Logement
Les étables sont appréciées à partir du type de sol, du mur et de la toiture. Le sol peut être fait de sable ou en dallage cimenté. N’engendrant pas de dépense, le premier type de sol est très utilisé par les éleveurs mais nécessite un entretien régulier. Certains bâtiments d’élevage ne disposent pas de mûr, et d’autres sont faits de bois ou de bambou locale. L’utilisation des matières locales « ravim-pontsy » comme chaume pour la couverture . En absence du système d’élevage intensif, les logements rencontrés dans la zone d’étude sont de type artisanal, traditionnel et rarement amélioré. L’exploitation artisanale se distingue par un sol en sable ou cimenté, un mur en bambou et une toiture en chaume. Elle permet une sécurisation des animaux et pas très coûteuse mais nécessite un entretien régulier avec un délai d’amortissement du bâtiment court (2 à 3 ans). L’exploitation traditionnelle a une étable faite de sol en sable, sans mur ou avec mur en bambou et un toit en chaume ou seulement un simple abri servant de parcage pour les animaux. Elle est moins coûteuse par rapport aux autres types d’exploitation mais non sécurisée et peut présenter des problèmes d’évacuation d’eau en période de pluies ainsi que de mauvais état corporel et sanitaire des animaux face aux intempéries. Ces exploitations ayant le sable comme type de sol nécessite un nettoyage régulier pour le respect d’hygiène de l’étable et éviter ainsi la stagnation d’eau. L’exploitation de type améliorée dispose d’un sol en dallage cimenté, un mur en bois et un toit en chaume ou en tôle. Elle est plus sécurisée et plus dure mais le nettoyage du sol nécessite beaucoup d’eau et le mur doit permettre une bonne aération. Les auges sont fabriquées en bois ou en bambou, mais certaines exploitations n’en disposent pas donc les aliments sont distribués directement au sol. Concernant les abreuvoirs, l’apport d’eau s’effectue à l’aide de bidon, de seau ou de cuvette. Les animaux qui pâturent le long de la journée s’abreuve dans des plans d’eau ou canal de leur passage. Les étables de type traditionnel sont nettoyés une à deux fois par jour selon la disponibilité de l’exploitant, tandis que pour les autres types le nettoyage se fait au moins deux fois dans la journée. La fosse à purin reçoit les eaux de nettoyage et les bouses servant d’engrais sont utilisées en culture pour ceux qui y pratiquent, vendues 400 à 500 Ar/sac (sac de ciment) pour d’autres, ou bien collectées gratuitement par les agriculteurs.
Santé animale et pratiques vétérinaires
Les mesures prophylactiques de déparasitage (vermifuge + anti-douve + détiquage) sont appliquées par toutes les exploitations enquêtées. La fréquence pour les vaches est d’une fois par an avant la mise en saillie. Pour les veaux, la pratique se fait une fois par mois avant l’âge de trois mois puis tous les trois mois par la suite. Le déparasitage se différencie en fonction des exploitants pour les autres catégories d’animaux : tous les 3, 4 ou 6 mois pour certains et jusqu’à 12 mois pour d’autres. Seulement quatre (9 %) parmi les ménages enquêtés effectuent des bains détiqueurs dont le premier tous les six mois, le second par trimestre, le troisième deux fois par mois et le dernier deux fois par semaine. Le taux de participation à la vaccination (BICHARCOLI) est encore faible avec 29 % des enquêtés. L’enquête concernant la santé animale s’est référée sur toutes les maladies que les éleveurs ont rencontrées depuis le début de leur activité. La maladie la plus rencontrée par les éleveurs est la diarrhée surtout des jeunes à cause des aliments avec 18 % des cas, suivie de la mammite due aux problèmes d’hygiène et de traite incomplète. Les difficultés au niveau de la reproduction touchent 11 % des exploitations ; la chaleur de la vache se répète plus de deux fois après la première saillie. Les maladies dermatologiques (Streptothricose et LSD) nécessitant la consultation du vétérinaire affectent 13 % des fermes laitiers à Toamasina. Les problèmes sanitaires assez courants sont traités par les éleveurs eux-mêmes mais l’aggravation implique l’appel d’un vétérinaire ou d’un technicien d’élevage dont le coût est souvent très élevé.
