal de Simon et al. (2010) réalisée auprès de 5,404 élèves ayant déjà eu ou non un partenaire amoureux en est venue à la conclusion que la présence d’attitudes favorables à la violence était liée à la victimisation par violence physique chez les adolescents, et ce, peu importe le genre.
En synthèse il est possible de souligner que premièrement, la perpétration de la violence et la victimisation dans les relations amoureuses seraient liées à la présence d’attitudes d’acceptation de ce type de violence dans les relations amoureuses. Une deuxième observation est que la relation entre les attitudes et le vécu de violence semble également différer selon le genre, puisque certaines études ont trouvé que les attitudes auraient un impact uniquement sur la perpétration et la victimisation des garçons. Il semble donc indiqué de continuer d’explorer l’effet du genre sur cette relation, puisque les résultats présents dans la littérature sont contradictoires. De plus, s’il existe réellement des différences de genre au niveau du rôle des attitudes sur le vécu de violence, cela pourrait éventuellement teinter les interventions en matière de prévention. L’effet du genre pourrait jouer selon un autre processus.
Différence entre l’acceptation de la violence infligée par les filles et celle infligée par les garçons envers leur partenaire. Plus récemment, des études se sont penchées sur les attitudes d’acceptation de la violence en fonction du genre de la personne qui inflige la violence dans les items d’attitudes. Il appert que la violence physique infligée par les filles envers les garçons est plus acceptée chez les deux genres que la violence des garçons envers les filles (Reeves & Orpinas, 2012; Robertson & Murachver, 2009; Simon et al., 2010). Cela serait en partie dû au fait que les filles sont moins fortes physiquement et qu’ainsi, les actes violents qu’elles posent sont perçus comme moins graves ou comme causant moins de blessures (Reeves & Orpinas, 2012; Robertson & Murachver, 2009). La norme sociale voulant que « les garçons ne doivent pas frapper les filles » a également été mentionnée comme raison pour rejeter la violence des garçons envers les filles (Reeves & Orpinas, 2012). L’étude de Robertson et Murachver (2009), effectuée auprès de 162 participants comprenant des étudiants universitaires, des adultes tirés de la population générale et des adultes provenant du milieu carcéral, a mesuré les attitudes par rapport à la violence dans les relations amoureuses à l’aide d’entrevues semi-structurées. Selon cette étude, la violence exercée par les femmes est plus acceptée par l’ensemble des participants que celle des hommes envers les femmes. Plus précisément, la violence infligée par les hommes était fréquemment décrite comme étant « dégoûtante et repoussante », alors que les participants étaient significativement plus nombreux à rire lorsque l’intervieweur les questionnait sur la violence exercée par les femmes contre les hommes (Robertson & Murachver, 2009). Dans l’étude de Reeves et Orpinas (2012) plusieurs adolescents avaient qualifié la violence des filles envers les garçons comme étant plutôt « pour rire » ou pour « jouer », comparativement à la violence des garçons qui était considérée comme plus blessante et ayant pour but la soumission de l’autre.
Comme la violence infligée par les filles et les garçons n’est pas acceptée de la même façon, il semble pertinent, pour bien mesurer les attitudes d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses, de regarder séparément l’effet du genre de son auteur. L’étude de Robertson et Murachver (2009) a mis en évidence que seulement l’acceptation d’attitudes de la violence des garçons envers les filles était liée à la victimisation et à la perpétration de violence dans les relations amoureuses. Il serait possible de croire qu’étant donné que la violence des garçons envers les filles est moins acceptée en général, le fait de la tolérer serait lié à des comportements plus problématiques, tels que le vécu de violence. L’étude d’O’Keefe et Treister (1998) indique que chez les adolescentes seulement, l’acceptation de la violence infligée par les garçons envers leur partenaire était liée à la victimisation de ce type de violence. Le fait d’entretenir des attitudes d’acceptation de la violence infligée par les filles n’était pas lié à la victimisation des garçons ni des filles (O’Keefe & Treister, 1998).
Cependant, les conclusions de plusieurs études n’appuient pas cette hypothèse, puisqu’elles ont trouvé que l’acceptation de la violence infligée par les filles était également liée au vécu de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence. Effectivement, une étude menée auprès de 4,131 étudiants d’une communauté à risque a établi que l’acceptation de la violence physique des filles envers les garçons était liée la perpétration chez les filles et à la victimisation chez les deux genres (Ali, Swahn, & Hamburger, 2011). La présence d’attitudes d’acceptation de la violence physique infligée par les garçons est associée à la victimisation et à la perpétration des garçons uniquement (Ali et al., 2011). Reeves et Orpinas (2012) se sont également penchés sur les différences entre l’acceptation de la violence infligée par les filles et les garçons en administrant des questionnaires et en réalisant des entrevues de groupe. Ils en sont venus à des conclusions semblables à celles d’Ali et al. (2011). En effet, l’appui de la violence des garçons envers leur partenaire était lié à la victimisation et à la perpétration de violence physique des garçons seulement. Une perception favorable de la violence infligée par les filles envers les garçons était également liée à la perpétration et à la victimisation des garçons et était faiblement liée à la perpétration de violence physique des filles (Reeves & Orpinas, 2012).
La différence entre le fait d’accepter la violence infligée par les garçons ou par les filles pourrait jouer un rôle différent dans la perpétration et victimisation des divers types de violence. Par exemple, Josephson et Proulx (2008) ont montré que la présence d’attitudes d’acceptation de la violence infligée par les garçons est liée à la perpétration de violence psychologique chez les adolescents et les adolescentes, alors que l’acceptation de la violence commise par les filles est associée à la perpétration de violence physique chez les deux genres.
Les résultats sont donc équivoques en ce qui concerne les différences entre l’effet des attitudes d’acceptation de la violence exercée par les filles ou les garçons et le vécu de violence dans les relations amoureuses. Ces divergences pourraient être en partie expliquées par des différences dans la population étudiée. Par exemple, une étude avait comme participants des adolescents provenant d’une communauté à risque (Ali et al., 2011) et une autre comprenait des étudiants universitaires (Robertson & Murachver, 2009). De plus, les outils utilisés pour mesurer la perpétration, la victimisation et les attitudes d’acceptation de la violence variaient d’une étude à l’autre. La définition de relation amoureuse différait également selon les études, certaines incluant seulement les participants ayant eu au moins un rendez-vous (Ali et al., 2001; O’Keefe & Treister, 1998; Reeves & Orpinas, 2012), d’autres incluant également des participants n’ayant jamais eu de relations ou de rendez-vous amoureux (Josephson & Proulx, 2008). Il existe également peu d’études prospectives et longitudinales s’étant penchées sur la relation entre les attitudes et la violence dans les relations amoureuses. Ceci limite la connaissance de la direction de la relation entre ces deux variables, à savoir si ce sont les attitudes d’acceptation qui mènent à la violence ou s’il s’agit plutôt d’un vécu de violence qui mène au développement d’attitudes d’acceptation de la violence. Les différences relevées dans la littérature soulignent ainsi l’importance de continuer d’investiguer la relation entre le vécu de violence dans les relations amoureuses des adolescents et des adolescentes et les attitudes d’acceptation spécifiques à la violence infligée par les garçons ou les filles. Il semble également pertinent de regarder ce modèle de manière distincte pour les garçons et pour les filles, puisque plusieurs études ont relevé des différences de genre pour chacune des variables précédentes.

