Exode rural et integration sociale, de la tradition a la modernite ?

La migration est un déplacement de la population avec un changement de résidence, d’une unité géographique à l’autre, d’un espace de vie à un autre. Elle se définit selon divers critères. Il y a d’abord les espaces parcourus avec les migrations internationales et les migrations intérieures ; ensuite, les durées avec celles durables- saisonnières ou définitives ; enfin, les causes : partir pour trouver mieux sans y être aucunement contraint, échapper à la misère ou pour échapper au problème politique… A Madagascar, un ménage effectue une migration s’il change de District et que ce déplacement dur plus de six mois. Le phénomène de l’immigration n’est pas encore important avec 1% de la population totale en 1993. Le pays se caractérise également par une certaine stabilité résidentielle avec un taux de migration de 14,8% en 2004 et une migration limitée à l’inter et à l’intra «Faritany ». Le mouvement migratoire reste dominé par la migration interne et parmi laquelle se trouve l’exode rural.

CADRES THEORIQUES ET RUBRIQUES EPYSTEMOLOGIQUE

Etudier le phénomène de l’exode rural dans le cadre d’une sociologie du développement exige l’examen à la fois du point de départ et la destination des immigrés. De cette façon, ce travail nécessiterait beaucoup de temps et surtout des moyens financiers. Pour le faire, nous prendrons en compte, notre travail de l’année dernière sur le développement rural. Ce choix nous offre la possibilité de mieux travailler en ville. En plus, il nous propose une continuité pour notre cursus. Dans ce mémoire, nous avons vu que « l’insuffisance alimentaire touche 75% des ménages enquêtés, lors de la période de soudure ». Une telle situation est due au manque de terre cultivable, à la mauvaise qualité du sol aggravé par la cherté des intrants agricoles et au pratique traditionnelle de l’agriculture. Les activités extra agricoles ne génèrent pas assez de revenu pour combler ce manque. (P.37) l’agriculture ne permet que la survie des paysans, la production reste insuffisante (même pour l’autoconsommation). En plus, la population est sujette à la croissance démographique. Tout cela font que les jeunes ruraux deviennent des candidats d’office à l’exode rural. En d’autre terme, le milieu rural se trouve dans une « situation de pauvreté dont l’insuffisance alimentaire est la signe apparente ».Par déduction, on estime que l’exode rural semble être leur seule porte de sortie.

Le cadre théorique

En terme de dynamique démographique, l’abandon des campagnes pour une concentration urbaine caractérise le phénomène. Cela traduit un changement dans la distribution spatiale. Selon Demenach et Picouet, sa manifestation dans les pays du Tiersmonde est « le phénomène de peri-urbanisation dans la capitale, par installation progressive de quartiers d’immigrés. » .

– Concernant les théories et les recherches sur ce thème, dans un premier temps, nous ferons appel à MUMPASI B.LUTUTALA. Dans son travail sur « les migrations africaines dans le contexte socio-économique actuel, il propose 19 modèles explicatifs des migrations africaines. Pour lui, « les migrations intéressent et intéresseront de plus en plus les chercheurs et les planificateurs à cause notamment du rôle central qu’elles jouent dans la dynamique démographique (P 391). Nous proposerons quelques uns de ces modèles en vue d’expliquer «les migrations rurale- urbaine à Madagascar », ceux que nous pensons pertinents pour élucider l’Exode rural à Antananarivo.

