Exigences de la culture du manioc
Le manioc est une plante tropicale qui s’adapte aux climats les plus variés et aux sols les plus divers, à l’exclusion des sols hydromorphes.
Climat
Le manioc ne fournit un rendement optimum qu’avec une température comprise entre 25°C et 30°C (Aïdara, 1984). Selon Sylvestre (1987), de bonnes cultures de manioc ne peuvent être réalisées que dans des conditions de pluviosité variant de 1000mm à plus de 3000mm par an. Les conditions les plus favorables se rencontrent souvent dans les climats de type guinéen dont les précipitations totales n’excèdent pas 1 500mm à 2 000mm par an.
Sols
Selon Sylvestre (1987), le manioc tolère une grande diversité de sols allant de sols légèrement alcalins à des sols très acides et de sols argileux à des sols assez sableux (à l’exception des sols hydromorphes). On choisira des sols profonds, sans horizon imperméable à faible profondeur, à bonne capacité en eau et donc assez argileux dans les régions à précipitations abondantes. Cependant, les sols très argileux, surtout mal structurés, sont peu favorables, en raison des difficultés mécaniques qu’ils opposent à la récolte.
Pentes
Le manioc protège mal le sol contre l’érosion. Un bon dispositif antiérosif consiste, dans les systèmes de production qui prévoient une alternance jachère ou fourrage-manioc, à réaliser cette alternance sur des bandes contiguës suivant les courbes de niveau, de largeur d’autant plus faible que la pente est plus forte et que les risques d’érosion sont grands.
Exigences minérales
Selon les travaux de Sylvestre (1987), le manioc est une plante qui épuise les sols. Il indique que les prélèvements d’éléments nutritifs par le manioc sont analogues et même parfois plutôt inférieurs à ceux des autres plantes pour une même quantité de produit utile récolté. Selon l’auteur, en moyenne, pour une tonne de tubercules récoltés, le manioc prélève environ dans le sol : 4,5 kg d’azote, 2,5 kg d’acide phosphorique et 7,5 kg de potasse, mais une partie importante de ces éléments se trouve dans les tiges et les feuilles.
Culture du manioc
Place dans la rotation
Le manioc est une plante peu exigeante qui se contente des sols les plus divers. De ce fait, il est placé en queue d’assolement, juste avant la jachère, surtout en culture traditionnelle. En culture intensive, un système de culture continue avec une jachère sous couverture de légumineuse serait conseillé.
Préparation du terrain
Elle dépend de l’antécédent cultural.
➤ Culture traditionnelle
Un débroussaillage suivi de brûlis permet de débarrasser le terrain. Les travaux du sol, généralement manuels qui ne touchent que les 10 premiers centimètres se limitent au buttage(ou billonnage) ; cela a pour avantage d’ameublir le sol et de concentrer les éléments nutritifs en un même lieu, le sol étant le plus souvent pauvre.
➤ Culture intensive
Sur les parcelles non encore mises en valeur, le défrichement est suivi de sous solages afin d’extirper toutes les souches et racines. Le labour permet d’enfouir la matière organique et d’ameublir le sol. Un piquetage à l’aide de cordeau permet de déterminer les lignes de plantation.
Plantation
➤ Choix et préparation des boutures
La multiplication du manioc se fait par voie végétative. Les boutures à mettre en place sont prélevées sur des tiges saines suffisamment aoutées (10 mois d’âge). Une bouture porte environ 3 à 6 nœuds avec une longueur de 25 à 30cm et de 2,5à 4cm de diamètre. Une tonne de boutures ensemencerait 1ha avec une densité de 1 m x 1m.
➤ Époque de plantation
Afin de favoriser un bon départ de la végétation et obtenir des plants vigoureux, le début de la saison des pluies serait l’époque la mieux indiquée. Mais en condition d’irrigation contrôlée, le manioc peut être planté tout au long de l’année.
Entretien
Le sarclage, le buttage et l’apport de fumure NPK sont les principales opérations d’entretien du manioc. Il est conseillé d’apporter l’azote et le potassium en début, le phosphore en fin de croissance (James et al., 2000).
Récolte
Selon le Mémento de l’agronome (2002), on récolte les tubercules de manioc entre 6 mois et un an après la plantation, lorsqu’ils mesurent de 20 à 40 cm de long et de 4 à 10cm de diamètre. Chaque tubercule pèserait entre 2 et 5 kg.
Définition de concepts
Afin de mieux aborder le sujet de l’étude, il convient de définir et de comprendre les mots clés, éléments fondamentaux sur lesquels reposeront les analyses.
Irrigation
Dans un contexte de changements climatiques influençant négativement la répartition des pluies dans le temps et dans l’espace, il importe de développer des stratégies, notamment l’irrigation pour palier au déficit hydrique. Il existe plusieurs définitions de l’irrigation mais nous retenons ici, celle d’AOUBA (1993) pour qui, l’irrigation d’une terre cultivée est l’acte par lequel on apporte aux plantes, les quantités d’eau nécessaire en complément des apports naturels, aux moments opportuns et par le biais d’un réseau d’irrigation.
