Exode rural et l’extension spatiale de Pikine

EXODE RURAL ET EXTENSION SPATIALE DE PIKINE

La création de Pikine 

Des tentatives de viabilisation du Cap Vert à la création de Pikine 

La concentration des populations autour des villes est l’un des faits majeurs à l’heure actuelle. Enclenché en Europe, pendant la révolution industrielle, le phénomène d’urbanisation gagne davantage les pays sous développés. Cependant cette tendance à l’urbanisation avec des causes différentes, ne revêt pas partout les mêmes causes et n’a pas aussi le même impact sur les centres d’accueil. Dans nos pays sous développés, l’arrivée des ruraux provoque une forte extension des agglomérations qui pose des problèmes d’organisation spatiale. Au Sénégal, la place privilégiée du Cap Vert depuis l’époque coloniale, a donné à la ville une tradition urbaine qui a fini par montrer des signes de crise aussi bien par la forme que dans son fonctionnement. Ainsi, la création de Pikine, « le double de Dakar » (VERNIERE, 1977) n’est elle pas une conséquence directe de l’histoire de l’occupation du Cap vert ? L’accélération de la croissance spatiale du Cap vert a entraîné une situation d’occupation anarchique que les autorités coloniales étaient chargées de corriger par un certain nombre de plans d’urbanisme.

Créée en 1857 par les français sur l’emplacement d’un village de pêcheurs lébous, Dakar se limitait à un regroupement de villages dispersés sur le plateau.

Notons par ailleurs que le nom de Dakar, appellation traditionnelle a été mentionné pour la première fois en 1750 par ANDASON. Dakar ou Cap Vert à l’instar des grandes villes africaines de nos jours a été fondée par les autorités coloniales sur un site choisi en fonction des besoins d’exploitation. « C’est une des villes dont le développement a été provoqué par la projection de l’économie européenne hors d’Europe dans le cadre des politiques coloniales et de l’organisation des marchés mondiaux. » (Pierre Georges, 1974) En raison de son caractère physique dominé par une côte basse et sableuse et de son héritage d’une mise en valeur coloniale très ancienne, Dakar va connaître une évolution spatiale spectaculaire. En Mai 1867 les français firent du Cap Vert un pôle stratégique pour leur commerce. Ils vont par conséquent tracer un Plan de ville sous la conduite du chef de division Protêt.

Ainsi, leur implantation pour la mise en valeur coloniale et l’installation des infrastructures et des équipements qui en suivirent créèrent une forte attraction à l’égard des populations en quête d’emploi et de mieux être. Avec la mise en place des réseaux de communication notamment la voie ferrée Dakar- Bamako en 1885, et les travaux du port et de l’aéroport en 1886 on assiste à une plus grande facilité des transports ce qui contribua largement au développement des flux migratoires. Avant l’exécution de ces travaux, la place occupée par le plateau ne dépassait pas 2 km2.

L’élargissement du plateau à cette période était fait par l’achat des terres des lébous et par des déguerpissements de villages traditionnels. Dés 1862 Pinet Laprade chef de bataillon de Génie dressa le premier Plan Directeur de Dakar. En 1887, Dakar fut séparé administrativement de Gorée et fut élu au rang de commune indépendante. En 1901 à cause de l’accroissement de la population, un plan d’extension de la ville fut dressé par le capitaine de génie DE GOUY. Erigée en capitale en 1902 pour l’Afrique Occidentale Française au détriment de Saint Louis, la ville est devenue le principal point de convergence des populations du Sénégal et celles de la sous région. L’école normale William Ponty et l’université de Dakar seront aussi d’un apport considérable pour l’affluence vers Dakar. La présence de tous ces facteurs économiques géographiques et historiques a fait de Dakar le point de rencontre d’intenses vagues migratoires. Pour trouver du travail, ces migrants ruraux prennent la destination de Dakar en raison de son statut de centre industriel et de services. Cette situation ne tardera pas à causer des problèmes d’installation de toute cette foule de nouveaux migrants sur ce petit espace du plateau. Vu la rapidité de l’occupation, ces populations vont très vite remplir le site du Plateau ce qui créa un problème de cohabitation avec les colons français. C’est dans ces conditions que les colons vont penser à la viabilisation en instituant une politique spatiale « raciste » qui doit exclure les villageois lébous du plateau. C’est ainsi que lors de l’épidémie de peste de Mars 1914, les autorités coloniales avaient décidé d’évacuer tous les lébous qui occupaient le Plateau pour créer la Médina. A peine aménagée cette périphérie du Plateau sera très vite occupée malgré la création à ses côtés des quartiers de Rebeus et du Champ de Course qui ont rempli le vide qui le séparait du Plateau.

Le site de Dagoudane Pikine 

A quelques kilomètres à l’Est de Dakar, est implanté cet embryon d’une ville qui ne manquera pas au fil du temps à créer d’importants problèmes d’urbanisation. C’est dans cette zone que la nouvelle ville est née avec un lotissement de 77 parcelles destinées aux déguerpis du quartier Kipp (ou Equipe) de Dakar, dont le déplacement était lié à des travaux sur la voie ferrée en mai 1952. Le site se définit par le lieu d’implantation de la ville, c’est le cadre topographique où celle ci a été bâtie.

