Les ressources forestières du Sénégal deviennent plus abondantes au fur et à mesure qu’on s’approche des régions méridionales du pays. La haute Casamance où se trouve notre zone étude comporte de forêts galeries qui longent les cours d’eau, de forêts claires, de Savanes boisées et arbustives, etc. Ces formations forestières sont riches en espèces végétales et abritent une importante et diverses espèces fauniques. Cette diversité de la ressource permet aux populations riveraines de priser dans la forêt des produits nécessaires à leurs consommations domestiques à savoir : nourriture, construction, pharmacopée, etc. Les productions agricoles étaient bonnes, grâce à la disponibilité des terres fertiles, la pratique de la jachère et l’accompagnement de l’Etat sur le plan agricole.
La sécheresse observée dans les années 70 caractérisée surtout par des variabilités pluviométriques, l’ensablement des bas-fonds, le désengagement de l’Etat et la croissance démographique, ont fait que la faiblesse des rendements agricoles est partout notée. Les populations rurales qui n’ont pratiquement que l’agriculture et l’élevage comme principale activité, ont senti la nécessité de trouver des stratégies pour faire face à cette conjoncture sociale. C’est ainsi que les populations ont eu l’idée de commercialiser les produits forestiers en allant des produits de cueillette aux produits contingentés. Cette commercialisation qui était basée sur des règles établies par la loi forestière, fait que pour exploiter des produits destinés à la commercialisation, il faut remplir le cahier de charge et payer les taxes et redevances. Certaines personnes jugeant que cette loi ne leur facilite pas la tâche, ont préféré la contourner pour exploiter les produits de manière frauduleuse pour ensuite les commercialiser soit dans le pays, soit dans les pays limitrophes.
PROBLEMATIQUE
CONTEXTE
Le Sénégal, à l’instar des pays en développement dépend, dans une large mesure, de ses ressources forestières pour assurer ses besoins (énergétique, construction, nourriture, médicinal…) et parallèlement, l’agriculture productive pour les besoins alimentaires nécessaires à la survie de ses populations. Ainsi, dans le souci de préserver ses ressources forestières, les autorités Sénégalaises ont mis en place des Directions et des structures pour assurer cette protection. Il s’agit entre autres de la Direction des Eaux et Forêts Chasse et de la Conservation du Sol (DEFCCS), Centre de Suivi Ecologique (CSE), etc. Des traités et conventions ont également été signés et ratifiés aussi bien à l’échelle nationale (PAFS, PAN/LCD…) qu’au niveau international (RIO juin 1992, Washington octobre 1973…).
Malgré les signatures et ratifications des conventions suivies de mise en place des structures citées ci-dessus, les ressources forestières subissent une forte pression anthropique. Cette pression se caractérise par une forte exploitation des ressources forestières matérialisée par l’importance des défrichements agricoles, l’abondance du pâturage, la fréquence des feux de brousse entre autres qui ont entrainé une diminution du couvert végétal, et par conséquent, la dégradation des sols par les agents d’érosions (vent, eau de ruissellement). Cette dégradation des sols qui ne favorise pas l’abondance de la production agricole, a orienté les populations surtout rurales à majorité pauvres, vers d’autres pratiques pour assurer leur survie. Parmi ses pratiques, nous pouvons citer essentiellement l’exploitation et la commercialisation de bois dans toutes ces dimensions (bois de chauffe avec son dérivé le charbon de bois, le bois d’œuvre et de service). La région de Kolda à l’image des autres régions méridionales du Sénégal est bien pourvue en ressources végétales : ligneuses et herbacées. Cette abondance est due à sa position géographique qui lui offre un climat soudano-guinéen caractérisé par des précipitations pluvieuses plus importantes que celles des régions du centre et du nord du pays. Elle fait partie des dernières réserves forestières du pays. Cette particularité donne la possibilité aux populations riveraines d’avoir un accès gratuit aux produits forestiers mais uniquement pour satisfaire leurs besoins domestiques en ce qui concerne la commercialisation elles doivent payer des taxes et redevances fixées par les services forestiers. Du fait de sa faible représentativité dans le paysage Sénégalais, le bois d’œuvre ne satisfait que 5% des besoins nationaux d’où l’autorisation de son exploitation seulement dans les forêts aménagées mais aussi dans les régions de Kolda et de Sédhiou. C’est ce qui fait que sa gestion devrait être une priorité pour les autorités sénégalaises.