D’abord, « Lewis oppose l’existence d’un secteur traditionnel, source de main d’œuvre pour un secteur moderne ».Le développement des sociétés africaines nécessite la migration des « improductifs ruraux vers les sites capitalistes ». L’exode rural est donc un moyen pour ajuster le milieu rural traditionnel et le milieu urbain industriel. Malgré cette évidence en terme de productivité ou de rendement, la théorie de Lewis présente une lacune pour interpréter la situation à Antananarivo. En effet, elle suppose que la ville ne connaît pas de problème de chômage ou de sous-emploi. Or, cela ne semble pas être le cas à Antananarivo. «L’affaire Bahamas du fin 2007 » témoigne du manque de travail dans la capitale. Pour illustrer « l’attrait de la ville », sous un angle purement économique, le modèle de Todaro peut être résumer ainsi : « le migrant quitte son milieu d’origine parce qu’il est attiré par la perspective d’une meilleure rémunération dans les milieux urbains capitalistes ». Compte tenue du sous-emploi urbain, la migration est selon l’auteur, « une réponse à la différence des revenus espérés (et non actuels) entre le milieu rural et le milieu urbain ». Ces deux précédents modèles sont complémentaires. Ils relèvent plus du domaine de l’économie. Nous allons présenter un troisième modèle qui est d’ordre plus culturel. C’est « la théorie de stratégie individuelle de survie » (P.408). De cette théorie, nous allons retenir le constat suivant : « les migrants s’en vont certes, mais ils maintiennent ou renforcent leur rôle au sein des familles en vue notamment de leur retraite. Ils ne sont que des membres extralocaux, toujours présents quoique physiquement absent ».

– Deuxièmement, concernant les études entreprises à Madagascar sur ce phénomène, on peut citer le résumé suivant : « En plus de l’accroissement résultant de la fécondité en baisse mais encore élevée, et d’une mortalité en baisse trop rapide, l’Exode rural est le principal facteur d’accélération de cette urbanisation de la population de Madagascar à tel point que l’on assiste à une ruralisation de certains centres urbains malgaches » .

Enfin, Il existe également des modèles qui, au lieu d’être explicatifs proposent de décrire les niveaux et les caractéristiques du phénomène. On peut citer ici, le modèle de L WIRTH sur la ville. Ce sociologue de l’Ecole de Chicago définit le milieu urbain par 03 variables qui agissent sur les attitudes. « Le grand nombre des individus et des activités qui fait que la compétition substitue à la solidarité, de la densité et de l’hétérogénéité qui font que le contrôle sociale se relâche et que l’individualisme et la marginalité se développe » . Par rapport à la vie rurale, ce sont les caractéristiques de la vie urbaine vue sous l’angle du changement social.

Rubrique épystémologique

Nous analyserons le phénomène de l’exode rural au titre de « sa contribution au développement ». De ce fait, nous pénétrons en plein pied dans le domaine de la socioanthropologie du développement. Dans ce sens, deux disciplines de la sociologie seront utilisées. D’un côté, « l’Anthropologie du développement », pour avoir une connaissance holistique du milieu rural. Ici, on misera plus sur les problèmes qui poussent les gens à partir de leur campagne et à s’installer en ville. « L’Anthropologie vise une connaissance totalisante et holistique de la réalité sociale afin de la transformer en terme de développement, cela dans l’intérêt de tout homme et de tout l’homme ». De l’autre côté, nous nous referons à « l’Ecole de Chicago » pour voire l’intégration des immigrés en ville, ainsi que les impacts et les apports de l’exode rural sur l’urbanisation. « L’Ecole de Chicago est associée à des procédés d’investigation inspirés de l’Anthropologie : recueil de matériaux documentaires, entretiens, étude de cas, histoires de vies… . Cette façon particulière d’étudier les phénomènes sociaux nous servira de modèle dans ce travail. La préférence pour les méthodes dites « qualitatives » procède d’une double exigences : connaître de l’intérieur et en profondeur le milieu social étudié et fonder les orientations théoriques sur les recherches empiriques ». En effet, l’essentiel de notre étude se fera en ville. Dans ce sens, notre démarche est très proche de la microsociologie. D’un coté, « le changement social même au niveau microsociologique n’est intelligible que si l’analyse descend jusqu’aux agents ou acteurs sociaux les plus élémentaires composant le systèmes auquel on s’intéresse » . De l’autre coté, il nous faudra tenir compte du contexte social global en présence avec par exemple ce qui se passe au niveau national et international.