Auto-efficacité et confiance interpersonnelle pour composer avec la violence dans les relations amoureuses

Les programmes de prévention tentent de modifier certains comportements et croyances afin de diminuer la violence dans les relations amoureuses. Tel que mentionné précédemment, le changement d’attitudes d’acceptation de la violence est un objectif de certains programmes de prévention (Foshee et al., 1998). Une autre composante présente en prévention de la violence dans les relations amoureuses est le sentiment d’auto-efficacité de la gestion de la violence dans les relations amoureuses (Banyard, Moynihan, & Crossman, 2009; Banyard, Moynihan, & Plante, 2007; Cameron et al., 2007). Effectivement, ces programmes visent à diminuer le vécu de violence en augmentant le sentiment de compétence des adolescents à gérer la violence dans leurs relations amoureuses, à se confier et demander de l’aide à une personne de confiance s’ils en vivent et à agir lorsqu’ils sont témoins de ce type de violence chez leurs pairs. En prévention de l’agression sexuelle, les programmes s’adressant aux témoins de violence tablent également sur leur capacité à soutenir la victime ou l’agresseur.Le sentiment d’auto-efficacité est l’évaluation de sa propre efficacité à effectuer une tâche ou à surmonter un obstacle (Bandura, 1977). Il ne s’agit donc pas d’une évaluation objective de sa performance, mais bien de la mesure en laquelle quelqu’un se sent capable d’effectuer une action ou tâche spécifique. Le concept d’auto-efficacité peut ainsi s’appliquer à des domaines variés (Bandura, 1977; Bandura, Caprara, Barbaranelli, Gerbino, & Pastorelli, 2003). Selon la théorie d’auto-efficacité de Bandura (1977), plus le sentiment d’auto-efficacité est élevé, plus il y aura d’efforts actifs de la part d’une personne pour réaliser une tâche et plus la personne sera persévérante devant les obstacles. L’auto-efficacité joue donc un rôle important sur la perception qu’a une personne sur son pouvoir d’agir et sa capacité à se mettre en action (Bandura, 2001). Si une personne ne se croit pas capable d’effectuer un comportement précis ou de produire les résultats souhaités, elle ne va pas essayer ou va abandonner plus rapidement (Bandura, 1977).Le concept d’auto-efficacité s’applique à différents concepts ou compétences, pouvant aller de l’apprentissage et des performances académiques à la promotion de saines habitudes de vie (Bandura, 1986; Graham, 2011). Par exemple, une étude prospective de Walsh et Foshee (1998) s’est penchée sur le lien entre le sentiment d’auto-efficacité et la violence sexuelle. Ainsi, se sentir compétent pour adopter des comportements pouvant minimiser le risque d’être victime de violence sexuelle était effectivement lié à une diminution du risque de vivre une agression sexuelle (Walsh & Foshee, 1998). Le sentiment d’auto-efficacité était ainsi un facteur protecteur de la victimisation de violence sexuelle.Ainsi, si le concept d’auto-efficacité a le plus souvent été étudié dans le cas d’interventions auprès de témoins de violence physique dans les relations amoureuses (Van Camp, Hébert, Guidi, Lavoie, & Blais, 2014), il est néanmoins possible qu’il puisse être utile pour les personnes impliquées dans ce type violence. L’auto-efficacité pourrait être influencée négativement par l’exposition à la violence interparentale et pourrait être liée au vécu de victimisation et de perpétration de violence physique dans les relations amoureuses.
