Croissance et dรฉveloppement
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Le concept du dรฉveloppement a รฉtรฉ รฉtabli au dรฉbut pour รชtre appliquรฉ ร une partie de l’humanitรฉ, celle qui รฉtait destinรฉe ร grandir, celle qui รฉtait enfant ou adolescent pendant la Guerre et qu’il fallait aider (comme on aide un enfant) pour atteindre la maturitรฉ. A lโorigine, le dรฉveloppement a รฉtรฉ fondรฉ sur la croissance รฉconomique. Elle dรฉsigne l’augmentation du volume de la production de biens et de services par une รฉconomie sur une pรฉriode donnรฉe, elle est le seul moyen dโaccรฉder au dรฉveloppement . A terme, la croissance favorise le dรฉveloppement en crรฉant de la richesse et une รฉlรฉvation du niveau de vie individuel. La croissance est lโaugmentation du PIB dโune annรฉe sur lโautre ; ce qui est censรฉ reflรฉter une amรฉlioration du bien-รชtre. La croissance sanctionne donc le dรฉveloppement car elle profite de la montรฉe des investissements et de la consommation. Par rapport ร la croissance qui est purement รฉconomique et quantitative, la notion de dรฉveloppement recouvre l’ensemble des changements qui touchent aussi bien le domaine รฉconomique (production, consommation), que le domaine social (secteurs d’activitรฉ, professions et catรฉgories socioprofessionnelles, culturel (รฉducation, mode de vie). Cโest dans cette optique que le dรฉveloppement dโun pays se mesure en termes รฉconomiques et doit tenir compte de lโHomme qui est le centre dโintรฉrรชt de toute action de dรฉveloppement. En 1990, le PNUD a รฉlaborรฉ un indicateur composite, l’IDH qui permet de comparer le niveau de dรฉveloppement des pays. Cet indicateur regroupe plusieurs critรจres : le PIB/habitant (niveau de vie) ; le niveau de santรฉ des populations (mesurรฉ par l’espรฉrance de vie ร la naissance/ 55,5 ans pour les Malagasy) ; le niveau d’instruction des populations (mesurรฉ par le taux d’alphabรฉtisation des adultes, pour 2/3, et par le nombre moyen d’annรฉes d’รฉtudes, pour le tiers restant). S’il est possible que la croissance ne s’accompagne pas du dรฉveloppement (quand la redistribution ne s’effectue pas au niveau national, comme dans certains pays producteurs de pรฉtrole oรน la croissance est forte, mais oรน la sociรฉtรฉ prรฉsente encore de nombreux archaรฏsmes), il ne peut y avoir de dรฉveloppement sans croissance : l’amรฉlioration des conditions de vie d’une population ne peut se faire sans moyens matรฉriels importants.
Dรฉveloppement local
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Le dรฉveloppement local tire son origine de la constatation de lโinefficacitรฉ des politiques macroรฉconomiques et des mesures sectorielles nationales pour rรฉsoudre les problรจmes journaliers, ร lโรฉchelle locale et rรฉgionale ; en matiรจre de dรฉveloppement รฉconomique et social. L’approche du dรฉveloppement local est originale6 parce quโelle permet de mobiliser et de stimuler les รฉlรฉments dynamiques et les ressources de la collectivitรฉ en vue de susciter de nouveaux projets, de dรฉclencher et d’accompagner les processus individuels et collectifs de changement et de dรฉveloppement ; l’impulsion ne viendra pas de l’extรฉrieur mais de l’intรฉrieur. Pour ce faire, un ensemble d’actions devront รชtre engagรฉs pour mettre le territoire en รฉtat de se dรฉvelopper. La complรฉmentaritรฉ des niveaux endogรจne et exogรจne est indispensable. Cโest ร dire que le dรฉveloppement local endogรจne nโexclut pas l’aide venant ยซย d’en hautย ยป. Effectivement, le premier niveau (endogรจne) mobilise la population, stimule les idรฉes innovantes, รฉlabore des projets, met en valeur les ressources disponibles, rehausse la volontรฉ et la capacitรฉ dโagir, tandis que le second niveau (exogรจne) procure les aides en matiรจre dโinvestissement structurant de formation, de financement, de support technique, de pouvoir local, etc. Le dรฉveloppement local apparaรฎt ainsi comme le lieu de rencontre entre ce qui vient de la base et ce qui vient des paliers supรฉrieurs. En rรฉalitรฉ, depuis le XIXรจ siรจcle, le modรจle de dรฉveloppement qui rรฉgnait, un ยซdรฉveloppement par le hautยป ne pouvait plus assurer la rรฉpartition รฉquitable des richesses entre les diffรฉrentes rรฉgions dโune mรชme nation. Par