Installé dans un espace juste à côté de la route nationale numéro1, le site initial de Dagoudane se situe entre les villages lébous traditionnels de Cambéréne, Yeumbeul, Thiaroye Guédj et Thiaroye Gare. Ces villages et les axes de communication à l’époque en plus du camp militaire vont servir de points d’appui pour étendre le site. Le terrain choisi est un titre foncier numéro 3892 appartenant à l’Etat. Pikine Dagoudane, « rejet de la capitale » est ainsi aménagé sur des dunes inhospitalières à l’Est des Niayes sur le bassin versant de la nappe phréatique de Thiaroye par arrêté numéro 2352 SDE du 23 Avril 1952. C’est ce petit espace aménagé en 1952 à l’Est de Dakar qui est aujourd’hui la grande ville de Pikine qui occupe une position géographique privilégié à côté de la ville centre chef lieu de région. (Carte région de Dakar) Le site est constitué d’une série de longs alignements sableux orientés suivant une direction Sud Ouest Nord – Ouest entre lesquels apparaissent des affleurements de la nappe phréatique.

Les déguerpis s’étaient vus attribuer des parcelles de terrain de 15x 10 à 15×20 selon l’importance de la famille. Le choix du site peut s’expliquer entre autre par la situation foncière assez complexe de la partie constituée par les environs immédiats du plateau. Une discussion préalable avec les chefs coutumiers lébous semblait être nécessaire avant d’entreprendre une quelconque initiative d’accaparement de terrains. Or, en ce temps même, il restait des terres du domaine national de l’Etat libre de toute occupation sur l’emplacement initial de Pikine. Cet ancien erg dunaire était peu exploité et servait de terre de pâture pour les troupeaux élevés dans les villages lébous. Au niveau des bas fonds inondables, les « Niayes » servaient de jardins maraîchers. Sur ces sols colonisés par une végétation herbacée et des buissons, l’installation humaine semblait être beaucoup plus facile, sans trop de risques .

« Ailleurs un aménagement d’une grande envergure serait impossible à réaliser : au sud, les terrains longeant la route de Rufisque sont accaparés par les industries et l’armée, à l’Est et à l’Ouest, l’urbanisation est bloquée par la présence des « Niayes» maraîchères, des terres coutumières des villages lébous et par l’aéroport de Yoff » Pour recaser les déguerpis les autorités coloniales ont procédé à un lotissement d’urgence. Pikine Dagoudane est donc aménagé à proximité des villages traditionnels lébous. La situation de la création de Pikine n’a pas permis de procéder à de profondes études du terrain pour éventuellement se préparer à son extension spatiale. Les déguerpis pouvaient néanmoins bénéficier d’un lotissement d’urgence à Dagoudane Pikine. Naturellement, l’objectif étant d’assainir Dakar de ses occupants illégaux, l’installation d’équipements ne faisait pas parti du projet. Pour dire alors que l’urgence se portait surtout sur le recasement mais pas nécessairement sur le bien être encore moins sur lux dans cette cité dortoir.

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Table des matières

Introduction
Première partie : Exode rural et l’extension spatiale de Pikine
Chapitre I : La création de Pikine
1. Des tentatives de viabilisation du Cap Vert à la création de Pikine
2. Le site de Dagoudane Pikine
3. La nouvelle cité dortoir
Chapitre II : L’impact de l’exode rural sur l’extension spatiale de Pikine sur Yeumbeul
1. L’exode rural
A. Les causes de l’exode rural
a). Les facteurs répulsifs
b). Les facteurs attractifs
2. Les manifestations
3. L’évolution spatiale de Pikine
a) L’explosion urbaine de Pikine
b) La formation de la ville irrégulière Nord
Chapitre III : Place de Yeumbeul dans la ville de Pikine
1. La ville de Pikine
a) Pikine sous la tutelle administrative de Dakar
b) L’érection de Pikine en ville
2. La ville irrégulière de Pikine extension et peuplement
3. Yeumbeul dans la ville irrégulière de Pikine
Deuxième partie : Présentation de la commune d’arrondissement de Yeumbeul
Chapitre I : Le cadre physique
1. Situation géographique
2. Les sols
3. Le climat
Chapitre II : Le cadre humain
1. L’histoire du village de Yeumbeul
A. La création du village de Yeumbeul
B. Le peuplement
2. Le poids de l’exode dans le peuplement
3. Les caractéristiques socio démographiques et leur impact sur la morphologie
urbaine de Yeumbeul
a. La composition ethnique et religieuse
b. L’accroissement démographique
La structure par âge et par sexe
Chapitre III : L’administration communale
1. la subdivision administrative
2. Les quartiers
3. Les services étatiques et partenaires au développement
Troisième partie : Analyse de la morphologie urbaine de Yeumbeul
Chapitre I : L’influence du niveau d’intégration urbaine sur la morphologie spatiale
1. Les équipements sociaux de base
a. Le niveau de couverture du réseau électrique
b. L’approvisionnement en eau
c. Les télécommunications
d. Le service de santé et d’assainissement
e. La voirie
2. Les activités
3. L’influence du niveau et mode de vie sur la forme urbaine
Chapitre II : Les facteurs déterminants de la morphologie urbaine de Yeumbeul
1. Rapport niveau de vie et investissements urbains
2 Le site
3 Les héritages de la sociologie des habitants
Chapitre III : Appréciation de la morphologie de Yeumbeul par rapport à l’habitat et la construction
1. L’habitat
2. La construction et le foncier
a) La construction
b) La propriété foncière
3. Suggestions
Conclusion générale

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