Analyse de l’offre et de la demande
Offre : Une analyse estimative de l’offre en lait frais dans la zone d’étude révèle une production laitière approximative de 1 300 litres par jour (Cf. Tableau 25) soit environ 39 000 Kg d’Equivalent Lait (EqL) par mois. Cependant, l’étude faite par Rasolomanana en 2002 a montré que la production laitière avoisine les 2 000 – 2 200 litres/jour dont 800 à 1 000 litres est assuré par le groupe TIKO. L’offre en lait locale a donc connu une évolution de 7,69 % par rapport à la production moyenne journalière de 1200 litres en 2002. L’approvisionnement local en lait frais représente une grande partie de l’offre (68 %) dans la zone d’étude. Il s’ensuit le lait en provenance de Moramanga/Manjakandriana avec 28 % de l’offre et le reste issu des autres zones sont en quantité minime. 877 litres est donc assurée par la production locale contre 411 litres pour l’approvisionnement exogène (Cf. Annexe IV). Le yaourt maison est le principal produit issu de la transformation du lait à Toamasina. Le résultat des enquêtes auprès des producteurs et livreurs de lait frais, concernant l’écoulement de leur produit au sein des fabricants de yaourt, a permis d’évaluer l’approvisionnement en yaourt maison de la ville. Les données présentées exclues l’offre en yaourt issu de l’utilisation de poudre de lait. Le tableau suivant montre l’offre journalière en yaourt maison en fonction de l’origine du lait utilisé pour la fabrication. L’offre est estimée à partir du principe que un litre de lait permet d’obtenir dix pots de yaourt de 125 ml. Près de 1 000 pots de yaourt maison par jour s’écoule sur le marché de la ville de Toamasina. La majorité du produit est obtenu à partir du lait provenant de Mangarivotra Sud (29 %), suivi de Mangarano 2 et Ambalamanasy avec 18 et 17 %. C’est par la suite que se trouve les yaourts issus du lait de Moramanga/Manjakandriana (13 %) et c’est le seul approvisionneur exogène livrant auprès des fabricants de yaourt. Le lait frais produit localement assure donc une grande partie de l’approvisionnement en yaourt maison à Toamasina. L’offre en produits laitiers importés dans la zone d’étude n’a pas pu être identifiée.
Demande : Avec une consommation de lait et produits laitiers évaluée à 5,5 Kg d’EqL/hab/an (MAEP, 2003), la part de chaque individu est estimée à 0,015 Kg d’EqL/jour. La demande potentielle du marché s’élève donc à 3 903,82 Kg d’EqL/jour soit environ 3 900 litres/jour pour satisfaire les besoins des 260 255 habitants15. L’écart de 2 576 Kg d’EqL/jour entre l’offre (lait et yaourt) et la demande du marché est trop important et ne peut pas être comblé par les autres produits dérivés du lait disponible, ce qui laisse à dire que l’offre ne satisfait pas encore la demande dans la ville de Toamasina. Une des raisons aussi est l’importation de produits exogènes y compris le lait frais non satisfaite par la production locale.
Circuit de commercialisation
Trois sources d’approvisionnement en lait et de ses dérivés existent dans la ville de Toamasina. La première est constituée par les producteurs locaux qui débouchent leurs produits (lait frais et/ou yaourt) soit directement aux consommateurs soit vers des intermédiaires pouvant être à la fois transformateurs et revendeurs. La deuxième est composée par les approvisionneurs locaux de produits exogènes qui assurent en même temps une partie de l’approvisionnement en lait frais venant des régions limitrophes ainsi que les apports de produits laitiers. L’écoulement de leurs produits se fait soit par vente directe auprès des consommateurs ou des transformateurs locaux, soit livrés auprès d’une agence de vente assurant la distribution détaillée des produits laitiers. L’importation constitue la dernière source d’approvisionnement en produits laitiers mais elle n’a pas fait l’objet d’étude. Les tableaux 28, 29 et 30 suivants montrent les caractéristiques des produits laitiers au niveau de chaque maillon de la filière. Le lait frais est le type de produit le plus vendu au niveau de chaque circuit. La vente directe aux consommateurs est la plus pratiquée par les producteurs avec un tarif similaire à celui des transformateurs/distributeurs. Une variation de prix de 400 à 800Ar est observée au cours de la vente de lait frais par les revendeurs aux consommateurs. Concernant la production des yaourts, les transformateurs n’assurent que la moitié de ce que les producteurs mettent en vente. Les autres produits dérivés du lait occupent une part du lait transformé avec 81,50 litres soit 9 % du lait frais produit localement. Le lait frais en provenance des régions limitrophes est plutôt destiné au traitement et transformation qu’à la vente directe aux consommateurs. Une très faible proportion est destinée à la production de yaourt, contrairement à la production de produits dérivés du lait par les gargotes et restaurants avec 314,50 litres (76,52 %) sur les 411 litres introduits. Une variation de prix de 1 000Ar est observée au sein de l’approvisionnement des transformateurs/distributeurs. Le prix est fonction de l’approvisionneur mais le coût le plus élevé est attribué au lait en provenance de Brickaville à 3 000Ar/litre. Au niveau de la vente de lait frais par les revendeurs, une marge de 200 à 400Ar différencie le prix du lait local de ceux du lait exogène. Les produits laitiers exogènes approvisionnés par trois grands distributeurs17 dans la ville de Toamasina sont présentés dans le tableau suivant. Ces produits proviennent d’Antananarivo et d’Antsirabe avec une marge commerciale de 10 à 20 %. Leur approvisionnement s’effectue par semaine ou décalé en deux semaines pour certains produits non écoulés.