ailleurs, cโest lโamplification des phรฉnomรจnes de disparitรฉs rรฉgionales, de pauvretรฉ, de chรดmage, de dรฉsinvestissement, et de lโรฉpuisement des ressources naturelles, qui a suscitรฉ une nouvelle vision de la conception du dรฉveloppement. Ce dernier devient ยซlโexpression dโun changement social caractรฉrisรฉ par la montรฉe de partenariat, lโรฉmergence dโacteurs diffรฉrents, la recherche de solutions alternatives ร celles des appareils macroรฉconomiques (Etats, grands Groupes..), lโintroduction de critรจres sociaux et culturels ร cรดtรฉ de la rationalitรฉ purement รฉconomique ยป. En effet, cette dรฉfinition dรฉmontre lโimportance du changement social qui est favorisรฉ par le dรฉveloppement local. Lโรฉlaboration de partenariat et lโintervention de diffรฉrents acteurs afin de trouver les solutions adรฉquates montrent que le dรฉveloppement local consiste รฉgalement en une transaction de proximitรฉ entre les hommes et leurs ressources. Selon Maurice Blanc, cette transaction se situe ร trois niveaux :
1/ la rรฉgulation politique, qui envisage le dรฉveloppement local sous lโangle de la dรฉcentralisation et des politiques dโemploi, puis des valeurs de la concertation et de la dรฉmocratie ;
2/ la planification รฉconomique et la crรฉation des ressources qui la circonscrit sur un territoire gรฉographique qui fait lien entre des acteurs, des secteurs industriels et une รฉconomie rรฉgionale ;
3/ lโintervention sociologique, qui considรจre le dรฉveloppement local comme un systรจme dโaction et de crรฉation industrielle, voire dโidentitรฉ communautaire faisant appel ร une รฉconomie solidaire sur un milieu support.
Effectivement, une gestion durable des ressources naturelles peut constituer la base dโun dรฉveloppement des communautรฉs et de la localitรฉ, sous condition que la gestion des ressources naturelles soit fondรฉe sur une approche participative, permettant aux acteurs locaux de prendre en mains, de prendre part ร la gestion de lโenvironnement et que le dรฉveloppement prenne en considรฉration ร la fois les aspects รฉconomiques, environnementaux, sociaux, politiques et institutionnels. Dans ce cadre, il faut entendre par communautรฉ locale un ensemble de personnes territorialement localisรฉes10, elle apparaรฎt en fait comme le niveau appropriรฉ pour la gestion des ressources et considรฉrรฉe comme lโusager plus proche de celles-ci. La notion territoriale est donc un รฉlรฉment dรฉterminant de lโidentitรฉ collective des populations qui y vivent. Cela permet de bien dรฉfinir et de mettre en ลuvre avec efficacitรฉ les actions de dรฉveloppement dโune maniรจre participative.
Le ยซ TANTEZA ยป ou ยซ GELOSE ยป
ย ย ย ย ย ย ย ย Dโaprรจs la promulgation de la loi Nยฐ 96-025 du 30 Septembre 1996 relative ร la gestion locale des RNR ; lโEtat peut transfรฉrer une partie de ses compรฉtences aux associations villageoises et aux communautรฉs locales de base pour responsabiliser ces acteurs locaux ; En vue dโune gestion durable et sรฉcurisรฉe des RNR. Dans ce sens que cette loi est dite Loi GELOSE. LโArticle premier de cette loi รฉnonce que : ยซ En vue de permettre la participation effective des populations rurales ร la conservation durable des ressources naturelles renouvelables, il peut รชtre confiรฉ ร la communautรฉ de base, dans les conditions prรฉvues par la prรฉsente loi, la gestion de certaines de ces ressources comprises dans les limites de leur territoireยป. La ยซ GELOSE ยป Gestion Locale sรฉcurisรฉe ou ยซ TANTEZA ยป Tantanana mba ha TEZA est donc une gestion communautaire sรฉcurisรฉe des RNR qui met en exergue la participation de la population locale ร la gestion des RNR dans sa localitรฉ. Un des objectifs majeurs de la GELOSE est lโapport avec une incitation des effets positifs et durables pour le dรฉveloppement รฉconomique de la Rรฉgion. ร part รงa, cette loi est un outil structurรฉ pour faciliter :
– La gestion durable des RNR par le maintien de la population locale dโune maniรจre lรฉgale le pouvoir et les responsabilitรฉs de gรฉrer et de surveiller.
– Le dรฉveloppement et la pรฉrennisation de la valorisation ou exploitation des RNR pour favoriser le bien-รชtre et le niveau de vie de la communautรฉ locale, de satisfaire les besoins des gรฉnรฉrations futures.