D’abord, selon la conceptualisation de l’auto-efficacité, l’exposition à la violence dans l’enfance pourrait freiner le développement du sentiment d’auto-efficacité face à la violence dans les relations amoureuses. En effet, selon Bandura, le sentiment d’auto-efficacité proviendrait de la maîtrise personnelle (expériences de succès et d’échecs vécus), de l’apprentissage social (apprentissage vicariant), de la persuasion par autrui (encouragements ou découragements provenant des autres) et de l’état physiologique (e.g., indices corporels de stress pouvant influencer la sensation de contrôle et de compétences) (Bandura, 1997). Ainsi, à travers l’apprentissage social, l’enfant ayant vu l’un de ses parents victime de violence pourrait intérioriser l’idée qu’il y a peu de solutions pour « gérer » ou faire cesser la violence. De plus, au niveau de la maîtrise personnelle, un enfant témoin de violence interparentale n’ayant pas pu aider le parent « victime », pourrait en venir à développer un sentiment d’impuissance par rapport à la violence et l’impression qu’il ne peut agir face à ce type de situation. En effet, l’exposition à des actes violents entre ses parents peut mener à l’anxiété, à la dépression et à un sentiment d’impuissance chez l’enfant (Fosco et al., 2007). De plus, l’un des parents, victime ou agresseur, aurait pu décourager l’enfant d’agir afin d’assurer sa sécurité.
L’étude de Wolfe, Wekerle, Reitzel-Jaffe et Lefebvre (1998) a conclu que les jeunes ayant vécu de la maltraitance, incluant l’exposition à la violence interparentale, rapportaient un plus faible sentiment d’auto-efficacité pour composer avec les situations sociales problématiques, dont les relations amoureuses, que les adolescents n’ayant pas vécu de forme de maltraitance à l’enfance. Un plus grand sentiment d’auto-efficacité envers sa propre capacité à confier à une personne de confiance la violence vécue dans le cadre de relations amoureuses pourrait diminuer les risques de vivre ce type de violence. Un adolescent se sentant apte à demander de l’aide en allant chercher les ressources nécessaires pourrait être davantage prêt à s’affirmer et à parler de ses difficultés, en plus de reconnaitre que ce type de violence est grave. Ainsi, il pourrait être moins susceptible de demeurer dans une situation violente et il serait plus à même de mieux gérer ses émotions et éviter de tolérer ou d’en venir à poser des gestes agressifs dans les relations. Effectivement, il appert que les adolescents ayant déjà infligé de la violence physique ou sexuelle envers leurs partenaires se disent moins confiants pour composer avec la violence dans leurs relations amoureuses que les adolescents non violents (Cameron et al., 2007). De plus, puisque le sentiment d’auto-efficacité est généralement un bon prédicteur du comportement (Bandura, 1977), si une personne subissant ou infligeant des gestes de violence possède un sentiment de compétence élevé pour se confier à une personne de confiance ou chercher de l’aide, elle pourrait être plus à même de mettre en place des stratégies de recherche d’aide, puisqu’elle se croit capable de changer sa situation. Ainsi, les comportements de violence cesseraient et moins d’épisodes de violence seraient vécus.

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Table des matières

Introduction
Exposition à la violence interparentale
Théorie de l’apprentissage social.
Le rôle du genre du parent violent sur l’exposition à la violence interparentale.
Le rôle du genre de l’adolescent sur l’effet de l’exposition à la violence interparentale
Attitudes d’acceptation de la violence dans les relations amoureuses
Le rôle des attitudes d’acceptation de la violence sur la relation entre l’exposition à la violence interparentale et le vécu de violence
Lien direct entre les attitudes d’acceptation de la violence et le vécu de violence
Différence entre l’acceptation de la violence infligée par les filles et celle infligée par les garçons envers leur partenaire
Auto-efficacité et confiance interpersonnelle pour composer avec la violence dans les relations amoureuses
Objectifs et hypothèses
Chapitre 1. Article du mémoire doctoral.
Résumé
Abstract
Method
Participants
Measures
Procedures
Results
Descriptive statistics
Path analysis
Tables
Figures
References
Conclusion du mémoire doctoral
Forces et limites
Implications pour la recherche
Implications pour la prévention et l’intervention
Bibliographie
ANNEXE A Items du questionnaire PAJ
ANNEXE B Tableau supplémentaire
ANNEXE C Figure supplémentaire

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