Sur les sites d’étude, le réseau d’irrigation est de type semi-californien. C’est un réseau à l’intérieur duquel le transport de l’eau se fait sous pression depuis la station de pompage jusqu’à un bac de répartition qui se trouve placé généralement au point le plus haut de la zone aménagée.
A partir de ce point, l’eau est envoyée dans un réseau de distribution gravitaire qui comporte également des bassins de répartition secondaires et tertiaires desservant les prises d’eau. Les bassins de répartition sont connectés entre eux par un réseau de tuyaux PVC qui favorisent l’écoulement gravitaire de l’eau suivant le principe de vases communicants .
Fertilité des sols
Le concept de fertilité des sols, fait partie des concepts classiques et importants de la science du sol et de l’agronomie (MABA, 2007). PIERI (1989) voit la fertilité comme l’aptitude d’un milieu et non seulement d’un terrain, à produire, dont il apprécie les diverses caractéristiques. C’est donc une notion qui a évoluée et appelle une appréciation plus large, basée sur la confrontation entre les caractéristiques pédoclimatiques du milieu, les systèmes de production et les techniques agricoles pratiquées. La présente étude tient compte de la définition de MANDO et al. (2000) cités par ZANGRE, (2000) et vue sous un angle agricole. La fertilité d’un sol désigne alors, sa capacité à fonctionner dans les limites d’un écosystème aménagé ou naturel afin de soutenir la production animale ou végétale, de maintenir voir même d‘améliorer la qualité des systèmes auxquels il est lié. La fertilité d’un sol décrit son efficience à :
– stocker et à libérer des éléments minéraux et d’autres constituants ;
– stocker et à libérer » eau pour les besoins des plantes afin de promouvoir et d’assurer leur croissance racinaire.
Selon LAL. et MILLER (1993) cités par ZANGRE (2000), une base de données minimale requise pour évaluer la fertilité d’un sol doit comprendre:
– au plan physique, (1) la structure, (2) la porosité, (3) la profondeur d’enracinement;
– au plan chimique, (1) la teneur en matière organique et la dynamique du carbone, (2) le recyclage des nutriments et leur dynamique, (3) la réaction du sol en relation avec l’acidification ou l’alcanisation, (4) la capacité tampon;
– au plan biologique, (1) la microflore et le cycle du carbone, (2) les biotransformations (immobilisation, minéralisation, assimilation), (3) la biodiversité du sol.
Pour notre part nous examinerons surtout la (1) la texture du sol, (2) le potentiel capillaire, (3) la matière organique total et la dynamique du carbone dans le sol, (4) les éléments majeurs du sol et (5) l’acidité du sol.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE ET METHODOLOGIE
CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Origine et état actuel de la recherche
1.2. Botanique et morphologie
1.3. Exigences de la culture du manioc
1.3.1. Climat
1.3.2. Sols
1.3.3. Pentes
1.3.4. Exigences minérales
1.4. Culture du manioc
1.4.1. Place dans la rotation
1.4.2. Préparation du terrain
1.4.3. Plantation
1.4.4. Entretien
1.4.5. Récolte
1.5. Définition de concepts
1.5.1. Irrigation
1.5.2. Fertilité des sols
1.5.3. Systèmes de cultures et d’élevage
1.5.3.1. Systèmes de cultures
1.5.3.2. Système d’élevage
1.5.3.3. Systèmes de production
CHAPITRE II : PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE ET MÉTHODOLOGIE
2.1. Présentation du milieu d’étude
2.1.1. Milieu physique
2.1.1.1. Localisation géographique
2.1.1.2. Climat
2.1.1.3. Relief et topographie
2.1.1.4. Sols
2.1.1.5. Végétation
2.1.1.6. Ressources en eau
2.1.2. Agriculture et pêche
2.1.2.1. Cultures céréalières
2.1.2.2. Cultures de rente
2.1.3. Élevage
2.1.4. Évolution du paysage
2.2. Méthodologie
2.2.1. Choix de la zone d’étude
2.2.2. Méthode de caractérisation des sols
2.2.2.1. Prospection et identification des sites
2.2.2.2. Travaux de terrain
2.2.3. Caractérisation des systèmes de cultures
2.2.4. Méthodes d’analyse des paramètres de la fertilité des sols au laboratoire
2.2.4. Méthode d’analyse statistique des données
2.2.5. Limites de l’étude
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE I : CARACTÉRISATION DES SYSTÈMES DE PRODUCTION
1.1. Caractérisation du sol
1.2. Caractérisation des systèmes de culture
1.3. Caractérisation des systèmes d’élevage
1.4. Caractérisation des systèmes de production
CHAPITRE II : EVOLUTION DE LA FERTILITE DU SOL SUR LES PERIMETRES ETUDIES
2.1. Sur le périmètre irrigué de Bon
2.2. Sur le périmètre irrigué de Savili
2.3. Sur le périmètre irrigué de Tanghin Wobdo
2.4. Évolution de la fertilité du sol pour toutes les couches confondues
2.4.1. Évolution de la fertilité du sol par site
2.4.2. Évolution de la fertilité du sol entre les sites
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Télécharger le rapport complet