Trois axes principaux structurent cette loi GELOSE :
– Une reconnaissance par lโEtat des pratiques, des capacitรฉs dโarbitrages et dโautoritรฉs Locales : La GELOSE reprรฉsente une reconnaissance et lรฉgalisation de lโorganisation sociale coutumiรจre en donnant un statut juridique, une personnalitรฉ morale ร la communautรฉ rurale avec des prรฉrogatives sur un territoire dรฉlimitรฉ et sur les ressources quโil porte. Lโorganisation des rapports internes des communautรฉs concernant ces ressources est rรฉglรฉe par voie de dina. Conรงu comme ensemble de rรจgles pour gouverner les rapports internes des communautรฉs villageoises concernant les espaces et les ressources naturelles.
– Un consensus possible sur les modalitรฉs de gestion : Des choix consensuels sur les modalitรฉs dโexploitation et de gestion des RNR qui prennent en compte les intรฉrรชts locaux et nationaux. Les besoins de conservation et dโexploitation ร court et ร long terme peuvent รชtre obtenus ร lโissu dโune nรฉgociation entre les diffรฉrents acteurs parties prenantes (exploitants forestiers, collecteurs, exploitants forestiers, collecteurs, etc.), les administrations et les collectivitรฉs locales. Un mรฉdiateur environnemental doit contribuer pour faciliter cette nรฉgociation.
– Une nouvelle rรฉpartition des droits et devoirs des diffรฉrents acteurs et leur organisation sous forme contractuelle : Le terme gestion communautaire que certains emploient, peut conduire ร lโidรฉe erronรฉe que lโEtat nโaurait plus aucun rรดle une fois le transfert opรฉrรฉ. LโEtat est cosignataire du contrat et continue donc ร รชtre le propriรฉtaire des ressources. Cโest pourquoi on se doit plutรดt de parler de la mise en place dโune nouvelle rรฉpartition des prรฉrogatives, droits et des devoirs dans la gestion entre Etat, communautรฉs rurales et Communes qui sโassimilent plus ร une cogestion.
Dรฉgradation des eaux
ย ย ย ย ย ย Les activitรฉs mal gรฉrรฉes entraรฎnent aussi des effets nรฉgatifs sur les ressources en eau. Les effets sur la qualitรฉ de lโeau et de la disponibilitรฉ des ressources en eau dans la zone du projet constituent peut-รชtre lโimpact le plus important dโun projet dโexploitation miniรจre. Les questions clรฉs sont de savoir si les fournitures en eau de surface et en eaux souterraines resteront appropriรฉes ร la consommation humaine, et si la qualitรฉ des eaux de surface dans la zone du projet restera adรฉquate pour supporter la vie aquatique et la faune terrestre native. Prenons le cas des deux projets dโexploitations de sables bitumineux qui se situent dans le champ de Bemolanga et le champ de Tsimiroro. Le champ de Tsimiroro est dรฉtenu ร 100 % par Madagascar Oil, tandis que celui de Bemolanga est dรฉtenu ร 60 % par Total et ร 40 % par Madagascar Oil. Mรชme si ces projets sont encore en phase dโexploration, on note dรฉjร des impacts sur les ressources en eau, avec un tarissement des ruisseaux, alors que la zone souffre dรฉjร de pรฉriodes de sรฉcheresse. Il y a aussi un fort risque de contamination de la riviรจre Manambaho, la seule grande riviรจre traversant la plupart des communes de la rรฉgion de Melaky. Ces ressources en eau sont indispensables ร la population qui les utilisent pour sa consommation, ses besoins quotidiens (douche, baignade, lessive, etc), et pour lโabreuvage des zรฉbus. Par ailleurs, les sites dโimplantation de Bemolanga et Tsimiroro sont caractรฉrisรฉs par des savanes herbeuses peuplรฉes de Satrana, utilisรฉs par la population locale pour la production du ยซ sora ยป, boisson rafraรฎchissante qui est aussi une source de revenus pour plusieurs mรฉnages. Lโexploitation de sables bitumineux menace aussi de disparition le raphia, qui assure une fonction รฉcologique importante de conservation de lโhumiditรฉ de la zone.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PARTIE I : LโEXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE : CONCEPTS FONDAMENTAUX ET PRINCIPES DE BASE
Chapitre I : Le concept du dรฉveloppement
Chapitre II : La gestion durable des ressources naturelles
PARTIE II : IMPACTS DE LโEXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES DE MADAGASCAR PAR LES ENTREPRISES PRIVEES OU ETRANGERES
Chapitre I : Prรฉsentation les entreprises privรฉes ou รฉtrangรจres qui exploitent les ressources naturelles
Chapitre II : Impact de lโexploitation sur lโenvironnement
Chapitre III: Impact socio-รฉconomique
Chapitre IV : Recommandations
CONCLUSION
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