La Commune de Badion qui est le lieu d’étude est une zone frontalière avec la république de la Gambie. Elle comporte une forêt non aménagée et l’exploitation du bois d’œuvre y est autorisée à condition d’avoir rempli les règles établies par les autorités compétentes. Cependant, sa commercialisation se limite seulement au plan national. Autrement dit, toute sorte d’exportation est strictement interdite par les lois forestières, donc si le bois d’œuvre sort de la frontière sénégalaise, c’est de manière illégale. La Commune de Badion est confrontée à une exploitation illicite du bois d’œuvre. On entend par ce terme « la coupe, le transport, ou l’exploitation de produits ligneux, en contravention de la législation nationale ». C’est un réseau composé de sénégalais, de gambiens qui exploitent clandestinement le bois d’œuvre pour ensuite le revendre en territoire gambien. Ces exploitants clandestins font une sélection des espèces en fonction de leur apport économique. Les espèces qui ont une importante valeur économique sont les plus prisées et par conséquent, les plus exploitées. Elles sont en général constituées de Pterocarpus erinaceus, Bombax costatum, etc.
LE MILIEU PHYSIQUE
Les différents éléments physiques à étudier dans cette partie sont : le relief, les types de sols, le climat, les ressources en eau, la végétation et la faune.
Le relief
La Commune de Badion à l’image des autres communes de la région de Kolda est une zone qui comporte des altitudes qui atteignent rarement 40 m. Son relief est généralement plat même si, la présence de petites élévations dans les zones de cuirasses et, par endroits, de quelques bas-fonds que sont la vallée de Badion-Boido Mali et la vallée de Korop sont notées.
Les types de sols
Le sol est la formation ou le produit résultant des contacts à l’interface entre la matière vivante et la matière minérale . La haute Casamance est composée en général de trois types de sol que sont : les sols ferrugineux tropicaux lessivés et les non lessivés, les sols ferralitiques et les sols hydromorphes. Les sols ferrugineux tropicaux non lessivés ou sol « Dior » : les particules argileux ne migrent pas en profondeur.
Les sols ferrugineux tropicaux lessivés caractérisés dans leurs horizons profonds des taches ou concrétion et dans une certaine condition topographique peuvent se transformer en véritable carapace. Selon Sané (2003), ils se caractérisent par l’individualisation et la mobilisation du fer et du manganèse combiné par l’alumine. Les sols ferralitiques ou latéritiques: Ils sont localisés dans la plupart dans les espaces boisés et ce sont des sols qui ne favorisent pas un bon rendement agricole .
Les sols hydromorphes : L’évolution de ces types de sols est due à l’action d’un excès d’eaux et sont surtout localisés au niveau des bas-fonds, des marigots et aux alentours des fleuves. Les sols de la Commune sont en majorité composés de ce que le « Fouladou » appelle « Ndata ». C’est un sol argileux favorable aux cultures céréalières. Ce type de sol est très répandu dans la zone même si on rencontre par endroit le « Ndardé » qui est un sol pauvre où le sable prédomine et des zones où la présence de sol ferralitique est observée, surtout dans certaines parties de la forêt. Il y a aussi la présence des sols hydromorphes que l’on localise dans les zones humides composées pour la plupart des mares inondables pendant la période pluvieuse. Cette zone humide appelée par les peuls « faro »est très favorable à la culture du riz.
Les ressources en eau
Les eaux de surface
Il n’existe aucun cours d’eau permanant au niveau de la commune de Badion, mais la présence de quelques bas-fonds et mares inondables pendant la période pluvieuse est à noter. Ces bas-fonds et mares assurent l’abreuvement du bétail pendant cette période.
Les eaux souterraines
Selon Tidiane Sané (2003), après la nappe du maestrichtien, la nappe du continental terminal est la plus étendue et la plus importante dans la région. Dans le rapport du Ministère du Développement Rural et de l’Hydraulique (MDRH) sur le projet de foresterie Kolda(1991) cité toujours par Sané, la haute Casamance est alimentée par trois importantes nappes dont le potentiel est de 105000 mètres. Cubes/ jour. Les trois importantes nappes sont :
L’aquifère superficiel ou nappe phréatique captée à une profondeur inférieure à 15m mais peut aller jusqu’à 25m au niveau des plateaux. Elle alimente la quasi-totalité des puits traditionnels du Fouladou. Cette eau douce de bonne qualité est très exposée au risque de contamination due à sa position superficielle (MDRH, 1991). L’aquifère captif miocène est semi-profond et très répandu en Casamance. Elle se trouve à une profondeur inférieure à 150m.
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Table des matières
Introduction générale
I) Problématique
II) Méthodologie
Partie I : Présentation de la zone d’étude : aspects physiques et humains
Chapitre I : Le milieu physique
Chapitre II : Le milieu humain
Partie II: Facteurs et conséquences d’appauvrissement des ressources ligneuses
Chapitre III : Exploitation des données inventaires
Chapitre IV : Les facteurs d’appauvrissement des ressources ligneuses
Chapitre V : Les conséquences de l’exploitation clandestine du bois d’œuvre
Conclusion générale
Annexes