Prix du lait et qualité des produits
Le prix du lait frais ne cesse d’augmenter comme tout autre produit ayant une importance économique. En 1990, le prix du lait était de 200Ar dans la ville de Toamasina pour atteindre les valeurs de 900 à 1 100Ar en 2002 (RASOLOMANANA D., 2002). Avec un taux d’augmentation de 45 à 70 %, le prix du litre de lait frais oscille de 2 000 à 3000Ar en début d’année 2013. Les prix sont donc triplés ou même quadruplés en une décennie. Cela montre que la valeur du lait ne cesse de croître et le déficit de l’offre par rapport à la demande contribue à cette hausse de prix. En comparaison des autres régions, le prix du lait à Toamasina est très élevé car il est de 900 à 1 200Ar dans les zones de Manjakandriana et Moramanga, 1 400 à 2 000Ar pour Antananarivo23, 550 à 1 200Ar pour Antsirabe (PENOT E. & RAZANAKOTO N., 2012), et 700 à 1 200Ar dans le District d’Ambositra (VAHISOA F., 2011). Avec une demande encore insatisfait, le marché vers Toamasina représente une grande opportunité pour les acteurs économiques souhaitant participer dans la filière mais au prix d’un équipement adéquat et d’une assurance des produits. Les contraintes, liées au prix du carburant et le coût de transport assez élevé, restent un fléau dans ce domaine. L’absence de norme sur le marché local est l’un des problèmes majeurs de la filière. En effet, chaque producteur applique sa propre norme. Cela entraîne une disparité de la qualité des produits (MADAMATIN, 2011). De plus, aucun contrôle sur la qualité des produits mis en vente sur le marché n’a été fait. Cependant, l’expansion de divers produits incontrôlés représente un risque sanitaire pour les consommateurs. La politique lancer afin d’améliorer la filière laitière est d’organiser des campagnes afin de sensibiliser les producteurs pour l’amélioration de la qualité et augmenter la consommation de produits laitiers par habitant. Le Centre d’Information Technique et Economique (CITE) va dans le même sens et organise des formations pour les producteurs dans tout le pays.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
RESUME
ABSTRACT
LISTE DES TABLEAUX.
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODES
I.1 Choix du thème
I.2 Zone d’étude
I.2.1 Cadre physique
I.2.2 Situation démographique
I.2.3 Situation économique
I.3 Méthodologie d’approche
I.3.1 Phase préparatoire
I.3.2 Phase exploratoire
I.3.3 Phase formelle : les enquêtes
I.3.4 Traitement et analyse des données
I.3.5 Limites de l’étude
II. RESULTATS
II.1 Système de production laitière
II.1.1 Caractéristiques des producteurs
II.1.2 Conduite d’élevage
a. Le cheptel laitier
b. Logement
c. Alimentation
d. Santé animale et pratiques vétérinaires
e. Performances de reproduction
f. Conduite de traite et production laitière
II.2 Système d’organisation/approvisionnement
II.2.1 Producteurs
II.2.2 Livreurs
II.2.3 Transformateurs Ŕ Distributeurs
II.3 Commercialisation des produits laitiers dans la ville de Toamasina
II.3.1 Produits laitiers exogènes
II.3.2 Analyse de l’offre et de la demande
II.3.3 Circuit de commercialisation
II.4 Analyse de la filière lait
III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
III.1 Discussions
III.1.1 Système de production
III.1.2 Systèmes d’organisation
III.1.3 Situation de l’offre et de la demande
III.1.4 Prix du lait et qualité des produits
III.2 Recommandations
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES
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