L’Exode rural est un flux migratoire qui conduit des individus, des familles ou des groupes habitant les milieux ruraux à migrer en ville. « Le mouvement de population des campagnes vers les villes est un phénomène historique qui traduit l’émergence d’une civilisation urbaine et le passage d’une société essentiellement agricole et pastorale à une société polyvalente où dominent les activités de transformations industrielles et de services : banque, commerce, loisirs, etc. C’est en ces termes que DOMENACH (H) et MICHEL (P) parlent de ce phénomène. Cette définition nous intéresse du fait qu’elle constitue un premier essai d’explication de la formule « de la tradition à la modernité ».

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Table des matières

INTRODUCTION
1-Intérêt de la Problématique
2-Objectifs et hypothèses
3- Méthodologie de recherche
3-1 : La documentation
3-2 : les pré enquêtes
3-3 : Elaboration des récits de vie et historique d’une famille
3-4 : Questionnaire et entretien
3-5 : Photos – chansons – observation participante et Internet
4- Limites
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES ET CADRES THEORIQUES
Chapitre I : CADRES THEORIQUES ET RUBRIQUES EPYSTEMOLOGIQUE
1- le cadre théorique
3– Discussion. « De la tradition à la modernité comme changement social »
3-1 « De la tradition à la modernité », chez MARX (K)
3-2 :« De la tradition à la modernité », un équivalent chez Durkheim
4- La question de l’intégration sociale
5- Pré enquête sur l’Exode rural
Chapitre II : LE CADRE GLOBAL DE L’ETUDE
1 – Pré enquête pour le choix du terrain
1-1 : Dans le Fokontany Anosibe ouest I
1-2 : Dans le Fokontany de Faravohitra Ambony
1-3 : Prospective
2- La sociographie
2-1 : Situation géo administrative
2-2 : Données sociodémographiques
2-3 : Infrastructure éducative
2-4 : Equipement sanitaires et santé publique
2-5 : Donnée socio-économique relatives au développement
2-6 : L’insécurité
2- 7 : Quelques aspects connus de l’Exode Rural à Anosibe
3- L’Exode rural à travers deux chansons malgaches
3-1 : Nahoana kay (Pourquoi donc ?)
3-2 : La deuxième chanson s’intitule « Ikala Jeannine », du groupe « NY AINGA »
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET ANALYSES
Chapitre I : LES RESULTATS DES ENQUETES
1- Récit de vie et historique d’une famille
1-1 : Méthodologie
1-2 : Interprétation
2-3 : Prospective
2- Le questionnaire
2-1 : La migration
2-2 : L’habitat urbain
2-3 : Intégration au marché du travail urbain
2-4 : Ménage et modernité
Chapitre II : UNE ANALYSE SYNTHETIQUE
1- Le trajet d’un migrant type
2- L’Exode rural et la problématique de l’habitat urbain
2-1- Constat
2-2- Une intégration subie
3- Exode rural et marché du travail urbain, le développement des activités informelles
3-1 : Les activités informelles, conséquences du faible niveau d’instruction des migrants
3-2- Définition
3-3 : Réalité d’une activité informelle
3-4 : Rôle social et potentialité de développement
Troisième partie : APPROCHE PROSPECTIVE ET SUGGESTIONS
Chapitre I : APPROCHE PROSPECTIVE
1- Les aspects culturels de l’Exode rural
Voici les faits qui ont traits avec la culture sur le phénomène de l’exode rural
1 -1 : Une récapitulation
1- 2 : Les « parrains » dans l’intégration sociale des immigrés
2- Dynamique de l’exode rural
2-1 : Dans le milieu rural
2-2 : Dans la ville
2-3 : Implication de l’exode rural au niveau du migrant
3- Contribution des immigrés au développement économique de leur milieu d’origine
3-1 : Un financement de l’agriculture traditionnelle
3-2 : Sur d’autres domaines
Chapitre II : SUGGESTION PAR RAPPORT AU TERRAIN
1- Pour ou contre l’Exode rural ?
2- Responsabilité et orientation Etatique sur le développement
2-1 : Le constat
2-2 : MAP et OMD
2-3 : Sociologie du monde rural
2-4 : Exode rural et révolution verte
3-Opinion personnelle : Exode rural et développement
3-1 : A court terme
3-2 : A long terme
CONCLUSION

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